Michel Ney, Maréchal d’Empire.

Michel Ney, duc d’Elchingen, prince de la Moskowa, maréchal d’Empire, né le 10 janvier 1769 à Sarrelouis en Lorraine et fusillé le 7 décembre 1815 place de l’Observatoire à Paris, est un général français de la Révolution, élevé à la dignité de maréchal d’Empire en 1804.

Le maréchal Ney, qui figure dans la première promotion des maréchaux nommés par Napoléon Ier en 1804, est surnommé par l’Empereur le « Brave des braves ».


Le général Kléber le fait nommer lieutenant de l’armée du Rhin en 1792, capitaine en 1794, puis chef d’escadron, et adjudant-général chef de brigade le 15 octobre 1794. C’est un des premiers généraux à repérer ses talents. Ses hommes lui ont déjà donné un surnom : « l’Infatigable ». Comme il est roux, ses hommes l’appellent affectueusement le « rougeaud », le « rouquin » ou « crâne de tomate » ; il n’est pas facile, orgueilleux, susceptible mais n’a peur de rien.

Il est promu général de brigade sur le champ de bataille le 1er août 1796, après avoir pris Wurtzbourg avec cent hommes de cavalerie seulement, et avoir forcé le passage de la Rednitz et pris Forcheim, 70 pièces de canons et d’immenses approvisionnements. En 1797, il contribue à la tête de ses hussards aux victoires de Neuwied et de Dierdorf. En 1798, Ney réédite son exploit et s’empare de Mannheim par la ruse, avec seulement cent cinquante hommes. Il est promu général de division le 28 mars 1799.

Maréchal Ney, carte maximum, Sarre, 3/08/1947.

Général de division en l’an IV, il signe avec les symboles maçonniques, car, comme beaucoup de militaires, il est franc-maçon. En septembre 1799, il commande provisoirement l’armée du Rhin. Ney fait faire, à la fin de septembre, entre Seltz et Mayence, quelques attaques qui réussirent complètement. Les Français s’emparent de Francfort, Hochstadt est enlevé de vive force, la Nidda est passée. Le coup d’État du 18 Brumaire n’a pas son soutien total. Le 5 août 1802, il épouse Aglaé Auguié, amie d’Hortense de Beauharnais depuis leur séjour à la pension de Mme Campan. Le mariage a lieu à Grignon avec Savary comme témoin.

Puis, Kléber part avec les troupes de la campagne d’Égypte, le futur maréchal Ney sert sous les ordres du non moins prestigieux général Moreau. Tous deux, ainsi que Richepance, mettent fin aux guerres de la Révolution, en remportant la bataille de Hohenlinden, le 3 décembre 1800.

Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire auprès de la République helvétique en 1802, il parvient à imposer le gouvernement unitaire voulu par le Premier consul et pacifier ce pays menacé de guerre civile, ce qui lui vaut l’estime de Talleyrand. Il y fera également la connaissance d’un historien curieux de stratégie, Jomini, qui va l’impressionner et aura sur lui une influence.

Nommé commandant de l’armée de Compiègne en 1803, il commande le 6e corps à Montreuil, au camp de Boulogne, ébauche de la future Grande Armée. Le 18 mai 1804, l’Empire est proclamé, et 18 maréchaux sont nommés ; Ney figure au 12e rang. Par la suite, il est nommé grand aigle le 2 février 1805.

Le 14 octobre 1805, il gagne la bataille d’Elchingen, décisive pour la reddition de la forteresse d’Ulm, le 21 octobre 1805, pour laquelle il reçoit le titre de duc d’Elchingen le 6 juin 1808.

La capitulation d’Ulm n’est que le prélude d’Austerlitz. Pendant que Napoléon Ier frappe ce grand coup, Ney, détaché vers le Tyrol avec la droite de la Grande Armée, termine la campagne en chassant du Tyrol l’archiduc Jean, en s’emparant d’Innsbruck et de la Carinthie.

Bientôt s’ouvre la campagne de Prusse. Présent à Iéna le 14 octobre 1806, Ney emmène ses divisions à l’assaut des lignes prussiennes. Mais, emporté par son élan, il se retrouve encerclé. Lannes le tire de ce mauvais pas. Le lendemain, il prend Erfurt et quelques jours plus tard entame le siège de Magdebourg, siège qui dure moins de 24 heures.

La bataille d’Eylau (8 février 1807), si elle n’est pas perdue grâce aux charges du maréchal Murat, est gagnée grâce à l’arrivée propice et inespérée du 6e corps commandé par le maréchal Ney. Avec seulement 14 000 soldats, il contraint les 70 000 soldats russes à se replier, à Guttstadt.

Le 6e corps était chargé de poursuivre le Prussien L’Estocq au nord. Mais le contact avec L’Estocq n’étant pas établi, Ney décide, en entendant les bruits de canon, de rejoindre le combat, parcourant 80 kilomètres en une seule journée.

La victoire de Friedland peut aussi être mise en partie à son crédit. En Espagne, il est moins heureux à cause de son caractère jaloux, de ses disputes avec Jomini, son chef d’état-major, et surtout à cause de la haine qu’il entretient à l’égard du maréchal Soult. Il commande les troupes françaises qui occupent la Galice.

En mai 1810, il reçoit le commandement de l’un des corps d’armée qui composent l’armée du Portugal sous les ordres du maréchal Masséna. Il participe à la bataille de Bussaco qui est une défaite.

Ses rapports avec Masséna sont tout aussi mauvais que ceux entretenus avec Soult. En effet, oublieux d’une certaine forme d’honneur dans ses responsabilités, les torts qu’il cause à Masséna en 1810-1811 Ney les a déjà causés à Soult en 18098. Fait unique pour un maréchal, il est démis de son commandement le 22 mars 1811, et rejoint Paris où Napoléon l’affecte à la formation des troupes françaises stationnées au camp de Boulogne.

Mais l’image d’Épinal représente à tout jamais le maréchal Ney lors de son héroïque campagne de Russie en 1812. Il y dirige le 3e corps d’armée. Pendant la phase offensive de la campagne, il occupe le centre du front de l’armée, et participe à des combats sanglants et frontaux tels que Smolensk ou Moskowa le 6 septembre 1812, où il reçoit une balle dans le cou. Ce dernier combat lui vaut le titre de prince de la Moskowa le 25 mars 1813.

Pendant la retraite, il se dévoue à l’arrière-garde de l’armée, et, durant quarante jours, il protège les débris de l’armée, permettant ainsi aux civils et aux blessés de disposer de plus de temps pour suivre la retraite.

Laissé à l’extrême arrière-garde après la bataille de Krasnoï, surnommée par les Russes la « bataille des héros », où il n’a plus que 6 000 hommes, il est attaqué par des Cosaques, en force supérieure qui lui ferment la marche ; il se retire devant eux, parvient à passer le Dniepr malgré le harcèlement, et rejoint Napoléon, après trois jours et d’audacieuses manœuvres.

Lors de la bataille de la Bérézina, il remporte une magnifique victoire. En faisant charger des cuirassiers sur des tireurs embusqués dans une forêt, il réussit l’exploit de faire 5 000 prisonniers avec seulement 7 000 hommes. Il sauve les débris de l’armée, et sort de Russie après des marches forcées et en affrontant encore de nombreux dangers.

Il participe aux batailles de Lutzen et de Bautzen. Durant cette dernière, son indécision empêche l’empereur de remporter une victoire décisive.

Ensuite il prend part à la campagne de Saxe avec Napoléon qui lui confie le commandement d’une armée précédemment commandée par Oudinot, avec pour mission de prendre Berlin. Le 6 septembre 1813, il expose le flanc de son armée aux forces prussiennes commandées par le lieutenant-général von Bülow, ce qui cause la défaite de Dennewitz. Le général Marbot écrit dans ses Mémoires : « Tout homme sensé chercherait en vain la raison des mouvements qu’il — le maréchal Ney — ordonne à Dennewitz ». Ney bat ensuite en retraite sur Torgau, où il s’efforce de réorganiser ses forces. Profondément marqué, il écrit à l’Empereur pour lui demander d’être libéré de ses fonctions. Il écrit : « J’aime mieux être grenadier que général dans de telles conditions. Je suis prêt à verser tout mon sang, mais je désire que ce soit utilement », mais Napoléon refuse.

Il combat ensuite à la bataille de Leipzig du 16 au 19 octobre 1813, au cours de laquelle il commande les forces du front nord sans parvenir à prendre l’avantage sur le corps de Langeron.

Il participe enfin à la campagne de France sous Napoléon, avec notamment la bataille de Montmirail.

À Fontainebleau, il presse l’Empereur d’abdiquer et se rallie aux Bourbons, ce qui lui vaut d’être nommé pair de France par Louis XVIII. Il est le premier des maréchaux à abandonner Napoléon après la capitulation de Paris.

La Restauration est une période contrastée pour le maréchal Ney, comme pour tous les autres « parvenus » de la Révolution française. Louis XVIII le comble d’honneurs, le fait Commandant en chef de la cavalerie de France, gouverneur de la 6e division militaire, mais les milieux aristocrates et les anciens émigrés raillent cette nouvelle noblesse fabriquée par l’« usurpateur ».

Lors du débarquement de Napoléon à Golfe-Juan, le 1er mars 1815, il propose au roi Louis XVIII de ramener Napoléon « dans une cage de fer » mais, au contraire, se rallie à l’Empereur. Contrairement à de nombreuses idées reçues, il n’y a pas eu d’affrontement entre les troupes du maréchal Ney et de Napoléon.

Sa décision prise, le maréchal Ney fait afficher sa proclamation de Lons-le-Saunier, le 15 mars :

« Soldats ! La cause des Bourbons est à jamais perdue. La dynastie légitime, que la nation française a adoptée, va remonter sur le trône. C’est à l’empereur Napoléon, notre souverain, qu’il appartient de régner sur notre beau pays… »

La rencontre d’Auxerre entre le maréchal Ney et Napoléon est en fait une rencontre à huis clos. Les témoignages divergent. Il semble que les deux hommes aient fortement haussé le ton. Certains prétendent que Napoléon aurait fortement tancé son maréchal pour sa « défection » de 1814.

Le maréchal Ney soutiendra pendant son procès avoir exigé de Napoléon « qu’il ne joue plus au tyran ». En tout cas, les deux personnages emblématiques semblent fâchés et ne se revoient plus jusqu’au 12 juin 1815, lorsque Napoléon rappelle le maréchal Ney pour commander les 1er et 2e corps d’armée de la campagne de Belgique qui commence.

Le maréchal Ney, appelé de dernière minute, n’arrive aux Quatre-Bras que le 15 juin 1815, seul, sans état-major, et transporté dans une charrette de paysan. Dès le lendemain commence la bataille des Quatre-Bras où un faible détachement de Britanniques et Hollandais résiste malgré un manque de munitions. Pour Mullié, le maréchal Ney prétendra n’avoir pas reçu d’ordre précis d’attaque, et Napoléon dit avoir envoyé un courrier précis exigeant cette attaque. Rétrospectivement on peut dire que cet ordre est une erreur de Napoléon. Le maréchal Soult, chef d’état-major durant cette campagne et ennemi personnel du maréchal Ney, avoue sur son lit de mort au fils de Ney n’avoir jamais eu connaissance de cet ordre. Or, tous les ordres passaient normalement entre ses mains.

S’ensuit la bataille de Waterloo. Napoléon, très malade ce jour-là, est surpris plusieurs fois vomissant et somnolant loin du champ de bataille. Le maréchal Ney quant à lui fait preuve, comme à son habitude, d’une activité débordante. On dit qu’il avait les vêtements lacérés, le visage souillé de boue et de sang, et le chapeau perdu. Pour Mullié, tout se résume à un moment bien précis. Vers 15 h 30, la 1re ligne britannique amorce un recul stratégique derrière le chemin d’Ohain au fort dénivelé. Le maréchal Ney croit alors à une retraite britannique, et lance toute sa cavalerie à la charge. Et ce avec d’autant plus d’empressement que l’on sait déjà que les Prussiens s’approchent.

La charge est énorme. Une des plus grosses charges de cavalerie de l’histoire. Napoléon déplore cette charge, mais la soutient néanmoins avec la cavalerie sous ses ordres. La cavalerie est trop nombreuse, d’autant plus que des bataillons suivent spontanément ce mouvement d’ampleur. Mais malgré cela, la charge réussit. Wellington donne des ordres pour préparer un embarquement. La ferme de la Haie Sainte passe aux Français.

Le maréchal Ney fait demander un renfort d’infanterie à Napoléon qui refuse, alors qu’il dispose du corps de Mouton-Duvernet.

En quelques instants la bataille bascule, les carrés britanniques se reforment et, peu après, la cavalerie prussienne arrive au contact. Le maréchal Ney repart à l’attaque, à pied, à la tête de l’infanterie restante, à la tête de la division Durutte, en s’écriant : « Venez voir comment meurt un maréchal de France ! » Mais sans réussite. Son entêtement échoue, entraînant davantage de pertes françaises.

Il a eu, ce jour-là, cinq chevaux tués sous lui. Tous les témoins diront qu’il cherchait la mort, mais que la mort ne voulut pas de lui.

Après la défaite vient le temps des règlements de comptes. Napoléon, dès son retour à l’Élysée, culpabilise ses maréchaux, notamment le maréchal Ney et le maréchal de Grouchy. Le maréchal Davout prend la défense du maréchal Ney en prononçant : « Sire, il s’est mis la corde au cou pour vous servir ! »

À la Seconde Restauration, le maréchal Ney est détesté de tous les partis, sauf des républicains qui sont alors trop minoritaires.

Louis XVIII demande à Fouché, ministre de la Police, de lui donner la liste des officiers accusés de traîtrise pour avoir rejoint Napoléon durant les Cent-Jours, avant le 20 mars 1815, date à laquelle le roi a quitté la capitale. L’ordonnance du 24 juillet 1815, qui établit dans son premier article la liste des personnes devant être arrêtées et jugées, comporte, comme premier nom, celui de Ney.

Selon d’autres sources, Fouché donne à Ney deux passeports pour fuir en Suisse ou aux États-Unis. Mais le maréchal Ney reste en France, chez une cousine de sa femme. Il est alors arrêté au château de Bessonies, dans le Lot.

Au moment de son arrestation, des lettres de Joseph-Xavier de Pontalba, un cousin par alliance dont le fils Célestin avait été aide de camp du maréchal, sont retrouvées sur lui. Datées de juillet 1815, elles comportaient des indications pour que Ney puisse venir s’installer chez des amis en Louisiane en passant par Bordeaux ou la Suisse.

Le maréchal arrive à Paris sous escorte le 19 août. Il est aussitôt incarcéré à la Conciergerie. Il est ensuite transféré à la prison du Luxembourg. En chemin, le général Exelmans lui propose de le délivrer et de l’escorter où il le souhaite, mais il refuse.

Le conseil de la guerre qui doit juger le maréchal Ney, comprend d’autres maréchaux de France, et la présidence en revient de droit à leur doyen, le maréchal Moncey, duc de Conegliano. Celui-ci se récuse dans une lettre adressée au roi, refusant de siéger au procès. Mécontent, le roi destitue Moncey le 29 août par ordonnance royale. Il lui inflige également trois mois d’arrêt à la forteresse de Ham. Le maréchal Jourdan, également membre du conseil de guerre, est alors désigné pour le présider. Ney est défendu par Berryer père et André Dupin.

Le maréchal Ney ne souhaite pas être jugé par ses anciens camarades, dont il craint la rancune à la suite d’incidents passés. Ney, élevé à la pairie par Louis XVIII, peut donc exiger d’être jugé par la Chambre des pairs, pourtant majoritairement composée de royalistes convaincus. Ainsi, devant le parterre de maréchaux et de généraux qui composent le conseil de guerre, l’accusé répond à l’interrogatoire d’identité et déclare récuser la compétence du tribunal. Pair de France au moment où se sont déroulés les faits dont il est accusé, il demande, en se fondant sur les articles 33 et 34 de la Charte, son renvoi devant la Chambre des pairs. Le conseil se retire et par 5 voix (dont celle de Jourdan) contre 2 se prononce pour l’incompétence le 10 novembre, et le lendemain, le roi décrète que l’affaire sera portée devant la Chambre des pairs.

La Chambre des pairs juge donc le maréchal Ney. Plusieurs éminents personnages se font dispenser, dont Talleyrand, qui dit ne pas vouloir participer à un tel crime. Le débat est à sens unique, la Chambre des pairs étant à forte majorité monarchiste. La chambre arrête tout d’abord que l’on poserait quatre questions : trois sur les faits, et une sur la peine. Le marquis d’Aligre souhaite que le vote se fasse en même temps sur le délit et la peine, mais la Chambre ne le suit pas. Par contre, le comte de Nicolay propose que le vote pour la peine se déroule en deux temps, et n’est considéré comme définitif qu’après un second appel nominal, durant lequel les votants pour la peine la plus lourde auraient la possibilité de voter une peine moins sévère. La Chambre accepte cette condition.

La défense aborde peu la discussion des faits, et fait porter son effort sur un moyen de droit. Le maréchal Davout avait signé avec les Alliés le 3 juillet une convention à Paris, dont l’article 12 spécifiait qu’aucune poursuite ne pourrait être exercée contre les officiers et soldats pour leur conduite pendant les Cent-Jours. Condamner le maréchal Ney revenait à violer cette convention, ce que confirme en personne Davout. La Chambre des pairs décide pourtant d’interdire à la défense de développer ce moyen, car « il aurait dû être plaidé avant tout débat sur le fond ». D’autre part, les avocats de Ney remettent en cause la légalité de la procédure, au motif que la Chambre des pairs n’est pas légalement une juridiction pénale. Après que ce vide a été comblé, les débats reprennent le 4 décembre.

Un ultime rebondissement survient le 6 décembre. La ville de naissance de Ney, Sarrelouis, vient de devenir prussienne depuis le traité de Paris du 20 novembre. Dupin déclare donc que Ney ne peut être jugé, car il est maintenant Prussien. Néanmoins, le maréchal Ney se lève, interrompt son avocat, et s’écrie : « Je suis Français et je resterai Français ! »

Le procureur Bellart, lui, parle de préméditation, centrant son discours sur la nuit du 13 au 14 mars 1815 : le 13, Ney ordonne au général Mermet de se rendre à Besançon pour prendre au nom du roi le commandement de l’armée qui s’y trouve, et de contrer l’armée impériale. Le 14, Ney lui donne un ordre similaire, sauf qu’il doit prendre le commandement au nom de l’empereur et rallier l’armée qui s’avance. Mermet refuse et est remplacé.

Deux jours plus tard, les pairs de France rendent leur verdict, et déclarent donc Ney coupable d’avoir attenté à la sûreté de l’État, à la quasi-unanimité. La dernière question porte alors sur la peine à appliquer. Lanjuinais, soutenu par le marquis de Maleville, le comte Lemercier, Lenoir-Laroche et par le comte Cholet, tente de faire adopter la peine de déportation que dix-sept pairs votèrent (parmi eux, le duc de Broglie). Cinq pairs, le comte de Nicolay, le marquis d’Aligre, le comte de Brigode, le vicomte de Sainte-Suzanne et le duc de Choiseul-Stainville, tout en s’abstenant, proposent de recommander le maréchal à la clémence du roi.

Finalement, 139 voix, réduites à 128, à cause d’avis semblables entre parents, réclament la peine de mort. Parmi ceux qui ont voté la mort, 5 maréchaux d’Empire : Sérurier, Kellermann, Pérignon, Victor et Marmont, ainsi que le vice-amiral Ganteaume ; le vicomte de Chateaubriand, le comte Ferrand surnommé « le Marat blanc » et le comte Lynch, nommé par Napoléon maire de Bordeaux, comte de l’Empire et chevalier de la Légion d’honneur, qui va jusqu’à réclamer la guillotine, votent également la mort14,15. Par contre le maréchal Davout est venu témoigner en sa faveur, et le maréchal Gouvion-Saint-Cyr a voté la déportation.

En outre, non content d’avoir obtenu la condamnation du maréchal, Bellart requiert qu’il soit rayé des cadres de la Légion d’honneur.

La sentence est rendue à onze heures et demie du soir. Les pairs appliquent la règle du conseil de guerre et la lisent en l’absence de l’accusé.

Les défenseurs ayant compris que tout espoir est perdu n’assistent pas à la lecture de l’arrêt et se rendent dans la cellule qu’occupe depuis deux jours le maréchal, au palais du Luxembourg. Après leur départ, il se met à rédiger ses dernières dispositions et dort tout habillé.

À 3 heures du matin, le secrétaire-archiviste de la Chambre des pairs, Cauchy, le réveille pour lui communiquer la sentence. Le général de Rochechouart, qui commande la place de Paris, l’informe qu’il peut recevoir trois visites : sa femme, son notaire et son confesseur. La maréchale vient rendre visite à son mari dans la cellule avec leurs quatre enfants. Elle s’évanouit en apprenant la sentence. C’est en vain qu’elle implore sa grâce auprès de Louis XVIII. Celui-ci aurait dit qu’il était favorable à cette requête, mais que seuls Wellington ou la duchesse d’Angoulême, la fille de Louis XVI, peuvent en prendre la décision. La maréchale va alors demander grâce à Wellington qui accepte tout d’abord, puis renonce devant les difficultés. Elle va voir ensuite la duchesse d’Angoulême, qui refuse sèchement. Cette dernière dira plus tard, après avoir lu les témoignages du comte de Ségur, regretter son geste, si elle avait su qui était réellement le maréchal Ney, elle aurait demandé sa grâce.

On propose un confesseur à Ney qui réplique : « Vous m’ennuyez avec votre prêtraille ! », mais accepte finalement, convaincu par un ancien soldat de la campagne de Russie, devenu croyant à cette occasion. Ney écrit une dernière fois à son beau-frère, puis s’entretient avec le curé de Saint-Sulpice.

À 8 h 30, une voiture vient chercher Ney. Il porte un simple costume bourgeois. Le cortège s’arrête avenue de l’Observatoire. Le maréchal refuse qu’on lui bande les yeux : « Ignorez-vous que depuis vingt-cinq ans, j’ai l’habitude de regarder en face les boulets et les balles ? ». Puis il s’adresse aux soldats : « Camarades, tirez sur moi et visez juste ! ». La phrase qu’on lui prête : « Soldats, visez droit au cœur ! » semble plus romanesque que véridique. Selon Rochechouart, les derniers mots du maréchal furent : « Français ! je proteste contre mon jugement, mon honneur – ». Il tombe face contre terre et, conformément à la coutume, la dépouille reste quinze minutes seule. Un cavalier anglais fait bondir son cheval par-dessus le cadavre. Un général russe d’origine hollandaise, qui a assisté à l’exécution, est chassé de l’armée russe par Alexandre Ier qui appréciait beaucoup le maréchal Ney.

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Sources : [wpicons-icon icon=”wpicons-wikipedia” size=”30px”] [wpicons-icon icon=”wpicons-youtube2″ color=”#dd3333″ size=”30px”]

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