Toutânkhamon, pharaon d’Egypte.

Toutânkhamon (né vers -1345, mort vers -1327) est le onzième pharaon de la XVIIIe dynastie (Nouvel Empire). Selon les dernières études génétiques, il est le fils d’Akhenaton et de la propre sœur de ce dernier, dont l’identité est inconnue, mais désignée comme Younger Lady, dont la momie est répertoriée KV35YL2. Manéthon l’appelle Chebres.

On ne sait pas pourquoi ce n’est pas lui qui succède directement à son père. Peut-être est-ce à cause de son trop jeune âge à l’époque, environ neuf ans (on trouve aussi cinq ou six ans), dans une période de troubles, de remise en question des religions, de bouleversement des valeurs traditionnelles et de risque de guerre avec les Hittites. Il règne jusqu’à l’âge de dix-huit ou dix-neuf ans (certains spécialistes, comme Marc Gabolde et Edward Frank Wente, disent vingt ans). Son règne est situé entre les années -1336 / -1335 et -13271.

De son temps, Toutânkhamon n’était pas considéré comme un grand pharaon, en raison de son court règne. Il doit sa célébrité à la découverte de sa sépulture par l’archéologue britannique Howard Carter le 4 novembre 1922 et au fabuleux trésor qu’elle recèle. La notoriété de la découverte augmenta grâce à une légende reprise par la presse de l’époque et faisant état d’une malédiction du pharaon.


Toutânkhamon naît en l’an XII du règne d’Akhenaton à Thèbes ou à Akhetaton, où il grandit dans le cercle de la famille royale. Son nom de naissance, Toutânkhaton, signifie « Image vivante d’Aton », c’est-à-dire la réincarnation terrestre du dieu.

Selon une enquête sur l’ADN des momies royales menée en 2010 par le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, les deux parents de Toutânkhamon sont frère et sœur. Ils sont les enfants du pharaon Amenhotep III et de la reine Tiyi. Le père de Toutânkhamon est identifié comme étant la momie trouvée dans la tombe KV55, dont certains égyptologues, dont Zahi Hawass, pensent qu’il s’agit d’Akhenaton. La momie de sa mère a été trouvée dans la tombe KV35, elle a été surnommée la Younger Lady (« la Dame plus jeune »). Elle n’est pas formellement identifiée. Les seules sœurs connues d’Akhenaton sont Satamon, Iset, Henouttaneb et Nebetâh. Les trois premières ayant épousé leur père, Amenhotep III, Nebetâh serait peut-être la Younger Lady, et donc la mère de Toutânkhamon.

Selon Marc Gabolde, vu le resserrement du patrimoine génétique de la famille royale par la pratique de mariages consanguins, il est fort possible que la momie Younger Lady soit celle de Néfertiti, cousine germaine d’Akhenaton par ascendance paternelle et maternelle.

Après sa naissance, il est éduqué par la « nourrice royale » Maïa (ou Maya), « celle qui a nourri le corps de dieu », dont la tombe a été trouvée par Alain-Pierre Zivie à Saqqarah. Son éducation se poursuit sous l’autorité d’un précepteur, le « père divin » Sennedjem, dont la tombe a été trouvée à Akhmîm, en Haute-Égypte, par une mission australienne sous la direction de Boyo Ockinga.

Toutânkhamon a emporté dans sa tombe ses fournitures de petit écolier : une palette de scribe en ivoire à son nom, dans laquelle subsistent des pains d’encre rouge et noir-bleu ainsi que sept calames permettant d’écrire ; un étui à calames en bois plaqué d’or et incrusté de cornaline, d’obsidienne et de pâtes de verre colorées dont le couvercle est en ivoire ; un lissoir permettant de rendre son intégrité au papyrus après en avoir gommé les erreurs. L’entraînement physique, comme le tir à l’arc, la course en char, la chasse dans le désert, fait également partie de son éducation.

Il est élevé dans le culte du dieu unique Aton.

Il accède au trône vers 1335 avant notre ère, à l’âge de neuf ou dix ans. Il épouse alors sa sœur Ânkhésenamon.

Il est le père de deux filles mort-nées. L’examen tomodensitométrique de leurs momies réalisé en 2011 a révélé qu’un des fœtus est mort à cinq ou six mois de grossesse, l’autre à neuf mois de grossesse. Aucune anomalie congénitale ou autre cause de leur mort n’ont été trouvées.

Vers l’an -1338, Akhenaton meurt. Lui succède alors la reine Ânkh-Khéperourê, reconnue aujourd’hui comme la demi-sœur aînée de Toutânkhaton, Mérytaton. Elle disparaît rapidement pour des raisons inconnues ; bien qu’il ne soit encore qu’un enfant de neuf ans, Toutânkhaton monte sur le trône de la Haute et Basse-Égypte. Il est légitimé en épousant Ânkhésenpaaton, née à la fin de l’an VII d’Akhenaton, la troisième fille de Néfertiti et d’Akhenaton, qui devient son épouse royale après le changement de son nom en Ânkhésenamon.

Compte tenu de son âge, le roi a probablement des conseillers puissants, en particulier, le « Père divin » Aÿ et le général Horemheb. Comme il est trop jeune pour régner, c’est probablement eux qui détiennent le véritable pouvoir administratif et militaire.

Horemheb rapporte que le roi l’a nommé « député du roi sur toute la terre », soit porte-parole du roi en Égypte et dans toutes les terres étrangères. Il rapporte aussi qu’il est habile à calmer le jeune roi lorsque celui-ci s’emporte.

Dans la troisième année de son règne, Toutânkhaton se détourne de certains des changements apportés par Akhenaton.

Il délaisse le culte d’Aton et restaure la suprématie du dieu Amon. Le bannissement d’Amon est levé et les privilèges traditionnels sont rendus au Grand prêtre d’Amon et à son clergé. Il change d’ailleurs son nom en Toutânkhamon « Image vivante d’Amon » afin d’affermir la restauration du dieu, tandis que son épouse devient Ânkhésenamon, comme l’indique la stèle de restauration du culte d’Amon retrouvée dans le temple de Karnak.

Amarna, la ville d’Akhetaton, est abandonnée et la capitale est déplacée à Thèbes.

Le roi initie la construction de nouveaux bâtiments, en particulier à Thèbes et à Karnak où il consacre un temple à Amon. De nombreux monuments sont érigés et une inscription sur la porte de sa tombe déclare que le roi « a passé sa vie à façonner des images des dieux ».

Le disque solaire Aton tend la croix de vie à pharaon et à son épouse.
Les fêtes traditionnelles sont célébrées à nouveau, en particulier celles consacrées au dieu Apis, ainsi que la belle fête d’Opet. Sa stèle de restauration indique : « les temples des dieux et déesses étaient en ruine. Leurs hauts lieux étaient désertés et envahis de mauvaises herbes. Leurs sanctuaires n’avaient plus d’existence et leurs cours servaient de route… Les dieux ont tourné le dos à ce pays… Si quelqu’un adresse une prière à un dieu, il n’aura jamais de réponse. ».

Cependant, il ne semble pas que le couple royal ait abandonné totalement la religion atonienne, comme en témoigne le trône où l’on peut apercevoir, dans un cartouche ciselé sur un accoudoir, le disque solaire Aton tendre la croix de vie au pharaon et à sa femme.

Décrit comme le « souverain qui restaure », Toutânkhamon a initié un certain nombre de constructions et a œuvré à la restauration des sanctuaires abandonnés pendant le règne d’Akhenaton. Victime d’une damnatio memoriæ de la part de ses successeurs qui effacent de l’histoire officielle tous les règnes entre Amenhotep III et Horemheb, son nom a été martelé et ses monuments usurpés, cette phase devenant particulièrement active sous Ramsès II.

Le long texte d’une trentaine de lignes déplore l’état des sanctuaires des dieux. Puis décrit les efforts de Toutânkhamon afin de restaurer les temples et de nommer les nouveaux prêtres chargés de les servir.

Ce texte, document important édifié au début du règne de Toutânkhamon, afin de marquer le retour à l’orthodoxie antérieure à Akhenaton, a probablement été initié par Aÿ. Marc Gabolde l’identifie d’ailleurs au personnage martelé apparaissant derrière le roi.

La stèle a subi des martelages afin de substituer le nom de Horemheb à celui de Toutânkhamon.

La colonnade du temple d’Amon, composée de colonnes papyriformes à chapiteaux ouverts, a été construite par Amenhotep III. Le temple, délaissé durant la réforme religieuse du pharaon Akhenaton, est restauré par Toutânkhamon qui construit des parois latérales à la colonnade et les fait orner de scènes de la fête d’Opet.

Le mur Ouest évoque le défilé, partant de Karnak jusqu’au temple d’Amon à Louxor. Toutânkhamon y célèbre le culte dans le temple en offrant des fleurs et des libations à Amon. Puis, accompagné par les musiciens, joueurs de trompettes et de tambours et de danseuses, il rejoint le Nil, où la barque sacrée du dieu Amon est entourée par une flottille l’escortant. La foule massée sur les berges l’acclame et l’applaudit.

Le mur Est montre le retour de la procession à Karnak, après la fin de la fête.

Une statue représentant Toutânkhamon et son épouse est installée à proximité.

Aucun temple funéraire de Toutânkhamon, « Temple des millions d’années » n’a jamais été identifié. Pourtant, dès son avènement, il a choisi l’emplacement de son temple funéraire, emplacement délimité par les prêtres où le jeune homme a placé des dépôts de fondation dans des emplacements rituels.

Une stèle et une brique crue portant le nom de Toutânkhamon semblent confirmer cette fondation sur la rive gauche du Nil, à Karnak.

Lors du vidage du IIe pylône de Karnak, des blocs martelés, composés d’architraves ornées, de piliers et de fragments de parois décorées sur les deux faces, au nom de Aÿ et de Toutânkhamon ont été trouvés.

Les textes de dédicaces indiquent que le monument a été construit par Aÿ en l’honneur de « son fils » Toutânkhamon : Il [Aÿ] a fait comme son mémorial pour son fils, le dieu parfait, seigneur du Double Pays, seigneur qui  accomplit les rites, roi de Haute et Basse-Égypte Nebkhéperourê. Les textes précisent également qu’il s’agit d’un temple des millions d’années, d’un reposoir pour la statue lors de la Belle Fête de la Vallée.

Le retour triomphal d’une bataille en Nubie, une bataille en Asie, des chasses dans le désert, des rituels liés aux statues de Toutânkhamon décorent les blocs.

Le nom de Aÿ, systématiquement effacé, semble indiquer que Horemheb souhaitait, dans un premier temps, usurper le monument avant qu’il ne décide finalement de le démanteler et d’utiliser les blocs en réemploi dans le IIe pylône..

Les représentations artistiques de Toutânkhamon montrent une très discrète gynécomastie, développement excessif des glandes mammaires, mais ces représentations témoignent probablement d’un style visant à reproduire un même idéal physique, celui d’Akhenaton. Ainsi, l’étude des momies par le King Tutankhamun Family Project Mummies ne révèle aucune trace de cette anomalie. De même aucune pathologie en rapport avec une craniosynostose, soudure prématurée de sutures crâniennes, n’a été trouvée. Le syndrome de Marfan n’a été décelé sur aucune momie. Par contre, la famille de Toutânkhamon présente une accumulation de malformations.

L’égyptologue Marc Gabolde estime que les statuettes représentant le pharaon avec des glandes mammaires développées seraient en fait des représentations de sa sœur Mérytaton. Celle-ci aurait régné peu de temps avant Toutânkhamon, puis aurait été chassée du pouvoir et effacée des annales. Les statuettes et produits funéraires qui lui étaient initialement destinés auraient été réutilisés pour le pharaon Toutânkhamon.

Quatre des momies faisant partie de l’étude y compris Toutânkhamon sont porteuses de parasites du paludisme (Plasmodium falciparum)J.

Toutânkhamon lui-même présente plusieurs pathologies, dont la maladie de Köhler sans qu’aucune d’entre elles n’ait pu entraîner la mortJ.

Le pied gauche de Toutânkhamon montre des signes de nécrose osseuse sur les deuxième et troisième métatarsiens. Cette pathologie nécessitait l’usage de cannes pour faciliter la marche dont cent trente d’entre elles ont été retrouvées dans la tombe.

Cependant d’autres chercheurs ont trouvé, sur les os de ses orteils, des traces caractéristiques des personnes souffrant de drépanocytose, maladie touchant 9 à 22 % de la population vivant dans les oasis égyptiennes.

Il n’existe aucun témoignage sur les derniers jours de Toutânkhamon. Les causes de sa mort font l’objet de nombreux débats.

Une première autopsie de la momie est effectuée le 11 novembre 1925, sous la supervision d’Howard Carter. La première radiographie, effectuée en 1968 par le professeur d’anatomie R.G. Harrison de l’université de Liverpool, met en évidence la présence d’un fragment osseux dans la cavité crânienne et une zone amincie de l’os occipital, suggérant une lésion et une hémorragie à l’arrière du crâne. La thèse d’un complot pour le tuer, ourdi par un de ses proches (notamment son successeur Aÿ) est évoquée. Un scanner plus précis réalisé dans le cadre du King Tutankhamun Family Project a réfuté cette hypothèse : le fragment d’os se serait plus probablement détaché lors du processus d’embaumement ou des manipulations lors de l’autopsie de 1925.

Des analyses ADN effectuées en 2010 dévoilent la présence de parasites du paludisme dans son organisme. La combinaison de la malaria et de la maladie de Köhler aurait provoqué sa mort.

Un scanner, réalisé en 2005, révèle qu’il a souffert d’une fracture à la jambe gauche peu de temps avant son décès. Cette fracture de l’extrémité inférieure du fémur gauche avec rotule arrachée, manifeste des signes d’infection locale. L’ébauche de cicatrisation indique que le roi n’a survécu qu’un à cinq jours à son accident.

Fin 2013, l’égyptologue Chris Naunton et des scientifiques de l’Institut Cranfield Forensic ont réalisé une « autopsie virtuelle » du roi, révélant des blessures sur un des côtés du corps. Après avoir créé des simulations virtuelles d’accident de char, ils émettent l’hypothèse que Toutânkhamon aurait été renversé par un char lancé à vive allure. Le cœur aurait été écrasé par l’impact.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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