Michel de Ghelderode, auteur dramatique, chroniqueur et épistolier.

Michel de Ghelderode, pseudonyme d’Adémar Adolphe Louis Martens, est un auteur dramatique, chroniqueur et épistolier belge d’origine flamande et d’expression française. Il est né à Ixelles le 3 avril 1898 et mort à Schaerbeek le 1er avril 1962. Il a écrit plus de soixante pièces de théâtre, une centaine de contes, de nombreux articles sur l’art et le folklore. Également auteur d’une impressionnante correspondance de plus de 20 000 lettres, il est le créateur d’un univers fantastique et inquiétant, souvent macabre, grotesque et cruel.


Adémar Martens naît à Ixelles le 3 avril 1898, au numéro 71 de la rue de l’Arbre Bénit. Il est issu d’une famille flamande de Bruxelles. Les Martens étaient déjà établis à Waarschoot au milieu du XVIIIe siècle, et tous les ancêtres d’Adémar pour le côté paternel, ayant pour noms Paesbrugge, De Rijcke, Van Laere, etc., sont issus des villages de Waarschoot, Zomergem, Hansbeke, etc. Les ancêtres du côté maternel, ayant pour noms Rans, Dejongh, van Calsteren, Van Meerbeek, etc., sont issus de Louvain et des villages d’alentour Herent, Pellenberg, Wezemaal, Rotselaar, etc.

Ghelderode, carte maximum, Belgique.

Les parents d’Adémar s’établirent à Bruxelles. Il fait toutes ses études en français, dans un but de promotion sociale. De son père, employé aux Archives du Royaume, il hérite du goût pour l’histoire, en particulier pour les époques du Moyen Âge, de la Renaissance et de l’Inquisition. De sa mère, il retient les légendes et histoires des petites gens racontées au coin du feu. Élevé dans un collège catholique de Bruxelles, l’Institut Saint-Louis, il vit dans une ambiance religieuse qui le terrifie et, lorsqu’il perd la foi à l’adolescence, il continue à croire aux puissances du mal.

De son éducation religieuse, il retient les aspects rituels et magiques, théâtraux etc., qui continueront à nourrir son œuvre et à le fasciner. Son père l’emmène à l’opéra, au théâtre de marionnettes, le théâtre royal de Toone (à la défense duquel il participera plus tard et pour lequel il écrira plusieurs pièces), il passe du temps aussi à parcourir la foire du Midi. Les fastes de l’opéra, le caractère populaire des marionnettes et de la foire seront, avec l’Histoire, des sources d’inspiration.

Il effectue son service militaire de 1919 à 1921. Il épouse civilement, à Schaerbeek en 1924, Jeanne-Françoise Gérard (Schaerbeek 1894 – Ixelles 1980), fille de Joseph et de Marie Catherine Artois. Il avait rencontré sa future épouse dans une librairie où il a travaillé comme commis.

L’auteur entre le 13 avril 1923 à l’Administration communale de Schaerbeek, où sont également employés deux frères de sa fiancée. Il y reste jusqu’en janvier 1945, où il est relevé de ses fonctions par procédure disciplinaire, suite à sa conduite durant l’occupation allemande. Il est en effet accusé par le Conseil communal d’avoir servi la propagande nazie en collaborant durant la guerre à Radio Bruxelles. Il lui faut attendre le 19 février 1946 pour que sa situation soit réglée par arrêté royal. Il s’en tire avec une peine disciplinaire de trois mois de suspension sans traitement, mais il ne reprend pas son poste à l’administration, dont il est pensionné pour cause de maladie.

Ses premières pièces, écrites en français, sont jouées tout d’abord en traduction flamande par le Vlaamsche Volkstooneel, une compagnie à la fois populaire et d’avant-garde, avant qu’elles ne connaissent après la guerre un succès tel à Paris qu’on parle de Ghelderodite aiguë. Elles seront ensuite supplantées par celles de Beckett ou de Ionesco.

Ghelderode situe son théâtre dans les traditions théâtrales hispaniques et anglo-saxonnes des époques de la pré-Renaissance et de la Renaissance ; il insiste sur la rupture qu’il tient à marquer avec le théâtre français classique ou contemporain. Auteur profondément baroque, sensible à l’art flamand et aux influences bouffonnes tenant parfois de la pantomime, de la  marionnette et de la mascarade, il développe l’idée, précédemment théorisée par le dramaturge Antonin Artaud dans son livre Le Théâtre et son double, d’un théâtre de la cruauté : Ghelderode en fait le thème central d’une pièce en un acte, L’École des bouffons, écrite en 1942, et il utilise ce thème dans nombre de ses pièces comme Escurial, Barabbas, La Farce des ténébreux, Hop Signor !, La Balade du Grand Macabre…

Ghelderode sera joué un peu partout dans le monde : Bruxelles, Rome, Milan, Amsterdam, La Haye, Dublin, Cracovie, en Allemagne, Autriche, Angleterre, Espagne, Norvège, Danemark, Pologne, comme sur d’autres continents, à New York, Chicago, Buenos Aires, Rio de Janeiro, Bogota, Montréal, Tel Aviv, et aussi au Japon.

1943 est une année favorable et prolifique pour Ghelderode qui, rompant les liens qu’il avait établis avec l’Ordre nouveau, se voit éditer par La Renaissance du livre, maison d’édition qui, bien qu’elle ne contienne aux yeux de l’auteur que des « travaux mineurs choisis par Wilmotte qui n’aimait pas le caractère flamand de son art », lui confère tout de même ses premières lettres de noblesse grâce à une préface de Franz Hellens. C’est aussi la période de ses derniers chefs-d’œuvre théâtraux, L’École des bouffons et Le soleil se couche, pièces testamentaires, témoins de la puissance artistique et esthétique de Ghelderode qui met en exergue les personnages de Charles Quint et de Philippe II, à travers les mythes du xvie siècle, sur fond de morts et de cérémonies funéraires. À cette époque, Ghelderode est marqué par des problèmes de santé et, pour Le soleil se couche, par la décrépitude et la mort de son père qui survient le 31 mars 1943.

En juin 1950, Ghelderode, sans emploi depuis son départ forcé de l’administration communale, cinq ans plus tôt, sollicite le poste de conservateur du musée Wiertz, vacant depuis la mort, ce même mois, du poète Valère Gille. Le ministre de l’Instruction Publique ne le lui accorde pas.

En 1951, il se voit décerner le prix Lucien-Malpertuis par l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. L’année suivante, il espère être coopté par cette institution, qui lui préfère finalement Edmond Vandercammen. En cause, encore et toujours, son attitude durant la guerre. S’estimant tout de même grugé, le dramaturge en conçoit de la rancœur vis-à-vis de l’Académie. Il n’obtient pas non plus le prix Nobel de littérature, auquel sa candidature est proposée en 1953 et en 1960.

Ghelderode meurt à Schaerbeek le 1er avril 1962.

 

Source : Wikipédia.

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