Venustiano Carranza, homme d’état.

José Venustiano Carranza Garza né le 29 décembre 1859 à Cuatro  Ciénegas dans l’État de Coahuila au Mexique et mort assassiné le 21 mai 1920 à Tlaxcalantongo, État de Puebla, est un homme d’État mexicain. Il fut président du Mexique de 1915 à 1920.


Son père Jesús participa à la Guerre de Réforme et combattit contre des tribus indigènes. Partisan de Benito Juárez, il fut nommé colonel dans l’armée républicaine durant l’intervention française.

Grâce à la fortune de sa famille, Venustiano Carranza put fréquenter les meilleures écoles de Saltillo puis de Mexico.

Durant le « Porfiriat » il fut maire de Cuatro Ciénegas, député au congrès de l’État de Coahuila puis député fédéral et sénateur au Congrès de l’Union. Gouverneur intérimaire de l’État de Coahuila (1908), il est déçu de ne pas avoir été choisi à titre définitif, et ce en raison de ses affinités politiques avec Bernardo Reyes. Il fut l’un des premiers à soutenir les efforts de Francisco Madero pour renverser Porfirio Díaz. Il fut nommé gouverneur de l’État de Coahuila par Francisco Madero. Une fois au pouvoir, celui-ci le nomma secrétaire de la Guerre et de la Marine.

Après que Victoriano Huerta eut renversé et fait assassiner Madero et Pino Suárez au terme de la Décade tragique, seuls deux gouverneurs, Maytorena au Durango et Carranza au Coahuila, osèrent se soulever contre lui. Venustiano Carranza était un admirateur de Benito Juarez et un partisan de l’application stricte de la Constitution libérale de 1857. Le 4 mars 1913, il créa l’armée constitutionnaliste (Ejército Constitucionalista), qui tirait son nom de cette volonté affichée de respecter la légalité constitutionnelle. Il se proclama « Primer Jefe » (premier chef) de la révolution et, le 26 mars, il publia un document en sept points, connu sous le nom de Plan de  Guadalupe. Son autorité fut reconnue par les chefs révolutionnaires du nord du pays.

Doué d’un certain flair politique, Carranza n’avait toutefois aucun talent militaire. Il fut bientôt obligé de quitter le Coahuila et de gagner l’État de Sonora où il établit un gouvernement. Il y fit alliance avec Álvaro Obregón, qui se révéla un brillant stratège doublé d’un politicien froid et  dissimulateur. À la fin de l’hiver 1913-14, il contrôlait la plus grande partie de l’État de Sonora. En 1913-14, les principales opérations militaires se déroulaient cependant dans l’État de Chihuahua, où Pancho Villa infligea des défaites retentissantes à l’armée fédérale. Villa reconnaissait nominalement l’autorité de Carranza, mais celui-ci ne lui faisait pas confiance. Beaucoup de choses séparaient les deux hommes : l’âge mais aussi le tempérament. Carranza était froid et calculateur, tandis que Villa était impulsif et émotionnel. Par ailleurs, les manifestations d’indépendance de Villa irritaient Carranza, qui le considérait comme un rival potentiel. Carranza s’évertua donc par tous les moyens à entraver son action.

Huerta, qui n’avait pas le soutien des Américains et dont les troupes subissaient défaite sur défaite, dut renoncer au pouvoir le 15 juillet 1914 et s’exila aux États-Unis, où il mourut en 1916.

Les discordes entre chefs éclatèrent alors au grand jour. Pour damer le pion à Villa, Carranza convoqua une « convention des représentants des gouverneurs et des commandants des unités de l’armée constitutionnaliste », qui fut un fiasco. Sous la pression de certains généraux, qui souhaitent éviter un affrontement entre Carranza et Villa, il fut décidé qu’elle se poursuivrait en terrain neutre, à Aguascalientes.

Le 10 octobre 1914, la convention d’Aguascalientes commença ses travaux. On peut grosso modo diviser les participants en trois groupes : les villistes, les carrancistes et les « indépendants », bien qu’aucun des trois ne fût vraiment homogène. Obregón fut à l’origine d’une proposition présentée le 30 octobre : démettre Carranza, retirer à Villa le commandement de la División del Norte et désigner un président par intérim. Le1er novembre 1914, Eulalio Gutiérrez fut élu président provisoire par la Convention. Villa accepta la proposition, tandis que Carranza, qui avait déployé en vain des manœuvres dilatoires et entendait soumettre sa démission à certaines conditions, quitta Mexico le 2 novembre pour la ville de Córdoba. Il finit par être déclaré rebelle par la convention le 10 novembre. Obregón, qui considérait l’issue des travaux comme un échec, se rallia à Carranza. La rupture entre les dirigeants révolutionnaires était consommée. Le mouvement était maintenant divisé en « institutionnalistes », c’est-à-dire les partisans de Carranza, et en « conventionnalistes ».

Le 24 novembre 1914, les derniers soldats de Carranza quittèrent Mexico pour le port de Veracruz, où il établit le siège de son gouvernement, après le départ des Américains qui occupaient la ville. Les forces conventionnalistes se déchirèrent rapidement. Tandis que Villa accumulait les maladresses, Carranza eut l’habileté de faire des concessions politiques et d’adapter son programme, notamment en promulgant une loi de réforme agraire le 6 janvier 1915. Sa portée était limitée mais elle atteignit son but : aliéner une partie de la base paysanne de Villa. Par ailleurs, au printemps 1915, Obregón, à la tête des troupes institutionnalistes et soutenu par ses bataillons rouges de la Casa del obrero mundial, remporta une série de victoires militaires extrêmement sanglantes, qui brisèrent Villa.

Carranza assuma la présidence le 1er mai 1915. En 1916, plus aucun chef de faction révolutionnaire n’était en mesure de contester son pouvoir à l’échelon national, comme en témoigne la pragmatique reconnaissance de facto de son gouvernement par les États-Unis, en octobre 1915, malgré la mise en place du « plan de San Diego » par ses partisans, préparant une invasion mexicaine du territoire américain, tenu en échec par le gouvernement américain11. Carranza créa un système judiciaire indépendant, plus de décentralisation, et une réforme agraire sous le système de l’ejido.

C’était un homme d’une grande intelligence avec une vaste connaissance de la situation et de l’histoire mexicaine. Il était aussi opportuniste et sans pitié pour ses adversaires. Les zapatistes qu’il combattit inventèrent le verbe « carrancear » tiré de son nom, et qui signifiait pillage, mort et désolation. En septembre 1916, il sentit le besoin d’une nouvelle constitution et convoqua donc une convention constitutionnelle. La constitution de Querétaro fut adoptée le 5 février 1917. Elle prévoyait notamment le suffrage universel et la réforme agraire. Le 1er mai 1917, Carranza fut élu premier président sous le régime de la nouvelle  constitution.

Proposant par ailleurs de réaffirmer le contrôle national sur les ressources mexicaines, notamment le pétrole et les minerai, Carranza dut faire face à des relations de plus en plus tendues avec les États-Unis (ce qui le poussa à garder des liens avec l’Allemagne). Son gouvernement imposa des taxes plus élevées, obligea les propriétaires terriens à solliciter une autorisation officielle pour vendre leur terre aux étrangers, et ajouta une clause à la Constitution qui conféra la propriété des ressources du sous-sol à la nation plutôt qu’au propriétaire du terrain. Cette clause ne fut toutefois guère suivie d’effets. En effet, le Mexique était loin d’être pacifié. De grandes parties du territoire échappaient aux carrancistes. Non seulement ni Villa ni Zapata n’étaient définitivement écrasés, mais bon nombre de leurs  partisans, devenus des bandits de grand chemin, entretenaient l’insécurité. Carranza offrit une récompense pour la tête de Zapata, ce qui mena à son assassinat dans une embuscade (1919), tandis que Villa poursuivait un combat sans issue.

Il était proche de la féministe Hermila Galindo, qui défendaient plusieurs réformes comme le droit de vote des femmes mais finalement, le président ne les met pas en œuvre. Il conduit en revanche des réformes sociales destinées à améliorer la condition ouvrière : reconnaissance du droit syndical et du droit de grève, interdiction du travail des enfants, journée de huit heures et salaire minimum, etc. La très forte instabilité politique rend toutefois difficile l’application de ces réformes.

En 1920, comme sa présidence arrivait à son terme, Carranza choisit Ignacio Bonillas pour successeur. Ignacio Bonillas, inconnu de tous, était  ambassadeur à Washington. Il devait servir de marionnette pour Carranza et empêcher Álvaro Obregón d’accéder à la présidence. Les alliés de ce dernier, Adolfo de la Huerta ainsi que Plutarco Elías Calles, tous deux natifs de l’État de Sonora, comme Obregón, auquel ils étaient très liés, lancèrent le plan d’Agua Prieta et forcèrent Carranza à fuir Mexico. Il choisit de retourner à Veracruz mais il fut intercepté et assassiné par arme à feu en route à  Tlaxcalantongo.

Source : Wikipédia.

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