Théophile Gautier, écrivain.

Théophile Gautier est né le 30 août à Tarbes en 1811. Sa famille est issue d’une famille de petite bourgeoisie avec laquelle il vint s’établir rapidement à Paris. Il fait ses études au lycée Louis-le-grand et au lycée Charlemagne où il se lie d’amitié avec Gérard de Nerval. Il se destine à une carrière de peintre mais le 27 juin 1829 il rencontre Victor Hugo, qui lui donne le goût de la littérature et l’année suivante il participe à la bataille d’Hernani, vêtu d’un gilet rouge qui restera célèbre. En 1830 paraît son premier recueil de vers, financé par son père. Se dessine déjà un don particulier pour la poésie, très conscient de l’héritage des antiques. C’est le 4 mai 1831 qu’il publie la nouvelle : Cafetière. En 1835, Honoré de Balzac envoie Jules Sandeau lui proposer une collaboration au journal La Chronique de Paris. Théophile va y publier plusieurs nouvelles ainsi que des critiques d’art. Il collabore aussi avec la France littéraire et La Presse. Gautier travaille dans la presse jusqu’en 1855 puis se consacre au Moniteur universel jusqu’en 1868. Parallèlement il publiera de nombreux recueils. Il meurt le 23 octobre 1872.

Fidèle à Hugo, Gautier assista avec éclat et enthousiasme à la première de son drame Hernani, le 25 février 1830. Lors de cette soirée mouvementée, restée dans l’histoire littéraire sous le nom de « bataille d’Hernani », il se rangea du côté de la troupe romantique qui défendit Hugo contre les tenants du classicisme – notons, pour la petite histoire, que le gilet rouge flamboyant qu’il arborait ce soir-là fit scandale et resta célèbre. Gautier se déclara toujours fidèle aux choix esthétiques qu’il avait faits en 1830 et, d’une certaine manière, même si son œuvre évolua vers une esthétique formaliste, il resta, en son âme, romantique jusqu’à la fin (ce dont témoigne son Histoire du romantisme).

Vers la fin de l’année 1830, Gautier commença à participer aux rencontres du « petit cénacle », groupe d’artistes et d’écrivains qui se réunissait dans l’atelier du sculpteur Jehan Duseigneur. Là, il se lia d’amitié avec Nerval, Pétrus Borel, Alphonse Brot, Philotée O’Neddy et Joseph Bouchardy. Il menait à cette époque une joyeuse vie de bohème. C’est le 4 mai 1831 que le Cabinet de lecture publia la Cafetière, son premier conte fantastique.

Théophile Gautier, carte maximum, Tarbes, 9/09/1972.

Dès lors, son talent dans cette veine très en vogue ne devait cesser de s’affirmer avec des textes comme Arria Marcella (1852), le Roman de la momie (1858) ou Spirite (1866). Parallèlement à ses poèmes, Gautier publia de nombreux textes de prose, comme les Jeunes France, romans goguenards (1883) – recueil de nouvelles souvent parodiques – ou le roman Mademoiselle de Maupin (1835), qu’il fit précéder d’une préface provocante et scandaleuse, où il affirmait ses principes esthétiques.

En 1836, Gautier édita son premier article dans la « Presse », le nouveau journal d’Émile de Girardin, pour lequel il travailla jusqu’en 1855, puis il se consacra au « Moniteur universel » jusqu’en 1868. Gautier écrivit quelque mille deux cents articles, tout en se plaignant du joug que lui imposait la presse quotidienne – son seul véritable gagne-pain qui était aussi, selon lui, un obstacle matériel à la réalisation d’une œuvre littéraire.

Théophile Gautier, essais de couleurs.

L’image que l’on retient aujourd’hui de Gautier est celle d’un partisan presque fanatique de Victor Hugo et d’un romantique échevelé. Or, s’il est vrai que ses poèmes des années 1830 sont marqués par une thématique sombre, voire par un humour macabre (qui caractérise, par exemple, le dialogue entre « la Trépassée et le Ver », dans la Comédie de la mort), Gautier se distingue nettement des autres romantiques par son souci formaliste, qui annonce celui de Baudelaire et des Parnassiens.

Dans l’ensemble de l’œuvre de Gautier, en effet, le sujet importe moins que les mots et le plaisir de raconter : davantage encore qu’un partisan de l’art pour l’art, il fut un esthète, privilégiant d’une manière provocatrice l’esthétique au détriment des autres fonctions de l’œuvre, en particulier de ses fonctions morales. Cet esthétisme est le principal point commun entre ses poèmes, Émaux et Camées (1852) et ses grands romans, comme le Roman de la momie (1858) ou le Capitaine Fracasse (1863), paru en feuilleton de 1861 à 1863. Émaux et Camées, qui se situe à la croisée du romantisme et de la poésie parnasienne, illustre idéalement les principes esthétiques de Gautier et son exigence de perfection. Chaque poème, composé en octosyllabes, est la représentation textuelle, parfaitement ciselée, d’un objet choisi pour sa beauté, qu’il soit réel ou mythologique, vivant ou minéral, naturel ou produit par l’Homme.

Malgré ses difficultés matérielles, Théophile Gautier devint un poète presque officiel à la fin de sa carrière, sous l’Empire ; en 1868, il fut nommé bibliothécaire de la princesse Mathilde.

À sa mort, survenue le 23 octobre 1872, Victor Hugo et Mallarmé témoignèrent de l’importance de cet écrivain par deux poèmes qui furent réunis sous le titre de Tombeau de Théophile Gautier (1873). En 1857, Baudelaire lui avait dédié ses Fleurs du mal par ces vers élogieux : « Au poète impeccable / au parfait magicien ès lettres françaises / à mon très cher et très vénéré / maître et ami / Théophile Gautier… »

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Sources : Eternels éclairs, YouTube.