Maurice Chevalier, chanteur et acteur.

La vie de Maurice Chevalier a fait l’objet de plusieurs biographies, certaines complaisantes, d’autres moins, la plupart font abstraction de sa liaison avec Fréhel (au tout début de sa carrière, alors qu’elle se faisait appeler Pervenche), de la période où il fut accusé de collaboration ou des derniers mois de sa vie ; d’autres insistent sur des détails scabreux de son existence. On y parle abondamment de ses conquêtes féminines, de ses succès à

Broadway, à Hollywood, on cite diverses chansons qui se sont vendues à des millions (?) d’exemplaires. D’aucuns parlent d’avarice, de fixation maternelle, de tentatives de suicide. – Et comme ce n’était pas assez, on peut encore aujourd’hui consulter des milliers d’articles de journaux, des cahiers spéciaux et même visionner les dizaines d’interviews qu’il a accordés au cours de sa longue carrière.

L’image qu’on nous renvoie est toujours la même : celui d’un bonhomme charmant, travaillant très fort, ambitieux mais surtout au large sourire, un sourire devenu depuis légendaire et qui ne fait que nous rappeler qu’une seule chose : l’homme a tout fait pour plaire à son public et il a plu.

Nous parlons, bien sûr, de l’artiste car en le suivant pas à pas, d’une époque à l’autre, on s’aperçoit très vite qu’il y avait une énorme différence entre l’homme et l’artiste mais comme, dans le cadre de ce site, c’est ce dernier – et surtout en tant que chanteur – qui devrait nous intéresser, nous passerons plutôt vite sur les faits entourant le premier.

Maurice Chevalier, carte maximum, Paris 16/06/1990.

Il est né à Ménilmontant en 1888 et, pour diverses raisons, a dû quitter l’école très jeune ; il apprend cent métiers, monte avec son frère un numéro de cirque mais blessé, il doit renoncer à cette carrière, puis, à onze ans, il commence à chanter, imitant les comiques de l’époque : Dranem, Polin, Montel, Ouvrard… Il pose pour des cartes postales. Il apprend à danser. Il finit par percer peu à peu se muant en chanteur fantaisiste, passant de la veste à carreau à l’habit.

Mistinguett le note et les deux finissent par faire un couple dans lequel le public se reconnaît. Les deux seront inséparables pendant un temps.

À l’Armistice, il remonte sur les planches et commence une ascension vertigineuse. C’est la grande période de Chevalier, la période au cours de laquelle il découpe cette silhouette qui sera sienne jusqu’à la toute fin : smoking, canotier, pas de côté. Il est moderne, fait parisien moyen mais un parisien moyen qui a réussi.

Maurice Chevalier, épreuve d’artiste signée (Monaco).

En ’28, il se rend à Hollywood où, dans une série de films, il se fait connaître dans le monde entier, représentant la France, le charme, le Gay Paree… – À son retour, en 1935, il est devenu aussi connu que la Tour Eiffel et tout aussi incontournable. C’est de cette période que datent ses plus grands succès : “Prosper”, “Ma pomme”… y compris “Y’a d’la joie” (de Trenet) qui, selon les versions, lui aurait été imposé ou qu’il aurait choisi pour aider “un plus jeune”… Il reprend également des demi-succès des années vingt qui se répandent dans le monde entier, en version anglaise, comme il se doit : “Louise”, “Valentine”… tout en y mêlant des airs américains.

La deuxième guerre, l’occupation, son apparente sympathie pour le gouvernement de Vichy lui valent quelques ennuis en ’45 mais en chantant une des grandes chansons de la Libération, “Fleur de Paris”, tout finit par être oublié et le voilà reparti pour un autre vingt ans où il donnera des tours de chant dans le monde entier, tournera dans d’innombrables films, écrira ses mémoires, se fera poser avec les grands de ce monde et deviendra ainsi un monument national.

Trois, quatre, cinq périodes donc, dont les deux, trois dernières sont les plus connues et qui font malheureusement oublier les deux premières où son talent a été le plus en évidence.

Nous reste de lui plusieurs enregistrements qu’on limite malheureusement dans les albums qui lui sont couramment dédiés à ses grands succès, c’est-à-dire “Valentine”, “Mimi”, “Louise” et “Thanks Heaven for Little Girls” particulièrement aux États-Unis. – Nous reste, forcément, plusieurs prestations filmées, de nombreux films, sauf que le seul qu’on nous repasse régulièrement est le Gigi de Vincent Minelli, qui date (déjà !) de 1958. Des photos aussi : des dizaines de centaines de photos : en compagnie de la Reine Élizabeth, de divers présidents américains, bref : de tous les grands de ce monde.

Pour ceux qui ne l’ont pas connu, qui ne connaissent pas le phénomène Chevalier, il devient de plus en plus difficile d’entrevoir, derrière la légende de ses trente dernières années – où il semble être un personnage fabriqué sur mesure – celui qui fut si populaire au cours des années vingt et trente car s’il y a un Chevalier relativement encore connu, ce n’est que ce dernier Chevalier, figé dans le temps.

C’est ce que son public a vu en lui à partir des années cinquante et en parfait “Chevalier”, il s’est plié à cette image, celle qui a fini par donner le “Twist du canotier”…

Sauf que longtemps auparavant, dans une autre époque, un autre publique l’attendait et, s’il y a eu une constante, chez Chevalier, elle a toujours été de s’adapter à un son public : celui des midinettes des années dix, celui des fêtards des années vingt, celui de ceux qui voulaient tout simplement passer une bonne soirée des années trente, jusqu’au public de l’Occupation et aux nostalgiques et curieux des années qui suivirent.

Peu de voix (il disait chanter “du cœur” et non de la gorge), danseur moins que moyen, comédien ordinaire, cabotin même, il a fini tout de même par devenir un personnage mais lequel  ?

Retour aux biographies qui nous rappellent qu’il est décédé en 1972.

Voir aussi cette vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=FJiuQa0XwS4

Sources : Dutempsdescerisesauxfeuillesmortes, YouTube

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.