Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, écrivain, dramaturge, musicien et homme d’affaires.

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, né le 24 janvier 1732 à Paris où il est mort le 18 mai 1799, est un écrivain français, dramaturge, musicien, homme d’affaires. Éditeur de Voltaire, il est aussi à l’origine de la première loi en faveur du droit d’auteur et le fondateur de la Société des auteurs. Également espion et marchand d’armes pour le compte du roi, c’est un homme d’action et de combats qui ne semble jamais désarmé face à un ennemi ou à l’adversité. Son existence est tout entière marquée par l’empreinte du théâtre et s’il est principalement connu pour son œuvre dramatique, en particulier la trilogie de Figaro, sa vie se mêle étrangement à ses œuvres.

Figure importante du siècle des Lumières, il est estimé comme un des annonciateurs de la Révolution française2 et de la liberté d’opinion ainsi résumée dans sa plus célèbre pièce, Le Mariage de Figaro :

« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur, il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. »

Malgré les ennuis de sa vie privée, il commence à être connu. Il se lie d’amitié avec le financier de la Cour, Joseph Pâris Duverney qui favorise son entrée dans le monde de la finance et des affaires. Il se lance alors dans les spéculations commerciales et déploie un tel génie en ce genre qu’en peu d’années il acquiert une grande fortune et achète une charge de secrétaire du roi qui lui confère la noblesse.

En 1759, faveur insigne, il est nommé professeur de harpe de Mesdames, les quatre filles du roi Louis XV, qui résident à la cour.

Beaumarchais, épreuve d’artiste.

Patronné par un prince du sang, Louis-François de Bourbon, prince de Conti, il devient bientôt lieutenant général des chasses et commence à écrire de petites parades pour des théâtres privés (Les Bottes de sept lieues, Zirzabelle, Jean Bête à la foire) qui jouent sur le comique de mots du langage populaire des Halles de Paris.

Menant un train de vie aisé mais toujours à la merci d’une disgrâce, il se remarie en 1768 avec Mme Lévêque, la très riche veuve du garde général des Menus-Plaisirs du roi, née Geneviève-Madeleine Wattebled (1731-1770). Ils ont deux enfants, un fils et une fille, tous deux morts jeunes. Elle-même meurt dès 1770, à trente-neuf ans, après seulement quelques années de mariage, lui laissant une somme astronomique. À l’occasion de ce second veuvage précoce, Beaumarchais est accusé de détournement d’héritage.

Expert en intrigues et marchandages de toutes sortes et intégré au Secret du Roi — service personnel d’espionnage du roi —, il est en mars 1774 une première fois envoyé à Londres pour négocier la suppression du libelle les Mémoires secrets d’une femme publique de Théveneau de Morande, dirigé contre la comtesse du Barry, favorite royale, mission où il espère regagner les faveurs de la Cour. Cependant, le roi meurt en mai suivant et la comtesse du Barry est bannie de la cour par Louis XVI.

En 1775, sur les conseils de Sartine, il est chargé par le nouveau souverain d’empêcher la publication d’un nouveau pamphlet, l’Avis à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut d’héritiers, d’un certain Angelucci, qui prétend que le roi a « l’aiguillette nouée ». Le 8 avril, il repart pour Londres. Cette mission, qui le conduit également aux Pays-Bas, dans les États allemands, et en Autriche – où il est pour un temps incarcéré pour motif d’espionnage –, devient sous sa plume une aventure picaresque. La même année, il est chargé à Londres de récupérer des documents secrets détenus par le chevalier d’Éon.

À partir du mois de juin 1777, il se lance dans une nouvelle aventure et il se fait l’avocat d’une intervention française dans la guerre d’indépendance des États-Unis. Il entame alors une correspondance enflammée avec Charles Gravier de Vergennes, où il défend la cause des Insurgents. Dès le mois de septembre 1775, Beaumarchais joue un rôle politique en tant qu’intermédiaire entre les Insurgents et la France, et il rencontre fréquemment Arthur Lee, député secret des Insurgents.

Le 10 juin 1777, le secrétaire d’État aux affaires étrangères lui confie une somme importante pour soutenir secrètement les Américains. Initié secrètement par Louis XVI et Vergennes, Beaumarchais reçoit l’autorisation de vendre poudre et munitions pour près d’un million de livres tournois sous le couvert de la compagnie portugaise Roderigue Hortalez et Compagnie qu’il monte de toutes pièces et dont il installe les bureaux à l’hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, rue Vieille du Temple à Paris. La société Roderigue Hortalez et Cie devait lui permettre, pensait-il, de s’enrichir en vendant armes et munitions et en envoyant une flotte privée pour soutenir les Insurgés. Pour le seconder il embauche un secrétaire Lazare-Jean Théveneau de Francy qui va travailler avec lui plus de 6 ans, et qu’il enverra aux USA pour défendre ses intérêts. N’étant pas armateur lui-même, il fait un premier essai d’envoi de bateaux vers les États-Unis à partir du port du Havre le 14 décembre 1776. Seul l’Amphitrite réussit à partir. Devant cet échec, avec Jean-Joseph Carrier de Montieu ils décident de s’orienter vers Nantes et choisissent un armateur local : Jean Peltier Dudoyer. Vingt cinq bateaux, auxquels Beaumarchais est plus ou moins associé, vont ainsi se diriger vers les Antilles “officiellement” puis vers les USA directement. Beaumarchais décide une ultime expédition commerciale vers Saint-Domingue de 3 navires : l’Alexandre, la Ménagère (flûte prêtée par le Roi, en dédommagement des sinistres sur le Fier Roderigue) et l’Aimable Eugénie (du nom de sa fille) armée par Peltier Dudoyer et commandée par Nicolas Baudin. Attaqués par le Mediator à la sortie de la Gironde, seule l’Aimable Eugénie atteindra sa destination ! Toutes ces péripéties, alors que Beaumarchais s’implique dans les grandes spéculations boursières sous Louis XVI, est le sujet central du roman historique de Lion Feuchtwanger intitulé Beaumarchais, Benjamin Franklin et la naissance des États-Unis, paru en 1946. En fin de compte, bien qu’il ait reçu plus tard les félicitations publiques du Congrès, il engagea dans cette opération une grosse somme (plus de cinq millions) dont, après d’interminables débats, ses héritiers ne purent recouvrer qu’une faible part.

Il se lance dans l’édition des œuvres de Voltaire, et, après avoir acquis les caractères de Baskerville, loue pour vingt ans la forteresse de Kehl en décembre 178024. Pour vendre cette nouvelle édition, il s’appuie sur le réseau d’armateurs qu’il a eu l’occasion de rencontrer à l’occasion de la guerre d’Indépendance américaine.

En 1786, il épouse en troisièmes noces Marie-Thérèse de Willer-Mawlaz. D’origine suisse et née en novembre 1753, la nouvelle épousée, âgée de 32 ans, a vingt-et-un ans de moins que son mari. Ils se sont rencontrés en 1774 et ont eu une fille, Amélie-Eugénie, en 1777. Marie-Thérèse lui survivra et mourra au début de la Restauration en 1816.

En 1788, après d’importants travaux de reconstruction inachevés, il vend à Aimé Jacquot et Jean Hérisé la papeterie de Plombières qu’il avait acquise en 1780.

En février 1789, il cède aux frères Claude Joseph et François Grégoire Léopold Desgranges les papeteries qu’il possède en Lorraine à Arches et Archettes.

Privilège d’ancien régime, les comédiens de la Comédie-Française avaient priorité pour exploiter les œuvres théâtrales et ne reversaient que des sommes minimes à ces mêmes auteurs pour l’utilisation de leurs œuvres.

En 1777, après le succès du Barbier de Séville, Beaumarchais commence à militer pour la reconnaissance du droit d’auteur. Avec d’autres auteurs, il crée le bureau de législation dramatique, Société des auteurs et compositeurs dramatiques depuis 1829. Cette initiative sera reconnue lors de la Révolution française, notamment avec l’abolition des privilèges et avec l’inscription des droits d’auteur dans la loi Le Chapelier de 1791.

Ceux-ci sont automatiques à la création d’une œuvre. Ils garantissent à son auteur ses droits patrimoniaux et moraux (la reconnaissance de la paternité de l’œuvre notamment). Dans De la littérature industrielle, Sainte-Beuve présente l’action de Beaumarchais comme un tournant décisif de l’histoire de la littérature, car l’écrivain passe du statut de bénévole, de passionné ou de mendiant (dépendant de ses mécènes) à celui d’industriel et de gestionnaire : « Beaumarchais, le grand corrupteur, commença à spéculer avec génie sur les éditions et à combiner du Law dans l’écrivain ».

En 1790, il a 58 ans et se rallie à la Révolution française qui le nomme membre provisoire de la commune de Paris. Mais il quitte bientôt les affaires publiques pour se livrer à de nouvelles spéculations ; moins heureux cette fois, il se ruine presque en voulant fournir des armes aux troupes de la République.

Devenu suspect sous la Convention, il est incarcéré à la prison de l’Abbaye pendant la Terreur. Il échappe cependant à l’échafaud et se tient caché quelques années. Il s’exile à Hambourg puis revient en France en 1796.

Il écrit ses Mémoires, chef-d’œuvre de pamphlet, et meurt d’apoplexie à Paris le 18 mai 1799 (29 Floréal de l’an VII) à l’âge de 67 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (division 28) à Paris.

Voir aussi cette vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=NMb3gtXiHDc

Sources : Wikipédia, YouTube.