Sunthorn Phu, poète.

Sunthorn Phu (en thaï สุนทร ภู่, né le 26 juin 1786, mort en 1855) est l’un des poètes thaïlandais les plus connus.


Sunthorn Phu naît en juin 1786, soit dix-neuf ans après le sac d’Ayuthaya par les birmans (1767) et quatre ans après que Bangkok soit choisie comme capitale du royaume de Siam (1782). Certains biographes pensent qu’il est né à Thonburi, dans le quartier de Bangkok Noi, d’autres supposent qu’il est né à Ban Kram, dans la province de Rayong.

En 1922, le Prince Damrong Rajanubhab donne un portrait stéréotypé de Sunthorn Phu : le poète est alors perçu comme un débauché alcoolique, aimant les femmes et lyrique. Sa biographie est bien sûr loin de ce cliché réducteur.

Le père de Suthorn Phu se sépare de sa femme quelques années après sa naissance et retourne dans son village natal à Ban Kram pour y devenir bonze ; Sa mère se remarie et devient nourrice pour une princesse. Et pourtant Suthorn Phu reste très attaché à ses deux parents.

Suthorn Phu est élevé par sa mère dans le luxe de la cour royale de Rama Ier, entouré de l’élite intellectuelle de l’époque, c’est-à-dire principalement les bonzes du palais royal. Jusqu’en 1802 environ, il étudie entre autres  l’arithmétique, la morale bouddhique ainsi que la lecture et l’écriture siamoise dans l’un des meilleurs temples de l’époque, le Vat Shipakhao (ou Wat Srisudaram).

Vers 1805 (sans doute même vers 1803), Suthorn Phu, alors âgé de dix-sept, dix-huit ou dix-neuf ans, rencontre la belle Chan, une des servantes du frère du roi. Très vite ils entretiennent ensemble une liaison amoureuse qui est vite découverte. A cette époque, toucher à une femme appartenant au roi ou à un prince, c’est un crime : le coupable est condamné à des châtiments corporels, à la prison et parfois à la mort. Fin 1805, Suthorn Phu est arrêté puis enfermé dans les geôles royales mais il n’y demeure heureusement que six mois environ (juin 1806 ?), libéré sans doute à la suite d’une demande de grâce de son père devenu supérieur d’un wat, temple bouddhiste.

Très reconnaissant à son père, il décide de faire un voyage vers le village de son père, Muang Klaeng. Cette aventure lui sert de trame pour l’écriture de son premier nirat, le Nirat Muang Klaeng.

De retour à Bangkok vers septembre 1806, il peut se marier avec Chan. C’est alors un jeune homme de vingt ans. Ils ont probablement ensemble un enfant nommé Phat. Mais c’est un amour orageux : vers 1807 ou 1808, le couple se sépare, probablement en raison de l’absence de confort matériel, du caractère entreprenant de Sunthorn Phu envers la gent féminine (on lui suppose dans sa vie près d’une quinzaine de conquêtes) et de la jalousie de Chan. Chan quitte alors son mari, épouse un homme plus fortuné et meurt probablement bien plus tard en 1842.

En 1807, Suthorn Phu réalise un second voyage en tant que page du prince Pathomwong : il va en pèlerinage voir l’empreinte du Pied de Bouddha à Saraburi ; de cette expérience, il écrira son deuxième nirat.

C’est à cette époque qu’il commence à s’adonner à la boisson. Il quitte sa fonction de page et décide d’aller vivre à Phetburi où il bénéficie de la protection d’un mandarin, Khun Pheng et d’une concubine, Dame Bunnak. Il y réside alors cinq ans, de 1808 à 1813, et il exerce entre autres le métier de précepteur.

En 1813, il quitte Phetburi et retourne à Bangkok. Depuis 1809, Rama II, fin lettré et poète, est le roi du royaume du Siam.

Très vite, Rama II remarque le talent de Sunthorn Phu. Vers 1817, il est engagé comme secrétaire royal à la cour et est un des responsable de la correspondance du monarque. Sa majesté le comble de faveurs, lui offrant des présents, un terrain à construire et une maison et surtout lui décerne vers 1820 le titre de Khun Suntorn Woharn. Il devient poète-conseiller favori du roi mais cela suscite très vite la jalousie des autres courtisans de la cour.

En 1824, Rama III devient roi du Siam. Rama III n’apprécie pas Sunthorn Phu, son tempérament railleur, ses ivresses à répétitions et son côté volage. C’est pourquoi ce nouveau roi le destitue de ses biens, son terrain, sa  maison… et aussi de ses privilèges d’homme de cours. Sans abri, sans protecteur, sans fortune… une seule solution s’offre à Sunthorn Phu : entrer en religion et devenir bonze. Il a trente-huit ans.

De 1824 à 1827, c’est un bonze voyageur qui va dans presque toutes les grandes villes de la région centrale du royaume : Phetburi (de nouveau), Ratburi, Kanchanaburi, Suphanburi et Phitsanulok …

Il dépeint dans ses écrits les épisodes qui l’ont marqué, en particulier les dangers auxquels soit faire face le voyageur (brigandage, perte de son chemin, animaux féroces …) ; la culture de l’époque (musique et théâtre, sport de combat…) ; et aussi description des villes visitées, de la faune et la flore, des us et coutumes etc.

En 1827, il est malade et fatigué de ses tribulations donc il retourne à Bangkok et se fixe temporairement au temple Rajahurana puis, en 1828, il décide de quitter ce lieu “tourmenté par des hommes mauvais” et décide de faire un pèlerinage au stûpa de la montagne dorée (Chedi Phukhao Thong) à Ayutthaya. C’est la source d’inspiration de son nouveau nirat, le Nirat Phukhaothong.

Phu, carnet de 5 timbres, Thaïlande.

En 1829, il est contacté par la princesse Kunthonthipphayawadi, mère du prince Aphorn, un de ses anciens élèves, pour devenir le précepteur des princes Klang et Pui, frères du prince Aphorn. Il obtient à cette époque le soutien de trois bienfaiteurs : le prince Lakhanunukhun, un des fils de Rama III féru de poésie ; le prince Paramanuchit, poète et supérieur de Wat Pho ; et la princesse Vilas, une des filles de Rama III.

En 1842, à l’âge de 56 ans, après avoir été bonze pendant 18 ans, Suthorn Phu quitte la robe de safran.

Sa réputation sulfureuse s’est estompée dans les milieux de la cour, il s’est considérablement assagi et un puissant groupe de lettrés dirigé par la princesse Absorn Sudathep et le prince Isaetrangsam, un des fils de Rama II, loue ses qualités de poète.

Il meurt en 1855 à l’âge de soixante-neuf ans.

Source : Wikipédia.

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