Tazio Nuvolari, pilote motocycliste et automobile.

Tazio Giorgio Nuvolari, dit Tazio Nuvolari, né le 16 novembre 1892 à Castel d’Ario et mort le 11 août 1953 à Mantoue, est un pilote motocycliste et un pilote automobile italien également connu sous les surnoms d’Il Mantovano Volante (le Mantouan volant) ou Nivola. Deux fois champion d’Italie de vitesse moto en 1925 et 1927, champion d’Europe de vitesse moto en 1926 et champion d’Europe des pilotes automobiles en 1932, il reste célèbre tant pour ses exploits en course que pour sa personnalité et son style de pilotage.

Nuvolari commence à piloter en compétition motocycliste en 1920 alors qu’il est déjà âgé de vingt-sept ans. Quatre ans plus tard, en 1924, il devient champion d’Italie en catégorie 500 cm3 et, l’année suivante, coiffe la couronne de champion d’Europe en catégorie 350 cm3 avant de remporter de nouveau le championnat italien en 1926.

Nuvolari, carte maximum, Luxembourg.

Ces titres acquis, Nuvolari fonde son écurie, la Scuderia Nuvolari, et se tourne vers la compétition automobile tout en poursuivant la compétition motocycliste en parallèle jusqu’à la fin de la saison 1930 quand il décide de se consacrer exclusivement à l’automobile. Au cours de cette saison, il obtient sa première victoire majeure en automobile aux Mille Miglia.

Devenu pilote officiel pour Alfa Corse, l’écurie de course officielle d’Alfa Romeo, il remporte, en 1932, le championnat d’Europe des pilotes. À la suite du retrait d’Alfa Corse, de la compétition, Nuvolari s’engage avec la Scuderia Ferrari qui engage semi-officiellement les Alfa Romeo et remporte les 24 Heures du Mans 1933. Déçu par les monoplaces de l’écurie, il entre en conflit avec Enzo Ferrari et rejoint Maserati en milieu de saison 1933 pour y rester jusqu’en 1934, date à laquelle la firme se retire de la compétition.

Nuvolari se tourne de nouveau vers la Scuderia Ferrari, avec le soutien du premier ministre italien Benito Mussolini. La relation avec Enzo Ferrari empirant courant 1937, il s’essaye au pilotage d’une des Flèches d’Argent d’Auto Union puis rejoint la firme allemande en 1938 et lui reste fidèle jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale.

Au sortir du conflit, âgé de cinquante-quatre ans et malgré la maladie, il obtient plusieurs résultats notables et se retire en 1950 sur une victoire de catégorie. Il meurt en 1953 d’un accident vasculaire cérébral.


Tazio Nuvolari naît le 16 novembre 1892 à Castel d’Ario, un village près de Mantoue. Quatrième fils d’Arturo Nuvolari et d’Elisa Zorzi, il grandit dans un milieu marqué par le sport, où son père et son frère Giuseppe, tous deux coureurs cyclistes, s’illustrent par plusieurs victoires en championnat d’Italie ; la deuxième place d’Arturo en 1893, suscite l’admiration du jeune Tazio pour son père.

À dix-huit ans, Nuvolari s’intéresse aux chevaux, à la mécanique et aux avions. Il est embauché dans un garage comme mécanicien et, récupérant un avion en pièces détachées, entreprend de le remonter afin de le piloter. L’expérience tourne court, l’avion s’écrase avant même le décollage et prend feu tandis que son pilote s’en sort indemne après avoir sauté dans une botte de foin.

Suivant la carrière sportive de ses aînés, Tazio Nuvolari passe son permis moto en 1915. Il a vingt-trois ans et, quelques mois plus tard, est enrôlé sous les drapeaux pour conduire, pendant la Première Guerre mondiale, des ambulances de la Croix-Rouge, des camions militaires ou encore des voitures d’officiers. Un jour, alors qu’il conduit un officier, le soldat Nuvolari sort de la route et l’officier malmené ne peut s’empêcher de le sermonner en lui déclarant : « Écoute moi, oublie cela, l’automobile n’est pas faite pour toi »trad 1,1. Toujours mobilisé, il épouse, le 10 novembre 1917, Carolina Perina, de deux ans sa cadette, qui donne naissance à leur premier fils, Giorgio, le 4 septembre 19181. Revenu à la vie civile, il devient concessionnaire automobile.

En 1920, la course motocycliste étant moins dispendieuse qu’en  automobile, Nuvolari prend son premier départ à Crémone sur une moto Della Ferrera Corsa où le jeune Mantouan abandonne rapidement sur casse mécanique. N’étant pas pilote professionnel, il ne prend part que de manière épisodique aux courses. En 1921, il remporte sa première course automobile au volant d’une Ansaldo 4CS lors d’une épreuve de régularité à Vérone. Il engage son Ansaldo au premier Circuito del Garda à Salò et termine quatrième du classement général (deuxième de sa catégorie).

L’année suivante, en 1922, Nuvolari, toujours pilote amateur, ne prend part qu’à quatre courses. S’il abandonne lors des deux premières, il termine deuxième du classement général et deuxième de sa classe à Salò, sur une Ansaldo 6 AS. Le 5 novembre 1922, la ville de Mantoue organise une compétition où Nuvolari se présente sur une Harley-Davidson FS Twin ; il remporte l’épreuve et par la même occasion le championnat.

Enzo Ferrari, à gauche d’Ilario Bandini, joue un rôle prépondérant dans la carrière de Nuvolari. Ferrari, qui a mis un terme à sa carrière de pilote, fonde la Scuderia Ferrari qui, avant-guerre, fait courir les Alfa Romeo.
Repéré par Eduardo Bianchi, propriétaire de l’écurie qui porte son nom, Nuvolari devient pilote professionnel début 1924 ; en motocyclisme, il pilote des Norton, BSA, Borgo, Saroléa, Garelli, Fongris et autres Indian avec lesquelles il remporte plusieurs victoires et, en automobile, il obtient quelques places d’honneur au volant d’une Chiribiri. Tazio Nuvolari recentre alors ses efforts sur les deux roues et s’engage dans le championnat d’Italie en 1924. Toutefois, à chaque course automobile sur laquelle il s’engage, il remporte la victoire de sa catégorie. Lors du Circuito del Savio, Nuvolari fait l’une des rencontres les plus importantes de sa carrière, Enzo Ferrari. Avec sa modeste Chiribiri il menace le futur Ingeniere et son imposante Alfa Romeo RL. Ferrari déclare alors : « Ma première rencontre avec Nuvolari remonte à 1924. Il était en face de la Basilique Saint-Apollinaire in Classe, sur la route de Ravenne, où étaient installés les stands en vue du deuxième Circuito del Savio. Au début, je me souviens, je n’ai pas donné trop de crédit à ce maigrelet mais pendant la course, j’ai réalisé que c’était le seul concurrent capable de me contester la victoire. J’étais sur une Alfa 3 litres, lui, sur une Chiribirinote 1 et c’est dans cet ordre que nous avons coupé la ligne. Le même classement s’est répété quelques semaines après, au Circuito del Polesine… ».

Pendant la saison, Nuvolari remporte plusieurs victoires et devient champion d’Italie de vitesse moto en classe 500 cm3.

L’année suivante, en 1925, il pilote une moto Bianchi de 350 cm3, remporte plusieurs victoires de catégorie et réalise trois records de vitesse dans la classe 350 cm3 sur la piste de Milan. Le 1er septembre, il est invité par Alfa Romeo à piloter leur monoplace P2 à Monza dans le cadre d’essais privés destinés à choisir un remplaçant pour Antonio Ascari, décédé un mois plus tôt. Nuvolari, qui n’a pas encore piloté de voiture de la saison prend rapidement la mesure de sa machine, distance Giuseppe Campari et Attilio Marinoni, réalise un temps au tour proche de celui d’Ascari au Grand Prix d’Italie 1924 mais, au sixième tour, sort de la piste. Éjecté, l’Italien a les deux jambes brisées. Il est plâtré par les médecins qui le déclarent incapable de marcher pendant un mois et de piloter pendant encore plus longtemps. Bravant l’interdit des docteurs, il est présent une semaine plus tard au Grand Prix des Nations à Monza (le Grand Prix d’Europe de la F.I.C.M.) où il demande à ses mécaniciens de l’attacher à sa moto, de le tenir au départ et de le rattraper à l’arrivée. Nuvolari remporte la victoire en catégorie 350 cm3 et devient champion d’Europe de vitesse moto.

Nuvolari, carte maximum, Italie, 1992.

Auréolé de son titre de champion d’Europe, il se présente en 1926 sur sa Bianchi Freccia Celeste (Flèche céleste) et, à chaque course menée à son terme, monte sur le podium. Toutefois, le Campionissimo fait trois sorties de piste dont une assez grave sur le circuit de Solitude, en Allemagne où, pour sa première sortie internationale et piégé par le brouillard, il sort de la piste et se blesse. Le lendemain, se sentant mieux, il prend le train pour l’Italie et, à la frontière, rencontre des membres de l’écurie Bianchi venus vers lui après avoir reçu un télégramme du consul d’Italie en Allemagne qui exprime sa préoccupation pour l’état de santé du pilote, un journaliste allemand ayant même annoncé sa mort dans un journal du matin.

Début 1927, Nuvolari reprend les courses automobiles. Il participe aux Mille Miglia et termine dixième au classement général, cinquième de sa catégorie sur une Bianchi 20 Sport. Désormais, le Campionissimo pilote tant en auto qu’à moto et remporte plusieurs victoires dans les deux disciplines, dont une en milieu de saison sur une Bugatti Type 35 au Grand Prix de Rome puis une autre, sur son circuit fétiche de Salò, au Circuito del Garda.

Décidé à piloter plus souvent sur auto, Nuvolari quitte l’écurie Bianchi fin 1927 et crée son écurie, la Scuderia Nuvolari. Pour la saison 1928, il acquiert quatre Bugatti Type 35 et en revend deux à Cesare Pastore et à son rival et ami Achille Varzi. Le 2 mars, Carolina donne naissance à leur deuxième fils, Alberto et, neuf jours plus tard, Tazio remporte sa première course de la saison à Tripoli. Deux semaines plus tard, il s’impose au Circuito Pozzo à Vérone, devançant Pietro Bordino qui meurt dans les jours qui suivent. En hommage à Bordino, le Circuito di Alessandria est promptement renommé Coppa Pietro Bordino ; Tazio Nuvolari remporte la victoire qu’il dédie à Bordino. Sans autre victoire jusqu’en fin de saison, Nuvolari prend part, à moto, au Grand Prix des Nations et au Circuito Golfo del Tigullio et remporte deux nouvelles victoires de classe sur sa Bianchi Freccia Celeste.

En 1929, afin de financer sa saison, il doit concilier courses automobiles et motocyclistes avec une activité de concessionnaire automobile. Il teste plusieurs voitures (Bugatti Type 35C, O.M. Tipo 665 Speciale, Alfa Romeo 6C 1750 SS, Talbot) et obtient comme meilleur résultat une victoire de classe au Grand Prix de Monza sur une Talbot 700.

Nuvolari et Guidotti remportent les Mille Miglia en ayant, selon certaines sources, parcouru les ultimes kilomètres de nuit tous feux éteints.
En 1930, Tazio Nuvolari prend le départ des Mille Miglia sur une Alfa Romeo 6C 1750 GS Spider Zagato avec Battista Guidotti pour copilote. Parti après son coéquipier Achille Varzi, il le prend en chasse, tous feux éteints à 150 km/h, le rattrape dans les derniers kilomètres et le double. Comme Nuvolari poursuit sans éclairage, les commissaires de course ne se rendent pas compte qu’il a pris la tête et indiquent toujours à Varzi qu’il est en première position. Nuvolari allume enfin ses feux en vue de la ligne d’arrivée, à Brescia, et devient le premier pilote à parcourir les mille milles de la course à plus de 100 km/h de moyenne. Quand Varzi franchit en second la ligne d’arrivée il découvre avec stupéfaction qu’il a perdu la course. Cette histoire reste néanmoins sujette à caution, certains affirmant que le Mantouan a pris la tête alors qu’il faisait encore jour et qu’il n’aurait pas allumé ses feux par la suite. Battista Guidotti, affirme pour sa part au cours de nombreuses interviews que c’est lui qui a éteint les feux. Si cette victoire rend Nuvolari plus populaire, elle attise sa rivalité avec Varzi.

Plus tard dans la saison, cinquième de la Targa Florio, il est accueilli, à l’issue de la course, à la gare ferroviaire par son patron Enzo Ferrari qui lui remet enfin son billet de retour. Nuvolari ne peut s’empêcher de rétorquer : « On vous dit bon administrateur mais je me rends compte que ce n’est pas vrai ! Vous m’avez donné juste le billet aller parce que quand vous partez pour une course vous devez prévoir la possibilité de revenir avec un coffre en bois ! ».

Varzi prend sa revanche sur Nuvolari en remportant une victoire  mémorable, couvrant les derniers kilomètres avec une voiture en flammes. La rivalité entre les deux pilotes prend dès lors une nouvelle dimension, brisant leur amitié. Un peu plus tard dans l’année, Nuvolari remporte coup sur coup la très longue course de côte de Coni-Col de la Madeleine en championnat d’Europe de la montagne, puis le RAC Tourist Trophy. D’après la légende, au cours de la course, il serait monté sur le trottoir pour tenter d’attraper un jambon dans la vitrine d’une boucherie brisée par un concurrent. Sammy Davis, qui rencontre le campionissimo pour l’occasion, découvre alors un homme à l’humour très marqué.

À la fin de la saison 1930, Nuvolari arrête les compétitions motocyclistes pour se concentrer sur l’automobile. La saison commence avec une victoire sur le grand circuit des Madonies de la Targa Florio, une nouvelle fois devant Varzi11. L’Association internationale des Automobile clubs reconnus (AIACR), crée, en 1931, le championnat d’Europe des pilotes qui comporte trois Grands Prix disputés en Italie, en France et en Belgique. Leur durée est fixée à dix heures et un système d’attribution des points favorisant la régularité est choisi.

Alfa Corse se présente en Italie avec une équipe remaniée après le décès de son pilote Luigi Arcangeli. Tazio Nuvolari et son copilote Baconin Borzacchini, sont placés aléatoirement sur la neuvième place de la grille de départ. Il s’élance au volant d’une Tipo A mûe par deux six cylindres en ligne et occupe le haut du classement jusqu’à son abandon au trente-deuxième tour. Deux heures après le début de la course, Vittorio Jano et Prospero Gianferrari affectent Nuvolari et Borzacchini respectivement sur les voitures de Campari et Ferdinando Minoia. Tazio Nuvolari qui remplace Attilio Marinoni dans son rôle de copilote permet à Giuseppe Campari de remporter la course sans marquer d’autres points que ceux acquis avec la voiture sur laquelle il a pris le départ. Pour le Grand Prix suivant, en France, Nuvolari, associé à Minozzi, dispose d’une 8C. En fin de course, il est immobilisé par un problème mécanique et chute de la cinquième à la onzième place. En Belgique, Alfa Corse associe Nuvolari à Borzacchini : les deux Italiens dominent la course et, à la sixième heure, comptent près de douze kilomètres d’avance sur leurs poursuivants, l’équipage William Grover-Williams-Caberto Conelli, sur Bugatti. Ces derniers reviennent toutefois sur les Italiens puis leurs disputent la première place. En fin d’épreuve, les deux équipages ralentis par de multiples arrêts au stand s’échangent la tête et Williams et Conelli s’imposent avec une avance de trois quarts de tour. Nuvolari termine cinquième du championnat, sanctionné par treize points.

En 1932, après un début de saison écourté sur abandon aux Mille Miglia, Nuvolari se présente à Monaco. Parti de la onzième place il revient, au dixième tour, à dix-sept secondes de la Bugatti du pilote local Louis Chiron. Au vingt-neuvième tour, Chiron touche une botte de paille et abandonne, laissant à Nuvolari le commandement de l’épreuve. Profitant d’un arrêt ravitaillement de Borzacchini et d’une erreur de Varzi, l’Allemand Rudolf Caracciola, transfuge Mercedes-Benz engagé à titre semi-privé par Alfa Corse, remonte Nuvolari jusqu’à le coller. Nuvolari garde toutefois la tête de la course et franchit en vainqueur la ligne d’arrivée. Caracciola est alors officiellement engagé par l’écurie et devient le coéquipier du campionissimo.

S’ensuit une nouvelle victoire à la Targa Florio où le mécanicien embarqué Mabelli raconte qu’il a passé le plus clair de la course accroupi : « Avant le départ, Nuvolari m’a dit de m’accroupir sur le sol de la voiture à chaque fois qu’il criera. Ce cri était un signal indiquant que, entrés trop vite dans une courbe, nous devions abaisser le centre de gravité de la voiture. J’ai passé toute la course sur le plancher car Nuvolari a crié du premier au dernier virage ».

En 1932, l’AIACR fait passer de dix à cinq heures la durée des Grands Prix20. Trois épreuves sont disputées en Italie, en France et Allemagne. Viennent ensuite les trois épreuves du championnat d’Europe des pilotes. Le Grand Prix d’Italie, initialement dominé par Chiron et par Luigi Fagioli sur leurs Bugatti Type 54. Nuvolari sur Alfa Romeo P3 (ou Tipo B) profite néanmoins d’un arrêt ravitaillement de Fagioli au vingt-troisième tour pour prendre la tête et la conserver jusqu’au terme de l’épreuve. Le campionissimo s’empare de la tête du championnat.

Le campionissimo, en remportant le Grand Prix de France, fait un pas important vers la consécration en championnat d’Europe des pilotes.
En France, la domination des Alfa Romeo est telle que l’écurie peut se permettre de choisir le classement de ses trois pilotes à l’arrivée. Pour prouver que les Alfa Romeo sont capables de s’imposer sans Nuvolari, l’écurie lui présente un drapeau rouge pour le ralentir et donner l’avantage à Caracciola. Nuvolari outrepasse la consigne, poursuit en tête et termine vainqueur devant Borzacchini et Caracciola. Après la course, il se justifie de ne pas avoir ralenti et ment en disant « J’ai vu un signal venant des stands mais comme j’avais des lunettes vertes, le drapeau me semblait plutôt vert que rouge et j’ai accéléré. Caracciola pouvait aussi accélérer et me passer… ».

L’épreuve allemande, qui accueille trois catégories simultanément, se dispute sur vingt-cinq tours et clot la saison. Pour récompenser le pilote local Caracciola, « lésé » en France, Alfa Corse retarde volontairement Nuvolari par des arrêts inopinés aux stands qui permettent à l’Allemand de s’imposer. Deuxième de la course, Nuvolari est sacré champion d’Europe des pilotes.

Hors-championnat, Nuvolari s’impose encore à la Coppa Montenero et à la Coppa Acerbo, sur les longs tracés de Livourne et de Pescara. Il remporte finalement sept des seize courses dans lesquelles il s’est engagé.

Le 28 avril 1932, le poète italien Gabriele D’Annunzio lui offre une tortue en or portant la dédicace « À l’homme le plus rapide du monde, l’animal le plus lent ». Nuvolari fait monter cette tortue en pendentif qu’il portera tout au long de sa carrière et devenant son symbole.

Nuvolari commence la saison 1938 comme pilote officiel Alfa Corse. À Pau, le réservoir d’essence de son Alfa Romeo Tipo 308 explose. Il prend alors des vacances aux États-Unis pendant lesquelles il décide de ne plus jamais piloter d’Alfa Romeo et d’annoncer son départ de l’écurie.

Dans le même temps, Auto Union fragilisée par la mort de Bernd  Rosemeyer dans une tentative de record de vitesse, recherche un nouveau pilote de pointe. Ferdinand Porsche choisit Nuvolari pour remplacer le Nebelmeister. Contacté peu après le Grand Prix de Tripoli, Nuvolari accepte la proposition de l’écurie allemande96. Le championnat comporte quatre Grands Prix, en France, Allemagne, Suisse et Italie disputés sur des tracés allant de près de 364 km pour la plus courte à près de 500 pour la plus longue.

Nuvolari fait officiellement ses débuts avec Auto Union en Allemagne où il abandonne, impliqué dans un accident au deuxième tour. Au neuvième tour, il relaye d’Hermann Paul Müller et finit quatrième de l’épreuve. Il abandonne à la Coppa Acerbo puis, en Suisse, termine neuvième. Le championnat se termine en Italie où, après un début de course où il lutte contre Richard Seaman, l’Italien se hisse en première position et profite des abandons successifs des pilotes Mercedes pour conserver sa position et remporter la course101. Il achève sa saison, hors-championnat, à Donington. Au cours des essais, Nuvolari percute un cerf qui termine en trophée dans son salon. Malgré cet incident, il réalise le deuxième temps des qualifications et remporte le Grand Prix. Le Mantouan se classe cinquième du championnat d’Europe des pilotes 1938.

La saison de Grands Prix 1939 commence avec une deuxième place à l’Eifelrennen. La suite du championnat ne lui permet pas de concrétiser sur sa lancée : sur les quatre épreuves du championnat, il abandonne coup sur coup en France, en Belgique puis en Allemagne. En Suisse, il termine cinquième.

Le calendrier des Grands Prix s’interrompt début septembre, lors de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne. Le Grand Prix de Belgrade reste programmé en Europe et se dispute le 3 septembre 1939. Seulement cinq pilotes s’engagent et Nuvolari remporte la dernière victoire de l’avant-guerre.

Alors que Nuvolari est quatrième du classement provisoire du championnat d’Europe, son coéquipier Hermann Paul Müller est en tête du classement. Pour autant, Adolf Hühnlein, président du NSKK, l’association paramilitaire des pilotes allemands, décrète qu’Hermann Lang est le champion.

En course à Turin, la Cisitalia D46 de Nuvolari perd son volant et le contraint à rallier les stands en pilotant avec sa seule main gauche.
Le 11 avril 1946, Alberto Nuvolari, le fils cadet du pilote, décède. Malgré la douleur, Nuvolari prend le départ du Grand Prix de Marseille un mois plus tard et réalise le meilleur tour en course avant d’abandonner. Nuvolari renoue avec la victoire au Grand Prix automobile d’Albi 1946 sur une Maserati 4CL. Au Circuito di Milano, alors qu’il peut espérer finir troisième, il abandonne, incapable de piloter d’une seule main : en effet, devenu malade et asthmatique à force de respirer les gaz d’échappement, il doit maintenir en place un masque respiratoire.

En fin d’année, Nuvolari participe au Circuito di Mantova. En hommage aux deux fils défunts de Tazio Nuvolari, l’épreuve est renommé Coppa Giorgio e Alberto Nuvolari. Les trois années suivantes, Nuvolari court sur des Cisitalia et Ferrari. Aux Mille Miglia 1947, il pilote une Cisitalia 202 Spyder et mène un temps l’épreuve. Toutefois, ralenti par la fatigue, par un problème d’allumage et par une pluie violente qui inonde son cockpit, il termine deuxième (premier de sa catégorie) derrière l’Alfa Romeo 8C 2900 Berlinetta de Clemente Biondetti. Il dispute sa dernière course, la Salita al Monte Pellegrino, une course de côte à Palerme, au volant d’une Cisitalia-Abarth 204 de la Squadra Carlo Abarth et remporte une victoire de catégorie.

Nuvolari n’annonce pas formellement sa retraite mais, diminué par son état de santé, devient de plus en plus discret. Fin 1952, un infarctus le laisse partiellement paralysé. Neuf mois plus tard, il décède d’une seconde attaque. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont une moitié de Mantouans, prennent part à ses funérailles. Des personnalités du monde de l’automobile viennent lui rendre hommage, dont Enzo Ferrari et Ferdinand Porsche qui déclare que Tazio Nuvolari est « le plus grand coureur d’hier, d’aujourd’hui et de demain ». Conformément à ses dernières volontés il est inhumé avec son « uniforme de course », un pantalon bleu, un jersey jaune avec les lettres TN brodées et son casque113. Son cercueil est porté sur plus d’un kilomètre par Alberto Ascari, Luigi Villoresi et Juan Manuel Fangio.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.