Paul Keres, joueur d’échecs.

Paul Keres (7 janvier 1916 à Narva, Estonie – 5 juin 1975 à Helsinki, Finlande) est un joueur d’échecs estonien, puis soviétique après l’occupation de l’Estonie par l’URSS en 1940. Il fut l’un des plus grands joueurs d’échecs de la fin des années 1930 au milieu des années 1960.

Keres a remporté le très fort tournoi AVRO de 1938, devançant les meilleurs joueurs des années 1930 : Fine, Botvinnik (futur champion du monde), Euwe (ancien champion du monde), Reshevsky (multiple candidat au championnat du monde), Alekhine (champion du monde de l’époque), Capablanca (aussi ancien champion du monde) et Flohr.

Candidat malheureux aux championnats du monde à plusieurs reprises, Keres a terminé troisième du championnat du monde d’échecs disputé en 1948 et quatre fois à la deuxième place des tournoi des candidats au championnat du monde, de 1953 à 1962, n’étant devancé à chaque fois que par les futurs vainqueurs du titre : Vassily Smyslov (en 1953 et 1956), Mikhaïl Tal (en 1959) et Tigran Petrossian (en 1962).

Keres a participé à onze olympiades de 1935 à 1964, dont quatre avec l’Estonie (y compris l’olympiade non officielle de Munich en 1936) et sept avec l’Union soviétique. Pendant quarante ans, il a multiplié les victoires en tournoi : de Bad Nauheim (en 1936, ex æquo avec Alekhine) à Tallinn (en 1975) et remporté trois fois le championnat d’échecs d’URSS (1947, 1950 et 1951).

Keres, entier postal, Estonie.

En raison de ces résultats solides, de nombreux historiens des échecs considèrent Keres comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire et le joueur le plus fort à n’être jamais devenu champion du monde. Il fut surnommé « Paul le deuxième », « L’Éternel second » et « Le Prince héritier des échecs »2. Keres, avec Viktor Korchnoi et Alexander Beliavsky vainquirent neuf champions du monde, plus que n’importe qui d’autre dans l’histoire des échecs.


Paul Keres naît à Narva, au nord-est de l’Estonie. Ses parents étaient estoniens et sa langue maternelle l’estonien. Enfant, il apprit le russe à l’école. Plus tard, à l’Université de Tartu, il compléta son apprentissage de la langue russe, ainsi que de l’allemand, en suivant des études de mathématiques. Il apprit à jouer aux échecs à l’âge de 5 ans (en 1921).

Il fait des études de mathématiques à l’Université de Tartu et sort diplômé de l’université en 1939, à 23 ans, tout en participant à des concours d’échecs à partir de 1929. Après ses études, il consacre son existence aux échecs. Il devint grand maître lors de la création du titre en 1950.

Il était aussi un excellent joueur de tennis. Dans sa jeunesse, il fut vice-champion d’Estonie de tennis.

Il meurt en 1975 d’un infarctus du myocarde à l’aéroport d’Helsinki, alors qu’il revenait en vainqueur du tournoi de Vancouver, étant en transit pour retourner en URSS. Il est inhumé au cimetière boisé de Tallinn.

Paul Keres fait ses premiers pas en 1929, à l’âge de 13 ans, au championnat de la ville de Pärnu où il occupe la deuxième place. Il remporte le championnat d’Estonie junior en 1930, 1932 et 1933 puis, en 1933 et 1934, participa aux demi-finales du championnat d’Estonie.

À partir de 1935, après avoir remporté le championnat d’Estonie ex aequo avec Friedmemann, il rencontre en match d’autres joueurs estoniens plus expérimentés que lui. Ainsi, il domine Friedemann (+2 -1) en match de départage et Feliks Kibbermann (+3 -1).

Ses succès lui permettent de faire son entrée sur la scène internationale : à 19 ans, il est sélectionné au premier échiquier de l’Estonie lors de l’Olympiade d’échecs de 1935 à Varsovie où il réalise la cinquième meilleure marque avec 12,5 points sur 19.

La même année, il termine premier à Tartu et deuxième des tournois internationaux de Tallinn et Helsinki.

1936 fut une année de rodage pendant laquelle il finit premier à Tallinn, 1er-2e à Bad Nauheim (ex æquo avec Alekhine), 8e-9e à Dresde (derrière Alekhine) et 3e-4e à Zandvoort (derrière Fine).

En 1938, après les tournois de Hastings où il termine 2e-3e derrière Reshevsky et Noordwijk et où il occupe la 2e place derrière Eliskases, Paul Keres remporte à 22 ans un triomphe au tournoi AVRO, disputé dans différentes villes des Pays-Bas, en finissant 1er ex æquo avec Reuben Fine et en devançant Botvinnik et trois champions du monde (Jose Raul Capablanca, Euwe et Alekhine).

Après ce succès, est fut considéré comme le légitime successeur d’Alekhine, champion du monde en titre qui était alors âgé de 46 ans.

En 1939, après un revers au tournoi d’entraînement de Leningrad-Moscou où il finit 12e-13e, il se rattrape à Margate (1er) et au tournoi de Buenos Aires (1er-2e avec Najdorf).

Au début de 1940, Paul Keres gagne un match contre l’ancien champion du monde Max Euwe (+6 -5 =3) et c’est à ce moment que l’URSS annexe l’Estonie.

À partir de cette année, il fit partie des meilleurs joueurs soviétiques et participa aux championnats d’URSS. Il finit ainsi 4e du XIIe championnat d’URSS de 1940 (+9 -4 =6) et 2e du match-tournoi pour le titre de champion absolu de l’URSS de 1941 (+6 -4 =10)

Cependant, lorsque l’Allemagne attaqua l’URSS et occupa l’Estonie en 1941, Kérès choisit de jouer dans les tournois organisés dans des pays occupés par l’armée allemande, ainsi qu’en Espagne franquiste. Ainsi, il participa aux tournois suivants : en 1942 : Salzbourg, Munich et Tallinn où se disputait le championnat d’Estonie qu’il remporta ; en 1943 : Prague, Poznań, Salzbourg, Madrid et à nouveau Tallinn où il conserve son titre de champion d’Estonie.

À la fin de la guerre, Keres est capturé par l’Armée rouge, ramené en URSS et temporairement détenu en captivité. Pourtant, il est rapidement autorisé à rejouer mais pas à se rendre à l’étranger. À partir de là, il redevient citoyen soviétique et joue pour son nouveau pays. Pendant trente ans, il connaît une formidable seconde carrière, bien qu’il n’accède jamais au titre suprême de champion du monde.

Son activité durant la Seconde Guerre mondiale explique, peut-être en partie, ses déboires.

Paul Keres a participé à treize finales du championnat d’URSS. Après l’annexion de l’Estonie par l’URSS, il participe pour la première fois en 1940 et finit quatrième, puis l’année suivante il termine deuxième du championnat d’URSS absolu, disputé juste avant l’invasion de l’URSS, en juin 1941.

De retour en URSS en 1944, il n’est pas autorisé à participer à la finale de 1945. Par la suite, il remporte trois fois le titre : en 1947 à Léningrad (+10 -1 =8), en 1950 à Moscou (+8 -2 =7) et en 1951 à Moscou (+9 -2 =6) devant Geller, Petrossian, Smyslov, Averbakh, Bronstein et Botvinnik.

En 1955, il bat Botvinnik lors de sa dernière partie dans un championnat d’URSS, le privant d’une septième première place. En 1957, il finit 2e-3e, derrière Tal. Il est sixième en décembre 1965 et ne participera plus jusqu’en 1973, à Moscou, où il finit douzième.

Le champion du monde Alexandre Alekhine étant décédé en 1946, le titre était vacant et la Fédération internationale des échecs organisa à La Haye et Moscou un match-tournoi où les cinq meilleurs joueurs mondiaux du moment étaient invités et se rencontrèrent en matchs individuels de cinq parties. Paul Keres termina à la 3e-4e place, ex aequo avec Samuel Reshevsky, après avoir battu Vassily Smyslov (+2 -1 =2) et Max Euwe (+4 =1), et perdu contre Mikhail Botvinnik (+1 -4) et Samuel Reshevsky (+1 -2 =2).

Beaucoup d’experts pensent qu’après la guerre, les autorités soviétiques, souhaitant un Russe de pure souche comme champion du monde, firent pression sur lui pour qu’il s’efface devant Botvinnik4. Quand on demanda à Keres pourquoi il n’avait jamais été champion du monde, il répondit : « Je n’ai pas été chanceux, comme mon pays. »

En 1950, Paul Keres dispute le premier tournoi des candidats de Budapest. Il y termine 4e (+3 -2 =13)

Sa victoire au XIXe Championnat d’URSS de 1951 le qualifie pour le cycle des candidats suivant, et il participe au deuxième tournoi des candidats de Zurich 1953 qui allait déterminer l’adversaire qui défierait Botvinnik. Smyslov s’imposa et Keres finit 2e-4e (+8 -4 =16).

On le retrouva au tournoi interzonal de Göteborg de 1955, où sa deuxième place (+9 -2 =9) lui permit de participer au troisième tournoi des candidats d’Amsterdam de 956. Il y fut à nouveau devancé par Smyslov et finit deuxième (+3 -1 =14).

Ce classement lui assura sa participation au match-tournoi des candidats de 1959, qui eut lieu en Yougoslavie à Bled, Zagreb et Belgrade. Il affronta chaque joueur quatre fois et il battit Mikhail Tal (+3 -1), Svetozar Gligorić (+2 =2), Fridrik Olafsson (+3 -1) et Pal Benko (+4), annula contre Vassily Smyslov (+1 -1 =2) et Bobby Fischer (+2 -2), et perdit contre Tigran Petrossian (-1 =3). Cette fois encore, il occupa la 2e place et dut laisser Tal affronter Botvinnik.

En 1962 à Curaçao, au tournoi des candidats suivant, il termina à l’éternelle 2e place ex aequo avec Efim Geller après avoir battu Viktor Kortchnoï (+1 =3), Pal Benko (+3 -1) et Miroslav Filip (+2 =2) et annulé contre Petrossian (=4), Efim Geller (=4) et Fischer (+1 -1 =2). Tal, souffrant, s’était retiré après 21 parties. Cette fois, ce fut Petrossian qui s’en alla affronter Botvinnik.

Afin de déterminer qui était le deuxième et lui assurer une place au tournoi des candidats du cycle suivant, Keres et Geller se rencontrèrent dans un match, que Keres gagna (+2 -1 =5).

À partir du cycle des candidats de 1964-1965, les tournois des candidats furent remplacés par des matchs à élimination directe. En 1965, à 49 ans, Paul Keres fut éliminé dès les quarts de finale par Boris Spassky (+2 -4 =4).

Absent des cycles 1966-1969 et 1969-1972, il revint en 1973 au tournoi interzonal de Petropolis où il termina 12e-13e (+3 -4 =10).

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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