Max Weber, économiste et sociologue.

Max Weber, né le 21 avril 1864 et mort le 14 juin 1920, est un économiste et sociologue allemand originellement formé en droit.

Considéré comme l’un des fondateurs de la sociologie, il porte ses  interrogations sur les changements opérés sur la société avec l’entrée dans la modernité. On lui doit notamment des analyses complexes du capitalisme industriel, de la bureaucratie et du processus de rationalisation en Occident.

Contrairement à Émile Durkheim, considéré lui aussi comme un père de la sociologie, Weber a peu enseigné et n’a pas fait école de son vivant. Et à la différence de Karl Marx, il aborde le capitalisme non pas « de l’extérieur » (en analysant ses composantes économiques) mais « de l’intérieur », en passant au crible les motivations de ses promoteurs et en recourant pour cela à une méthode qu’il qualifie de « compréhensive ». Selon lui, avant de devenir un système économique, le capitalisme est une éthique. C’est  pourquoi, estime-t-il, pour analyser ce système, il importe d’étudier d’abord cette éthique, qu’il appelle « l’esprit du capitalisme ». Ce concept est central dans son ouvrage L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, une œuvre fondatrice de la sociologie moderne.

En marge de son travail de recherche, Weber s’est engagé dans l’action politique, contribuant notamment à la rédaction de la Constitution de Weimar pour la république de même nom en 1919.

Après sa mort, son épouse, née Marianne Schnitger, également sociologue et connue pour ses positions féministes, a fait publier ses derniers  manuscrits. Son œuvre n’a été traduite en France qu’à partir de 1959. Elle connaît aujourd’hui une réputation internationale.


Weber, carte maximum, Belgique.

Karl Emil Maximilian Weber, aîné de huit enfants, naît dans une famille de la bourgeoisie protestante. Un de ses frères cadets, Alfred Weber, devient également un éminent sociologue. Son père (également Max), initialement haut fonctionnaire, sera élu député du Parti libéral-national au Reichstag après l’unification allemande. Sa mère (Hélène, née Fallenstein), d’origine huguenote par sa famille maternelle (Les Souchay), était une femme cultivée et profondément croyante. Max Weber grandit ainsi dans un milieu riche et cultivé : son père était l’héritier d’une famille d’industriels, sa mère était issue de la bourgeoisie intellectuelle. À partir de 1869, la famille s’installa à Berlin.

S’ennuyant à l’école et ayant peu de contacts avec les enfants de son âge, le jeune Max Weber était un lecteur insatiable, dont les lectures (Cicéron, Kant, Machiavel, etc.) témoignaient d’une grande précocité intellectuelle. À côté de ses études, le jeune Max Weber a également bénéficié de l’influence formatrice du milieu d’hommes politiques et de savants de premier plan qu’invitait son père à la maison. Après l’obtention de son Abitur (équivalent du baccalauréat), il s’inscrivit en droit à la faculté d’Heidelberg. Outre les cours de droit, il y suivit des cours d’économie politique, de philosophie, d’histoire et de théologie. C’est à cette même période que Weber perdit sa timidité : membre d’une corporation d’étudiant, il se livra à des duels, participa à des beuveries, tout en s’endettant.

En 1883, à 19 ans, Max Weber partit pour Strasbourg afin de faire son service militaire. Il y trouva une seconde famille. Weber, hébergé par sa tante (sœur de sa mère), entra en effet dans une relation d’échange intellectuel durable avec le mari de cette dernière, l’historien Hermann Baumgarten, en qui il put sans doute trouver une autre figure d’identification que celle de son père. À la différence de ce dernier, H. Baumgarten était un libéral hostile au compromis avec la politique de Bismarck.

En 1884, il reprend ses études à Berlin, sous la pression de sa famille qui souhaite le séparer des Baumgarten. Il vit dans la maison familiale les huit années suivantes, à l’exception des périodes d’exercice militaire et d’un bref séjour à l’université de Göttingen en 1886 où il obtient sa licence en droit. Devenu un travailleur acharné, Weber se spécialise en histoire du droit, tout en poursuivant un cursus conduisant vers une carrière d’avocat. Il obtint son doctorat en 1889, sous la direction du professeur Levin Goldschmidt, avec une thèse portant sur le développement des sociétés commerciales en nom collectif dans les cités italiennes du Moyen Âge. Dès 1891, il achève sa thèse d’habilitation, L’importance de l’histoire agraire romaine pour le droit public et privé, qui le qualifie pour être professeur à l’université.

Ces années furent décisives dans la formation de Max Weber à un autre titre : il commença à s’intéresser aux problèmes sociaux de son époque et rejoignit, en 1888, le Verein für Socialpolitik (Association pour la politique sociale), association formée par des économistes issus de l’École historique et pour qui la réflexion économique devait jouer un rôle décisif dans le traitement des problèmes socio-économiques de la jeune nation allemande. En 1892, le Verein engagea une étude sur la « question polonaise », c’est-à-dire sur l’afflux d’une importante immigration de travailleurs agricoles polonais à l’Est de l’Allemagne. Max Weber dirigea l’enquête et rédigea son rapport final. Ce dernier fut salué comme une étude empirique de la plus grande importance et conféra à Weber une utile réputation de spécialiste des problèmes agricoles.

À 29 ans, en 1893, Max Weber accède au poste de professeur de l’histoire de droit romain et de droit commercial à la faculté de Berlin. Il se marie cette même année avec une parente de sa mère, Marianne Schnitger. Sa femme, figure de la cause féministe, fut une actrice de la vie intellectuelle et politique allemande, jusqu’à sa mort en 1954. Elle eut un rôle décisif dans l’édition de l’œuvre de Max Weber, supervisant notamment la publication du très grand nombre d’écrits posthumes de son mari, en particulier son opus magnum, Économie et Société. Elle écrit également une importante biographie de Max Weber. Leur mariage fut bâti sur une complicité intellectuelle constante, mais le couple demeura sans enfant. Il appelle son épouse sa « camarade » (Gefährtin) mais lui impose cependant la chasteté, alors qu’il a plusieurs maîtresses : Mina Tobler et Else von Richthofen.

En 1894, Max Weber est nommé à une chaire d’économie politique à l’université de Fribourg. Il y prononce en mai 1895 sa leçon inaugurale, « L’État national et la politique économique », qui fait sensation. Max Weber y exprime son nationalisme de manière enflammée, soutenant l’impérialisme allemand et affirmant la primauté des valeurs germaniques pour un théoricien allemand de l’économie politique. Max Weber n’a pas cessé de soutenir la politique de puissance de l’Allemagne réunifiée. Il changea toutefois, au fil de sa vie publique, souvent de position politique. À la fin de sa vie, il soutient une démocratisation du régime, sous la forme d’un régime parlementaire, seul apte, pour lui, à sélectionner des leaders politiques charismatiques. Comme l’écrit R. Aron, « Weber fut un national-libéral, mais il n’était pas libéral au sens américain, il n’était même pas à proprement parler un démocrate au sens que Français, Anglais ou Américains donnaient ou donnent à ce terme. Il mettait la grandeur de la nation et la puissance de l’État au-dessus de tout. »

En 1897, quelques mois après la mort de son père, avec qui il avait rompu peu de temps auparavant à la suite d’une violente dispute, il est atteint d’une grave dépression nerveuse qui le contraint à interrompre ses activités de professeur et de chercheur. Cette crise dura près de cinq ans et eut d’importantes conséquences sur la vie de Max Weber : elle le contraint à interrompre durablement ses activités de professeur, et à suspendre pour un temps son travail de recherche. Weber part alors se reposer au bord du lac Léman sur les conseils de son médecin. Il reprend ses cours un an plus tard mais fait une rechute en 1899. Il repart alors une seconde fois en voyage : il visite la Corse, l’Italie et la Suisse. Max Weber ne surmonte sa dépression qu’en 1903. Reprenant alors ses activités intellectuelles, il réoriente ses recherches vers la sociologie : il prend, avec Edgar Jaffé et Werner Sombart, la direction des Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, qui devient la première revue de sociologie allemande. C’est dans cette revue qu’il publie la plupart de ses travaux de sociologie, à commencer par L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme dont la première partie paraît dès 1904. En 1909, il fonde la Société allemande de sociologie (Deutsche Gesellschaft für Soziologie) avec Ferdinand Tönnies et Georg Simmel, dont il démissionne en 1912. Face à sa fragilité nerveuse, Weber, aidé en cela par un héritage, renonce toutefois à enseigner. Il ne retrouve l’enseignement que plus de 10 ans plus tard, après la guerre.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Weber, qui a 50 ans, demande à être rappelé comme officier de réserve. Il s’occupe alors, mais seulement durant une courte période, de la gestion de huit hôpitaux de la région d’Heidelberg. Il entame alors une période d’intense activité intellectuelle. C’est, en effet, durant la guerre que Weber débute la rédaction de son vaste projet de sociologie comparée des religions mondiales. Il publie ainsi, sous forme d’articles, dans les Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, en 1916 Confucianisme et Taoïsme, en 1916-1917 Hindouisme et Bouddhisme, et en 1917-1918 Le Judaïsme antique.

En 1918, après avoir refusé la défaite et appelé à la résistance, Weber fait partie de la délégation allemande qui signe le traité de Versailles. Il participe également à la commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution du Reich. Au milieu de l’agitation révolutionnaire de 1918, Max Weber est l’un des membres fondateurs du Parti démocrate allemand. Pendant cette même période, le Frankfurter Zeitung publie une série d’articles de Weber sur la politique allemande regroupés sous le titre « Le parlement et le  gouvernement dans une Allemagne réorganisée ».

En 1918, il part pour Vienne où un poste temporaire d’enseignement d’économie l’attend. Il revient à Munich en 1919 pour occuper la chaire de sociologie que l’université de Munich a créée spécialement pour lui. Weber, à l’invitation de l’association libre des étudiants, y prononce deux conférences, qui ont une influence durable : « Le Métier et La Vocation du Savant » en 1917 et « Le Métier et la Vocation du Politique » en 1919.

Ayant contracté la grippe de 1918, Max Weber meurt en 1920, à l’âge de 56 ans, d’une pneumonie. Avec lui s’éteint la première génération de sociologues, puisque Émile Durkheim et Georg Simmel sont décédés peu de temps auparavant (respectivement en 1917 et 1918).

Au moment de sa mort, Weber est sur le point de conclure son grand projet de sociologie comparative des religions : il regroupe, en 1920, les grands textes de ce projet (notamment L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme), jusque-là uniquement parus en revue, dans un vaste Recueil de sociologie des religions, dont la moitié paraît après sa mort. Toutefois, Weber laisse une part importante de son œuvre à l’état de manuscrit (à commencer par Économie et Société), ou d’articles publiés seulement en revue (notamment ses textes d’épistémologie).

Source : Wikipédia.

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