Pierre Jules Cot, homme politique.

Pierre Jules Cot, né le 20 novembre 1895 à Grenoble (Isère) et mort le 21 août 1977 à Coise-Saint-Jean-Pied-Gauthier (Savoie), est un homme politique français.

Pierre Cot descend d’une lignée savoyarde d’hommes de loi et de propriétaires terriens du côté de son père, et de petits industriels du côté de sa mère. Son père et son grand-père s’affirment comme catholiques et républicains et, dans cette ambiance, se définissent ses premières activités politiques d’étudiant à la faculté de droit de Grenoble: il est un militant actif à l’Association catholique de la Jeunesse française (ACJF).

Il fait toute la guerre au front, et il est nommé chevalier de la Légion d’honneur pour sa bravoure, en juin 1920, avec l’état de service suivant : « Jeune officier qui s’est signalé par sa crânerie et son sang-froid, toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses, cinq citations ».

Pensionnaire de la Fondation Thiers, docteur en droit en 1920, il est premier secrétaire de la Conférence du stage des avocats à la Cour et deuxième secrétaire à la Conférence du stage des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation en 1921.

Reçu premier à l’agrégation de droit public en novembre 1922, à 27 ans, il est nommé professeur à l’université de Rennes.

Il est remarqué par Raymond Poincaré qui l’appelle comme jurisconsulte au ministère des Affaires étrangères. Il milite dans un nouveau petit mouvement politique, formé à l’automne 1923, la Ligue de la Jeune France républicaine, qui appuie le programme de Poincaré. Ses animateurs sont proches de l’Alliance démocratique. C’est pourquoi il est candidat aux élections législatives de 1924, sur une liste de ce parti de centre-droit, dans les Hautes-Alpes.

Vaincu à Gap, il amorce une évolution politique progressive vers la gauche. Il est élu, en 1928, député de Savoie sous l’étiquette radicale, après avoir un temps rejoint le Parti républicain-socialiste.

Pierre Cot, carte maximum, 1/03/1986.

Pierre Cot est très actif dans le mouvement « Jeune Turc » au sein du parti radical, dès la fin des années 1920. Il s’affirme comme l’un des meilleurs orateurs de la Chambre, une « grande voix ». Député, il siège à la Commission des affaires étrangères, à celle d’Alsace-Lorraine, à celle du suffrage universel, à celle de l’aéronautique civile, commerciale, militaire, maritime et coloniale. Il s’intéresse à de nombreux problèmes: le pacte général de renonciation à la guerre (1929), la liberté individuelle (1929), les accords internationaux (1930), l’acte général d’arbitrage (1930), la mise en chantier des unités comprises dans la tranche du programme naval (1931), les entreprises de navigation aérienne (1931) et l’outillage national (1931).

Sa carrière ministérielle commence en décembre 1932 lorsqu’il devient sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères dans le gouvernement Paul-Boncour.

En janvier 1933, Édouard Daladier le nomme ministre de l’Air, nouveau ministère promis à un riche avenir. Passant son brevet, il pilote régulièrement lui-même son avion officiel.

Invité par le ministre soviétique des Affaires étrangères Maxime Litvinov, il se rend du 12 au 22 septembre 1933 en URSS pour une mission diplomatique et d’étude de l’aviation du pays. Il se lance également avec fougue dans la promotion de l’aviation française, tandis que sous son impulsion l’État veille à la réorganisation de l’aéronautique civile.

Le 7 octobre 1933, une cérémonie au Bourget consacre la naissance d’Air France, une société d’économie mixte issue de la fusion des principales anciennes compagnies aériennes. Forcé d’abandonner ce portefeuille ministériel après les émeutes du 6 février 1934, il le retrouve en 1936 dans le gouvernement de Léon Blum sous le Front populaire. C’est alors que par une organisation dissimulée à l’opinion publique, les ministères français vendent indirectement au gouvernement espagnol républicain des avions qui sont destinés officiellement à l’armée de l’air française.

Pierre Cot, épreuve de luxe.

Pierre Cot s’attache aussi à développer l’aviation populaire. Membre du comité d’honneur de l’Association juridique internationale, il se consacre alors principalement à la nationalisation des industries aéronautiques.

En 1936, il est le fondateur, avec Philip J. Noel-Baker, du Rassemblement universel pour la paix.

À cette époque, alors que se précisent les menaces nazie et fasciste ainsi que les prémices de la guerre en Europe, l’industrie aéronautique française n’a plus du tout la position dominante qui était la sienne vingt ans auparavant, au sortir de la guerre de 14-18. C’est un assemblage hétéroclite d’entreprises de tailles diverses qui ne disposent pas des moyens industriels de produire en grande série les avions de guerre moderne équivalents aux appareils allemands comme le Messerschmitt BF109 qui assurera en Espagne la domination de la Légion Condor et In fine la victoire de Franco.

Très logiquement, Pierre Cot souhaite fusionner toutes ces entreprises en les regroupant après nationalisation dans des conglomérats possédant la taille critique pour assurer la recherche, le développement et l’industrialisation d’avions modernes et performants. Toutefois, il doit combattre sur deux fronts : sans surprise, sur le front industriel, les différents patrons des entreprises concernées (Amiot, Marcel Bloch, Wibault,CAMS, Blériot, Latécoère, Morane-Saulnier Hanriot, Lioré et Olivier, Farman etc.) font tout pour conserver le contrôle de leurs entreprises et surtout de leurs bureaux d’études (il s’agit souvent d’ingénieurs-constructeurs, qui ont été des pionniers de l’aviation). Le plus virulent d’entre eux est le charismatique Émile Dewoitine, aux opinions marquées à droite et dont le style de gestion brutal le fait surnommer “Mimile-bras-de-fer” par ses ouvriers. Malheureusement, c’est aussi celui qui développe le meilleur prototype d’avion de chasse, le Dewoitine 520 que certains journalistes surnommeront le” Spitfire français”.

Plus délicat encore, sur le front gouvernemental, Piere Cot n’a pas les mains libres. Si l’appui de Blum lui est acquis, Vincent Auriol plaide pour des nationalisations partielles et insiste pour que les dirigeants des entreprises concernées restent à la tête des bureaux d’étude. Il en résultera un compromis assez boiteux : création de six sociétés nationales regroupées par grandes régions :SNCASO,SNCAO,SNCASE, SNCAN,SNCAM, SNCAC dont le capital n’est nationalisé qu’à 66 %, les patrons ingénieurs conservant la tête des bureaux d’étude et une large autonomie. Un bureau d’études et de réalisation de prototypes l’Asenal de l’Aéronautique sera également créé, qui étudie des avions innovants mais arrive trop tard quand la guerre éclatera.

A défaut de pouvoir nationaliser les principaux motoristes (Gnôme et Rhône et Hispano-suiza), il doit se limiter à la nationalisation partielle de l’usine Lorraine, pour créer la Société Nationale de Construction de Moteurs : SNCM. Par ailleurs, est créée une société française d’Exploitation du Matériel Hispano Suiza, dont l’État détient 51% des parts, et le ministère prend une participation symbolique au capital de Gnome et Rhône.

En novembre 1937, Pierre Cot passera un contrat avec Pratt & Whitney en vue de la construction sous licence de ses moteurs Twin Wasp et Twin Hornet. Ce projet se heurtant à une vive opposition et à diverses difficultés industrielles, ne devait pas aboutir avant l’armistice.

Conscient de la nécessité de former des pilotes et ayant connaissance de l’embrigadement des Jeunesses Hitlériennes dans des clubs de Vol à Voile, Pierre Cot lancera les clubs d’aviation au sein des entreprises pour mettre le pilotage à la portée des ouvriers : l’Aviation Populaire. Le futur as de l’escadrille Normandie-Niemen, Marcel Albert, métallo chez Renault, est un exemple emblématique de cette promotion sociale, mais l’Armée de l’Air se montrera réticente à cet afflux de sang neuf dans un recrutement traditionnellement élitiste et consent, au mieux, à confier à ces “bleus” des tâches annexes de mitrailleur ou d’observateur.

Pierre Cot devait être vivement critiqué à l’occasion de l’échec des avions français, devancés par les Italiens dans la course Istres-Damas-Paris, et laisse à son directeur de cabinet civil, Jean Moulin, la tâche désagréable de remettre à ces aviateurs, dont le propre fils de Mussolini, le prix de trois millions, doté par le Ministère.

Au total, si l’action, très contrariée, de Pierre Cot ne parviendra pas à doter la France d’avions assez performants au moment de la débâcle de 1940 (l’avion de chasse standard était alors le médiocre Morane-Saulnier MS406, proie facile pour les chasseurs allemands), sa démarche portait le germe des grandes réalisations aéronautiques française de l’après-guerre et ouvrait la voie à la création de l’Aérospatiale, puis d’Airbus.

Pierre Cot ne s’incline pas devant l’armistice de juin 1940 mais gagne Londres le 17 juin. Il n’y est pas jugé bienvenu par le général de Gaulle, qui le juge trop proche des communistes. Il ne prend pas part au vote du 10 juillet 1940, à Vichy, de la loi constitutionnelle sur les pouvoirs constituants demandés par le maréchal Pétain : il se trouve alors en Angleterre.

Il rejoint les États-Unis où, pendant son séjour, il est reçu par le président Roosevelt.

Il est déchu de la nationalité française le 23 juillet 1940 puis mis en accusation par la Cour suprême de justice de Riom le 6 septembre 1940. Ses biens sont confisqués par le régime de Vichy.

Il s’attache, comme il le fera toute sa vie, à démontrer que, contrairement aux allégations de Vichy, l’aviation n’est pas responsable de la défaite. Il dénonce rétrospectivement l’insuffisance des moyens alloués à celle-ci et les erreurs stratégiques qui y ont conduit.

Dans un rapport envoyé à Moscou en juillet 1943, Pierre Cot accuse De Gaulle de projeter l’instauration d’une dictature militaire après la guerre.

Après l’entrée dans la guerre de l’Afrique française en 1942 et la formation du gouvernement provisoire d’Alger, Pierre Cot entre à l’Assemblée consultative provisoire où il est admis le 25 novembre 1943 au titre de parlementaire. Il sera également membre de celle de Paris à partir du 8 novembre 1944 au titre du parti radical-socialiste.

En cette qualité, il s’intéresse à l’organisation des pouvoirs publics en France (1944), au traité d’alliance et d’assistance mutuelle franco-soviétique de Moscou (1944), à la nullité des actes de spoliation accomplis par l’ennemi ou sous son contrôle (1945), à tous les débats financiers (1945), à l’éducation, au recrutement et au statut de certaines catégories de fonctionnaires (1945), à l’âge de l’électorat et de l’éligibilité (1945).

De Gaulle l’envoie en mission en URSS (mars-juillet 1944).

Arrivé aux États-Unis, en août 1940, Pierre Cot se met en relation à la fois avec les autorités américaines et avec l’ambassade de l’URSS à Washington par l’intermédiaire du secrétaire général du parti communiste américain, Earl Browder. Trace est restée de ces contacts dans les archives soviétiques et, par ricochet, américaines.

Après un examen serré des documents, plusieurs historiens (Serge Berstein, Robert Frank, Sabine Jansen [archive] et Nicolas Werth) publient en 1995 un rapport, commandité par la famille de Pierre Cot, qui repousse ces accusations. Dans sa thèse de doctorat publiée en 2002, Jansen rappelle que tous les interlocuteurs de l’ambassade étaient, dans les télégrammes diplomatiques, affublés d’un pseudonyme et que Pierre Cot, éloigné des pouvoirs, n’avait aucune information politique à fournir, autre que des analyses générales.

Elle conclut « de lui un agent du NKVD, autrement dit, selon la définition admise, un individu qui agit sous la direction d’un service de renseignement afin d’obtenir ou d’aider à obtenir des informations pour les besoins de ce service ? Non. […] Ses contacts avec les membres des services de renseignements s’expliquent par la volonté, non dénuée de naïveté, d’infléchir les choix de Staline et de l’inciter à basculer dans le camp anti-hitlérien. Mais les sources accessibles n’en font pas un espion à la solde de Staline. En aucune façon il ne se conçoit ni ne se comporte en agent au service d’une puissance étrangère. Il est au service de la France et ni son patriotisme ni sa probité foncière ne peuvent être mis en doute. C’est un rôle public qu’il recherche ».

Toutefois, selon Wolton, l’historien Stéphane Courtois écrit la même année une étude dans laquelle il réfute point par point le rapport de la commission.

Wolton fait encore grief à Pierre Cot d’avoir été un informateur régulier de l’ambassade d’URSS après 1945. Il prend alors pour une activité de renseignement des contacts courants entretenus par des acteurs politiques avec les ambassades étrangères à Paris. Bien d’autres fréquentèrent celle-ci et y eurent des conversations politiques, même si le soutien durable et fidèle de Pierre Cot au Parti communiste était destiné à l’y faire spécialement bien accueillir et écouter.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

 

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