Terre-Neuve.

Terre-Neuve (en anglais : Newfoundland ; en micmac Taqamkuk ; en gaélique écossais : Talamh en Eisc) est une grande île située au large de la côte atlantique de l’Amérique septentrionale. Elle fait partie du territoire de la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador ; la capitale de la province, Saint-Jean, se trouve sur l’extrémité est de l’île, le point le plus oriental de l’Amérique du Nord. Ce territoire est devenu une province  canadienne en 1949.

L’île est séparée du territoire du Labrador, l’autre moitié de la province, par le détroit de Belle Isle, et de l’île du Cap-Breton (Nouvelle-Écosse) par le détroit de Cabot. Elle commande l’embouchure du fleuve Saint-Laurent vers la mer, formant ainsi le golfe du Saint-Laurent, le plus grand estuaire au monde.

Le territoire français de Saint-Pierre-et-Miquelon se trouve au sud de l’île.

Les Vikings y débarquent vers l’an 1000, établissant une colonie nommée Vinland, et une première exploration au compte de l’Empire britannique y est faite vers 1497 par Jean Cabot, un italien parti de Bristol. Une première colonisation est effectuée en 1583, par Humphrey Gilbert, avec la fondation Saint-Jean. Mais elle disparaît quelques années plus tard, et la colonisation britannique attend jusqu’en 1610 pour devenir à temps plein, avec le gouverneur John Guy à Cuper’s Cove (aujourd’hui Cupids) dans la baie de la Conception.


Au dernier maximum glaciaire (env. 20 000 ans), Terre-Neuve est  totalement couverte par les glaces venues du Labrador et la banquise s’étend jusqu’au Grands Bancs sur l’ensemble de la plate-forme continentale. Il y a 16 000 ans, le secteur des Grands Bancs, à l’est de l’île, est libéré des glaces. Vers 14 000 ans, le retrait glaciaire libère largement le golfe du Saint-Laurent et quelques petits secteurs côtiers au nord de celui-ci sur Terre-Neuve (baie de Saint-Georges). Il y a 13 000 ans, la majorité de la bordure côtière est accessible sauf sur la péninsule de Saint-John’s et dans la portion où l’inlandsis joint encore le Labrador et l’archipel. Vers 12 000 ans, toutes les côtes ne sont plus englacées mais une calotte de glace couvre la majorité des terres intérieures (voir série de cartes du retrait glaciaire).

Ce sont donc les côtes qui ont pu être visitées saisonnièrement par les Amérindiens pendant quelques milliers d’années à la fin de la période glaciaire. Puis la remontée du niveau marin a modifié le trait de côte et des terres précédemment libérées ont disparu. La libération des glaces et la fonte du pergélisol pour rapides qu’elles aient pu être n’a pas autorisé toutes les ressources que les Béothuks pouvaient utiliser lors des premiers contacts par les Européens.

La présence de la calotte glaciaire a exercé un contrôle sur le climat jusqu’il y a 7 000 ans. Les données de l’analyse pollinique, entre autres, montrent une migration des biomes durant l’Holocène de l’ordre de 100 à 200 m par année. La reconquête de la végétation forestière dans l’ensemble de la région du golfe du Saint-Laurent a commencé par l’épicéa, le peuplier, le bouleau et le pin entre 10 000 et 7 000 ans. La végétation de toundra persistait alors sur les sommets de l’Ouest et du Sud-Ouest de Terre-Neuve. De petites phases de rafraîchissement ont ponctué ce début de l’Holocène et ont modifié la distribution des essences forestières.

Le territoire de Terre-Neuve est totalement couvert par l’inlandsis  laurentidien à l’époque où les premiers hommes traversent le détroit de Béring. L’inlandsis s’étend jusqu’au sud des Grands Lacs américains actuels lors du maximum glaciaire (22 000 à 18 000 ans AP), c’est la dernière glaciation, la glaciation wisconsinienne (80 000 à 6 000 ans AP)11,12,13. Le front glaciaire à la fin du Wisconsinien et au début de l’Holocène amorce son retrait il y a une vingtaine de milliers d’années. La fonte de la calotte glaciaire de Terre-Neuve s’achève à l’Holocène.

Les premiers signes d’occupation de l’île datent d’environ 8 000 ans et correspondent à une culture des archaïques maritimes, pêcheurs et chasseurs d’animaux marins jusqu’il y a 4 000 ans. Vers 850 av. J.-C., les paléo-Inuits occupent l’île durant environ 700 ans. Ils sont ensuite supplantés par les cultures Dorsets et Recent Indian, possibles ancêtres des Béothuks.

Il existe à Terre-Neuve quelques agglomérations d’Amérindiens Mi’kmaqs, datant d’après la colonisation européenne. La plus importante est la réserve de Conne River dans le Sud de l’île. La population indigène originelle de Terre-Neuve, les Béothuks, au départ peu nombreuse, s’est officiellement éteinte en 1829, pour un ensemble de raisons, dont plusieurs sont liées à la colonisation européenne.

Les côtes méridionales furent probablement explorées pour la première fois autour de l’an mil par Leif Erikson, fils d’Érik le Rouge, Viking d’Islande. Les Vikings du Groenland avec Þorfinnr Karlsefni tentent une colonisation de Terre-Neuve (l’avant-poste de Straumfjörðr au Vinland, désignation scandinave de Terre-Neuve ou de la Nouvelle-Écosse) comme l’attestent les vestiges de l’Anse aux Meadows (inscrit au patrimoine mondial par l’Unesco) et de pointe Rosée). En 1014 naît Snorri, fils de Thorfinn Karlsefni, et Gudrid, sans doute le premier Européen né au Vinland.

Cette colonisation finit par échouer, les sagas scandinaves relatant des dissensions entre les colonisateurs et des conflits avec les autochtones skrælings. L’évacuation du village a lieu quelques années plus tard. Selon les récits scandinaves, les dernières expéditions vers le Vinland ont lieu au xiie siècle. Au début du XVe siècle, les colonies vikings au Groenland disparurent à la suite, entre autres, d’un refroidissement climatique (début du Petit Âge glaciaire).

La pièce la plus significative concernant la possible découverte de Terre-Neuve par des pêcheurs bretons est une charte de l’abbaye de Beauport à Paimpol, datée de 1514, et qui fait état d’un litige entre les moines et les habitants de l’île de Bréhat à propos de droits, établis 60 ans auparavant (donc vers 1454), de dîme sur la pêche « tant à la coste de Bretaigne, la Terre-Neuffre, Islande que ailleurs ».

Vers 1472, les rois portugais Alphonse V de Portugal et danois Christian Ier de Danemark organisent en commun une expédition pour reconnaître les anciennes routes vikings du Vinland. Parmi les capitaines de cette expédition maritime, Alvaro Martins Homem et un certain João Vaz Corte-Real. Les navires longent l’Irlande, naviguent au large de l’Islande, passent le long de la côte orientale du Groenland, puis atteignent le Labrador avant de s’engager dans l’embouchure du fleuve Saint-Laurent et contourner l’île de Terre-Neuve. Au retour, João Vaz Corte-Real fut nommé gouverneur de l’île de Terceira aux Açores, en récompense d’avoir découvert la « Terra do Bacalhao » la terre de la morue.

Des navigateurs bretons de Paimpol et de Saint-Malo, des marins normands de Barfleur et de Dieppe, enfin d’autres de La Rochelle, des Sables- d’Olonne et du Pays basque partent pêcher la morue au large des côtes canadiennes et dans le golfe du Saint-Laurent. Tous ces équipages se retrouvent au large d’une grande île qui pourrait être celle de Terre-Neuve, nommée sur les cartes marines de cette époque « île de Bacalaos » (« îles des morues » en portugais) en compagnie d’autres navigateurs portugais, irlandais, anglais, vénitiens et hollandais. La Ligue hanséatique contrôle le marché européen de la morue et s’enrichit avec ce commerce florissant en tenant fermement les ports de l’Europe centrale (mer du Nord, mer Baltique). En France, dès le début du XVe siècle les marins-pêcheurs français payent la dîme au roi de France sur « les Pescheries des terres neufves ». Il en est de même pour les pêcheurs morutiers bretons qui paient la dîme sur la vente de la morue depuis le milieu du XVe siècle.

Les marins basques pratiquaient également la pêche à la baleine. Le légiste bordelais E. Cleirac indique dans son livre Us et coutumes de la mer (1647), que cent ans avant Christophe Colomb, les Basques chassaient déjà la baleine, pratiquaient la pêche à la morue. Il précise que ces marins basques auraient même découvert le grand et le petit banc des morues au large de Terre-Neuve, et effectué la reconnaissance des côtes et rivages du golfe du Saint-Laurent, également cent ans environ avant les navigations de Christophe Colomb.

Adolphe Bellet, conseiller du commerce extérieur de la France de la fin du XIXe siècle, affirme quant à lui que les marins basques auraient découvert Terre-Neuve vers 1350, sans y établir pour autant de colonie ni de comptoir commercial, mais en fréquentant régulièrement durant deux siècles les côtes de Terre-Neuve. M. Bellet déplore cependant qu’aucune trace écrite ne permette à ce jour de confirmer son affirmation. Il fallut attendre 1506 pour voir les Normands de Dieppe et de Honfleur y établir leur première colonie.

Terre-Neuve a été pendant des siècles une grande région de pêche à la morue. Mais, en 1992, en raison de la surpêche, les pêcheries se sont écroulées brutalement, coûtant leur emploi à 40 000 Canadiens. Cette même année, le gouvernement canadien a décrété un moratoire sur la pêche à la morue au large de Terre-Neuve dans ses eaux territoriales. La pêche à la morue a été interdite dans tout le Canada atlantique le 24 avril 2003.

Les icebergs pénètrent jusque dans les rades de l’île. Depuis cinq siècles, les glaces du Groenland n’ont pas empêché les hommes d’exploiter l’aire de pêche la plus riche du monde.

Depuis des siècles, la morue est abondamment pêchée au Canada par les populations locales, et, à partir de l’époque moderne, par les Européens (colons ou non) qui y trouvent un aliment de choix. En 1968, cette pêche atteint des chiffres annuels records, passant de 150 000 tonnes dans les années 1940, à 810 000 tonnes. La surpêche entraîne le déclin de l’espèce et contraint le gouvernement à mettre en place des quotas de pêche. Depuis la régulation de la pêche à la morue par les autorités canadiennes, les stocks de morues augmentent sensiblement chaque année.

La population globale de phoques du Groenland au Canada est estimé à huit millions d’individus. Selon le MPO et d’autres sources scientifiques, les quelque 500 000 phoques gris seraient l’une des causes de l’incapacité des stocks de morues à remonter. Depuis les années 1960, la population de phoques gris n’a cessé d’augmenter au Canada. Elle est passée de cinq-mille dans les années 1960 à cinq-cent-mille en 2014. Ces mammifères se nourrissent en abondance de divers poissons et notamment de morues.

Les phoques gris sont visés par Pêches et Océans Canada qui les accuse d’être de grands consommateurs de morues et d’en ralentir la  reconstitution des stocks, privant ainsi en partie le Canada d’une  importante ressource économique. La surpêche internationale de cette ressource halieutique a certainement causé l’effondrement des stocks, mais comme un moratoire existe depuis 1992, les pêcheurs canadiens ne peuvent plus être accusés d’empêcher le retour des stocks existants.

Presque tous les Terre-Neuviens parlent l’anglais. On retrouve à Terre-Neuve une large population d’ascendance irlandaise et anglaise. Une division sociale et politique importante existait autrefois entre catholiques et protestants, mais cela n’est généralement plus le cas aujourd’hui. Sur la côte ouest, dans la région de Stephenville, on trouve encore de rares îlots de langue française, parlée par les descendants de pêcheurs français, souvent des terre-neuvas, qui s’y étaient installés (voir français terre-neuvien).

Terre-Neuve a une riche tradition folklorique dans laquelle la musique trouve une place importante. La musique terre-neuvienne traditionnelle a une sonorité particulière, dans laquelle ressort clairement l’héritage celtique irlandais. La culture insulaire terre-neuvienne se distingue fortement de celle du reste du Canada et, à un degré un peu moindre, de celle du Labrador.

Source : Wikipédia.

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