Thérèse d’Ávila, religieuse.

Thérèse d’Ávila (en religion : Teresa de Jesús) est une religieuse espagnole, née le 28 mars 1515 à Gotarrendura (Vieille-Castille) et morte le 4 octobre 1582 à Alba de Tormes. Profondément mystique, elle laisse des écrits sur son expérience spirituelle qui la font considérer comme une figure majeure de la spiritualité chrétienne.

La réforme qu’elle impulse dans l’Ordre du Carmel espagnol entraîne quelques années après sa mort la création d’une branche autonome au niveau de l’ordre : l’Ordre des Carmes déchaux. Cette nouvelle branche monastique s’étendra rapidement dans toute l’Europe puis le monde : le nombre des carmes réformés dépassera rapidement, et dépasse toujours, le nombre des carmes non réformés.

Thérèse est canonisée en 1622, sa fête liturgique est fixée le 15 octobre. Au XXe siècle, elle est déclarée docteur de l’Église catholique ; elle est la première femme à obtenir ce titre. Si son influence spirituelle, associée à celle de saint Jean de la Croix, a été très forte au XVIIe siècle, de nos jours, elle reste une référence au-delà de sa famille monastique et même à l’extérieur de l’Église catholique.

Elle est l’auteur de nombreux ouvrages tant biographiques que didactiques ou poétiques. Ceux-ci sont régulièrement réédités dans le monde entier. Elle est encore aujourd’hui le sujet de nombreuses publications. Son influence sur la philosophie moderne (notamment le célèbre cogito cartésien) est désormais mieux connue.

Après sa mort, le corps de Thérèse, incorrompu, est exhumé plusieurs fois. Très vite, sa dépouille se trouve être une relique disputée entre les couvents d’Ávila, son lieu de naissance, et d’Alba de Tormes, son lieu de décès. Elle repose désormais dans un tombeau de marbre placé dans l’église du couvent d’Alba de Tormes en 1760. Plusieurs reliques ont été extraites de sa dépouille et sont présentes dans différentes églises d’Espagne.

Adolescente passionnée de romans de chevalerie (elle en écrit en 1529), elle oublie sa dévotion religieuse et ses jeux d’enfance. Elle déclare : J’ai commencé à porter de beaux habits, et à vouloir paraître élégante, je soignais mes mains, ma coiffure et mes parfums, et toutes les vanités de cet âge, car j’étais très curieuse… J’avais quelques cousins germains… Ils étaient à peu près de mon âge, un peu plus vieux que moi ; nous étions toujours ensemble, ils m’aimaient beaucoup et chaque fois que quelque chose les rendait heureux, nous discutions et j’écoutais leurs joies et leurs enfantillages… Tout le mal me vint d’une parente (une cousine semble-t-il) qui venait souvent chez nous. Je me trouvais fréquemment en sa compagnie pour bavarder, car elle m’aidait dans toutes les idées de passe-temps qui me venaient à l’esprit, et m’en proposait même d’autres ; elle me faisait également part de ses fréquentations et de ses futilités. Il me semble que ce fut lorsque je me mis à la fréquenter, à l’âge de quatorze ans, que le péché mortel m’éloigna de Dieu.

Pendant trois mois, et avec la complicité des domestiques, elle succombe aux passe-temps des agréables compagnies, faisant ainsi courir un danger à elle-même et à l’honneur de son père et de ses frères. Elle prend également goût pour les parures avec le désir de plaire. Cependant elle-même déclare « qu’elle détestait les choses malhonnêtes ». Son père décide alors d’envoyer Thérèse au couvent de Santa María de Gracia à Ávila en 1531. Thérèse supporte difficilement son manque de liberté. Elle ne veut pas devenir religieuse, et ses adorateurs lui envoient des billets, mais comme selon ses propres mots il n’y avait pas place pour tout cela, la chose cessa promptement. Thérèse y reste jusqu’à l’automne 1532, sans se décider à embrasser la vie religieuse.

Sainte-Thérèse d’Avila, carte maximum, Paris, 20/11/1982.

Elle tombe gravement malade, et doit rentrer chez son père. Après sa convalescence, il la confie à sa sœur Marie de Cepeda qui vit à Castellanos de la Cañada avec son mari, don Martín de Guzmán y Barrientos. Luttant contre elle-même, elle parvient à dire à son père qu’elle souhaite entrer dans les ordres, tout en sachant qu’elle ne reviendra pas sur sa décision. Son père lui répond qu’il ne l’acceptera jamais de son vivant.

Aidée d’un de ses frères, Thérèse fugue du domicile familial le 2 novembre 1533 (ou le 2 novembre 1535, selon Francisco Ribera) pour le couvent de l’Incarnation à Ávila.

Ce monastère était non cloîtré, permettant aux religieuses de sortir et de recevoir des visites.

Elle y prononce ses vœux le 3 novembre 1534 (selon Ribera, elle prend l’habit le 2 novembre 1536 et prononce ses vœux le 3 novembre 1537). Thérèse passera vingt-sept ans dans cette communauté très nombreuse, de style encore médiéval. Ces premières années au Carmel se passent sans événements notables. Mais elle est très critique vis-à-vis des pratiques religieuses de l’ordre, qu’elle réformera quelques années plus tard.

Après être entrée au couvent, sa santé se détériore. Elle souffre très probablement de crises d’épilepsie, d’évanouissements, d’une cardiomyopathie non définie et d’autres troubles ; ainsi se passe la première année. Pour la guérir, son père l’emmène en 1535 à Castellanos de la Cañada avec sa sœur. Thérèse reste dans ce village jusqu’au printemps 1536 (elle réussit même durant son séjour à convertir un prêtre qui y vivait en concubinage), puis elle part à Becedas. De retour à Ávila (le dimanche des Rameaux de l’année 1537), elle subit en juillet une rechute de quatre jours chez son père. Elle reste paralysée pendant plus de deux ans. Aussi bien avant qu’après sa rechute, elle connut de grandes souffrances physiques.

Vers le milieu de l’année 1539, Thérèse recouvre la santé, selon elle, grâce à saint Joseph. Avec la santé reviennent les goûts mondains, faciles à satisfaire : Thérèse vit à nouveau au couvent et reçoit de fréquentes visites.

Selon elle, son esprit s’alanguit, au point de lui faire abandonner la prière (1541). Un jour, par hasard, elle voit dans un oratoire une image de Jésus-Christ souffrant qui provoque en elle une profonde émotion. Elle dira : c’était une représentation si vive de ce que Notre-Seigneur endura pour nous, qu’en voyant le divin Maître dans cet état, je me sentis profondément bouleversée. Au souvenir de l’ingratitude dont j’avais payé tant d’amour, je fus saisie d’une si grande douleur qu’il me semblait sentir mon cœur se fendre. Elle décide alors de reprendre l’oraison. La lecture des Confessions de saint Augustin l’encourage dans sa conversion.

Ressentant des grâces spirituelles dans son oraison, Thérèse se confie à son confesseur pour savoir si elles viennent de Dieu ou du démon. Celui-ci, après l’avoir écoutée, lui indique que c’est le démon qui lui crée des illusions ; cette nouvelle cause beaucoup de tourments à Thérèse. Après plusieurs années où il lui tient ce même discours, l’ecclésiastique conseille finalement à Thérèse d’aller consulter des prêtres de la Compagnie de Jésus.

Thérèse d’Avila, carte maximum, Luxembourg.

C’est à ce moment, en 1555, que les jésuites Juan de Padranos et Baltasar Alvarez (en) fondent un collège à Ávila. Padranos devient le confesseur de Thérèse. L’année suivante (1556), Thérèse commence à ressentir des faveurs spirituelles intenses, et peu après en 1557, elle se voit encouragée par saint François Borgia9 (qui lui confirme que les faveurs spirituelles dont elle jouit viennent bien de Dieu et non du démon). Elle raconte avoir sa première apparition ainsi que la vision de l’enfer en 1557 ; en 1559, elle prend pour confesseur Baltasar Alvarez, qui dirige sa conscience pendant six ans, et reçoit, dit-elle, de grandes faveurs célestes, parmi lesquelles la vision de Jésus ressuscité.

En 1560, elle fait le vœu de toujours aspirer à la plus grande perfection ; saint Pierre d’Alcántara approuve cet état d’esprit, et saint Louis Bertrand l’encourage à mettre en œuvre son projet de réforme de l’Ordre du Carmel, qu’elle a conçu aux alentours de cette date : elle veut fonder à Ávila un monastère observant strictement la règle de l’Ordre, qui inclut l’obligation de la pauvreté, de la solitude et du silence. Son confesseur, le dominicain Pedro Ibáñez, lui ordonne d’écrire le récit de sa vie, travail qui va durer de 1561 à juin 1562. Plus tard, sur les conseils de Soto, elle réécrit le récit de sa vie en 1566.

À son arrivée à Alba de Tormes le 20 septembre 1582, son état de santé empire. La veille de la saint François, elle dit à ses carmélites rassemblées autour d’elle Mes filles et mesdames, je vous prie, pour l’amour de Dieu, que les règles et les constitutions soient exactement observées, et que vous ne vous arrêtiez pas aux exemples de cette indigne pécheresse qui va mourir ; pensez plutôt à lui pardonner. À ces paroles, les religieuses fondent en larmes.

Sœur Anne de Saint-Barthélemy la tient dans ses bras durant ses dernières heures. C’est ainsi qu’elle meurt durant la nuit du 4 au vendredi 15 octobre 1582. En effet, cette nuit là, l’Espagne et l’Italie basculent du calendrier julien au calendrier grégorien par décision du pape Grégoire XIII, d’où l’expression de la nuit du 4 au 15. La réformatrice du Carmel décède donc durant la plus longue nuit qu’ait connu l’Espagne. Depuis, elle est fêtée le 15 octobre.

Ses dernières paroles sont À la fin, je meurs en fille de l’Église et L’heure est à présent venue, mon Époux, que nous nous voyons. La cause de la mort est une métrorragie (peut-être consécutive à un cancer de l’utérus ou à un carcinome utérin).

Thérèse est inhumée sans embaumement. Sa dépouille est enterrée dans le chœur de la chapelle du couvent de l’Annonciation de la ville d’Alba de Tormes.

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Sources : Wikipédia, YouTube.