Magnus Enckell, peintre.

Magnus Enckell, né le 9 novembre 1870 à Hamina et mort le 26 novembre 1925 à Stockholm, est un peintre finlandais.

Étudiant à l’Académie Julian dans les années 1890, ses premières œuvres sont représentatives du symbolisme alors en vogue. Rapidement reconnu, il obtient ses premières commandes d’œuvres monumentales au début des années 1900, puis devient un des artistes finlandais les plus influents après la mort de son mentor, Albert Edelfelt. Il joue un rôle notable dans le nouvel usage de la couleur par les artistes finlandais, en créant le Groupe Septem, influencé par le néo-impressionnisme.


Son entrée à l’Académie Julian signe le début d’une période profondément marquée par le symbolisme, courant majeur en cette fin de siècle ; Pierre Puvis de Chavannes, Eugène Carrière et Odilon Redon sont parmi les principales sources d’influence pour les jeunes symbolistes, dont Enckell. Ses œuvres, à partir de 1892, se définissent par une palette ascétique, une bidimensionnalité et un contraste prononcé, qui ne plaisent pas particulièrement à Edelfelt mais dont on trouve des ressemblances dans les œuvres de Thesleff, Stjernschantz et Bremer von Bonsdorff. Il remporte le Prix Ducat de l’Association des Arts de Finlande en 1895, pour son Garçon avec un crâne. Ce changement esthétique s’accompagne d’un intérêt grandissant pour les sujets mythologiques, et Enckell fait un séjour en Bretagne où il est notamment marqué par les légendes et les processions religieuses1. Paul Sérusier, membre des Nabis et de l’École de Pont-Aven, est alors un étudiant influent de l’Académie Julian1. Entre 1895 et 1896, Enckell fait plusieurs séjours en Italie, durant lesquels il copie des fresques de la Renaissance1, de même que Thesleff qui découvre Florence en 1894.

Les années 1890 marquent aussi la formation de ses premières relations internationales, qu’il développera toute sa vie, à Paris et ailleurs. Il participe en 1897 à un congrès d’artistes à Stockholm, durant lequel il rencontre Akseli Gallen-Kallela, Hugo Simberg et Serge de Diaghilev, ainsi qu’à une exposition organisée par ce dernier à Saint-Pétersbourg en 1898, avant de retourner à Florence.

L’Exposition universelle de 1900, à Paris, a une grande importance pour les artistes finlandais. Le succès de leur pavillon, décoré par Akseli Gallen-Kallela, est une occasion de s’affirmer à l’international dans un contexte de russification croissante. Enckell expose cinq œuvres : Au concert, Portrait de la mère de l’artiste, Le pilote, ainsi qu’une Étude d’enfant et un Portrait. Il remporte une médaille d’argent.

Dans les années 1900, Enckell reçoit ses premières commandes d’œuvres monumentales : Gethsemane (1902), pour l’église de Savitaipale (détruite en 1918) ; L’Âge d’or pour la Bibliothèque Nationale de Finlande (1904) ; et la fresque de la Résurrection pour l’église Saint-Jean de Tampere (1907), qui contient aussi des œuvres d’Hugo Simberg. Son intérêt pour l’art monumental remonte à ses années d’étude, et il a été profondément marqué par l’intérieur coloré de la « cathédrale » de Francfort-sur-le-Main, visitée en 1894.

Dès son achèvement, la Résurrection est considérée par son ami Sigurd Frosterus comme un chef-d’œuvre de l’art monumental finlandais8. Elle est exposée au Salon d’Automne de 1908, et le critique Étienne Avenard souligne la sobriété de l’œuvre et la capacité d’Enckell à représenter les corps « frêles et jeunes ».

À partir de 1901, Enckell passe plusieurs séjours dans le golfe de Finlande, sur les îles de Porkkala, qui attire des artistes depuis plusieurs décennies, Suursari, qu’il peint à de nombreuses reprises jusqu’en 1912, et Kuorsalo où il se fait construire une maison en 1919. Ces séjours sont l’occasion de peindre des paysages qui intègrent de plus en plus de couleurs, et Depuis la côte de Suursari, en 1904, montre déjà les intérêts d’Enckell pour le néo-impressionnisme. En plus de sa sœur cadette, avec qui il passe ses étés dans les îles finlandaises à partir de 1910, il invite régulièrement des amis artistes, principalement le peintre Verner Thomé. Accompagnés de Willy Finch, Werner Åström, Sigurd Frosterus et Torsten Stjernschantz (conservateur du musée Ateneum), ils y discutent de théories artistiques qui mèneront à la formation du Groupe Septem en 1912.

En 1920 a lieu la dernière exposition de Septem, à laquelle Thomé et Enckell ne participent pas. L’art de ce dernier entre dans une période hétérogène, oscillant entre différent styles, reprenant les thèmes mythologiques de sa jeunesse ou peignant l’intimité de son foyer. Il peint autant des paysages d’Arcadie que des portraits réalistes, des natures mortes ou des sujets chrétiens, notamment les vitraux de l’église de Pori commencés en 1924. Ses nombreuses scènes d’intérieurs comportent pas ou peu de personnages, qui semblent pensifs ou absents.

Entre 1917 et 1919 il réalise une série de toiles et croquis intitulés Chaos, Agonie et Purgatoire. Cette série rappelle certaines de ses œuvres  symbolistes, mais le réalisme et le pathos y sont plus développés. Les historiens de l’art ne s’accordent pas sur la dimension politique à lui donner : s’il n’est pas indifférent à la guerre civile finlandaise et participe à des œuvres de charité, le conflit n’a pas particulièrement impacté sa carrière, et il expose à Helsinki en 1918 et 1919. Pour Dan Holm, ces représentations symboliques de la souffrance semblent plus liées à des questions personnelles, spirituelles et mystiques que par le conflit.

À la fin de sa vie, Enckell est un artiste reconnu et influent depuis déjà plusieurs années. À la mort d’Albert Edelfelt en 1905, il hérite de son atelier16 et lui succède en tant qu’« ambassadeur culturel » de la Finlande. Il est en outre président de l’Association des Artistes finlandais de 1915 à 191815. Il reste proche de nombreux artistes, notamment l’architecte Frosterus, concepteur d’un appartement qu’il achète en 1924.

En 1925, le musée Ateneum présente 192 de ses œuvres dans une grande rétrospective. Alors que l’exposition est transférée à Stockholm, Enckell attrape une pneumonie qui lui sera fatale ; il meurt à Stockholm le 26 novembre, et est inhumé à Hamina. Les vitraux qu’il avait conçus pour l’église de Pori sont mis en place après sa mort, et il n’a pas pu réaliser le pendant de L’Âge d’or pour la Bibliothèque Nationale de Finlande, intitulé Oiseau de Paradis, connu par des études et croquis de 1925. En janvier 1926, la revue L’Art et les artistes lui consacre un article, saluant « ce grand peintre [qui] était une des gloires les plus pures de la jeune Finlande ».

Source : Wikipédia.

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