Robert Delaunay, peintre.

Robert Delaunay est un peintre français né le 12 avril 1885 à Paris et mort le 25 octobre 1941 à Montpellier. Avec sa femme Sonia Delaunay et quelques autres, il est le fondateur et le principal artisan du mouvement orphiste, branche du cubisme et important mouvement d’avant-garde du début du XXe siècle. Ses travaux sur la couleur prennent pour origine plusieurs théories de la loi du contraste simultané des couleurs, formulées par Michel-Eugène Chevreul. Par un travail concentré sur l’agencement des couleurs sur la toile, il cherche l’harmonie picturale.

Delaunay fait partie d’une génération d’avant-garde, particulièrement prolifique sur le plan artistique entre 1912 et 1914. Il est très lié (en correspondance, en art, voire en amitié) avec les poètes Guillaume Apollinaire et Blaise Cendrars, les peintres russes Vassily Kandinsky et Michel Larionov, les peintres allemands August Macke ou Franz Marc, le peintre slovaque Geza Szobel.

Après la guerre, il se lie d’amitié avec les artistes du mouvement surréaliste, dont il réalise plusieurs portraits, sans pour autant adopter leurs points de vue et leurs visions artistiques. Il aura notamment une amitié forte et durable avec le poète Tristan Tzara.

Son nom est également associé à la tour Eiffel, dont il a vu la construction alors qu’il avait quatre ans, et qu’il a peinte de nombreuses fois dans sa carrière, en utilisant des méthodes différentes, d’abord néo-impressionniste puis cubiste, et ensuite avec sa méthode simultanéiste.

Oeuvres de Robert Delaunay, carnet croix-rouge 2020.

En 1904 et 1905, Robert Delaunay réalise ses premières peintures : des paysages et des fleurs de facture néo-impressionniste et fauve. En 1907, il fait son service militaire à Laon, dans l’Aisne. Il est fasciné par la cathédrale, et en fait de nombreux croquis. Il est affecté au service des auxiliaires, dans la bibliothèque des officiers. Son compagnon de chambrée, Robert Lotiron, écrit qu’« à cette époque, Delaunay avait un engouement délirant pour Spinoza, Rimbaud, Baudelaire et Laforge ». Le 20 octobre 1908, il est réformé pour « troubles fonctionnels du cœur », et « endocardite », puis il retourne à Paris.

En 1906, il participe au XXIe salon des indépendants, où il présente de nombreux tableaux peints au cours de l’été précédent. En 1907, il fréquente un groupe de jeunes artistes cherchant un art nouveau parmi lesquels Jean Metzinger, Henri Le Fauconnier et Fernand Léger. Dans le même temps, il entreprit un travail conséquent sur des monuments de Paris. Le résultat de ses recherches a pour conséquence de proposer une théorie personnelle sur la couleur, en prenant comme point de départ son œuvre Paris – Saint-Séverin (1909).

Début 1909, il rencontre Sonia Stern alors qu’ils fréquentent tous les deux des artistes renommés. Ils assistent ensemble au triomphe de Louis Blériot qui traverse la Manche, et font ensemble un séjour dans la Drôme. Elle est alors mariée avec Wilhelm Uhde, mais ce n’est qu’un mariage blanc pour faciliter l’acquisition de la nationalité française pour Sonia. Elle divorce aussitôt pour se remarier le 15 novembre 1910 avec Robert Delaunay, dont elle est enceinte. Le 18 janvier 1911 naît un garçon, Charles. Robert peint une petite tour Eiffel, qu’il offre à Sonia en cadeau de fiançailles.

Robert Delaunay, carte maximum, Paris 24/07/1976.

En 1910, influencé par le cubisme, notamment celui de Cézanne, Robert Delaunay réduit sa palette de couleurs jusqu’au monochrome, puis, sous l’influence de Sonia, il réintroduit les couleurs chaudes. Dès 1912, il se tourne vers l’orphisme avec sa série des Fenêtres (conservées au musée de Grenoble et au Philadelphia Museum of Art). Avec Sonia Delaunay, il crée le simultanéisme, basé sur la loi du contraste simultané des couleurs. Il entre en correspondance avec le pionnier de l’abstrait Vassili Kandinsky, dont le texte théorique Du spirituel dans l’art (que Sonia lui traduit de l’allemand) va beaucoup l’influencer et le guider.

Les deux artistes s’entraident également pour obtenir des places dans les expositions et dans la critique ; ils sont véritablement des amis. C’est grâce à Kandinsky que Delaunay peut être exposé à Moscou, et où il présente trois œuvres sans titre. L’année 1912 est dense en évènements pour Robert Delaunay : il expose à Moscou, Munich, Berlin, Paris, Zurich, se lie d’amitié avec le poète Guillaume Apollinaire (qui vient vivre à son atelier pendant les mois de novembre et décembre) et Blaise Cendrars, rencontre Paul Klee (avec qui il entre en correspondance), Alberto Giacometti, Henri Matisse, Henri Le Fauconnier et peint la série des Fenêtres, qui marque un tournant majeur dans son œuvre.

Robert Delaunay, épreuve de luxe.

En 1913, Delaunay part exposer à Berlin en compagnie de Guillaume Apollinaire, et profite de l’occasion pour rencontrer les artistes allemands de l’époque : Franz Marc, Max Ernst ou encore August Macke « Delaunay et Apollinaire sont restés un jour et une nuit. À ma grande joie, leur préférence est allée à mes dernières œuvres » raconte ce dernier. Paul Klee traduit en allemand le texte théorique de Delaunay, « La Lumière », qui paraît dans la revue Der Sturm en janvier sous le titre « Über das Licht ». Apollinaire écrit le poème Les Fenêtres qui sert de préface à la série de tableaux homonymes du peintre. En février, Alexandra Exter écrit au couple Delaunay pour leur demander de les inscrire au Salon des Indépendants, ainsi que Michel Larionov et Nathalie Gontcharoff. Robert Delaunay entre en correspondance avec tous ces artistes de l’avant-garde russe ; c’est lui qui les présente au public français. À cette époque, Apollinaire considère qu’il est le peintre le plus influent avec Picasso : « Il y a dans la peinture moderne de nouvelles tendances ; les plus importantes me semblent être, d’une part le cubisme de Picasso, d’autre part, l’orphisme de Delaunay. »(Guillaume Apollinaire Die Moderne Malerei [La peinture moderne] dans Der Sturm, février 1913).

Durant toute cette période, il peint ses tableaux dans la petite ville de Louveciennes, où il a une résidence avec Sonia, et ne va à Paris ou à l’étranger qu’une fois son œuvre terminée, pour la présenter ou alors pour voir ses amis peintres et poètes.

D’abord appelé sous les drapeaux puis déclaré déserteur, Robert fit jouer ses relations et obtint sa réforme au consulat de France de Vigo, le 13 juin 1916 ((Robert Delaunay. 1906-1914: de l’impressionnisme à l’abstraction, p. 49). Sonia Delaunay et lui vont donc rester toute la durée de la guerre, et jusqu’en 1922, en Espagne et au Portugal. Il continue de peindre, avec notamment une série sur Les Marchés portugais, mais aussi Les Natures mortes et le Nu à la toilette. Les Delaunay en profitent pour passer de longues journées au musée du Prado, et Robert Delaunay se passionne pour les œuvres de Rubens et du Greco. Quand ils reviennent en France, le mouvement dada est à son apogée.

De retour à Paris, les Delaunay vont fréquenter de nombreux poètes et musiciens, mais peu de peintres, et côtoyer les milieux surréalistes, comme en témoignent les nombreux portraits d’amis réalisés à cette époque, dont ceux de Tristan Tzara, ami fidèle des décennies 1920 et 1930, d’André Breton et de Philippe Soupault. Ils sont liés également à Louis Aragon, Jean Cocteau ou Igor Stravinsky, et reçoivent le poète russe Vladimir Maïakovski. Les réunions amicales permettent à Robert Delaunay de présenter ses théories littéraires, qu’il met sur papier plus tard.

Il repeint plusieurs fois la tour Eiffel, car la « géante » se prête bien à ses recherches sur les contrastes simultanés de la couleur. Mais, comparé aux tours réalisées dans sa jeunesse, le travail est sensiblement différent.

Dans les années 1920, il diversifie son travail, en s’attelant par exemple à l’art décoratif avec Fernand Léger. Il participe notamment à l’exposition des Arts décoratifs de 1925, qui récapitule les recherches de tous les pays dans le domaine des arts appliqués. Sonia Delaunay suit également cette voie, et obtient plus de reconnaissance que lui. Il compose la même année les décors de plusieurs films.

Delaunay revient à l’orphisme abstrait avec sa série Rythme, composée pour grande partie en 1934. Cette série semble être l’aboutissement de ses recherches sur l’harmonie picturale. Dans le même temps, il commence des recherches sur de nouveaux matériaux. Son travail est mis en avant par une exposition commentée longuement par un article de Jean Cassou.

Les commandes de l’exposition internationale de 1937 lui permettent de réaliser d’immenses fresques et des peintures monumentales, dont celles du pavillon de l’air et du chemin de fer. La fresque du palais de l’air est une représentation agrandie d’une toile de la série Rythme. Il assure l’année suivante la décoration du hall des sculptures au Salon des Tuileries, pour lequel il exécute trois grands Rythmes qui sont ses dernières œuvres importantes.

En 1940, il fuit l’avancée nazie en se réfugiant à Montpellier, en Zone libre auprès de Joseph Delteil. Il continue de s’investir dans la vie artistique. Installé à Mougins, il a constitué un véritable musée Delaunay avec ses tours déhanchées. Le peintre Albert Aublet lui rend souvent visite à l’époque où il apporte son soutien au jeune peintre figuratif Nicolas de Staël Il est à nouveau victime de problèmes pulmonaires, et meurt le 25 octobre 1941.

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Sources : Wikipédia, YouTube.