Michael Collins, homme politique.

Michael James Collins (en irlandais : Mícheál Ó Coileáin ; né le 16 octobre 1890 et mort le 22 août 1922) est un leader révolutionnaire républicain irlandais. Il a été ministre des Finances de la République irlandaise, leader de l’Irish Republican Brotherhood, Directeur des services secrets de l’IRA, membre de la délégation irlandaise durant les négociations du traité anglo-irlandais, président du Gouvernement provisoire et Commandant en chef de l’Armée nationale irlandaise. Il est plutôt reconnu en tant que chef militaire, mais il a aussi fait partie de plusieurs comités politiques.

Il meurt lors d’une embuscade dressée par les anti-traité, en août 1922, pendant la guerre civile irlandaise.


Michael Collins commença à se faire un nom durant l’insurrection de Pâques 1916. Considéré par certains comme un remarquable organisateur, il était très respecté à l’IRB. Tant et si bien qu’il est nommé conseiller financier du comte Plunkett, le père d’un des organisateurs de  l’insurrection de 1916, Joseph Plunket.

Quand vient le moment de l’insurrection, Collins combat aux côtés de Patrick Pearse et de ses hommes à la Poste centrale de Dublin. L’insurrection est un désastre militaire. Pendant que de nombreux  indépendantistes célèbrent le sens du sacrifice et pensent que l’insurrection avait au moins eu le mérite d’exister, Collins, lui, enrage contre ce qu’il perçoit comme de l’amateurisme et du manque d’organisation, surtout dans le choix des cibles, comme la Poste centrale, un bâtiment impossible à défendre et d’où toute retraite est impossible. Collins est partisan d’une guerre de guérilla avec des troupes très mobiles pouvant attaquer n’importe où, pouvant se retirer rapidement avec un minimum de pertes mais en ayant un maximum d’efficacité.

Comme beaucoup d’insurgés, Collins est arrêté et envoyé au camp  d’internement de Frongoch au Pays de Galles. Au moment de la libération des insurgés, il est déjà devenu l’un des leaders du Sinn Féin, un petit parti nationaliste qui a été rapidement infiltré par les vétérans de l’insurrection de 1916. Dès octobre 1917, Collins devient membre de l’exécutif du parti et directeur des Irish Volunteers, Éamon de Valera étant le président des deux mouvements.

Comme tous les principaux membres du Sinn Féin, Michael Collins est choisi pour se présenter aux élections législatives de décembre 1918. Avec une écrasante majorité, Collins est élu et devient donc Député (MP) du sud du Comté de Cork. Contrairement aux 6 élus nationalistes modérés du Irish Parliamentary Party (autonomistes), les 73 élus Sinn Féin (sur 107 élus irlandais au total) décident de ne pas siéger à Westminster et installent un parlement irlandais à Dublin. Ce nouveau parlement, appelé Dáil Éireann, se réunit pour la première fois à Mansion House à Dublin le 21 janvier 1919, et proclame aussitôt l’indépendance de la République d’Irlande1. En l’absence de De Valera, emprisonné depuis mai 1918, c’est Cathal Brugha qui fut élu “Príomh Aire”, c’est-à-dire Premier ministre.

En février 1919, Collins fait évader de Valera de la prison de Lincoln et celui-ci se réfugie aux États-Unis.

Au cours de l’année 1919, Collins occupe plusieurs charges. Durant l’été, il est élu président de l’IRB et en septembre, il est nommé directeur des  Services de renseignements de l’IRA. Sinéad Derrig devient sa secrétaire personnelle jusqu’en 1922. La guerre d’indépendance commence le jour de la première session du nouveau parlement irlandais par l’assassinat de deux policiers dans le comté de Tipperary.

En 1919, le déjà très occupé Collins reçoit une nouvelle charge quand De Valera le nomme ministre des Finances. Alors que la plupart des ministères n’ont qu’une existence théorique du fait des menaces d’arrestations voire d’assassinat provenant des Royal Irish Constabulary, des Black and Tans, des Auxiliaries ou de l’armée britannique, Collins se lance dans une grande organisation de son ministère. Il organise la collecte d’argent pour financer la nouvelle république irlandaise. Collins lance un grand emprunt qui a tellement de succès que Lénine lui-même en entend parler et lui envoie un émissaire pour lui emprunter de l’argent, offrant en échange les bijoux de la couronne russe (ces bijoux furent conservés à Dublin, oubliés pendant un certain temps, avant d’être retrouvés par hasard dans les années 1930).

Les résultats obtenus par Michael Collins sont impressionnants. Entre la création d’un groupe spécial d’assassins appelés les Douze Apôtres (the Twelve Apostles) chargés des basses œuvres de l’IRA et de l’IRB, à l’emprunt national pour financer la république ; entre le leadership de l’IRA à la gestion effective du gouvernement quand De Valera voyage à l’étranger ou est retenu aux États-Unis, Collins devient petit à petit un personnage incontournable, parcourant Dublin et les villages irlandais à vélo. Il fait savoir à tout le haut personnel du «  Château » que tous les traitres collaborant avec la Couronne britannique seront condamnés à mort.

En 1920, sa tête est mise à prix par les autorités britanniques pour la  somme, très élevée pour l’époque, de 10 000 livres sterling. Cependant les membres de la “G division” du Château ne savent rien à son propos à tel point qu’il faut attendre la signature du traité pour que les Britanniques connaissent enfin son visage.

Dans le même temps, et à cause de son omniprésence, Collins se fait de nombreux ennemis dans son propre camp. Les deux principaux sont Cathal Brugha, le ministre de la Défense et surtout Éamon de Valera. Il y a entre eux une forte rivalité, au point que de Valera essaye plusieurs fois d’envoyer Collins aux États-Unis pour l’éloigner de l’Irlande.

Le 24 juin 1921, Lloyd George propose l’ouverture de négociations, qui aboutissent le 10 juillet 1921 à une trêve. Lors de la négociation du traité anglo-irlandais qui suit, De Valera nomme une équipe de délégués  plénipotentiaires ayant le pouvoir de signer un traité sans en référer systématiquement au gouvernement de Dublin, équipe dirigée par Arthur Griffith et Michael Collins. Après une longue hésitation et pensant que De Valera l’accompagnerait dans cette négociation, Collins accepte de se rendre à Londres. Une citation célebre de ce dernier: “Je me suis dit que lorsqu’on connaissait les règles, la vie pouvait se négocier.”

Le traité anglo-irlandais de décembre 1921 officialise la création d’un nouvel État irlandais indépendant sous le nom d’État libre d’Irlande (Irish Free State), doté de son gouvernement, de son parlement bicaméral, de sa police, de sa monnaie et de sa diplomatie. Certaines limitations à la souveraineté irlandaise sont cependant prévues.

Le traité s’applique théoriquement à l’Irlande du Nord, mais il est stipulé que les représentants des six comtés du nord, où les protestants sont majoritaires, pourraient s’opposer à l’entrée dans le nouvel État. Dans cette hypothèse, les Britanniques et les Irlandais doivent mettre en place une commission devant tracer la frontière (Boundary Commission) entre les deux États, « en accord avec le souhait des habitants ». Les deux comtés à majorité catholique, le Fermanagh et le Tyrone, semblent destinés (avec l’accord officieux de Londres) à devenir irlandais, ce qui ne sera finalement pas mis en œuvre devant l’opposition du gouvernement britannique ayant succédé à celui de Lloyd George. Collins souhaite ainsi minimiser la taille de la future Irlande du Nord.

Le traité établit le nouvel État irlandais comme un dominion au sein  du Commonwealth, le roi ou la reine restant le chef d’État en titre. Le monarque britannique n’est de ce fait pas représenté par un ambassadeur, mais par un « gouverneur général », chargé entre autres de désigner le premier ministre au nom du roi ou de la reine, après les élections.

La marine britannique conserve la défense côtière de l’Irlande pendant 5 ans, puis obtient le droit de conserver des bases côtières.

Enfin, les membres du gouvernement et du parlement (dail et sénat) doivent prêter un serment d’allégeance à la couronne britannique. Ce serment indique (selon la rédaction du traité, intégrée dans l’article 17 de la constitution de 1922) : « Je… jure solennellement une véritable fidélité et allégeance à la Constitution de l’État libre d’Irlande telle qu’établie par la loi, et que je serai fidèle à sa majesté le roi George V, à ses héritiers et successeurs selon la loi, en vertu de la citoyenneté commune de l’Irlande et de la Grande-Bretagne et de son adhésion au groupe des nations composant le Commonwealth britannique des nations ». La fidélité à la constitution irlandaise vient en premier, et la mention « je serai fidèle à sa majesté le roi » n’implique aucun devoir d’obéissance concret, mais le serment à un « souverain étranger » sera un des principaux motif de l’opposition des nationalistes au traité.

Au bout du compte, le traité organise une réelle indépendance irlandaise, mais avec diverses limitations, symboliques (l’interdiction de la proclamation de la République d’Irlande) ou réelles (comme en Irlande du Nord).

Les républicains les plus intransigeants crient immédiatement au scandale, accusant les délégués d’avoir vendu la république en acceptant le maintien de l’Irlande, même d’une façon purement formelle, au sein de l’Empire britannique.

La majorité des députés Sinn Féin votent en faveur du traité, mais la  majorité des adhérents se prononcent contre, et De Valera rejoint les forces opposées au traité. Ses opposants clament haut et fort qu’il a été au courant des tractations menées avec Londres.

D’après la constitution approuvée en 1919, le Dáil Éireann continue  d’exister. De Valera démissionna de sa présidence et provoqua une nouvelle élection. À la suite d’un accord entre Collins et De Valera, le Sinn Fein se présenta uni, présentant selon les circonscriptions des partisans et des opposants au traité. Les autres partis (comme le parti travailliste) étaient tous pro-traité, et la majorité des candidats indépendants l’étaient aussi. Finalement, les candidats pro-traité gagnèrent de façon nette les élections, les Sinn Féin anti-traité obtenant de mauvais résultats. Arthur Griffith, fondateur en 1905 du Sinn Fein et partisan du traité, prit la présidence du Dail. Il forma un gouvernement dans lequel Collins tint la place de président du Gouvernement provisoire (President of the provisional Government)9 et de ministre des Finances.

Une anecdote assez particulière est à signaler. Lors de la passation de pouvoir entre le vice-roi d’Irlande et Collins, ce dernier arrive avec sept minutes de retard. Le vice-roi, avec le flegme pour lequel les Britanniques sont connus, fait remarquer cet écart à Collins, lequel lui répond : « vous avez dû attendre pendant sept minutes, mais nous avons dû attendre sept cents ans… » (« you had to wait for seven minutes but we had to wait for seven hundred years »).

Les opposants au traité, qui avaient refusé d’approuver le traité au Dáil, se retirèrent de l’assemblée. Ils formeront en octobre 1922 un « gouvernement républicain » sous la direction de De Valera. C’est le début de la guerre civile irlandaise.

En juin 1922, le gouvernement de Collins fit tirer sur des membres de L’IRA (la fraction n’ayant pas rallié l’armée de l’État Libre) qui occupaient en armes les Four Courts de Dublin en protestation au traité. Ce groupe, dirigé par Rory O’Connor, n’avait pas reçu le soutien de De Valera ou de l’exécutif de l’IRA, mais ceux-ci se solidarisèrent après le bombardement. Ce fut le premier combat de la guerre civile, qui dura jusqu’en mai 1923 et se termina par la défaite des insurgés anti-traité.

Vers le milieu de l’année 1922, Michael Collins abandonna ses  responsabilités au gouvernement et devint le commandant en chef de l’armée nationale. Lors d’une de ses campagnes militaires, en août 1922, peu après la mort de Griffith, Collins dut se déplacer dans son comté natal de Cork où il devait retrouver De Valera. Il aurait eu à cette occasion cette phrase « They won’t shoot me in my own county » (« Ils ne pourraient pas me tuer dans mon propre comté »). Le 22 août, sur la route, au lieu-dit Béal na mBláth (“la bouche des fleurs”), le convoi de Collins fut pris dans une embuscade. Une fusillade s’ensuivit, qui dura 45 minutes. Collins y fut mortellement atteint d’une balle derrière la tête. Il était âgé de 31 ans.

Michael Collins est enterré à Dublin au cimetière de Glasnevin.

Source : Wikipédia.

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