Spirou, Fantasio and Co …

Spirou est un personnage de fiction imaginé par l’éditeur belge Jean Dupuis, créé graphiquement par Rob-Vel — avec la possible collaboration du peintre Luc Lafnet — et, pour les textes, par Blanche Dumoulin dans le magazine de bande dessinée le Journal de Spirou en avril 1938. Il est le personnage principal de la série Spirou et Fantasio. Spirou avait déjà été utilisé sur certaines affiches réalisées par le dessinateur.


Étymologiquement, en wallon, un sipirou est un écureuil (ce qui justifie aussi le fait que le personnage ait un écureuil comme animal de compagnie). Dans son récit court intitulé La Loi du plus fort, Emile Bravo imagine une autre étymologie : à l’origine, Spirou se prénomme Jean-Baptiste et un enfant lui propose de se renommer « Spirou » car « il a un Spip et il est roux ».

Spirou, carte maximum, Belgique, 1988.

Spirou commence sa carrière en tant que groom au Moustic Hotel, fonction dont il conservera le costume de nombreuses années. Rob-Vel s’inspire dans la fonction et la couleur du costume de ses jeunes années passées sur des paquebots transatlantiques, où il exerçait des fonctions similaires (notamment le paquebot Île de France, où le rouge était de rigueur). Rob-Vel est assisté dans sa tâche par sa femme Blanche Dumoulin pour les textes et par le peintre Luc Lafnet, véritable dessinateur de Spirou d’avril 1938 à mars 1939. Spirou apparait d’abord dans des gags en une planche qui se transforment progressivement en aventurettes qui conduiront son personnage jusque dans l’espace. Rob-Vel lui adjoint dès 1939 l’écureuil Spip, qu’il sauve d’un savant fou.

Les intrigues s’inscrivent dans la lignée des clichés du roman populaire (le gamin débrouillard face à l’adversité, les héritiers qui s’entredéchirent, le fils de milliardaire enlevé) et de la science-fiction (le voyage interplanétaire, l’homme invisible). Spirou est un gamin dégourdi censé être à l’image des enfants de l’époque, lectorat visé par les éditions Dupuis.

Le personnage se retrouve vite au cœur d’un méli-mélo d’auteurs et d’intrigues, conséquence de la Seconde Guerre mondiale. Rob-Vel, mobilisé puis prisonnier, étant coupé des éditions Dupuis, le personnage passe entre plusieurs mains (Dumoulin, Van Straelen et Jijé) et connaît d’étonnants changements de physionomie.

La logique de l’intrigue est souvent mise à mal par les passages de relais : ainsi Jijé, lorsqu’il reprend le personnage en 1940, en pleine péripétie du fils du milliardaire, se montre peu inspiré par cette histoire à rallonge de Dumoulin et bâcle l’épisode en une planche pour faire de Spirou une vedette du cinéma américain avant de l’envoyer… au pôle Nord.

Repris par Rob-Vel dès 1941, le personnage continue de voyager et fait la rencontre de son premier grand compagnon, un habitant d’Afrique Noire nommé la Puce. En ces heures sombres de l’Occupation nazie il est de bon ton dans les illustrés de prendre l’option « dépaysement ». Hergé envoie son Tintin sous l’eau à la recherche de la Licorne, Rob-Vel envoie son Spirou sur la planète Zigomus.

Spirou, carnet de 10 timbres.

On retient du Spirou de Rob-Vel l’écureuil Spip, ainsi que ses habitudes de globe-trotter, mais surtout son costume de groom qui sera ensuite conservé par les auteurs successifs de la série, bien que la profession d’origine du héros ne joue plus aucun rôle.

Joseph Gillain reprend le personnage à partir de 1943, après que Rob-Vel a définitivement abandonné la série. Il fait vivre à son héros de courtes aventures et lui adjoint un équipier loufoque, Fantasio, afin de contrebalancer le sérieux du personnage. La série Spirou et Fantasio est née.

En 1947, Spirou est pris en charge par Franquin, auteur aujourd’hui célèbre, qui révolutionne le graphisme et l’univers de la série. Les aventures de Spirou deviennent désormais beaucoup plus longues et les trois héros sont rejoints par une galerie de nouveaux personnages. On notera bien évidemment le Marsupilami, qui restera en leur compagnie durant toute cette période, mais aussi la jeune journaliste Seccotine, ainsi que le comte de Champignac, qui restera un peu le grand-père de cœur des deux héros. On note aussi l’arrivée d’ennemis récurrents tels que le maléfique cousin de Fantasio, Zantafio, ou le savant irresponsable et mégalomaniaque Zorglub, ainsi que de lieux marquants : le village de Champignac et son château, ou la Palombie. Au début, vivant dans des logements séparés, Spirou et Fantasio s’installent en commun dans une maison.

Le petit Spirou, entier postal, Belgique.

Psychologiquement, le personnage de Spirou perd de sa bonne humeur tandis que ses aventures deviennent plus sérieuses. Outre le fait qu’il ne fume pas, il fait preuve d’un altruisme encore plus marquant que son concurrent Tintin : Spirou estime qu’il est de son devoir et de celui de ses compagnons de combattre les bandits et de renverser les méchants.

Sous Fournier, et même dès Panade à Champignac, Spirou commence à quitter son costume de groom pour des costumes plus communs, même s’il conserve son chapeau et son pantalon, et que le rouge reste sa couleur favorite. Années 1970 oblige, Spirou se laisse pousser les cheveux le temps de quatre albums. Il voyage, en particulier au Japon et en Bretagne, où il rencontre l’Ankou. Psychologiquement, Spirou et ses compagnons, qui comptent désormais la belle Polynésienne Ororéa et l’illusionniste japonais Itoh Kata, expriment ouvertement des préoccupations écologiques telles que le refus de la prolifération des centrales nucléaires.

Au début des années 1980, trois groupes d’auteurs se partagent le destin du groom. Charles Dupuis envisage d’augmenter la présence de Spirou dans le journal, y compris à travers la création d’un studio qui produirait en permanence des aventures. Dupuis a chargé de cette tâche José Dutillieu, ancien directeur de Belvision, qui a confié Spirou à Nic et Cauvin. Dans le même temps, le rédacteur en chef de Spirou, Alain De Kuyssche, charge les débutants Tome et Janry de faire quelques brefs essais tandis que Yves Chaland tente un retour à un esprit plus proche des années 1950, tout en conservant les longues aventures introduites par Franquin.

C’est ainsi que les lecteurs de Spirou voient se superposer trois projets bien distincts sans explication.

Cependant, le projet de Chaland n’est pas retenu, et Nic et Cauvin, dont les récits apparaissent simplistes, apportent peu à la série.

Dès lors, Dupuis décide, à la suite d’une intervention de Franquin, de confier le personnage au tandem Tome et Janry, qui impose l’abandon de l’idée de studio et exige le contrôle du personnage 1.

De 1982 à 1998, Spirou est un personnage de Tome et Janry. Ils introduisent notamment de nouveaux ennemis tels que Don Cortizone, alias Vito la Déveine, ou la maléfique Cyanure qui connaîtra surtout ses heures de gloire dans la série télévisée. Ils apportent également un graphisme plus iconoclaste à la série. Le personnage de Spirou y apparaît de plus en plus humain : d’abord dans ses sarcasmes plus féroces à l’égard des autres personnages. Puis dans ses déboires amoureux vers la fin de cette période, avec Luna Cortizone (plus connue par les fans sous le nom de Luna fatale, du nom de l’album où elle apparaît), fille de Vito la Déveine ; même Seccotine dans Machine qui rêve se révèlera intéressée par le héros. Il est par ailleurs dans cet album cloné, et son alter ego traverse dépression, panique et colère.

Morvan et Munuera ont assuré la destinée du groom de 2004 à 2008. Sous leur plume, Spirou développe encore son caractère humain : il est profondément choqué par sa propre attitude dans Paris-sous-Seine et consulte un psychiatre dans L’homme qui ne voulait pas mourir. Après quatre albums, le duo, remercié pour incompatibilité artistique, est remplacé par une nouvelle équipe.

Après la chute de popularité de la série pendant la période orvan/Munuera, Dupuis décide de rompre avec les derniers albums : le fusion manga de Munuera est remplacé par le style plus classique mais néanmoins moderne de Yoann et des scénarios plus inspirés avec le scénariste du best-seller Seuls, Fabien Vehlmann. Après le hors-série Les Géants pétrifiés, le tandem a déjà réalisé deux albums dans un style science-fiction, Alerte aux Zorkons et La Face cachée du Z.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Cette publication a un commentaire

  1. ANDERSON Roland

    Belle découverte des aventures de Spirou au travers des timbres !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.