Sophie Rostopchine, Comtesse de Ségur, femme de lettres.

Sophie Rostopchine, comtesse de Ségur (selon l’onomastique russe Sofia Fiodorovna Rostoptchina,  est une femme de lettres française d’origine russe, née le 1er août 1799 (le 19 juillet du calendrier julien alors en vigueur en Russie ; cette équivalence est fausse : en 1799, l’écart entre les deux calendriers était de 11 jours, et non de 13: le 19 juillet julien correspondait au 30 juillet grégorien (l’écart de 13 jours n’est vrai qu’à partir de 1900) à Saint-Pétersbourg, et morte le 9 février 1874 à Paris.

Elle est issue d’une grande famille de la noblesse russe dont la généalogie remonte aux khans mongols de la Horde d’or et à la famille de Genghis Khan.

Son père est le comte Fiodor Rostopchine (1763-1826), qui a été lieutenant-général d’infanterie, ministre des Affaires étrangères du tsar Paul Ier (parrain de Sophie), puis gouverneur général de Moscou. Sa mère est née comtesse Catherine Protassova, ancienne demoiselle d’honneur de Catherine II. Sophie est la troisième enfant du couple.

Elle passe son enfance dans le domaine de Voronovo près de Moscou, propriété de 45 000 ha où travaillent 4 000 serfs, où le comte Rostopchine fait venir des agronomes écossais.

Comtesse de Ségur, carte maximum, Aube, 12/06/1999.

Elle reçoit l’éducation des enfants de l’aristocratie russe qui privilégie l’apprentissage des langues étrangères, du français en premier lieu. Adulte, elle sera une polyglotte maîtrisant cinq langues.

C’est aussi une petite fille turbulente, souvent punie par ses parents et houspillée par sa mère. Influencée par Joseph de Maistre, ministre plénipotentiaire du roi de Sardaigne auprès du tsar, et par les jésuites, la comtesse Rostopchine se convertit de l’orthodoxie au catholicisme. Sophie, depuis l’âge de treize ans, est élevée dans la religion catholique, contre l’avis de son père resté orthodoxe.

En 1812, lors de l’invasion de la Russie par la Grande Armée, son père est gouverneur de Moscou. Il lance des pamphlets contre Napoléon, fait évacuer les pompes à incendie et libère des prisonniers avec la mission de mettre le feu chacun à un quartier. L’incendie de Moscou qui en résulte, qui fera dire à Sophie : « J’ai vu comme une aurore boréale sur la ville », contraint Napoléon à une retraite désastreuse. La réussite de ce plan entraîne cependant l’hostilité de ceux qui ont perdu leur habitation, aristocrates comme commerçants, si bien que Fiodor Rostopchine, disgracié par le tsar, préfère s’exiler, seul avec simplement un domestique, en Pologne en 1814, puis en Allemagne, en Italie et, enfin, en France en 1817. Dans tous ces pays, il est accueilli en héros, sauveur de la monarchie.

Il fait venir sa famille à Paris et c’est là que Sophie rencontre, à dix-neuf ans, Eugène de Ségur (1798-1863), petit-fils de Louis-Philippe de Ségur, qui fut ambassadeur de France en Russie et arrière-petit-fils du Maréchal de Ségur qui fut ministre de la Guerre de Louis XVI. Il est le neveu du général Philippe de Ségur, aide de camp de Napoléon, qui avait failli mourir dans l’incendie de Moscou. Le mariage, arrangé par Sophie Swetchine, une Russe elle aussi convertie au catholicisme, a lieu à Paris les 13 et 14 juillet 1819. L’année suivante, ses parents repartent pour la Russie.

Ce mariage d’amour est d’abord heureux, mais elle est par la suite délaissée par un époux volage, qui la trompe, notamment avec leur bonne. La situation d’Eugène, désargenté et désœuvré, ne s’améliore qu’en 1830, lorsqu’il est nommé pair de France. Il ne rend visite à sa femme qu’en de rares occasions, au château des Nouettes, à Aube, offert par Fédor Rostopchine à sa fille en 1822. Ils ont huit enfants dont Louis-Gaston de Ségur, futur évêque. Eugène aurait surnommé son épouse « la mère Gigogne ». Préférant son château aux mondanités parisiennes, elle reporte toute son affection sur ses enfants et, plus tard, ses petits-enfants.

Sophie Rostopchine présente souvent un comportement hystérique, hérité de sa mère ou peut-être dû à une maladie vénérienne transmise par son mari volage avec des crises de nerfs et de longues périodes de mutisme, l’obligeant à correspondre avec son entourage à l’aide de sa célèbre ardoise.

Le cas de la comtesse de Ségur montre qu’une vocation très tardive peut être particulièrement réussie : elle a en effet écrit son premier livre à plus de cinquante ans.

La comtesse de Ségur a commencé à se consacrer à la littérature en notant les contes qu’elle racontait à ses petits-enfants et en les regroupant pour former ce qui s’appelle aujourd’hui Les Nouveaux Contes de fées. L’on raconte que lors d’une réception, elle aurait lu quelques passages à son ami Louis Veuillot pour calmer l’atmosphère qui était devenue tendue. C’est ce dernier qui aurait fait publier l’œuvre chez Hachette.

D’autres historiens racontent qu’Eugène de Ségur11, président de la Compagnie des chemins de fer de l’Est, rencontrant Louis Hachette qui cherche alors de la littérature pour distraire les enfants3, en vue d’une nouvelle collection de la « Bibliothèque des Chemins de Fer », lui aurait alors parlé des dons de sa femme et la lui aurait présentée quelque temps plus tard.

Elle signe son premier contrat en octobre 1855 pour seulement 1 000 francs. Le succès des Nouveaux Contes de fées l’encourage à composer un ouvrage pour chacun de ses autres petits-enfants.

Eugène de Ségur accorde à Louis Hachette le monopole de la vente dans les gares de livres pour enfants. En 1860, Louis Hachette institue la collection de la Bibliothèque rose où sont désormais publiés les ouvrages de la comtesse de Ségur.

Par la suite, celle-ci obtient que les droits d’auteur lui soient directement versés et discute plus fermement ses droits d’auteur lorsque son mari lui coupe les fonds.

En 1866, elle devient tertiaire franciscaine, sous le nom de sœur Marie-Françoise, mais continue à écrire. Son veuvage et l’effondrement consécutif des ventes de ses livres l’obligent à vendre Les Nouettes en 1872 et à se retirer, l’année suivante, à Paris, au 27 rue Casimir-Périer (Paris 7e).

Elle meurt à cette adresse, à soixante-quatorze ans, entourée de ses enfants et petits-enfants. Elle est inhumée à Pluneret (Morbihan), près de son fils Gaston. Au chevet de sa tombe, sur une croix en granit, est inscrit : « Dieu et mes enfants ». Son cœur embaumé est déposé dans l’avant-chœur de la chapelle du couvent (ou monastère) de la Visitation, au 110 rue de Vaugirard, où était morte sa fille Sabine de Ségur, elle aussi entrée en religion.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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