Piotr Ilitch Tchaïkovski, compositeur.

Piotr Ilitch Tchaïkovski ou Tchaïkovsky est un compositeur russe de l’époque romantique né le 25 avril 1840 (7 mai 1840 dans le calendrier grégorien) à Votkinsk et mort le 25 octobre 1893 (6 novembre 1893 dans le calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg.

Compositeur éclectique, il est l’auteur notamment de onze opéras, huit symphonies, quatre suites pour orchestre, cinq concertos, trois ballets, cent-six mélodies et une centaine de pièces pour pianos.

Son œuvre, d’inspiration plus occidentale que celle de ses compatriotes contemporains, intègre des éléments occidentaux ou exotiques, mais ceux-ci sont additionnés à des mélodies folkloriques nationales. Tchaïkovski compose dans tous les genres, mais c’est dans la musique d’orchestre comme les symphonies, les suites, et les concertos qu’il déploie toute sa science et donne la mesure de son sens mélodique inspiré. C’est également lui qui donne ses lettres de noblesse à la musique de ballet, ajoutant une dimension symphonique à un genre auparavant considéré comme musicalement mineur.

Tchaïkovski, entier postal, Russie vers 1960.

Il incarne la figure dominante du romantisme russe du XIXe siècle dans toute sa populaire et généreuse vitalité, et sa profonde sincérité.


Tchaïkovski fait des études de droit à Saint-Pétersbourg, obtient son diplôme le 25 mai 1859 et est engagé comme secrétaire au ministère de la justice, le 15 juin. Il s’adonne déjà en amateur à la musique. Il n’éprouve aucun intérêt pour son emploi au ministère et confie à sa sœur, dans une de ses lettres : « On a fait de moi un fonctionnaire, et un mauvais fonctionnaire par-dessus le marché ». En 1861, Tchaïkovski commence à prendre des cours de théorie musicale à la Société musicale russe, sous l’enseignement de Nikolaï Zaremba. L’année suivante, Tchaïkovski le suit au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, nouvellement fondé. Mais il ne veut pas quitter son emploi avant d’être certain d’être fait pour une carrière musicale.

Tchaïkovski en 1863, année où il abandonne son emploi au ministère pour se consacrer à la musique. Finalement, en 1863, il démissionne du ministère pour se consacrer à la musique. Depuis 1862 et jusqu’en 1865, il étudie l’harmonie, le contrepoint et la fugue avec Zaremba, ainsi que la composition et l’instrumentation avec le directeur et fondateur du Conservatoire, Anton Rubinstein. Il joue du piano, de la flûte et de l’harmonie, et obtient son diplôme de fin d’études en décembre 1865. Rubinstein et Zaremba étaient impressionnés par le talent de Tchaïkovski, mais cela n’a pas empêché les affrontements ultérieurs à propos de sa première symphonie.

En 1866, le frère d’Anton Rubinstein, Nicolas, lui confie un poste de professeur de théorie musicale (qu’il occupe jusqu’en 1878), dans le tout nouveau conservatoire de Moscou (qui porte son nom depuis 1940). C’est à cette période qu’il compose avec acharnement sa première symphonie dite « Rêves d’hiver » ; il faillit faire une dépression nerveuse. Tissant des liens d’amitié avec plusieurs membres du Groupe des Cinq, il dédie même son ouverture-fantaisie Roméo et Juliette au fondateur de ce groupe, Mili Balakirev. Tchaïkovski compose sa deuxième symphonie à l’été 1872 et entreprend l’écriture de son premier concerto pour piano en si bémol mineur à l’hiver 1874. À l’été 1875, il écrit sa troisième symphonie. Il publie ses partitions aux éditions de Peter Jurgenson (1836-1903), avec qui il entretiendra des rapports cordiaux tout au long de sa vie.

L’année 1876 est marquée par sa relation épistolaire avec Nadejda von Meck. Celle-ci, grande admiratrice du compositeur, lui verse pendant treize années une pension alimentaire de 6 000 roubles par an, plaçant Tchaïkovski dans une situation beaucoup plus confortable qu’auparavant (Peu après, l’empereur Alexandre III lui versera 3 000 roubles par an, à vie). Leurs relations restent strictement épistolaires. En 1877, c’est à Mme von Meck que Tchaïkovski dédicace sa quatrième symphonie. Le 30 juillet de cette même année, le compositeur vit un des épisodes les plus sombres de sa vie : pour tenter de « guérir » son homosexualité, mettre un terme aux rumeurs et s’assurer une position sociale, il épouse Antonina Miliukova, une de ses anciennes élèves qui lui avait écrit une longue lettre enflammée, comme elle en avait déjà adressé à des banquiers, des généraux, des artistes en vogue et même des membres de la famille impériale. Ce mariage est un échec ː deux mois après, Tchaïkovski raconte à son frère que, ne pouvant plus supporter la vue de sa femme, il a tenté de se suicider en plongeant dans la Moskova pour essayer de contracter une pneumonie. Il se sépare d’Antonina peu après. La même année, il compose néanmoins, sur commande du Théâtre Bolchoï, son premier ballet, Le Lac des cygnes, qui est un échec en raison d’une mise en scène inadéquate (il aura fallu vingt ans pour que la trame du ballet soit définitivement fixée par Marius Petipa et Lev Ivanov), ainsi qu’un opéra fondé sur un roman d’Alexandre Pouchkine : Eugène Onéguine.

De tous les compositeurs du XIXe siècle, il est l’un des seuls dont l’homosexualité soit très bien documentée (notamment ses amours platoniques ou ses liaisons avec Alexeï Apoukhtine, Alexis Sofronov, son domestique entré à son service à l’âge de quatorze ans, son élève Eduard Zak ou son neveu Vladimir Davydov (Bob), qui sera son héritier). L’un de ses biographes, André Lischke11, écrit pourtant qu’il avait moins de problèmes qu’on ne le dit parfois sur sa sexualité et qu’il lui arrivait d’« en aborder les questions physiologiques avec une gaillardise totalement dépourvue de complexes ». De même, les membres de son entourage connaissaient très bien la vérité. Dans la biographie du compositeur qu’elle publie aux éditions Actes Sud, Nina Berberova raconte sa rencontre avec Praskovia Vladimirovna Tchaïkovskaya, épouse d’Anatole, un des frères cadets de Piotr Ilitch. Celle-ci aborde d’elle-même le sujet de l’homosexualité en annonçant à Berberova : « Je lui ai chipé un amant […]. À Tiflis. […] Il ne m’a jamais pardonné ! ».

En mars 1878, lors d’un voyage en Suisse, il est fasciné par la Symphonie espagnole d’Édouard Lalo et décide de composer un concerto pour violon et, avec l’aide de son ami violoniste et mentor Josef Kotek, en apprend un peu plus sur les techniques du violon. Leopold Auer, le dédicataire du concerto, refuse de le jouer à cause de sa difficulté ; c’est Adolph Brodsky qui est au violon solo lors de la première, en 1881, de ce concerto pour violon en ré majeur.

Vers 1880, la réputation de Tchaïkovski se renforce considérablement en Russie et son nom commence à être connu à l’étranger, comme il peut le constater lors des voyages qu’il effectue cette même année. Il y remporte de nombreux succès et rencontre les grands compositeurs de son temps : Johannes Brahms qu’il estime, mais dont la musique ne le touche guère, Antonín Dvořák et Edvard Grieg, avec qui il noue des relations plus chaleureuses, et d’autres. Il séjourne régulièrement à Paris et a ses habitudes au Café de la Paix. L’Italie, où il voyage, lui inspire un certain nombre de pièces musicales, parmi lesquelles le Capriccio Italien. La célèbre Sérénade pour cordes et l’Ouverture 1812 datent également de 1880. Un an plus tard, son grand ami Nikolaï Rubinstein meurt. Profondément touché, Tchaïkovski compose son superbe Trio pour piano, pièce dédiée à son ami décédé. Tchaïkovski loue une maison près de Klin, non loin de Moscou. Cette maison est devenue un musée consacré au compositeur. Sur des textes d’Apollon Maykov, il écrit la cantate Moscou pour le couronnement du tsar Alexandre III (1883). Il compose Manfred (1885), sa cinquième symphonie (1888), son deuxième ballet, La Belle au bois dormant (1889), qui est un triomphe, ainsi qu’un opéra fondé sur une nouvelle brève d’Alexandre Pouchkine : La Dame de pique (1890).

En 1890, sa mécène Nadejda Von Meck rencontre des problèmes financiers et ne peut plus lui allouer sa pension. La vraie raison serait en fait que la richissime Mme von Meck aurait été profondément choquée par la découverte de l’homosexualité du compositeur et aurait donc brusquement décidé de rompre leur correspondance. Il est aussi probable qu’elle souhaitait marier une de ses filles au compositeur, projet incompatible avec l’orientation sexuelle de ce dernier, et qu’elle dut y renoncer. Cet épisode frappe durement Tchaïkovski.

En 1891, il fait un voyage jusqu’aux États-Unis. Ses œuvres, qu’il dirige lui-même lors de l’inauguration de la salle new-yorkaise Carnegie Hall, remportent un franc succès. En 1892, son troisième ballet Casse-Noisette voit le jour, mais il ne rencontre pas, dans un premier temps, un succès aussi retentissant que la beauté de la musique pouvait le laisser espérer.

Les 1er et 2 janvier 1893, lors d’un déplacement de Berlin à Paris, Tchaïkovski fait halte à Montbéliard pour revoir Fanny Dürbach, qui s’était retirée dans sa ville natale.

Tchaïkovski meurt le 6 novembre 1893 à Saint-Pétersbourg, dans l’appartement de son frère Modeste, au 13 rue Malaïa Morskaïa, neuf jours après la création de sa sixième symphonie « Pathétique ». Il bénéficie de funérailles nationales célébrées par l’évêque de Narva, Mgr Nicandre Moltchanov à la cathédrale Notre-Dame de Kazan auxquelles assistent près de 8 000 personnes. Le cercueil de Tchaïkovski est porté par des proches, dont le prince Alexandre d’Oldenbourg (1844-1932), cousin de l’empereur, les frais des funérailles étant couverts par la Maison de Sa Majesté impériale. Le chœur de la cathédrale et le chœur de l’Opéra impérial russe accompagnent la cérémonie, en présence de son ami le grand-duc Constantin de Russie qui écrit le lendemain dans son Journal que « les murs de la cathédrale n’étaient pas suffisants pour contenir ceux qui voulaient prier pour le repos de l’âme de Piotr Ilitch ». L’inhumation a lieu ensuite au cimetière Tikhvine du monastère Alexandre-Nevski, sa tombe se trouve aux côtés de celles d’Alexandre Borodine, Mikhaïl Glinka, Nikolaï Rimski-Korsakov, Mili Balakirev et Modeste Moussorgski. Du fait de son innovation dans la forme et de son contenu émotionnel accablant pour certains, la « Pathétique » fut reçue la première fois avec un silence d’incompréhension de la part du public. Vingt jours plus tard, sous la direction d’Eduard Nápravník lors d’un concert en mémoire du compositeur, la symphonie fut reçue plus favorablement. Elle est devenue depuis l’une des compositions de Tchaïkovski les plus célèbres.

On attribue généralement au choléra la mort du compositeur (en), qui aurait bu de l’eau de la Néva non stérilisée. Le manque de preuves quant au diagnostic de la maladie, la confusion des témoignages des proches, et la considération des effets de l’alcool et du tabac à long terme ne permettent cependant pas de clarifier les causes exactes de son décès. Certains pensent qu’il s’agirait d’un suicide. D’après l’une des théories, à la suite de la découverte de la relation du compositeur avec le jeune officier de dix-sept ans Victor Stenbock-Fermor, le neveu (mineur) du prince Stenbock-Fermor, maréchal du palais, ce dernier aurait dénoncé le compositeur par une lettre au procureur Nikolaï Borisovitch Jacobi et Tchaïkovski aurait en fait été poussé au suicide (boire un flacon d’arsenic) par un tribunal d’honneur constitué d’anciens étudiants du Collège impérial de la Jurisprudence de Saint-Pétersbourg. Cette théorie fut présentée par la musicologue russe Alexandra Orlova en 1979 après son émigration aux États-Unis, sur les bases de révélations qui lui furent faites en 1966 par Alexander Voitov, élève et historien du Collège impérial de la Jurisprudence de Saint-Pétersbourg.

Voir aussi cette vidéo :

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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