Tintin au Congo.

Tintin au Congo (initialement intitulé Les Aventures de Tintin, reporter du « Petit Vingtième », au Congo) est le deuxième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur belge Hergé.

Depuis 1928, Hergé est rédacteur en chef du Petit Vingtième, le supplément jeunesse du journal belge Le Vingtième Siècle dans lequel il publie Tintin au pays des Soviets et Quick et Flupke, et connaît un grand succès. Son patron et mentor, l’abbé Norbert Wallez, lui demande alors de dessiner une nouvelle aventure de Tintin qui se déroulera cette fois-ci au Congo, colonie belge depuis 1908. L’histoire est publiée en noir et blanc, de juin 1930 jusqu’en juin 1931, dans les pages du Petit Vingtième. Le succès est à nouveau au rendez-vous. En 1946, dans le cadre de la colorisation des Aventures de Tintin, Hergé s’adjoint les services d’Edgar P. Jacobs, et ils réécrivent ensemble l’album dans un format plus court et en couleurs.

Après la Seconde Guerre mondiale, Tintin s’internationalise mais l’auteur est accusé de véhiculer des préjugés racistes, ce qui amène les éditions Casterman à ne pas rééditer Tintin au Congo, rendant de fait l’album introuvable en librairie dans les années 1960. Sous la pression d’Hergé, son éditeur réimprime finalement l’aventure au début des années 1970. La polémique ne refait surface qu’au début du XXIe siècle, au moment de l’annonce de la production d’une série de films par Steven Spielberg, dans l’univers de Tintin. Plusieurs librairies anglo-saxonnes déplacent l’album dans le rayon pour adultes, et une plainte est déposée en Belgique pour interdire sa vente — toutefois sans résultat. Il n’en demeure pas moins très populaire au Congo.

Le récit fait aujourd’hui l’objet de nombreuses critiques par des auteurs qui déplorent l’inconsistance du scénario, mais remarquent néanmoins  l’amélioration du style d’Hergé. La version en couleurs de 1946 est également critiquée pour son manque de réalisme. Cela n’empêche pas Tintin au Congo d’être l’une des aventures de Tintin les plus populaires auprès des jeunes lecteurs, avec plus de dix millions d’exemplaires vendus dans le monde.


La trame de l’histoire se compose de péripéties dans lesquelles Tintin et son chien Milou se tirent de difficultés et de dangers, le tout dans une atmosphère de propagande coloniale.

Le reporter Tintin se rend en paquebot au Congo belge dans le cadre de son travail. Le voyage est éprouvant, car Milou est successivement attaqué par un perroquet, par le passager clandestin Tom, futur ennemi de Tintin, et par un requin. Leur arrivée en Afrique est acclamée par la foule. Une fois repoussées les sollicitations de journaux qui souhaitent lui acheter son reportage, Tintin engage un boy, Coco, pour l’accompagner. Le trajet est loin d’être de tout repos : Tintin sauve Milou d’un crocodile, puis d’un singe, et capture Tom qui essayait de lui voler sa voiture.

Au royaume des Ba Baoro’m, Tintin est emmené par le roi de la tribu à une chasse au lion qui se passe mal, mais cette fois-ci c’est Milou qui sauve Tintin des griffes du fauve. Se sentant menacé par ce jeune blanc, le sorcier des Ba Baoro’m Muganga, accompagné de Tom, l’accuse de sacrilège, et Tintin est emprisonné. Délivré par Coco, il évente le piège et devient le nouveau grand chef. Le sorcier provoque alors une guerre avec la tribu des m’Hatouvou et tente de tuer Tintin, sans plus de succès. Tom capture finalement les héros, abandonne Tintin aux crocodiles et Milou à un baobab, avant qu’un missionnaire ne les sauve de justesse.

Tintin est accueilli dans la Mission, où il donne un cours de mathématiques, et part à la chasse à l’éléphant. Tom l’intercepte à son retour et le laisse pour mort. Averti par Milou, le missionnaire sauve Tintin. Poursuivi par ce dernier, Tom finit dévoré par les crocodiles. Tintin découvre que Tom avait rendez-vous dans la ville fictive de Kalabelou avec un certain Gibbons. Ce dernier apprend alors au reporter que les hommes voulant sa mort sont des gangsters affiliés à Al Capone qui tentent de prendre le contrôle de la production de diamants au Congo. Après l’arrestation des bandits, Tintin et Milou partent en safari pour filmer des animaux, avant d’être récupérés en avion pour un nouveau reportage en Amérique.

Depuis 1925, Georges Remi — qui signe son travail sous le pseudonyme Hergé — est employé au Vingtième Siècle. Ce journal de Bruxelles est résolument catholique et conservateur, et surtout proche d’une idéologie fasciste qu’incarne Benito Mussolini en Italie, tenu en haute estime par le rédacteur en chef, l’abbé Norbert Wallez. Le quotidien se définit d’ailleurs comme un « journal catholique de doctrine et d’information ». Jusqu’à la fin de l’année 1928, Hergé occupe un poste de reporter-photographe et de dessinateur, mais il gagne avant tout sa place en réalisant des petits travaux graphiques à la demande. Wallez lui confie alors les clefs d’un supplément pour la jeunesse, Le Petit Vingtième, qui est intégré au Vingtième Siècle. Outre son travail de rédacteur en chef, Hergé y publie en particulier deux nouvelles séries de bande dessinée : Tintin au pays des Soviets, de janvier 1929 à mai 1930, et Quick et Flupke à partir de janvier 1930. Devant la charge de travail qui s’accumule, il demande à son rédacteur en chef d’embaucher des assistants : Eugène Van Nyverseel le rejoint le 1er janvier 1929, ainsi que Paul Jamin en mars 1930. Il travaille également avec Germaine Kieckens, la secrétaire de Norbert Wallez, dont il est amoureux. Pendant l’année 1930, il multiplie les approches, en vain. Devant sa persévérance et le soutien de l’abbé pour cette union, Germaine se décide à l’épouser en mai 1931.

Hergé a 23 ans. Après le succès retentissant de Tintin au pays des Soviets, il travaille sur une nouvelle aventure de son héros et songe à l’envoyer en Amérique, afin de rencontrer les Peaux-Rouges qui le passionnent depuis son enfance. Wallez en décide autrement malgré le manque d’enthousiasme de l’auteur, il choisit le Congo belge comme future destination de Tintin : son espoir est de faire naître une vocation coloniale chez les jeunes lecteurs. Ce territoire est belge depuis 1908 grâce à l’action d’Henry Morton Stanley et du roi Léopold II de Belgique, qui en a transmis la propriété à son royaume, et un manque chronique de main-d’œuvre atténue fortement les capacités de production de la colonie (caoutchouc et ivoire par exemple).

Pour sa documentation, Hergé a l’embarras du choix. L’exposition coloniale de Paris en 1931 connaît un succès colossal. Les journaux font des reportages réguliers sur le Congo, les livres populaires abondent en ce sens, il faut compter en plus l’omniprésence de bulletins de propagande gouvernementale. Il est donc difficile de dire quelles sont les sources qu’Hergé a utilisées, tant elles baignent son univers. Malgré tout, il recopie une scène de chasse du livre Les Silences du colonel Bramble d’André Maurois, s’inspire à nouveau des animaux de Benjamin Rabier et puise au Musée colonial de Tervueren quelques représentations d’objets, tels les pirogues et le fameux homme-léopard Aniota de l’album. Lorsque Tintin est conduit en pirogue à la mission, les rameurs chantent Uélé maliba makasi, chanson en langue lingala, évoquant la rivière Uélé. À la fin de l’histoire, on apprend qu’Al Capone désire augmenter ses revenus en contrôlant la production de diamants en Afrique. La production minière, concernant nombre de minerais, fait justement partie des ressources économiques importantes du pays.

Le 29 mai 1930, trois semaines après la fin de la parution de Tintin au pays des Soviets, Milou annonce dans Le Petit Vingtième son prochain voyage au Congo, et à partir du 5 juin 1930, la série est publiée toutes les semaines, jusqu’en juin 1931. La parution ne s’accompagne d’aucune controverse. Le 9 juillet 1931, Wallez organise, comme pour Tintin au pays des Soviets, le retour du héros à la Gare de Bruxelles-Nord, cette fois sous les traits de Henri Dendoncker coiffé d’un casque colonial, accompagné d’un chien blanc, de jeunes Congolais, Paul Jamin, Hergé et d’enfants déguisés en Quick et Flupke. La foule qui les accompagne et les acclame témoigne du succès de cette nouvelle aventure. C’est un coup d’éclat commercial, les éditions du Petit Vingtième ayant d’ores et déjà proposé l’album à la vente au cours de la manifestation. Peu après, le journal Cœurs vaillants diffuse à son tour l’histoire en France.

Source : Wikipédia.

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