Mikhaïl Toukhatchevski, militaire.

Mikhaïl Nikolaïevitch Toukhatchevski (en russe : Михаил Николаевич Тухачевский ; en polonais : Michaił Tuchaczewski) est un militaire russe puis soviétique, né le 16 février 1893 dans la province de Smolensk et mort le 12 juin 1937 à Moscou. Maréchal de Staline à l’âge de 42 ans, il est éliminé deux ans plus tard.


Il est né le 16 février 1893, dans le village d’Alexandrovskoïe (aujourd’hui Slednevo), dans le gouvernement de Smolensk dans l’ouest de la Russie, de Nikolaï Nikolaïevitch Toukhatchevski et Mavra Petrovna Toukhatchevskaïa, au sein d’une famille d’officiers et de fonctionnaires.

Après avoir fréquenté l’académie militaire Alexandre, il devient sous-lieutenant de l’armée impériale russe en 1914. Il est fait prisonnier par les Allemands au cours de la campagne de Galicie en février 1915. Il est notamment détenu au fort d’Ingolstadt avec un jeune officier français, Charles de Gaulle et le futur journaliste Rémy Roure, mais réussit à s’évader à la fin de l’été 1917, par la Suisse puis la France. Il arrive à Petrograd (actuelle Saint-Pétersbourg) début octobre 1917, juste à la veille de la révolution russe.

Au début de 1918, resté dans l’armée, il devient membre du Parti  bolchevique et on le nomme aussitôt commissaire militaire. Lors de la guerre civile qui s’ensuit, il mène alors toute une série de combats sur les différents fronts sans connaître aucune défaite. Le jeune commissaire a, sous son commandement, les armées entières, à la tête desquelles il entreprend avec succès les opérations de Simbirsk, Sizran, Bougourouslan, Bougoulma, Oufa, Tcheliabinsk, Caucase du Nord, etc.

En avril 1920, à la tête des armées du front de l’Ouest, il commande l’offensive contre la Pologne et, pour galvaniser ses hommes, lance son fameux ordre du jour : « La route de l’incendie mondial passe sur le cadavre de la Pologne ! ». Il échoue cependant devant Varsovie et met ouvertement en cause Kliment Vorochilov et Staline pour avoir entravé son action, les rendant responsables de cet échec. Toukhatchevski avait réclamé en renfort la 1ère de cavalerie du général Boudienny, mais Staline le lui avait refusé car ce dernier bataillait à Lvov, dont il faisait de la prise une question de prestige. Staline, en retour, n’oubliera jamais cet affront.

En 1921, sur ordre du parti communiste, il écrase la révolte des marins de Kronstadt, qui fait plusieurs milliers de morts. En été de 1921, Toukhatchevski n’hésite pas à bombarder les populations aux gaz toxiques pour mater la grande révolte des campagnes de Tambov, appliquant ainsi l’ordre no 171 émanant du Politburo qui précisait que « les forêts où les bandits se cachent doivent être nettoyées par l’utilisation de gaz toxique. Ceci doit être soigneusement calculé afin que la couche de gaz pénètre les forêts et tue quiconque s’y cache. »

La guerre civile terminée, il participe activement à la réorganisation de l’armée. Il est nommé commandant de l’Académie militaire de l’Armée rouge en août 1921. Il devient chef de l’État-Major général de 1924 à 1928, puis commandant de la région militaire de Leningrad. En 1931, il est ministre adjoint de la défense nationale et chef des armements de l’Armée rouge. Il est élevé au rang de maréchal en 1935, seulement âgé de 42 ans.

Cependant, Toukhatchevski doit affronter de nombreux ennemis, dont le futur maréchal Chapochnikov qui lui succédera, ou d’autres officiers qui le voyaient comme un arrogant aux plans grandioses. Cela arriva aux oreilles de Staline, qui avait une dent contre Toukhatchevski depuis la campagne de Pologne. En 1930, Staline fit travailler l’OGPU à des accusations contre lui : les enquêteurs de l’OGPU montèrent alors un dossier contre  Toukhatchevski, mais Sergo Ordjonikidze, que Staline sonda, refusa d’aller plus loin. Staline fit alors machine arrière en reconnaissant son innocence et s’excusa auprès de lui, reconnaissant même la modernité de ses stratégies.

Pourtant il sera la plus connue des victimes des Grandes Purges ordonnées par Staline contre l’appareil militaire en 1936-1937, qui, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, décapita tout le haut commandement de l’Armée rouge en touchant la quasi-totalité des généraux et tous les amiraux. Devant l’imminence du péril, des officiers survivants, restés prisonniers, furent néanmoins réhabilités en 1939-1940 et réintégrés à leur poste ou mis en retraite. Mais en ce qui concerne Toukhatchevski, Staline prit la décision de le faire exécuter sur la base d’un dossier de trahison monté avec Nikolaï Iejov, chef du NKVD.

Très inquiet devant la montée en puissance de l’Allemagne, Toukhatchevski s’active, au cours de ses déplacements en Occident, notamment lors des obsèques de George V, à inciter les dirigeants qu’il rencontre à monter une coalition anti-allemande. Certes, inquiet lui aussi du danger allemand, Staline ne veut à aucun prix d’un affrontement avec le Reich, dont il redoute la puissance ; d’autre part, Staline souhaite garder deux fers au feu et craint que les pays occidentaux ne tolèrent une guerre entre l’Union soviétique et le Reich, qui les épargnerait. Dans cet esprit, Staline retire son soutien aux Républicains espagnols en arrêtant les livraisons d’armes et commence à livrer à la Gestapo certains communistes allemands réfugiés en URSS dans le but de monter une alliance entre les deux pays.

Staline prit la décision de liquider Toukhatchevski quand, devant le Soviet suprême, celui-ci avait publiquement critiqué l’Allemagne et le danger qu’elle représentait. Il était en faveur d’une guerre préventive au vu du réarmement allemand. Conscient du prestige de sa cible, Staline procède prudemment. Un dossier de trahison est alors monté avec Nikolaï Iejov, chef du NKVD via, semble-t-il, la contribution du contre-espionnage (SD) nazi dirigé par Reinhard Heydrich, allié pour l’occasion. Son principe est le suivant : Staline veut se débarrasser de Toukhatchevski qui représente un danger pour son pouvoir absolu ; Hitler veut la même chose pour priver l’Armée rouge de son dirigeant le plus brillant. Une fausse information selon laquelle Toukhatchevski complote est alors transmise aux Allemands par Iejov qui manipule un russe blanc retourné ; ceux-ci l’amplifient en fabriquant des faux et les font passer aux Tchèques qui les relaient, en toute bonne foi, aux Soviétiques. Pour parachever leur œuvre, les services nazis font passer aussi une information par Paris.

Au défilé du 1er mai 1937, Toukhatchevski est encore au côté de Staline sur la place Rouge. Il est arrêté le 22 mai, condamné et exécuté le 12 juin 1937 par le bourreau Vassili Blokhine.

Source : Wikipédia.

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