Mohamed Ali (alias Cassius Clay), boxeur.

Mohamed Ali nait le 17 janvier 1942 à Louisville, au Kentucky sous le nom de Cassius Marcellus Clay, Jr. À cette époque, le racisme qui touche les Noirs
du sud américain atteint une de ses formes les plus violentes et les plus
choquantes : la ségrégation. La vie quotidienne de la population noire
américaine est faite d’inégalités, d’agressions physiques et de
discriminations dans tous les domaines : emploi, école, santé, mariage,
logement, droit de vote, …

Considérés comme des citoyens de seconde zone, les Noirs n’étaient pas
autorisés à fréquenter certains lieux publics réservés exclusivement aux
Blancs. C’est dans ce décor d’injustices que Mohamed Ali grandit
dans un quartier noir de Louisville. Il commence à prendre des cours de
boxe à l’âge de 12 ans. Très rapidement, il remporte ses premières
victoires et passe professionnel.

Aux Jeux Olympiques d’été de 1960 à Rome, Mohamed Ali, alors âgé de 18
ans, remporte la médaille d’or des poids mi-lourd. Au-delà de son style de
boxe hors du commun et de ses résultats spectaculaires, la personnalité
du boxeur ne laisse personne indifférent. Ses déclarations publiques
et son sens de la répartie lui vaudront le surnom de « Louisville Lip » (la lèvre de Louisville). Tantôt provocateur, tantôt poète, son verbe est aussi
percutant que son poing. N’hésitant pas à chanter ses propres louanges et
à revendiquer sa négritude, le jeune athlète brille sur le ring et en dehors.

Dans un contexte où la lutte des noirs américains pour les droits civiques bat son plein, il devient une figure emblématique pour les militants dès
lors qu’il use de sa notoriété sportive comme tribune contre l’oppression
raciale des Noirs.

En effet, le jeune Clay s’interroge sur la place des Noirs au sein de la nation américaine et sur sa propre identité. Malgré la désapprobation de son entourage,il se rapproche de Malcom X et se fait appeler pendant quelques mois Cassius X. Le mouvement initié par Malcolm X insistait sur le fait que tous les noms portés par les Noirs américains étaient les noms attribués aux esclaves par les esclavagistes. Les Noirs américains ignorent donc leur vrai nom d’origine africaine. Pour cette raison, ils se faisaient appeler X. Converti à l’islam, il change finalement de nom pour Mohamed Ali.


Alors qu’on lui conseille de faire discrètes ses convictions religieuses pour garder la faveur du public blanc, Ali prend le chemin inverse. Il prend distance avec son américanité, affirme son identité de Noir et de musulman. Durant l’un de ses combats, son adversaire n’avait cessé de le nommer Cassius Clay pour le provoquer. Ali répondit après chaque coup et après l’avoir mis K.O : « Quel est mon nom ? ».

Sa notoriété se répand à travers le globe et Ali enchaine les victoires qui lui ouvrent la voie au titre de champion du monde poids lourd en 1963. Puis, fidèle à lui-même et ses convictions, il prend une décision politique qui lui coutera son titre et le mènera devant la justice. En 1966, il refuse de servir dans l’armée américaine engagée dans la guerre du Viêtnam. Déclarant qu’il n’a « rien contre les Viêt-Cong qui, eux, ne l’ont jamais traité de nègre », son engagement politique dérange les autorités qui craignent que la star en
inspire d’autres. La controverse bat son plein. Ali est critiqué, banni du ring, destitué de son titre de champion du monde et son passeport lui est retiré. Il est condamné à une amende de 10 000 dollars et à 5 ans d’emprisonnement.
Finalement, en 1971, il est innocenté par le Cour Suprême à l’unanimité. Coïncidence ou pas, c’est également en 1966, année où Ali est appelé à

servir et qu’il refuse, qu’Amnesty International prend position et considère comme objecteur de conscience « toute personne susceptible d’être appelée à accomplir son service militaire ou inscrite sur les listes d’appel au service qui refuse d’effectuer un service armé ou toute autre forme directe ou indirecte de participation aux guerres ou conflits armés, pour raison de conscience ou de conviction profonde. (…) Toute personne où qu’elle se
trouve, qui est détenue ou emprisonnée parce qu’elle a été privée de son droit d’effectuer un service de remplacement, sera adoptée comme prisonnier d’opinion par Amnesty International, qui demandera sa libération immédiate et sans condition. ».

De retour sur le ring, il récupère son titre et continue de faire trembler ses adversaires. Mais la fatigue et les séquelles d’une vie de boxe apparaissent sur le visage du champion qui dépose ses gants en 1981. Sa carrière de militant ne s’arrête pas pour autant. Il s’engage dans différentes causes humanitaires. En 1985, on lui demande de négocier la libération de ses compatriotes enlevés au Liban. En 1990, il plaide pour la paix auprès de Saddam Hussein à Bagdad et obtient la libération de quinze américains
capturés en Irak. En 1999, Ali soutient la campagne d’Amnesty

International visant à interdire les ceintures incapacitantes dans les prisons américaines. Solidaire de Nelson Mandela, qui est devenu son ami, il s’est engagé dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. La légende de la boxe est nommée « Messager de Paix » par les Nations Unies entre
1998 et 2008. Il reçoit également en 2005 la médaille présidentielle de la liberté, la plus haute récompense civile des Etats-Unis.

À peine arrête-t-il la boxe que la maladie de Parkinson est diagnostiquée chez Mohamed Ali. En 1996, aux Jeux Olympiques d’Atlanta, c’est à lui que revient l’honneur d’allumer la vasque. Tout tremblant, il expose devant des centaines de millions de téléspectateurs du monde entier les ravages de sa maladie. Fier et humble à la fois, il se voit remettre durant la cérémonie des Jeux, symboliquement, une nouvelle médaille d’or dans cette grande ville du sud des États-Unis où trente ans plus tôt la ségrégation raciale persistait.

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Sources : Mrax, YouTube.

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