Song Ci, juge et expert.

Song Ci ou Sung Tzu (chinois : 宋慈 ; pinyin : Sòng Cí) (1186–1249) est un juge et expert chinois actif durant la dynastie Song. Il est l’auteur d’un célèbre traité, le Xi Yuan Ji Lu (De la réparation des injustices), consacré à l’examen des cadavres et morts suspectes.

L’ouvrage a la réputation d’être le premier traité au monde de médecine légale. Il est utilisé comme référence officielle en Chine jusqu’au début du XXe siècle.


Song Ci nait en 1186 à Jianyang ( province de Fujian ou Fukien) d’une famille confucianiste de fonctionnaires (son père était juge). En 1205, il entre à l’Université impériale pour des études littéraires. En 1217, il réussit aux examens impériaux (concours des fonctionnaires de l’administration chinoise).

Sa carrière est brillante, d’abord sous-préfet dans le Zhejiang, il est nommé dans le Jiangxi où il se fait connaître en réprimant une révolte paysanne tout en mettant fin à ses causes, en distribuant la nourriture des greniers gouvernementaux. En 1238, il est envoyé à Dongguan où sévissait une famine. Il découvre que les plus riches détiennent de grandes quantités de riz. Il divise alors la population en cinq groupes selon leurs réserves, prenant l’excès de riz des plus riches pour le distribuer aux plus pauvres.

Il est nommé à son premier poste judiciaire en 1239, où il s’occupe des prisons de Guangdong. Il résout près de 200 cas de meurtres, suicides et morts accidentelles, et libère de nombreux prisonniers innocents. En 1241, il est juge à Zhangzhou, dont il devient l’administrateur militaire et le préfet en 1245. En 1247, il est appelé dans le Hunan pour résoudre des affaires criminelles, et c’est là qu’il termine son œuvre majeure, le Xi Yuan Ji Lu (De la réparation des injustices).

En 1249, il est nommé juge itinérant d’affaires criminelles sur quatre provinces, dont celle de Canton où il est administrateur en chef, et c’est à ce poste qu’il meurt à l’âge de 64 ans.

Song Ci apparait comme un fonctionnaire d’excellence, combinant la compassion avec le calme et le sang-froid, utilisant toutes les ressources logiques et techniques à sa disposition pour traiter les problèmes médico-légaux auxquels il s’intéressait tout particulièrement.

La préface rédigée par Song Ci du Xi Yuan Ji Lu indique que l’ouvrage est terminé et xylographié en 1247. La plus ancienne version connue est datée de 1308 (sous la dynastie Yuan). L’ouvrage connait de nombreuses éditions chinoises jusqu’au xixe siècle, il sert de modèle à des manuels du même genre, tout au long de l’histoire chinoise. Il est toujours utilisé comme référence officielle jusqu’au début du XXe siècle.

Song Ci, carte maximum, Chine.

Le Xi Yuan Ji Lu est transmis (joint à deux autres textes chinois de médecine légale) en Corée à partir de 1384, puis au Japon au XVIe siècle (deux éditions japonaises connues au XVIIIe siècle), ainsi qu’au Viêt Nam.

En Occident, une première traduction abrégée est faite en français par le jésuite Pierre-Martial Cibot en 1779. Des traductions françaises plus complètes sont celles de Martin (1886) et de Litolf (1909, à partir d’une version vietnamienne).

La première traduction complète occidentale est la traduction en  néerlandais par de Grijs en 1863, rendue en allemand par Heinrich Breitenstein (1908). La traduction anglaise de Herbert Giles (première édition en 1874, à partir d’une version chinoise de 1843) est longtemps restée la traduction de référence, jusqu’à celle de Brian E. McKnight (1981, à partir de la version dynastie Yuan). Il existerait une traduction russe qui n’a pas été retrouvée.

L’ouvrage est constitué de 53 sections titrées, organisées en 5 chapitres dans les versions les plus anciennes ou réarrangées en 4 ou 6 chapitres dans les versions plus récentes, d’où l’utilisation de titres différents pour les distinguer : le Xi Yuan Ji Lu pour les plus anciennes et Xi Yuan Lu pour les plus récentes.

Le chapitre I traite des lois et de questions générales sur les enquêtes à mener, notamment dans les cas difficiles.

Le chapitre II traite de l’examen des cadavres d’homme, de femme, d’enfant et de fœtus. L’auteur prend en compte la découverte d’un corps selon les saisons ; abandonnés à l’air libre ; enterrés ou déposés dans un cercueil. Il traite de la décomposition des cadavres et de ceux qui sont morts de soif ou de faim.

Le chapitre III traite de l’examen des os, des vaisseaux sanguins et des points vitaux du corps (où un coup porté peut être mortel). Il présente ensuite la mort par asphyxie : strangulation, pendaison, noyade dont la chute dans un puit.

Le chapitre IV traite de l’étude des meurtres à mains nues ; par armes blanches et autres ; de la mort par brûlure par le feu, par liquide bouillant ; par empoisonnements ; par accident médical (acupuncture, moxibustion).

Le chapitre V traite des morts survenus en prison ou au cours de punitions corporelles. Sont ensuite examinées de façon systématique la mort par chute de grande hauteur ; par écrasement (chute d’arbre, écroulement d’habitation, sous les roues d’un chariot) ; par suffocation ; par cause animale (piétinement par cheval ou buffle, par morsure de tigre, serpents et insectes) ce qui est distingué des lésions infligées après la mort (par insectes, rats et chiens) ; mort par excès alimentaire, de boisson, sexuel ; mort par éclair de foudre. Il termine par des considérations sur l’ouverture des tombes, les méthodes de réanimation et de premiers secours, et la rédaction des rapports officiels.

Des historiens de la criminologie jugent le Xi Yuan Ji Lu comme un ouvrage historique de référence, basé sur des observations empiriques, et réellement fondateur des techniques d’investigation criminelle. Son statut par rapport aux sciences médico-légales serait analogue à celui de l’alchimie par  rapport à la chimie. Il faudrait le voir comme un manuel technique dont de nombreuses applications, comme c’est souvent le cas, précèdent la connaissance et la la compréhension scientifiques.

Le Xi Yuan Ji Lu reste un repère incontournable dans l’histoire de la médecine légale, chinoise ou mondiale. Une telle histoire ne peut se raconter sans discuter de l’œuvre de Song Ci.

Source : Wikipédia.

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