Mehmet II, 7ème Sultan de l’empire ottoman.

Mehmet II le Conquérant ou Mehmed II « Fatih » (en turc : Fatih Sultan Mehmet Han) fut le septième sultan de l’Empire ottoman.

Il était le quatrième fils de Mourad II. Il serait né le 30 mars 1432 à Edirne de Huma Hatun.

C’est la prise de Constantinople en 1453 qui lui valut son surnom de « Fatih » (Conquérant), en outre il s’était proclamé lui-même « Kayser-i Rum », littéralement « le César des Romains ». Il régna à deux reprises (entre 1444 et 1446 puis entre 1451 et 1481) ; dans l’intervalle, c’est son père Mourad II qui reprit le pouvoir.

Mehmed était curieux de littérature et de beaux-arts. Il écrivit des poèmes en turc et en persan et composa des chansons. Il s’intéressait à la  philosophie et aux sciences, à l’astronomie en particulier. Il fit venir à Constantinople des artistes italiens, dont Gentile Bellini, qui ne séjourna dans la capitale que quelques mois, le temps d’exécuter le portrait du Sultan qui lui avait été demandé à l’occasion des accords de paix conclus entre la République de Venise et l’Empire ottoman (25 janvier 1479). Selon certains auteurs, Mehmed II aurait appris l’arabe, le persan, l’hébreu, le latin et le grec mais sa connaissance de ces deux dernières langues au moins est fortement sujette à caution.

Il mourut le 3 mai 1481 à Gebze. Son fils Bayezid lui succéda.

Il eut sept épouses, une fille et quatre fils : Mustafa, Bayezid, Cem (ou Jem/Djem) et Korkut.


Fils cadet de Mourad, Mehmed eut une enfance et une instruction  difficiles. Il devint l’héritier du trône à la mort de son frère aîné Alaeddin en 1444. Pour des raisons mal connues, Mourad II abdiqua en sa faveur en juillet ou août de la même année et se retira à Manisa.

Le court règne de Mehmed fut agité, sur les plans intérieur et extérieur. Le gouvernement était partagé entre la faction du grand vizir Çandarlı Halil, homme de confiance de Mourad mais qui entretenait de mauvaises relations avec Mehmed, et d’autre part les autres vizirs plus proches du jeune sultan. Des mouvements populaires provoquant un incendie à Edirne suivirent la prédication d’un derviche hurufi, protégé par Mehmed contre le grand mufti et Halil.

En 1446, Halil Pacha fomenta une révolte des janissaires, Mourad II reprit le pouvoir jusqu’à sa mort en 1451. Au printemps 1448, Mehmed participa aux côtés de son père à une campagne infructueuse contre Skanderbeg.

Mehmed monta sur le trône le 18 février 1451, dans des circonstances troublées (présence du prétendant Orkhan à Constantinople, opposition des janissaires, mauvaises relations avec le grand vizir Çandarlı Halil). Le nouveau sultan adopta une politique prudente de conciliation : il maintint Halil au poste de grand vizir et fut le premier sultan à accorder aux janissaires un don de joyeux avènement. En conquérant l’émirat de  Karaman en mai et juin 1451 et en renouvelant les traités de paix avec Venise en septembre et avec la Hongrie en novembre de la même année, Mehmed montrait ses qualités de stratège comme militaire et comme diplomate.

Dès le début de son règne, Mehmed II se concentra sur le projet de faire de Constantinople la capitale de son pays. Il avait conscience que posséder Constantinople serait une source de richesse et qu’ainsi il aurait le contrôle du commerce vers la mer Noire dans un sens et vers la mer Méditerranée dans l’autre sens. Lorsqu’il fit part de son projet, la majorité du divan, en particulier le grand vizir Halil Pacha, critiqua le sultan parce qu’il surestimait ses capacités.

Un ingénieur hongrois nommé Orban (francisé en Urbain) fabriqua pour le sultan de nouveaux canons gigantesques qui allaient jouer un rôle important dans la prise de la ville.

En 1452, Mehmed fit construire sur la rive européenne une forteresse en face de celle que Bayezid Ier avait construite sur la rive asiatique. Ce château fut appelée forteresse de Roumélie (Rumeli Hisarı) tandis que celle de Bayezid Ier s’appelait forteresse d’Anatolie (Anadolu Hisarı). Au cours de ces préparatifs, Mehmed renouvela les traités de paix signés avec la Serbie et la Valachie et signa un nouveau traité de paix avec la Hongrie.

De son côté, l’Empire byzantin se préparait en accumulant des réserves de nourriture pour un long siège. L’empereur Constantin XI Paléologue fut inquiet en apprenant la construction de la forteresse de Roumélie à proximité de la ville. Il voulut demander l’aide du pape. Ce dernier mit comme condition à cette aide l’unification des deux Églises catholique et orthodoxe. Mais les rivalités entre les hommes religieux amenèrent l’empereur à abandonner tout espoir d’une nouvelle croisade pour lui venir en aide. En avril 1453, Mehmed assiégea la ville, détruisant tout aux environs et enfermant la population dans ses murs.

Le 19 avril, deux tours sur roues furent construites pour pouvoir franchir les murailles légendaires de la ville. La bataille devint sanglante et Mehmed se rendit compte que tant que sa marine n’entrait pas en jeu, la ville pourrait continuer à être soutenue par les navires vénitiens et génois. Il fallait trouver un moyen de pénétrer dans la Corne d’Or, mais celle-ci était bien défendue à son entrée par un système de chaînes. Mehmed imagina alors de tirer les bateaux à terre sur la rive européenne et de les faire entrer par l’extrémité de la Corne d’Or (22 avril 1453). La marine ottomane se trouva ainsi au milieu de la ville et elle put bombarder ses murs depuis l’intérieur. Les boulets de 600 kilogrammes tirés par le canon géant d’Orban firent de terribles ravages. Entre le 23 et le 25 mai, Constantin XI, voyant que la défense ne tiendrait plus longtemps, accepta, sur la proposition d’un envoyé de Mehmed (nommé Ismaël, et fils du renégat grec  Alexandre/Skender, prince vassal de Sinope), d’entrer dans des pourparlers de paix avec le sultan. Celui-ci exigea alors le payement annuel d’un tribut de 100 000 besants d’or (somme bien au-dessus des moyens de l’Empire romain), faute de quoi les Byzantins n’auraient plus qu’à quitter la ville en emportant leurs biens, ou à subir l’assaut de l’armée turque. Constantin ne pouvait que refuser de telles conditions, ce qu’il fit après avoir consulté son entourage.

Dans la nuit du 28 au 29 mai 1453, vers une heure et demie du matin, l’attaque finale fut lancée. Plusieurs vagues successives furent repoussées mais les régiments turcs parvinrent au bout de quelques heures à pénétrer dans la ville et Constantin XI périt dans la bataille. À midi, au terme d’une lutte héroïque de part et d’autre, la capitale était prise. L’Empire romain d’Orient, vieux de 1 058 ans, s’était écroulé après 54 jours de siège. Les conquérants se livrèrent au pillage, au viol et à toutes sortes de profanations, et ils massacrèrent, sans distinction de sexe ni d’âge, les habitants qu’ils rencontraient, en attendant de réduire en esclavage les éventuels rescapés.

Mehmed II entra dans Constantinople dans l’après-midi du 29 mai 1453. Escorté de vizirs, de pachas, d’oulémas et de janissaires, il gagna la basilique Sainte-Sophie. Là, montant à l’ambon en compagnie d’un imam, il récita la prière musulmane, puis, pénétrant dans le sanctuaire, monta sur l’autel et le foula aux pieds, dans une attitude de profanation à la longue histoire, puis s’agenouilla pour y faire la prière musulmane de Dohr : la basilique chrétienne, de ce fait, fut transformée en mosquée.

Selon certains historiens modernes, le sultan aurait mis un terme au pillage de la cité avant la fin des trois jours habituellement accordés aux soldats ; cette affirmation, contredite par la plupart des autres historiens pour qui la mise à sac ne s’acheva que le 31 mai, est non seulement dépourvue de références à des sources contemporaines des faits, mais encore démentie par les récits de témoins oculaires parlant expressément de trois jours de pillage, ainsi que par les rapports des historiographes ottomans eux-mêmes. Il est donc plus exact de dire que le pillage et la destruction « se poursuivirent pendant trois jours, mais sans l’intensité des douze premières heures ».

Après la prise de Constantinople, Mehmed II, sultan bisexuel, décida d’enlever les plus beaux jeunes hommes de la noblesse byzantine pour qu’ils fassent partie de son harem. Décrit comme notoirement pédéraste, il motiva ses troupes avant l’assaut en leur faisant miroiter la beauté des jeunes hommes et enfants de Constantinople ; après la chute de la ville, les soldats se livrèrent à de nombreux viols sur des jeunes garçons. Le Megadux Lucas Notaras, décapité sur l’ordre de Mehmed II avec une partie de sa famille, aurait subi ce sort parce qu’il refusait de livrer son fils de 14 ans à la lubricité du sultan ; selon le byzantiniste Thierry Ganchou, cette motivation essentiellement sexuelle pour la remise en otage du fils Notaras (attestée par ailleurs) n’aurait été avancée et répandue par les chroniqueurs chrétiens que par médisance.

Finalement, Constantinople devint capitale de l’Empire ottoman. Le premier décret du sultan après la prise de la « Nouvelle Rome » fut de repeupler la ville morte. Il autorisa donc l’installation de civils, y compris chrétiens, dans la ville, à qui il laissa (mais sous un contrôle très étroit) une certaine liberté de culte, marquée par l’intronisation à la tête de l’Église grecque orthodoxe d’un nouveau patriarche, Gennadios, connu pour ses positions anti-unionistes ; il instaura aussi un patriarcat arménien apostolique en 1461. Soucieux de marquer la continuité entre l’Empire romain et la Sublime Porte, celui qui est déjà titré « Maîtres de deux continents » et « de deux mers » se fait appeler Kayser-i Rum (littéralement « César des Romains » c’est-à-dire « empereur de Rome »).

En 1462, il lança la construction du palais de Topkapı.

S’étant présenté comme seigneur des combattants de la foi, il œuvrait dans sa conquête pour acquérir une légitimé aux yeux du reste du monde musulman. Les chroniqueurs le qualifient régulièrement de gâzi des gâzis, de champion de la guerre sainte, etc.

De 1459 à l’automne 1460, Mehmed II fit la conquête définitive du despotat de Morée, où régnaient les deux frères  de Constantin XI, Démétrios et Thomas. Démétrios se soumit rapidement au sultan, qui lui donna une somme importante et quelques îles de la mer Égée en apanage, tandis que Thomas s’enfuit avec ses enfants d’abord à Corfou, puis à Rome, où il mourut en 1465. Dans sa progression pour la conquête du Péloponnèse, l’armée de Mehmed réduisit une à une les cités grecques, massacrant parfois les hommes qui avaient osé résister, comme à Kastritsa, voire toute la population civile de Leondari, sans distinction de sexe ou d’âge, afin de faire des exemples et amener ainsi, par la terreur, les autres places-fortes à se rendre sans combattre ; les habitants de certaines villes furent réduits en servitude ou déportés à Constantinople « pour repeupler les faubourgs » ; des commandants de forteresses ayant opposé de la résistance furent sciés en deux. La seule cité qui ne succomba pas au déferlement de l’armée ottomane fut Monemvasia/Malvoisie, qui, grâce à la puissance de ses murailles et de sa flotte, mais aussi grâce à la fermeté de son gouverneur, Nicolas Paléologue, sut résister, mais au prix d’un accord qui la fit passer sous le protectorat de Venise et retarda ainsi jusqu’en 1540 sa prise par les Turcs.

En 1461, Mehmed II se tourna vers l’Anatolie. Il conquit la principauté djandaride et l’Empire de Trébizonde en août 1461. L’héritier du trône, David II, fils de Jean IV dit Kaloyannis, lui remit, le 15 de ce mois, les clefs de la cité et se laissa embarquer avec sa famille pour Constantinople. Le sultan dépouilla de leurs biens les familles de notables avant de les installer à Constantinople, et réduisit en esclavage le reste de la population. Deux ans plus tard, craignant que David ne vînt à conspirer contre lui, Mehmed II lui donna, ainsi qu’à ses fils, le choix entre la conversion à l’islam et la mort immédiate : comme tous refusaient de renier leur foi, le sultan leur fit trancher la tête l’un après l’autre (1er novembre 1463).

En 1464, quand Ibrahim, bey de Karaman, mourut, sa succession fut disputée. Deux frères s’opposaient. L’un, Ishak, obtint l’appui du Turcoman Uzun Hasan, sultan des Akkoyunlu (clan des « Moutons Blancs ») ; l’autre, Pir Ahmed, reçut le soutien de Mehmed. Pir Ahmed commit l’erreur de chercher un arrangement avec les Vénitiens : Mehmed considéra que c’était une trahison, partit en campagne et conquit Konya et Karaman. Pir Ahmed se réfugia chez les Akkoyunlu. L’armée ottomane et l’armée des Akkoyunlu s’affrontèrent près de Otlukbeli le 11 août 1473 : l’armée ottomane, la mieux équipée de l’époque, écrasa ses adversaires.

En 1477, il se dirigea sur la côte Est de l’Adriatique pour y prendre quelques îles aux Vénitiens et obtenir un traité de paix avec Venise en janvier 1479. Un de ses vizirs, Gedik Ahmed Pacha, prit pied en Italie et conquit Otrante, dont la prise (12 août 1480) et le massacre qui l’accompagna (12 000 victimes) provoquèrent un nouveau choc dans l’opinion européenne.

Alors qu’il se rendait vers l’Orient pour une nouvelle campagne militaire, Mehmed mourut sur la route le 4 mai 1481, peut-être empoisonné à l’instigation de l’ordre des derviches Halvetî et de son fils Bayezıd.

Après sa mort, ses deux fils Bayezıd (appelé Bajazet par les Européens), l’aîné, et Djem (appelé Zizim) se disputèrent le pouvoir. Défait à deux reprises, Djem se réfugia en Occident, où il mourut en 1495 dans des conditions jamais élucidées.

Source : Wikipédia.

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