Maître Bertram, peintre.

Maître Bertram (également appelé Bertram von Minden), né vers 1340 à, ou près de Minden en principauté épiscopale de Minden, et mort en 1414 ou  1415 à Hambourg, est l’un des peintres les plus représentatifs du gothique allemand de la fin du XIVe siècle et du début du XVe siècle, assurant la transition vers le style gothique international.

Actif entre 1367 et 1415 à Hambourg où il tenait le plus important atelier de la ville, son chef-d’œuvre est le Retable de Grabow (parfois appelé Retable de Saint-Pierre), achevé en 1383.


Bien qu’une chronique du XVIe siècle désigne l’auteur du retable du maître-autel de l’église Saint-Pierre de Hambourg comme étant « Mester Bertram van Mynden », c’est-à-dire « maître Bertram de Minden », d’une ville de Westphalie, le second testament du peintre mentionne son frère, « Corde van Byrde », dont le patronyme toponymique désigne vraisemblablement le lieu d’origine de la famille, à savoir le village de Bierde (aujourd’hui district de Petershagen), non loin de Minden.

« Bertram Pictor », c’est-à-dire « peintre Bertram », est documenté pour la première fois à Hambourg en 1367. Au-delà de sa qualification de « peintre » — qu’il s’attribue également lui-même dans ses deux testaments —, il a semble-t-il mené une activité non négligeable de sculpteur sur bois et d’enlumineur. En 1371, il achète une maison dans la Sattlerstraße (l’actuelle Schmiedestraße de Hambourg), à quelques pas de la cathédrale Sainte-Marie et de l’église Saint-Pierre. En 1383, il acquiert une seconde maison dans la même rue.

Bertram von Minden a dirigé le plus important atelier artistique de son époque dans la cité hanséatique (selon les règles alors en vigueur, il avait le droit d’être épaulé par deux assistants et deux apprentis). Les archives de 1367 à 1387 (celles entre 1387 et 1420 étant perdues) associent ainsi régulièrement son nom — qui peut tout aussi bien désigner sa main propre que son atelier — à des commandes aussi diverses que la réalisation de retables, de sculptures sur bois peintes ou même de lustres et d’un porte-document frappé aux armes de la ville, pour le Conseil de Hambourg, pour des commanditaires religieux comme pour des clients privés. Maître Bertram acquiert alors une solide aisance financière dont font état les registres de la ville1, ainsi qu’une réelle notoriété en tant qu’artiste. Son chef-d’œuvre est sans aucun doute le retable, aujourd’hui connu sous le nom de Retable de Grabow, conçu pour le maître-autel de l’église Saint-Pierre, alors la première église paroissiale de Hambourg, et achevé d’après des archives du XVIe siècle en 1383.

En 1385, Bertram effectue un voyage de Hambourg à Lübeck, à l’occasion d’une visite de l’empereur Charles IV. Dans un premier testament qu’il rédige en 1390, il évoque également un projet de pèlerinage à Rome, dont la réalisation effective n’est cependant pas attestée, et dont les éventuelles répercussions dans son évolution stylistique ne font pas réellement consensus. En 1410, il rédige un second testament où est mentionnée sa fille Gesa (« Ghescken mymer dochter »), encore mineure, mais non plus son épouse Grete, ce qui a fait supposer que celle-ci était décédée peu de temps auparavant. La même année, il est élu doyen de la corporation des peintres et verriers de Hambourg.

Une lettre envoyée en 1415 au Conseil de la ville de Hambourg, dans laquelle la famille de Minden du maître cherche à faire valoir ses droits de  succession, permet de fixer la date de son décès aux alentours de cette date1. Après sa mort, sa maison entre en la possession d’un peintre du nom de Johannes, qui reprend vraisemblablement aussi son atelier.

Maître Bertram reste le peintre le plus significatif de la ville de Hambourg au tournant du XVe siècle, avant que maître Francke n’y assoie sa  réputation, à partir des années 1420.

Oeuvre de Bertram, carte maximum, Paraguay.

Dans la mesure où aucun document ne porte trace de sa formation, les historiens d’art en sont réduits à des hypothèses. Volker Plagemann8 pense par exemple qu’un apprentissage à Minden est envisageable, dans la mesure où la cathédrale de la cité épiscopale, achevée au xive siècle, a dû mobiliser des artistes pour sa décoration, de même que ses trois églises paroissiales. Plagemann a en outre suggéré un compagnonnage passant par les  principaux centres artistiques de l’époque, tels que Prague, alors siège du saint-Empire romain germanique de Charles IV, ou encore, en suivant le Rhin, Cologne et Strasbourg.

Bertram, carnet de 10 timbres, Allemagne.

L’œuvre de Bertram est marquée par l’influence de la peinture de la cour de Prague, annonciateur du « weicher Stil », ou style gothique international, qui s’étendra à l’ensemble de l’Europe vers 1400. Le rapprochement avec les tableaux réalisés par maître Théodoric pour le château de Karlstein près de Prague révèlent en effet une filiation10 qui a pu faire tenir pour probable un séjour prolongé de Bertram à la cour de Charles IV.

Il entretient également des liens étroits avec l’art de Westphalie, ce qui n’est pas pour surprendre, étant donné ses origines : au style de Bertram est par exemple associé le Retable de la Passion d’Osnabrück, actuellement exposé au Wallraf-Richartz Museum de Cologne.

La représentation de la faune et des paysages dans ses tableaux présente enfin une proximité avec l’enluminure française, alors dominante, et plus particulièrement celle de Jean Bondol.

Source : Wikipédia.

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