Milan Rastislav Štefánik, astronome, homme politique, général et diplomate.

Milan Rastislav Štefánik, né le 21 juillet 1880 à Kosaras en Hongrie (aujourd’hui Košariská en Slovaquie), sous la montagne de Bradlo, au nord de Bratislava, alors Presbourg (hongrois : Pozsony) et mort le 4 mai 1919 à Ivanka pri Dunaji en Tchécoslovaquie, est un astronome, homme politique, général et diplomate slovaque. Il fut l’un des cofondateurs de la République tchécoslovaque.


Son père, le pasteur Pavol Štefánik, élève ses enfants dans la ferveur des idéaux patriotiques et slavophiles slovaques. Il grandit dans un environnement purement slovaque, où le sentiment national est profondément ancré.

Il fait ses études aux lycées de Presbourg (Lycée évangélique), de Sopron et de Sarvas. Puis, il choisit d’étudier à Prague plutôt qu’à Budapest.

Il y commence, à 18 ans, pour respecter le désir de son père, des études d’ingénieur du bâtiment. Il préfère vite les cours d’astronomie et de mathématiques de l’université Charles de Prague. Son intelligence extraordinaire et sa personnalité attachante lui facilitent l’accès au monde de la science et de la culture tchèques. Membre et président de Detvan, l’association des étudiants slovaques de Prague, il collabore à plusieurs revues culturelles slovaques et tchèques et fait connaître au public tchèque la Slovaquie, les Slovaques, leur culture et leur vie politique. Il s’engage avec ferveur contre la politique de « magyarisation » qui régnait alors mais aussi contre la passivité des hommes politiques slovaques de l’époque. Il est persuadé de la nécessité d’une co-opération slovaco-tchèque pour libérer les deux nations du pouvoir étranger et accéder à l’indépendance. C’est à cette époque qu’il est influencé par l’universitaire Tomáš Masaryk, qui définit alors les peuples tchèque et slovaque comme « deux particules d’une même nation ».

Stefanik, carte maximum, Tchécoslovaquie, 1948.

Son doctorat en poche, Štefánik arrive à Paris en 1904 pour poursuivre ses études d’astronomie. Il devient l’assistant du professeur Jules Janssen à l’observatoire de Meudon. Sous son influence, Štefánik consacrera dix ans à l’astronomie. Il publie, dès ses débuts, douze traités scientifiques et organise, pendant sept années consécutives, des expéditions d’observation astronomique sur le sommet du Mont Blanc. Il voyage en Espagne puis au Turkestan et visite aussi l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, l’Italie, la Suisse, la Roumanie, la Russie, les États-Unis, le Brésil, l’Équateur, Tahiti (à l’occasion du passage de la comète de Halley en 1910), la Nouvelle-Zélande, les îles Fidji, l’Australie etc. Il s’établit, en 1909, au no 6 de la rue Leclerc dans le 14e arrondissement de Paris où il vivra jusqu’en 1919.

Après 1908, Štefánik voyage au service du gouvernement français pour lequel il accomplit d’importantes missions diplomatiques. En effet, un groupe de députés propose la mise en place d’une chaîne de stations radio-télégraphiques qui relierait toutes les colonies françaises. Štefánik s’avère être l’homme idoine pour la réalisation de ce projet. Ses dernières expéditions à Tahiti et en Équateur (1913), en tant que citoyen français, lui valent la Légion d’honneur mais aggravent la maladie d’estomac dont il souffre déjà. Il subit, sans succès, une première opération et une deuxième en 1915, qui n’apportera pas d’amélioration à son état. Il supportera alors des douleurs fréquentes, qui ne le quitteront plus.

Les aspirations scientifiques de Štefánik se briseront avec la Première Guerre mondiale. Il demande à être incorporé dans l’Armée de l’air française, débute sa formation de pilote en janvier 1915 à l’école d’aviation militaire de Chartres, réputée (future base aérienne 122 Chartres-Champhol).

Il participe très vite aux combats dans l’escadre aérienne MF-54 aux environs d’Arras.

Stéfanik, bloc souvenir, 2003.

Sa rapide montée en grade s’explique par sa capacité à adapter ses connaissances scientifiques aux besoins militaires. Il est chargé de la création du service météorologique de l’Armée française. Il est blessé en 1915.

Dès 1915, il organise une escadrille formée de volontaires slovaques et tchèques. Par la suite, son escadre est affectée en Serbie, mais Štefánik, gravement malade, doit être transporté d’urgence à Rome. Une nouvelle étape de sa vie s’amorce alors. Il consacrera dorénavant son activité à la création d’un État libre et indépendant pour les Tchèques et les Slovaques. Dès que son état de santé le lui permet, il repart pour Paris, où il rencontre Edvard Beneš et Masaryk. C’est ici que naît le dicton : « Masaryk pense, Beneš le dit et Štefánik le fait ».

C’est lui qui convainc le gouvernement français de soutenir la cause de la Tchéco-Slovaquie. Il est de ceux qui fondent le Conseil national tchécoslovaque (dont il deviendra plus tard le vice-président) et c’est lui qui se charge de l’organisation de l’armée tchéco-slovaque indépendante. Avec Beneš, il obtient des promesses du gouvernement français pour l’armement de ses unités. Štefánik recrute des soldats en Roumanie dans les camps de prisonniers. Il part aussi aux États-Unis, où l’enrôlement est un succès (3 000 volontaires s’engagent et d’importantes sommes d’argent sont versées à la cause).

Štefánik comprend que la politique visant à la création de la future Tchécoslovaquie doit être soutenue par une force armée réelle. À son retour à Paris, il prend part à la rédaction du “Décret de constitution de l’armée tchécoslovaque en France”, proclamé le 16 décembre 1917. Il continue à former des Légions tchécoslovaques en Italie (février 1918) et en Russie (mars 1918). À son arrivée en Sibérie en juin 1918, il est général et, après les négociations d’octobre à Genève, il est nommé ministre de la Guerre du nouveau gouvernement tchécoslovaque.

Dans sa nouvelle fonction, Štefánik propose de replier les Légions tchécoslovaques à l’arrière du front et de les acheminer vers leur patrie nouvellement constituée. Dans ce cadre, il entreprend un voyage vers la Tchécoslovaquie indépendante. Malgré les avertissements de ses amis, il décide de prendre l’avion car il a reçu un appel télégraphique du ministre Srobar (de) qui l’appelle d’urgence à Bratislava à cause de l’avancée de l’Armée rouge hongroise.

Le 4 mai 1919, son appareil (un Caproni 11495) s’écrase près de Bratislava, juste avant l’atterrissage. On ne dénombrera aucun survivant. Aujourd’hui encore, les circonstances de l’accident n’ont pas été éclaircies. Officiellement, la cause en est une panne de moteur.

Il apparaît cependant que l’arrivée de Štefánik en Tchécoslovaquie ne se serait pas passée sans changements politiques notables. Štefánik avait en effet plusieurs projets d’organisation destinés, avant tout, à la Slovaquie mais aussi dans plusieurs autres domaines. Son intervention aurait, semble-t-il, mieux pris en compte certaines aspirations du peuple slovaque.

Sur sa tombe, Ferdinand Foch déclara :

« C’était un cœur rare, une âme noble, un esprit extraordinaire qui s’est entièrement dévoué pour notre cause dès que les circonstances l’exigeaient. Il mérite la reconnaissance de l’humanité entière. Sa présence va nous manquer. Son souvenir va vivre dans les cœurs de nous tous. »

Voir aussi cette vidéo : (en slovaque)

Sources : Wikipédia, YouTube.

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