Saint Pierre Fourier, prêtre catholique.

Saint Pierre Fourier, né le 30 novembre 1565 à Mirecourt en Lorraine et mort le 9 décembre 1640 à Gray (France), est un prêtre catholique et religieux augustin lorrain.

Ses biographes le considèrent, d’une part comme l’un des pionniers de la Réforme catholique, dans le sillage du Concile de Trente, d’autre part comme un pionnier en matière d’éducation (promotion de l’enseignement des filles et de la méthode pédagogique dite « simultanée »).

À l’instar du graveur Jacques Callot et de la princesse de Phalsbourg, il est également considéré comme un grand patriote lorrain.

Béatifié le 29 janvier 1730 par le pape Benoît XIII et canonisé le 27 mai 1897 par le pape Léon XIII, Liturgiquement il est commémoré le 9 décembre.

Deux périodes historiques contrastées chevauchent la vie de Pierre Fourier : la période brillante et féconde des règnes des ducs de Lorraine Charles III (1545 à 1608) et de son fils Henri II (1608 à 1624) d’une part ; et une période d’atroces misères qui s’installent pendant la Guerre de Trente Ans d’autre part, avec l’occupation des duchés par la France (1633-1697) et ses alliés (1635, année tragique des Suédois). Une telle chute des sommets vers les bas-fonds a sans doute inspiré la gravité dramatique qui traverse sa vie et son œuvre.

Les années de son existence (dernières décennies du XVIe siècle et premières du XVIIe siècle) sont celles d’une mutation profonde du monde occidental : celle de l’expansion de l’humanisme, de la diffusion du livre, celle aussi du passage d’une société terrienne à une société urbanisée, d’une économie rurale à une économie d’affaires.

Pierre fournier, carte maximum, Mirecourt, 12/02/1966.

« Par sa large culture, sa pastorale fervente, la hardiesse de ses initiatives, par l’ampleur et la qualité de ses écrits, saint Pierre Fournier s’impose comme un témoin privilégié de la Réforme catholique »
Deux sources majeures l’ont inspiré : Le Concile de Trente et l’enseignement de l’Université jésuite de Pont-à-Mousson. Au cours de ces années de transition, il sait tirer des conséquences pratiques remarquables dans de nombreux domaines. D’où son intérêt pour l’école et la culture, pour la promotion de la femme dans différents secteurs d’activité, pour le développement du crédit, pour une politique fondée non plus seulement sur des dynasties, mais sur des principes moraux et le respect scrupuleux de la Loi.

En 1597, il devient curé de Mattaincourt (Vosges), paroisse où résident de nombreux foyers protestants et considéré par les autorités catholiques comme un village « déchristianisé », dont il reste le curé jusqu’à sa mort en 1640. Il associe son ministère rural à de grands projets apostoliques comme l’institution de la Congrégation Notre-Dame, la réforme des chanoines réguliers et la création d’un enseignement élémentaire, que ses biographes tiennent pour ses titres de gloire essentiels.

Détenteur en tant que curé de Mattaincourt des droits de moyenne et basse justice, il exerce les pouvoirs de seigneur justicier. Le même privilège de juridiction lui permet de faire montre d’un grand dévouement pour les pauvres. En ce siècle tourmenté (guerre de Trente Ans, famine), il prône la solidarité envers les plus démunis ; il crée un système d’entraide comparable de nos jours au Secours catholique qu’il appelle une petite dévotionnette (équipe de cinq à six laïques qui collectent des vivres et les distribuent), et il met en place une soupe populaire.
Pour éviter aux artisans en difficulté d’avoir à emprunter de l’argent aux usuriers, il fonde une caisse mutuelle : la bourse Saint-Epvre qui prête sans gage et sans intérêt. Il œuvre pour la promotion de la santé (nourriture saine, salubrité des locaux, pureté de l’eau consommée) et participe activement à la lutte contre la Grande Peste de 1631-1632 en édictant des règles et des pratiques qui enrayent la progression du mal. À des religieuses qui lui conseillent alors de quitter sa paroisse pour préserver sa vie, il répond : « Mes bonnes sœurs, si vous saviez ce que c’est d’être curé, c’est-à-dire pasteur des peuples, père, mère, capitaine, garde, guide, sentinelle, médecin, avocat, procureur, intermédiaire, nourricier, exemple, miroir, tout à tous, vous vous garderiez bien de désirer que je m’absente de ma paroisse durant cette saison. »

Le concile de Trente rappelle le rôle de la catéchèse, mais aussi celui de la culture profane dans l’évolution spirituelle du chrétien. Pierre Fourier écrit aux religieuses de Mirecourt en 1619 :« Gagner une seule âme dans vos écoles…, est plus que de créer un monde ». Pour satisfaire au besoin d’instruction des filles, il fonde avec de jeunes bourgeoises de la ville et avec la romarimontaine Alix Le Clerc, une association qui devient la Congrégation Notre-Dame en 1628 (appelée parfois également la congrégation Saint-Augustin) et qui se destine à l’éducation gratuite des filles. La première école ouvre non loin de Mattaincourt, à Poussay, où se tient un chapitre de dames nobles, en 1598. Tolérant, il demande aux religieuses d’accueillir à l’école les petites protestantes et insiste dans une de ses lettres pour que rien ne soit fait qui « puisse troubler leur foi ».

Alors que Louis XIII et le cardinal de Richelieu essaient d’annexer le duché de Lorraine, sa fidélité à son souverain, le duc de Lorraine et de Bar Charles IV, lui vaut d’être expulsé en 1636 par le redoutable prélat. Il trouve refuge à Gray en Franche-Comté, alors possession espagnole. Il a alors 71 ans.

À son arrivée, il ne trouva pour logement qu’un réduit de 2,90 × 2,70 m et 2,42 m de haut, dans une vieille bâtisse carrée, ayant seulement trois fenêtres pour l’éclairage et une vieille cheminée (datant de 1338) pour se chauffer. L’accès au logement se fait par un tour, escalier construit dans un cylindre en bois pouvant être tourné de façon à masquer la porte d’entrée : c’est de ce système, et non pas de la bâtisse carrée, que vient l’appellation « le tour Saint-Pierre-Fourier » donnée au lieu.

Même dans l’adversité, il reste un patriote lorrain très attaché à la famille ducale. Depuis trois ans à Gray, dans une lettre adressée à la duchesse Nicole, il l’assure de sa fidélité et de son attachement à la famille ducale en ces termes : « comme très humbles et très fidèles et très obéissants sujets, portent en tout temps à leurs bons princes, et encore à leurs bonnes princesses. C’est le cœur des lorrains ».

Il meurt quatre ans plus tard à l’âge de 75 ans.