Maximilien Ier (empereur du Saint-Empire).

Maximilien d’Autriche ou Maximilien Ier, né le 22 mars 1459 à Wiener Neustadt et mort le 12 janvier 1519 au château de Wels, est un prince de la maison de Habsbourg, fils de l’empereur Frédéric III.

Ayant épousé en 1477 Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, il est duc consort de Bourgogne jusqu’en 1482, puis, de 1482 à 1494, régent de l’État bourguignon pour son fils Philippe (Philippe le Beau), et de nouveau de 1506 à 1507, pour son petit-fils Charles (Charles Quint).

Veuf dès 1482, il intervient dans la succession du duc de Bretagne François II, mort en 1488, en épousant (par procuration) sa fille, la duchesse Anne ; mais la cour de France refuse cette alliance menaçante pour le royaume et impose à Anne de Bretagne d’épouser Charles VIII, rompant ses fiançailles de 1482 avec la fille de Maximilien, Marguerite.

Archiduc d’Autriche, il devient roi des Romains en 1486 et prend la  succession de son père en 1493 à la tête de la maison de Habsbourg ; dans le cadre impérial, il assume alors les fonctions d’empereur, en tant que roi des Romains jusqu’en 1508, se proclamant alors empereur avec l’accord du pape.

Son règne est marqué par le rétablissement militaire et politique de la situation de la maison de Habsbourg et par une modernisation de  l’administration du Saint-Empire romain germanique.


Au cours de la seconde moitié du XVe siècle, la menace pesant sur la maison des Habsbourg est sans précédent : tandis que l’empereur Frédéric III s’enlise depuis 1477 dans une guerre désastreuse avec le roi de Hongrie Mathias Corvin, les ducs de Bavière de la maison des Wittelsbach montent en puissance dans le Saint-Empire méridional. Frédéric III finit par perdre tous ses fiefs de Hongrie et en est réduit à courir le pays en demandant l’hospitalité aux monastères qu’il trouve sur sa route. Dans ces  circonstances dramatiques, il fait placer son cousin Sigismond sous tutelle, expulse tous les nobles apparentés aux Wittelsbach de leurs terres et en 1486 fait élire son fils Maximilien Ier roi de Germanie, couronné comme roi des Romains à Aix-la-Chapelle le 9 mai 1486.

En août 1477, il épouse la duchesse Marie de Bourgogne (1457-1482), fille et héritière de Charles le Téméraire, mort le 5 janvier 1477. Au moment de son mariage, Marie est en guerre contre le roi de France Louis XI au sujet de la succession de Charles le Téméraire.

Du fait de son mariage, Maximilien se trouve à la tête des possessions bourguignonnes, qui incluent des fiefs français : le duché de Bourgogne (Dijon), le Nivernais, le Charolais, le comté de Flandre, le comté d’Artois, et des fiefs d’Empire : le comté de Bourgogne (Dole), le comté de Hainaut, le duché de Brabant, le duché de Luxembourg, etc.

Mais le roi de France, Louis XI, veut abattre la puissance de la maison de Bourgogne, branche cadette de la dynastie royale des Valois. Peu de temps après la mort du Téméraire, il a fait occuper le duché de Bourgogne et le comté de Bourgogne, avec une forte résistance dans cette province qui relève de l’Empire.

Le mariage de Marie avec l’archiduc d’Autriche, Maximilien Ier de Habsbourg, entraîne une offensive française vers les Pays-Bas, avec l’occupation du comté d’Artois. Puis la situation militaire se stabilise en 1478.

Maximilien réussit à vaincre l’armée française le 27 août 1479 à Guinegatte, mais Louis XI continue à le harceler.

En 1481, Maximilien et Marie désignent Jean VI Rolin avec  Juste, évêque de Ceuta, et Claude Carondelet, doyen de Besançon, comme ambassadeurs à Rome.

Lorsque Marie meurt, victime d’une chute de cheval, le 27 mars 1482, Maximilien se déclare régent, ce qui suscite une opposition dans les villes du comté de Flandre. Gand envoie une délégation à Paris pour négocier avec Louis XI.

La situation amène Maximilien à négocier la paix avec Louis XI. Le 23 décembre 1482, ses États sont partagés par le traité d’Arras. Le duché de Bourgogne est réintégré dans le domaine du roi de France ; la fille de Maximilien, Marguerite, est fiancée au dauphin de France avec une dot incluant plusieurs des possessions de la maison de Bourgogne, occupées par l’armée française : la Flandre, l’Artois, le comté de Bourgogne, le Charolais et Château-Chinon. Marguerite part ensuite vivre à la cour de France.

La mort de Charles le Téméraire amène les provinces et villes des Pays-Bas bourguignons à profiter de la jeunesse et de l’inexpérience de Marie de Bourgogne et à revendiquer des avantages en échange de leur loyauté face à Louis XI. Une des revendications est la suppression du Grand Conseil de Malines, créé par Charles le Téméraire en 1473. Le 11 février, Marie accorde une charte, le Grand Privilège des Pays de par deça, qui abolit l’ensemble des mesures prises par le Téméraire pour renforcer le pouvoir du souverain.

es Pays-Bas plongent pour dix ans dans la guerre civile qui oppose les villes soutenues par une partie de la petite noblesse au pouvoir central. Les campagnes militaires se succèdent et le sort des armes est changeant. Châteaux, villes et villages passent de main en main et paient un lourd tribut au passage de la soldatesque. La famine, provoquée par les mauvaises récoltes, et la peste, propagée par le déplacement des troupes, déciment la population et rendent l’économie exsangue. Aux prises avec une répression parfois sanglante des troupes maximiliennes, la rébellion des villes, qui n’est plus soutenue par la France, s’essouffle d’elle-même.

À la différence des villes flamandes, hostiles à Maximilien, les villes brabançonnes se divisent : Bruxelles déroule le tapis rouge à Philippe de Clèves, placé à la tête de la rébellion le 18 septembre 1488, suivie par Louvain et la plupart des autres villes ; seules Anvers, Malines, Lierre et Vilvorde restent fidèles à Maximilien.

Soumises par Albert de Saxe, commandant en chef de l’armée  bourguignonne, les villes rebelles paient cher leur rébellion : amendes et indemnités de guerre sont tellement lourdes à porter qu’elles pèseront durablement sur leur pouvoir politique.

a mort de Louis XI en 1483 incite ses vassaux à se rebeller contre la régente Anne de France, fille de Louis XI au cours de la Guerre folle, qui se termine par la défaite des rebelles, notamment le duc de Bretagne François II.

Mais se pose alors la question du sort de l’héritière de Bretagne, la duchesse Anne. Maximilien se pose en prétendant et réussit à l’épouser par  procuration en 1490. Pour la cour de France, cela représente une menace sérieuse. Il est donc décidé de faire annuler ce mariage et de donner Anne de Bretagne comme épouse à Charles VIII, ce qui signifie l’annulation des fiançailles avec Marguerite et la renonciation à sa dot. Le mariage a lieu le 17 novembre 1491 à Rennes. Cela représente un casus belli pour Maximilien.

En 1493 est signé le traité de Senlis, qui rétablit la situation antérieure au traité d’Arras : la Flandre, l’Artois, le comté de Bourgogne, le Charolais et Château-Chinon sont rendus la maison de Bourgogne. Marguerite est autorisée à quitter la cour de France.

Son règne s’ouvre sur des concessions à la Confédération des XIII cantons : en 1487, les Confédérés obtiennent de Maximilien par la négociation qu’il garantisse leur indépendance, leurs droits et privilèges par le traité de « Politique perpétuelle » signé à Constance. Pour la première fois, un prince Habsbourg reconnaît formellement des libertés à l’intérieur de ses terres. De leur côté, les citoyens de la Confédération s’engagent à « agir en tout comme sujets du roi des Romains et du Saint-Empire ». Mais la France et la Hongrie se démènent pour empêcher le rapprochement des Confédérés et du Saint-Empire, si bien qu’en 1488 les villes de Zurich, Berne, Zoug et Soleure repoussent silencieusement la proposition de Maximilien. Cet acte d’union s’anéantit finalement de lui-même lorsqu’en 1491 la Confédération, à l’instigation du roi de France, signe un traité d’amitié et de non-agression avec les ducs de Bavière.

La rivalité de la France et de Maximilien Ier sur l’héritage bourguignon devait se solder par une série de guerres en Flandres et en Bourgogne, prémices à une opposition séculaire entre les rois de France et la dynastie des Habsbourg. La Confédération suisse, grande pourvoyeuse de mercenaires pour les deux camps, se trouve entraînée involontairement dans le conflit. Dans chaque ville et chaque village de la Confédération, on trouve un parti pro-français et un parti pro-Habsbourg qui rivalisent de violence et d’avidité pour les soldes de mercenariat. Les cantons du centre de la Suisse penchent plutôt pour la France, cependant que Berne et Zurich sont du parti Habsbourg. Maximilien Ier s’efforce en vain d’empêcher ses sujets de la Confédération d’aller s’engager comme mercenaires en France. Comme ces « Reisläufer » grossissent inexorablement les rangs français au détriment de l’armée de Maximilien, ce dernier met sur pied une arme comparable, les « lansquenets » recrutés en Allemagne méridionale.

Les manigances de Frédéric III pour accroître sans cesse le nombre d’adhérents à sa ligue de Souabe finissent par irriter la Confédération qui considère la Souabe méridionale comme incluse dans sa sphère d’influence. La noblesse de Souabe, les villes d’empire et même le petit peuple s’animent d’une haine graduelle contre les Confédérés. Cela tient d’une part à ce qu’au cours du xve siècle, le sud de l’Allemagne avait plus d’une fois été ravagé par les coups de main des cantons fédérés, et d’autre part à ce que ces cantons sont des concurrents objectifs de la Souabe sur le plan commercial et économique. En bref, les cantons républicains s’opposent à la Souabe aristocratique. La concurrence entre les mercenaires des deux régions (mercenaires suisses et lansquenets) se superpose à ce contexte tendu. La formation de la puissante ligue de Souabe, qui se dresse maintenant face à la ligue des Confédérés, remplit d’aise et de fierté la noblesse et les bourgeois de Souabe, et suscite une conscience politique nouvelle. Ces circonstances font que les peuples du nord et du sud du Rhin deviennent de plus en plus étrangers l’un à l’autre.

L’Autriche des Habsbourg se redresse de façon spectaculaire entre 1489 et 1491. La succession problématique de Louis XI en France permet à Maximilien d’entrer enfin en possession de son fief de Bourgogne ; il récupère en 1490 le Tyrol et l’Autriche antérieure. La mort inattendue de Matthias Corvin, en 1490, soulage la frontière de l’est, permettant à Frédéric III de récupérer ses possessions conquises par le Roi de Hongrie et à Maximilien de réunir pour la première fois dans l’histoire toutes les terres Habsbourg sous une même couronne.

Maximilien devient empereur à la mort de son père en 1493 ; en 1494, Philippe le Beau devient souverain régnant des Pays-Bas bourguignons et du comté de Bourgogne.

Maximilien Ier entreprend, en tant que roi des Romains, de renforcer l’administration centrale. Lors de la Diète à Worms de 1495, il lance une profonde réforme du Saint-Empire (Reichsreform). Les électeurs obtiennent du roi de pouvoir se constituer en parlement. En contrepartie, ce Reichstag autorise la collecte d’un impôt impérial, le Gemeiner Pfennig, pour permettre à l’empereur de mener la guerre contre la France dans la péninsule italienne, et contre les Turcs en Hongrie. Pour mettre un terme définitif aux tiraillements, Maximilien décrète à Worms une paix impériale, la paix perpétuelle de 1495, à laquelle le nouveau tribunal d’Empire, le Reichskammer, est chargé de veiller.

Si la Confédération « suisse » est toujours formellement membre du Saint-Empire, elle ne reconnaît pas les décrets de la diète de Worms, et, à l’exception de Berne, n’a pas envoyé de délégation au Reichstag. Les guerres de Saint-Gall en 1489-90 amènent le tribunal du Reichskammer à citer en justice les cantons de Saint-Gall et d’Appenzell, et les condamne à la mise au ban de l’empire. Les Confédérés ont intercédé à plusieurs reprises auprès du Reichstag et de Maximilien, la dernière fois en 1497 à Innsbruck ; mais aucun point d’entente n’a pu être trouvé, les Confédérés se refusant à reconnaître la souveraineté du tribunal impérial. D’autres procès similaires condamnent Mulhouse et Rottweil, pour faire pression sur ces alliés de la Confédération et les amener à accepter la réforme de l’Empire. En février 1499, des escarmouches entre l’armée des Habsbourg et les milices confédérées dégénèrent entre Bâle et Maienfeld. En l’espace de quelques mois, les chevaliers de la ligue de Souabe, puis l’armée conduite par Maximilien lui-même subissent une série de défaites presque  ininterrompues. Maximilien, qui doit reprendre la lutte contre la France dans le Piémont et le Milanais, est contraint de signer le traité de Bâle, qui exempte de fait les cantons confédérés de l’impôt de guerre impérial et leur reconnaît une large souveraineté.

Dès mars 1495, Maximilien s’est opposé aux prétentions françaises sur le royaume de Naples et a rejoint la ligue de Venise.

En 1498, le fils du duc d’Orléans devient roi de France sous le nom de Louis XII et fait immédiatement valoir ses droits sur le duché de Milan, entamant ainsi les guerres d’Italie. Tandis que Maximilien doit soutenir la guerre de Souabe contre les cantons helvétiques confédérés, Louis XII marche sur le duché de Milan. Le duc en place, Ludovic Sforza, cherche alors à se ménager aussi bien l’empereur Maximilien que les Confédérés pour combattre la France, et va jusqu’à faire se réconcilier les deux parties, car sans une paix dans les Alpes, il ne lui est possible de recruter ni mercenaires suisses, ni lansquenets.

Maximilien Ier, carte maximum, Belgique.

Et en effet, malgré les manœuvres de diplomates français auprès de  l’assemblée délibérative de la Confédération pour empêcher un armistice, le Milanais parvient avec force argent à acheter la paix entre l’Autriche et les cantons rebelles. Alors que le condottière Trivulce, au service des Français, entre dans Milan le 6 septembre, l’empereur et les Confédérés signent la paix de Bâle (22 septembre 1499). Le 18 octobre, Louis XII fait une entrée triomphale dans Milan et se fait couronner duc du Milanais. Profitant du soulèvement de la population, Ludovico Sforza, fort de contingents suisses, retrouve brièvement son trône au début du mois de février 1500, mais il est trahi et arrêté ; les Français gouverneront désormais le duché jusqu’en 1513.

En 1507, le pape Jules II qui, par l’élimination de César Borgia, a pu  s’emparer d’une partie de la Romagne, exige de la république de Venise la cession de nouveaux territoires. Désavoué par le Sénat, il crée la ligue de Cambrai et appelle l’empereur Maximilien Ier à attaquer la République. Le 4 février 1508, à la cathédrale de Trente, Maximilien se proclame empereur élu des Romains, avec l’autorisation du pape Jules II.

Prétextant de son couronnement pour son voyage à Rome, Maximilien s’enfonce en février 1508 en territoire vénitien à la tête d’une imposante armée et marche sur Vicence, mais il est battu à Cadore, au col de Mauria et à Pontebba par l’armée vénitienne de Bartolomeo d’Alviano. Ce sont les Français, membres de la Ligue, qui portent l’année suivante le coup décisif aux Vénitiens (bataille d’Agnadel). Le pape, alors inquiet de la puissance française en Italie du Nord, se retourne vers l’empereur Maximilien et ses lansquenets : ensemble, ils concluent la Sainte Ligue (dont la France est cette fois exclue) et, avec l’aide des Suisses (que les Français n’ont pas suffisamment payés) les mettent en déroute à la bataille de Novare (1513). Simultanément, une alliance avec les Anglais, désireux d’étendre leurs possessions du Calaisis, permet de lancer une vaste contre-attaque dans l’Artois et le Hainaut : ainsi, au cours de l’été 1513, Maximilien assiste en personne à la chute de Thérouanne et de Tournai.

Les Français reviennent à Milan en 1515 sous le règne de François Ier et, après la bataille de Marignan, font prisonnier Maximilien Sforza, homme-lige des Confédérés. C’est ainsi qu’à la fin du règne de Maximilien, les Français se sont maintenus, au prix de coûteuses opérations, en Italie du Nord.

Afin de réduire les pressions grandissantes sur l’Empire par les traités entre les gouvernements de la France, Pologne, Hongrie, Bohême et Moscovie, ainsi que de sécuriser la Bohême et la Hongrie pour les Habsbourg,  Maximilien rencontra les rois de la dynastie Jagellon Vladislas Jagellon, roi de Hongrie et de Bohême, et Sigismond Ier, roi de Pologne, à Vienne en 1515. Les mariages arrangés çà et là amenèrent la Hongrie et la Bohême sous le contrôle des Habsbourg une décennie plus tard.

Maximilien meurt d’une attaque d’apoplexie, le 12 janvier 1519. Il en avait déjà subi deux autres, en 1515 et en 1517, et ne se déplaçait plus qu’en litière.

Son fils étant mort en 1506, son successeur à la tête de la maison de Habsbourg est son petit-fils Charles (1500-1558), déjà souverain des Pays-Bas, comte de Bourgogne (arborant aussi le titre de « duc de Bourgogne »), roi de Castille et roi d’Aragon, qui est élu empereur l’année suivante.

Source : Wikipédia.

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