René Caillié, explorateur, voyageur et écrivain.

René Caillié, né le 19 novembre 1799 à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) et mort le 17 mai 1838 à La Gripperie-Saint-Symphorien (Charente-Maritime), est un explorateur français, connu comme le premier Occidental à revenir de la ville de Tombouctou, dans l’actuel Mali.


René Caillié naît dans les Deux-Sèvres le 19 novembre 1799 à Mauzé-sur-le-Mignon. C’est un homme du peuple, fils d’un ouvrier-boulanger, son père, François, est condamné à 12 ans de bagne pour un petit vol quatre mois avant sa naissance. Certains biographes, défenseurs de l’explorateur, clamèrent l’innocence de ce père, ce qui n’a pas été avéré. En revanche, la plupart des biographes posent la volonté de redorer le blason familial comme l’un des motifs du voyage de Caillié. Il ne connaît pourtant pas son père qui meurt à 46 ans au bagne de Rochefort en 1808. À onze ans, il devient orphelin car sa mère, Élizabeth née Lépine, meurt en 1811, âgée de 38 ans. René et sa sœur Céleste, alors âgée de 18 ans, furent recueillis par leur grand-mère maternelle. Fasciné par la lecture de Robinson Crusoé de Daniel Defoe, il quitte Mauzé à l’âge de seize ans, à pied, pour la ville de Rochefort, distante de 40 km, avec 60 francs en poche reçus de sa grand-mère.

René Caillié, carte maximum, Côte d’Ivoire, 1939.

Désirant parcourir des terres inconnues, il embarque comme membre d’équipage de La Loire, un des quatre navires de l’escadre de la frégate de La Méduse partie pour reprendre possession, selon les termes des Traités de

Paris de 1814 et 1815, de la colonie française de Saint-Louis du Sénégal alors aux mains des Britanniques. L’escadre quitte son mouillage près de l’Île d’Aix au nord de l’embouchure de la Charente le 17 juin 1816. La Méduse part en tête et échoue sur le Banc d’Arguin au large de la côte de la Mauritanie actuelle. Quelques survivants sont recueillis par les autres navires. Ce naufrage marqua les esprits et inspira la célèbre œuvre de Théodore Géricault, Le Radeau de La Méduse. Quand les trois bateaux restants arrivent à Saint-Louis, il s’avère que le gouverneur britannique n’est pas prêt à leur remettre la colonie. Ils poursuivent donc leur route vers le sud et mouillent au large de l’île de Gorée, près de Dakar.

Caillié passe quelques mois à Dakar, qui n’est alors qu’un village, avant de retourner par la mer à Saint-Louis. Là, il apprend qu’une expédition anglaise, menée par le Major William Gray, s’apprête à quitter la Gambie pour explorer l’intérieur du continent. Caillié s’élance le long de la côte avec deux compagnons pour offrir ses services, pensant faire les 300 km à pied, mais la chaleur et le manque d’eau sont trop épuisants. Il abandonne son idée et s’embarque plutôt sur un navire de commerce pour une traversée gratuite de l’Atlantique jusqu’en Guadeloupe. Sur l’île, il trouve du travail pour six mois, et lit le récit de l’exploration du Moyen Niger par Mungo Park dans ce qui est aujourd’hui le Mali. Celui-ci avait été le premier Européen à atteindre le fleuve Niger et à visiter les villes de Ségou, Sansanding et Bamako. Un récit de son premier voyage (1795-97) avait été publié en français en 1799. Park se lança dans une seconde expédition en 1805, mais il mourut noyé lors de la descente de rapides sur le Niger près de Bussa, dans le Nigeria actuel. Un récit du second voyage avait été publié en anglais en 1815. Caillié rentre en France, puis repart pour le Sénégal en 1817 où il suit une mission à la recherche d’un prisonnier anglais, ce qui lui permet d’apprendre la culture africaine et la vie du désert. Atteint par la fièvre, en 1820, il rentre à nouveau en France dans un état de santé déplorable et part aux Antilles jusqu’en 1824 puis rentre à Lorient quelque temps et part à Bordeaux comme employé de maison.

En 1824, il retourne à Podor au Sénégal qui est alors un comptoir défendu par un fort construit en 1744 par Pierre Barthélémy et restera dans la mémoire des podoriens jusqu’au XXe siècle[réf. nécessaire]. Cette fois René Caillié envisage d’atteindre Tombouctou. La Société de géographie de Paris offrait alors une récompense de 10 000 francs au premier Européen à revenir de Tombouctou, que l’on imaginait être une ville aussi fastueuse et merveilleuse qu’à l’époque de Kanga Moussa.

Caillié s’installe chez les Maures braknas, au nord du fleuve Sénégal, dans l’actuelle Mauritanie, d’août 1824 à mai 1825, pour apprendre la langue arabe et la religion musulmane. Comme l’a fait Jean Louis Burckhardt (1784-1817) juste avant lui au Levant, il s’invente une nouvelle identité de musulman, qu’il endossera durant son voyage pour éviter de se faire tuer. Il présente son projet de périple à Tombouctou au gouverneur du Sénégal, mais ne reçoit aucun encouragement. Après avoir appris l’existence du prix offert par la Société de géographie au premier Européen qui pénètrerait dans la ville de Tombouctou rendue mythique par les récits des voyageurs arabes du Moyen Âge tels Ibn Battûta et interdite aux chrétiens, il décide de partir seul, par ses propres moyens, sans aide financière, sans escorte militaire, se faisant passer pour un humble lettré musulman. Il va en Sierra Leone où les Britanniques le nomment administrateur d’une plantation d’indigo, ce qui lui permet de gagner 80 livres sterling.

Parti de Boké sur le Rio Nunez en Guinée, le 19 avril 1827, il se dirige vers l’est le long du massif de Fouta-Djalon, passe les sources du Sénégal et franchit le cours supérieur du Niger à Kurussa. Toujours vers l’est, il atteint Tiémé dans l’actuelle Côte d’Ivoire, où il est ensuite retenu cinq mois — gravement atteint du scorbut — (3 août 1827 – 9 janvier 1828). Il reprend alors son voyage vers le nord-est et atteint la ville de Djenné où il reste du 11 au 23 mars. Il prend ensuite un bateau pour Tombouctou qu’il atteint le 20 avril 1828 et est déçu de trouver une cité tombant quelque peu en ruine. Le 4 mai, il se joint à une caravane traversant le Sahara pour aller au Maroc et atteint Fès le 12 août. C’est finalement cette ville qu’il qualifie de « la ville la plus belle qu'[il ait] vue en Afrique ». De Tanger il s’embarque finalement pour la France.

Carte postale d’Edmond Fortier montrant la maison où René Caillié a vécu à Tombouctou telle qu’elle était visible en 1905–06.

Son retour en France en 1830, à travers le désert du Sahara puis le Maroc, est un véritable calvaire. René Caillié ne fut pas le premier Européen à entrer dans Tombouctou. Avant lui, Paul Imbert, poitevin comme lui, y pénétra en tant qu’esclave du pacha Ammar el Feta, à l’époque du sultanat de Zaidan el-Nasir, dans la première moitié du XVIIe siècle. Juste avant Caillié, un officier britannique, le major Alexander Gordon Laing, atteignit Tombouctou en septembre 1826, mais fut tué au moment de quitter la ville. Caillié est donc celui qui remplit la condition de revenir de Tombouctou et il reçoit de la Société de géographie le prix de 10 000 francs-or, ainsi que le Grand Prix des explorations et voyages de découvertes, partagé symboliquement avec le major Alexander Gordon Laing. Son exploit vaut aussi à René Caillié la Légion d’honneur et une pension.

Il publie en 1830 son Journal d’un voyage à Temboctou et à Jenné, dans l’Afrique centrale, précédé d’observations faites chez les Maures Braknas, les Nalous et autres peuples ; pendant les années 1824, 1825, 1826, 1827, 1828 (Paris, Imprimerie Royale, 1830), avec le concours d’Edme François Jomard, qui lui assurera une grande renommée. Les Anglais ont contesté la véracité de ses écrits et de son voyage. Les attaques de ses détracteurs lui sont très pénibles, il clôt ainsi son journal : « Quoi qu’il en soit, j’avouerai que ces injustes attaques me furent plus sensibles que les maux, les fatigues et les privations que j’avais éprouvés dans l’intérieur de l’Afrique » Ses écrits sur Tombouctou seront confirmés par le voyageur allemand Heinrich Barth en 1858, encore que ce dernier soit très critique vis-à-vis de la qualité des observations de Caillié.

Caillié écrit à son arrivée en France « Ceux qui ont été longtemps absents de leur pays, et qui ont pu craindre de ne jamais y rentrer, ceux-là peuvent se faire une idée de ce que j’éprouvai en revoyant cette chère patrie ! ». Le public l’oublie vite et, alors qu’il est devenu maire de Champagne, il semble s’ennuyer sur son domaine de La Baderre (devenu l’Abadaire) sur la commune de La Gripperie-Saint-Symphorien. Il rêve de partir une nouvelle fois en Afrique. Il meurt sur ses terres le 17 mai 1838, usé par son périple, des suites d’une maladie contractée en Afrique (sans doute d’une maladie du sang apportée par le paludisme) et est enterré dans la commune voisine de Pont-l’Abbé-d’Arnoult.

Ecouter aussi ce document audio :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.