Paul de Tarse (Saint-Paul), personnalité du paléochristianisme.

Paul de Tarse ou saint Paul, portant aussi le nom juif de Saul, né au début du ier siècle probablement à Tarse en Cilicie et mort vers 67 à Rome, est une personnalité du paléochristianisme. Juif et citoyen romain de naissance, il persécute les disciples de Jésus de Nazareth avant de se revendiquer apôtre de ce dernier, bien qu’il n’appartienne pas au cercle de Douze.

Paul de Tarse devient dès lors l’une des figures majeures de la diffusion du christianisme en-dehors des cercles juifs et judéo-chrétiens ainsi que dans certaines des premières communautés chrétiennes en Asie mineure, en Grèce et à Rome. La tradition chrétienne le surnomme pour cette raison l’« Apôtre des Gentils » c’est-à-dire des non-juifs, ou encore d’« Apôtre des Nations ».

Au cours de sa mission itinérante, qui s’étale des années 40 aux années 60, il adresse un certain nombre de lettres à ces nouvelles communautés. Ces lettres, dites « épîtres pauliniennes » écrites avant les Évangiles, sont les documents les plus anciens du christianisme. Elles représentent l’un des fondements de la théologie chrétienne, en particulier dans le domaine de la christologie, mais aussi, d’un point de vue historique, une source majeure sur les origines du christianisme.


Selon les écrits de Paul lui-même, on peut savoir qu’il est issu d’une famille juive et qu’il peut tracer son ascendance généalogique à la tribu de Benjamin, comme on peut lire dans les passages suivants : « moi, circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d’Hébreux […]p 1, » « Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Loin de là ! Car moi aussi je suis israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. » et « Sont-ils Hébreux ? Moi aussi. Sont-ils Israélites ? Moi aussi. Sont-ils de la postérité d’Abraham ? Moi aussi. » De plus, selon Luc, il provient de Tarse en Cilicie, une région située dans la partie méridionale de l’actuelle Turquie, comme on peut le lire dans les passages suivants : « Je suis Juif, reprit Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans importance. […] » et « Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie […] ». Selon saint Jérôme, il serait plutôt né à Giscala en Galilée et sa famille aurait été déportée à Tarse alors qu’il était encore un enfant.

La date de naissance de Paul est inconnue, mais il est possible de déterminer qu’il est probablement venu au monde juste avant ou juste après le début du ier siècle.

Paul aurait été instruit dans sa jeunesse à Jérusalem pour y apprendre la loi par Gamaliel. Il le mentionne lui-même en disant : « Je suis juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j’ai été élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui. »

Paul connaissait l’araméen et l’hébreu. Sa langue maternelle est le grec de la koinè6, et c’est dans la traduction des Septante qu’il lit la Bible. Il ajoute à son nom hébraïque, Saül — [sol], hébreu : שאול – Šā’ûl qui signifie « demandé [à Dieu] » et qui se prononce [ʃaul] en hébreu —, le cognomen romain de Paulus. Les études récentes ont fait apparaître une maîtrise de la diatribe grecque8, ce qui suppose une éducation sérieuse à Tarse. Il était de famille apparemment aisée, puisqu’elle possédait le droit de cité romain, ce qui ne l’a pas empêché, selon une pratique assez courante à l’époque dans les familles juives, et en particulier parmi les rabbins, d’apprendre un métier manuel : les Actes nous apprennent qu’il fabriquait des tentes, c’est-à-dire qu’il était probablement tisserand ou sellier.

La conversion de Paul a eu lieu entre 31 et 36. Selon les Actes des Apôtres, l’événement s’est produit au cours d’un voyage vers Damas. Le Nouveau Testament le présente comme un persécuteur des disciples de Jésus jusqu’à sa rencontre mystique avec le Christ, vers 32-36, mais l’historicité de ces persécutions fait débat dans la recherche moderne, tout comme l’emploi du mot « conversion » à son propos.

Les Actes relatent en ces termes la rencontre mystique de Paul avec Jésus-Christ ressuscité : « [Paul] tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons. » Paul sortit de cette rencontre bouleversé et persuadé que celui qu’il persécutait était le Seigneur donné par Dieu pour le salut de son peuple. Selon les Actes, à la suite de ce bouleversement, il perdit la vue pendant trois jours. Ensuite, il fut baptisé au nom du Christ par Ananie de Damas lorsque ce dernier « imposa [ses] mains à Saul, en disant : Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t’est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m’a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli du Saint-Esprit. » Immédiatement après cela, « il recouvra la vue. Il se leva, et fut baptisé. »

Sa fonction d’apôtre est confirmée par les trois « colonnes » qui dirigent le mouvement  : Jacques le Juste, Pierre et Jean. Il se présente alors lui-même lors de ses voyages comme un apôtre désigné directement par le Christ, et comme le bénéficiaire de la dernière apparition de Jésus.

Il fut l’apôtre qui favorisa activement, sans en être cependant l’initiateur, l’« ouverture vers les gentils » — c’est à dire les non-juifs — de l’Église naissante. Pour les premiers chrétiens, juifs d’origine, la Loi de  Moïse n’était pas remise en question et les « incirconcis » demeuraient des personnes peu fréquentables, auxquelles le message du Christ ne semblait pas destiné. Paul, à la suite de Barnabé, alla prêcher chez eux. Si Paul a tenté de donner une portée plus universaliste au judaïsme, il n’a en revanche jamais voulu rompre avec lui. Sa prédiction garde toujours un caractère profondemment synagogal. Paul, d’ailleurs, davantage qu’aux « gentils » s’adresse aux « judaïsants », c’est-à-dire aux prosélites d’origine grecque déjà prédisposés à certaines croyances et pratiques juives.

Après sa conversion, Paul séjourne quelque temps à Damas, puis en Arabie, ensuite à Jérusalem, Tarse, avant d’être invité par Barnabé à Antioche. C’est de cette ville qu’il partira pour ses voyages missionnaires. On peut dater ses voyages dans un intervalle de quelques années de 45 à 58 environ.

Son premier voyage, estimé de 45 à 49, est un aller-retour qu’il effectue en compagnie de Barnabé et de Jean Marc (cousin de Barnabé). Il visite Chypre (Paphos), la Pamphylie (Pergé) et prêche autour d’Antioche de Pisidie. Paul et Barnabé cherchent à convertir des Juifs, prêchent dans les synagogues, sont souvent mal reçus et obligés de partir précipitamment – à cause de leur annonce du salut et de la résurrection en Jésus (Actes 13:15-41) mais pas forcément mal reçus (Actes 13:42-49). Sur le chemin du retour, ils ne repassent pas par Chypre et se rendent directement de Pergé à Antioche.

Généralement autour de l’année 50 et dont l’ordre de déroulement lui-même fait l’objet de débats16 — sont les deux premiers épisodes attestés d’un profond différend qui s’est développé à l’intérieur même du mouvement des disciples de Jésus. Il va opposer, de manière parfois très vive et durant plus d’une décennie, Paul représentant les chrétiens d’origine grecque, à Pierre et Jacques représentant les chrétiens d’origine judéenne.

De manière plus générale, ces événements — avec d’autres péripéties conservées dans certaines lettres de Paul, citées par Mimouni. — ont eu une incidence considérable sur les rapports entre les deux tendances principales : les « pauliniens », d’une part, qui soulignent la valeur de la croyance dans le Messie et les « jacobiens » et « pétriniens », d’autre part, qui maximalisent la portée de l’observance de la Torah : en d’autres termes, est-ce que le salut s’obtient par la croyance au Messie ou par l’observance de la Torah ? Les premiers sont à l’origine du courant rétrospectivement appelé « pagano-christianisme » et les seconds à celui nommé « judéo-christianisme ».

Paul rapporte de façon assez détaillée, mais naturellement de son point de vue, ce conflit et la réunion de Jérusalem dans une lettre écrite aux communautés de Galatie, probablement la communauté d’Éphèse, dans les années 54-55, alors que le « document paulinien » qui a servi à rédiger la partie relative à cet épisode dans les Actes des Apôtres daterait d’une trentaine d’années après les faits.

Les débats que soulèvent ces événements ne sont pas doctrinaux ni liés à la théologie de Paul — qui semble se développer ultérieurement — mais d’ordre rituel et consécutifs à un phénomène nouveau, l’apparition d’adeptes non juifs au sein du mouvement de Jésus, Grecs issus du paganisme. L’observance des règles prescrites dans la Torah par ces chrétiens d’origine polythéiste — par exemple la question de la circoncision, déjà problématique médicalement pour un adulte à l’époque, mais en plus interdite pour un non-juif dans la société romaine — est devenue une question épineuse.

Lors de la réunion de Jérusalem, l’observance de la Torah par les chrétiens d’origine polythéiste est examinée et la question de la circoncision y est notamment soulevée par des pharisiens devenus chrétiens. Examinée par les apôtres et les presbytres (« anciens ») en présence de la communauté, elle est arbitrée par Pierre qui adopte le principe suivant, accepté par Jacques, l’autre dirigeant de la communauté hiérosolymitaine : Dieu ayant purifié le cœur des païens par la croyance en la messianité de Jésus, il n’y a plus de raison de leur imposer le « joug » de la Torah.

Toutefois, Jacques reste inquiet par des problèmes pratiques, qui naîtront dans les « communautés mixtes »21 qui réunissent les chrétiens d’origine juive et ceux d’origine païenne : les premiers ne doivent pas avoir à craindre de souillure à la fréquentation des seconds qui doivent observer un minimum de préceptes qui sont communiqués par une lettre à destination de ces derniers, connue sous le nom de « décret apostolique ». Mais il n’y est plus question de la circoncision, pourtant à l’origine du débat.

La réunion de Jérusalem n’a pas réglé le problème de la coexistence de chrétiens de divers courants et origines culturels, notamment au moment des banquets cérémoniels, le partage eucharistique. C’est à la même époque que prend place un épisode de tension entre Paul et Pierre, connu sous le nom de « conflit » ou « rupture » d’Antioche, au terme duquel Paul quitte Antioche, dans ce qui s’apparente à un exil d’une communauté qu’il a contribué à fonder.

Après la réunion de Jérusalem, les Actes des Apôtres mentionnent la lettre écrite par les apôtres Jacques, Pierre et Jean avec les anciens de la communauté de Jérusalem est envoyée aux communautés d’Antioche, de Syrie et de Cilicie – zone de mission confiée à Paul et Barnabé – et probablement portée par ceux qu’une épître de Paul appelle les « envoyés (apostoloi, apôtres) de Jacques ». On ne sait toutefois pas si ce document, qui soulève de nombreuses questions d’ordre littéraire et historique, est à l’origine du différend ou s’il a été rédigé pour apaiser les esprits après l’incident.

À la lumière d’une lettre de Paul, il est possible que l’observance de ces quatre clauses ait visé à résoudre l’épineux problème de la communauté de table entre les disciples d’origine juives et d’origine païenne, même s’il n’en est fait aucune mention dans le décret tel qu’il a été conservé.

En tout état de cause, la venue des « envoyés de Jacques » à Antioche, avec probablement des directives orales, semble avoir provoqué un bouleversement dans les habitudes des communautés chrétiennes de la ville où les judéo-chrétiens et les « pagano-chrétiens » avaient pris l’habitude de prendre les repas symbolisant l’eucharistie en commun. Ce à quoi la venue des émissaires de Jacques, muni de ses directives, semble avoir voulu mettre un terme. Cela ne se passe pas sans émoi et Paul prend vertement à partie l’apôtre Pierre qui, alors qu’il partageait jusque-là les repas en compagnie des « paganos-chrétiens », se tient à l’écart de ceux-ci consécutivement au passage des envoyés de Jérusalem, se voyant alors reprocher son hypocrisie.

C’est peut-être l’attitude tranchante de Paul dans certaines de ses lettres à la suite de ces événements — et d’autres dans ses missions ultérieures — qui a fourni au « parti des circoncis », insatisfait de l’arbitrage de Jérusalem et n’ayant pas renoncé à imposer l’observance de la Torah pour le salut des fidèles30, une raison de considérer ce dernier comme rompu par lui, initiant contre Paul, lors de sa visite à Jérusalem de 58, un cycle de procès et d’incarcérations qui le mèneront, si l’on suit les Actes — de Jérusalem à Rome.

Paul effectue son deuxième voyage, vers 50-52, en compagnie de Silas. Son premier objectif est de rencontrer à nouveau les communautés qui se sont créées en Cilicie et Pisidie.

À Lystre, il rencontre Timothée qui continue le voyage avec eux. Ils parcourent la Phrygie, la Galatie, la Mysie. À Troie, ils s’embarquent pour la Macédoine.

Paul séjourne quelque temps à Athènes où il est moqué par les philosophes épicuriens et stoïciens mais convertit Denys l’Aréopagite et une femme nommée Damaris puis à Corinthe où il est conduit au tribunal et acquitté par le proconsul d’Achaïe Gallion. Celui-ci est le frère aîné de Sénèque avec qui Paul entretient une correspondance dont l’authenticité est débattue par les théologiens et les historiens.

Il retourne ensuite à Antioche en passant par Éphèse et Césarée.

Le troisième voyage, entre 53 et 58, est une entreprise de consolidation : Paul retourne voir les communautés qui se sont créées en Galatie, Phrygie, à Éphèse, en Macédoine jusqu’à Corinthe. Puis il retourne à Troie en passant par la Macédoine. De là, il embarque et finit son trajet par bateau jusqu’à Tyr, Césarée et Jérusalem où il est arrêté.

Dans les Actes des Apôtres, il est rapporté que lors de son dernier séjour à Jérusalem en 58, Paul a été accueilli très chaleureusement par Jacques le Juste, le « frère du Seigneur » et chef de la communauté des nazôréens, ainsi que par les anciens (Actes 21:17-26). Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux juifs de la diaspora l’« apostasie » vis-à-vis de « Moïse », c’est-à-dire le refus de la circoncision de leurs enfants et l’abandon des règles alimentaires juives. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi, il doit entamer son vœu de naziréat et payer les frais pour quatre autres hommes qui ont fait le même vœu. Puis, ils lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d’origine païenne, que Paul n’aurait pas remplies.

Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des Juifs d’Asie entraîne l’arrestation de Paul alors qu’il se trouve dans le Temple. Paul est accusé d’avoir fait pénétrer un « païen », Trophime d’Éphèse, dans la partie du Temple où ceux-ci sont interdits sous peine de mort. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée » puis plus tard à Rome. Selon Simon Claude Mimouni, cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d’observance, probablement lié à la crise provoquée par les Zélotes, qui aboutira en 66 « à une révolte armée des Juifs contre les Romains ».

Paul comparaît devant le procurateur Antonius Felix, alors que le grand-prêtre Ananie soutient l’accusation contre lui. L’orateur Tertullus l’accuse alors de « susciter des séditions chez tous les Juifs de la terre habitée ». Toutefois, Felix ne statue pas sur son cas et le maintient en prison à Césarée. Pour décider du sort de Paul, Porcius Festus le successeur de Felix, organise en 60 une autre comparution devant lui, en y associant Agrippa II et sa sœur Bérénice.

Selon le récit des Actes des Apôtres cité par Schwentzel, Bérénice « fait son entrée en grande pompe dans la salle d’audience où elle siège aux côtés d’Agrippa II, lors de la comparution de Paul à Césarée. Après le procès, elle participe à la délibération entre le roi et le gouverneur Porcius Festus (procurateur de Judée de 60 à 62). »

Ayant fait « appel à César » en tant que citoyen romain, Paul est renvoyé à Rome pour y être jugé.

Pendant le trajet de Césarée à Rome, l’action d’évangélisation de Paul se poursuit (Actes 28, 30-31). C’est au cours de ce voyage qu’il fait naufrage à Malte « où les habitants lui témoignent une humanité peu ordinaire » (Actes 28:1-2). Après il débarque à Pouzzoles où il est reçu par une petite communauté chrétienne (Actes 28:13-14). Il serait arrivé à Rome vers 60. On aurait permis à Paul de vivre dans une maison privée sous la garde d’un soldat, avec l’assistance de l’esclave Onésime (Phil 8-19).

Icône de saint Paul, par Andreï Roublev (v. 1407), galerie Tretiakov, Moscou.
Selon Eusèbe de Césarée, « après avoir plaidé sa cause, l’apôtre repartit de Rome, de nouveau, dit-on, pour le ministère de la prédication » : Marie-Françoise Baslez estime « vraisemblable » la mission en Espagne, que Clément de Rome évoque dans son épître à la fin du Ier siècle. « Les Actes de Pierre, biographie romancée composée vers 180, affirment la réalité du voyage espagnol et l’interprètent comme une nouvelle étape dans l’évangélisation du monde païen. » Selon les Actes de Pierre, « pour accomplir cette tâche, ses fidèles de Rome lui donnent un an ».

La lettre à Tite ainsi que les deux adressées à Timothée situent les dernières années de Paul dans la province romaine d’Asie. Elles sont écrites par des contemporains de Paul et « les indications de personnes et de lieux, dépourvues de significations particulières, ont toutes chances d’avoir un caractère historique. » Paul arrive à Éphèse vers 65, « alors que le groupe chrétien de la ville est en crise. » Il oblige Timothée à lui céder sa place à la tête de la communauté des chrétiens, « mais face aux difficultés que lui font ses opposants, il se retire à Milet et demande à Tychique de lui succéder. »

Durant deux années, Éphèse constitue la base de la mission de Paul en direction des « Juifs et des Grecs » de la province romaine d’Asie. C’est à cette communauté que Paul adresse son épître aux Éphésiens, — dont l’authenticité est discutée.

Paul est arrêté dans la province d’Asie. Cette fois encore, l’accusation de subversion motive son arrestation.

Plusieurs passages des épîtres de Paul laissent entendre que l’apôtre souffrait d’une maladie chronique potentiellement mortelle. Lorsqu’il aborde cette question, Paul en parle comme d’une « écharde » enfoncée dans sa chair. Le mot grec qu’il utilise, skolops, désigne littéralement un « pieu » ou un « pal ». Plusieurs pathologies ont été suggérées : ophtalmie purulente, épilepsie, thalassémie, paludisme. Plusieurs chercheurs se sont prononcés en faveur de cette dernière hypothèse dont l’archéologue écossais William Mitchell Ramsay, le père Ernest-Bernard Allo et l’historien Thierry Murcia. Le paludisme était la maladie la plus répandue dans l’Antiquité et les crises paludéennes, dont on ignorait l’origine, étaient alors fréquemment attribuées à l’action d’un démon.

Thierry Murcia précise : « Paul identifie le responsable supposé du mal dont il souffre : un « ange de Satan chargé de [le] souffleter » (2 Corinthiens 12, 7). Malgré ses prières, confie-t-il, ce messager démoniaque revenait périodiquement à la charge pour le torturer (2 Corinthiens 12, 8-9). Et c’est lors d’une de ces fameuses crises que Paul annonce pour la première fois l’Évangile aux Galates. Dans la lettre qu’il leur adresse, l’Apôtre oppose alors, par antithèse, à l’oppression de cet « ange de Satan », l’accueil digne d’un « ange de Dieu » qu’ils lui ont réservé (Galates 4, 13-14). Paul s’en félicite et les loue plus spécialement de s’être abstenus de « cracher » devant lui (Galates 4, 14). Mieux qu’une simple marque de dégoût ou de mépris – comme l’ont compris la plupart des traducteurs – il faut plutôt y voir ici une forme de conjuration : un geste de rejet superstitieux visant à se protéger de l’esprit maléfique qui était censé avoir pris possession du corps du malade ou qui, du moins, le tourmentait ».

La fin de sa vie reste obscure : les Actes des Apôtres se terminent brusquement sur l’indication qu’il est resté deux ans à Rome en liberté surveillée. Ainsi, ni le martyre de Jacques le Juste (62), ni celui des deux héros des Actes — Pierre et Paul — ne sont racontés. Par contre, plusieurs sources évoquent sa mission à Éphèse vers 65 et une deuxième arrestation le conduisant à nouveau à Rome.

Traditionnellement, la mort de Paul est associée à la répression collective des chrétiens de Rome, accusés d’avoir incendié la ville en 64. Il n’existe cependant aucune source qui établisse un lien entre cette répression et la condamnation de Paul51. En outre, la Première épître de Clément (5,7 et 6,1) « distingue clairement le martyre de l’apôtre et la persécution de 64 ». Les plus anciennes indications chronologiques au sujet de sa mort datent du ive siècle et font référence aux années 67-68 sous le règne de l’empereur Néron. Pour M.-F. Baslez « les Actes du martyre de Paul, tel que le souvenir s’en conserva dans la province romaine d’Asie jusqu’au IIe siècle, situent l’événement dans le même contexte que l’Épître aux Philippiens et que la Deuxième épître à Timothée. » Paul aurait donc continué ses activités missionnaires après avoir été relâché, avant d’être de nouveau arrêté et ramené à Rome pour y être jugé.

Après sa condamnation, Paul est conduit à la sortie de Rome, sur la Via Ostiense, pour y être décapité. Outre Luc et Tite, il aurait été entouré par des convertis issus de la maison impériale. La tradition orale des chrétiens de Rome indique qu’il se tourna vers l’orient pour prier longuement. « Il termina sa prière en hébreu pour être en communion avec les Patriarches. Puis il tendit son cou, sans plus prononcer un mot. »

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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