Lucie et Raymond Aubrac, résistants.

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Lucie Aubrac (Lucie Samuel, née Bernard) née le 29 juin 1912 à Paris de parents originaires de Saône-et-Loire, morte le 14 mars 2007 à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), est, avec son mari Raymond Aubrac, une résistante française à l’occupation allemande et au régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale.


Louis Bernard, le père de Lucie, était d’une famille de cultivateurs de la région de Cluny en Saône-et-Loire, alors que la mère de Lucie, Louise Vincent, était d’une famille de vignerons pauvres de La Chapelle-de-Guinchay, toujours en Saône-et-Loire. Au moment de la naissance de Lucie, en 1912, dans le 14e arrondissement, ses parents sont établis à Châtenay-Malabry. Jardinier de formation, son père travaillait à la maison Vilmorin, mais les deux époux Bernard louent un bistrot dans Paris1. La maladie de Louis oblige les Bernard à quitter leur bistrot et tous deux travaillent en banlieue dans une blanchisserie de Dugny en 1913, au moment de la naissance de Jeanne, l’unique sœur de Lucie. C’est pour que Louis exerce son métier de jardinier que la famille s’installe dans l’Eure, à Bernay. Mobilisé en 1914, Louis est blessé en 1915 et réintègre son foyer, partiellement invalide, en 1918. Les deux filles sont reconnues pupilles de la nation en 1924. En l’absence de son mari, Louise est placée comme laitière, puis, chez une comtesse, dans l’Eure, puis, installée en ville, elle est couturière pour l’armée. Lucie et sa sœur sont envoyées en 1916 chez les grand-mères de Saône-et-Loire où toute la famille se retrouve au cours de l’été 1918.

En 1918, les parents de Lucie trouvent un emploi au château du Plessis à Blanzy, lui comme jardinier, elle comme laitière chez le comte et la comtesse de Barbentane. À partir de 1919, les parents Bernard louent une maison à Montchevrier près de Blanzy et la vie des deux filles devient plus calme. Lucie fait sa première communion et fréquente l’école primaire de Blanzy où elle passe son certificat d’études en 1925. Les parents Bernard poussent leurs filles à poursuivre leurs études, avec des bourses de pupilles de la nation, au cours complémentaire de filles de Montceau-les-Mines, et pour que les études de Lucie puissent se poursuivre dans les meilleures conditions, ils déménagent en 1928 à Vitry-sur-Seine. Lucie entre à l’École normale des Batignolles qui prépare à devenir institutrice, alors que ses parents travaillent aux tréfileries de Vitry, elle comme ouvrière et lui comme jardinier3. Lucie échoue en 1929 et en 1930 mais réussit en 1931 le concours d’entrée à l’École normale d’institutrices. Elle choisit pourtant de ne pas y entrer « L’idée d’être interne, empêchée de circuler, m’était insupportable ! » a-t-elle écrit, explication qui ne paraît pas absurde à son biographe Laurent Douzou. Cette décision est évidemment mal prise par ses parents, ce qui l’amène à prendre une chambre au quartier latin et à essayer de vivre par ses propres moyens.

Lucie & Raymond Aubrac, carte maximum, Lyon, 26/05/2018.

À dater de son renoncement à l’École normale, Lucie devient complètement indépendante et acquiert une liberté qu’elle revendiquera plus tard comme une composante essentielle de son itinéraire. Elle effectue probablement des remplacements d’institutrice, fait la plonge dans un restaurant proche du lycée Chaptal où elle aurait rencontré des professeurs qui l’auraient  poussée à faire des études supérieures d’histoire6. Pour faire des études à la Sorbonne, elle doit d’abord passer le baccalauréat qu’elle prépare en autodidacte et dont elle obtient la première partie en juillet 1932 et la deuxième partie (B-philosophie) en 1933. Elle a alors 21 ans, mais elle avait commencé à préparer des certificats d’histoire et géographie en même temps que la deuxième partie du bac8. Sa préparation à l’École normale d’institutrice ne l’a évidemment pas préparée à faire des études supérieures. En particulier, elle n’avait jamais fait de latin, pourtant indispensable pour décrocher le certificat d’histoire ancienne auquel elle échoue à trois reprises consécutives, mais elle finit néanmoins par obtenir tous les certificats nécessaires pour avoir le titre de licenciée des lettres qui lui permet de préparer l’agrégation féminine d’histoire qu’elle réussit9 du premier coup en septembre 1938. Elle avait abandonné toute activité militante pour préparer le concours.

Parallèlement à ses études et aux divers emplois qui lui permettent de gagner sa vie, Lucie fréquente le Cercle international de jeunesse, fondé par la section française des quakers. Cette association à coloration pacifiste et qui cultive la tolérance fait venir des conférenciers souvent de grande notoriété pour des causeries-débats hebdomadaires, mais elle organise également des réunions amicales et des excursions dominicales. C’est avec le cercle international que Lucie se rend à Berlin en 1932 et qu’à son retour elle écrit un article dans L’Écho des Amis et c’est également par le cercle qu’elle se rend en Angleterre. Ayant assisté à une conférence de Jean Zay, elle participe à sa campagne électorale dans le Loiret en 1936. Il semble qu’en 1937, elle ait cessé de fréquenter assidûment le cercle.

Parallèlement à ses activités au Cercle, Lucie milite ardemment aux Jeunesses communistes (JC). Son adhésion date du début de 1932. Dans l’autobiographie qu’elle rédigera en 1945 à l’usage de l’appareil du Parti communiste, elle écrira :

« J’ai adhéré aux Jeunesses en 1932. Mes contacts avec les quakers m’avaient donné de premières idées pacifistes. Les difficultés matérielles que j’ai connues m’ont fait adapter mon pacifisme à des idées plus combatives et j’ai adhéré aux JC sans savoir rien de plus sur le PC que son côté alors antimilitariste. »

Physiquement courageuse, douée d’une repartie facile, Lucie devient populaire auprès des JC du rayon du 13e arrondissement auquel est rattachée sa cellule du 5e arrondissement et elle devient membre du bureau de Paris-Ville. André Marty qui la fréquente dans le 13e arrondissement écrira en 1952 « que le seul moment où il y avait eu une Jeunesse communiste digne de ce nom dans le 13e arrondissement était celui où Lucie Bernard en avait tenu les rênes en sa qualité de secrétaire ». À la Sorbonne, elle s’inscrit à l’Union fédérale des étudiants, toujours dans la mouvance communiste et elle y noue des amitiés durables avec Victor Leduc, Joseph Epstein, Jean-Pierre Vernant et son frère. En 1935, elle aurait refusé la proposition faite par Raymond Guyot de suivre l’École des cadres de Moscou. Dans le cadre de l’UFE, elle collabore à la revue l’Avant-garde et elle a des contacts assez étroits avec Ricard, un groupe secret qui réunit les étudiants de grandes écoles, non encartés, appelés à occuper peut-être de hautes fonctions. Lucie et le groupe Ricard sont rattachés à une cellule de Panhard & Levassor.

En 1938, Lucie se concentre sur la préparation de l’agrégation sur conseils d’André Marty.

Avec son statut de professeur agrégé, Lucie met un terme à la vie de privations qui aura été son lot de 1930 à 1938. Nommée professeur à Strasbourg, elle rencontre Raymond Samuel, un jeune ingénieur des ponts et chaussées qui faisait son service militaire comme officier du génie. Raymond avait fait partie du groupe Ricard, mais il semble que Lucie, contrairement à Raymond, n’ait pas gardé le souvenir d’une rencontre antérieure à Strasbourg. Bénéficiaire d’une bourse David-Weil pour aller travailler un an aux États-Unis en vue de préparer une thèse de géographie sur la colonisation des Montagnes Rocheuses du sud, la déclaration de guerre diffère son départ, car elle ne veut pas quitter Raymond qu’elle épousera le 14 décembre 1939 à Dijon. Elle enseigne quelques mois à Vannes, où elle a, entre autres, pour élève Simone Signoret, coincée en Bretagne par la guerre.

En août 1940, elle organise l’évasion de son mari, prisonnier de guerre à Sarrebourg. Le couple se réfugie à Lyon où Raymond a trouvé un emploi d’ingénieur dans un cabinet de brevets d’invention mais Lucie garde le bénéfice de sa bourse et n’enseigne pas l’année scolaire 1940-1941. Elle obtiendra un poste au lycée Edgar-Quinet de Lyon en octobre 1941, sous son nouveau nom d’épouse, Lucie Samuel. En automne 1940, de passage à Clermont-Ferrand ou peut-être tout simplement à Lyon elle retrouve Jean Cavaillès, professeur de philosophie et qui a été son collègue à Strasbourg. Celui-ci lui présente Emmanuel d’Astier de La Vigerie, journaliste, qui a créé deux mois plus tôt une organisation anti-nazie et anti-vichyste dénommée « La dernière Colonne ». Cette rencontre est décisive. Raymond et elle consacrent alors tout leur temps libre aux activités de cette organisation : diffusion de tracts, recrutement, sabotages… Alors qu’elle est déjà engagée avec le groupe de Cavaillès et d’Astier, Lucie retrouve un ancien camarade communiste André Ternet qu’elle aurait aidé à mettre sur pied des moyens d’édition et d’émission clandestine. Elle a également un contact avec Georges Marrane qui représente le Parti communiste français en zone Sud.

À partir du mois de mai 1941, après la naissance de Jean-Pierre, leur fils ainé, Raymond et Lucie aident Emmanuel d’Astier à faire un journal dont la parution du premier numéro, deux mois plus tard, marque la naissance du mouvement Libération-Sud. Sous divers pseudonymes, on retiendra Catherine pour Lucie et Aubrac pour Raymond, Lucie et Raymond  contribuent à faire de Libération le mouvement de Résistance le plus important en zone Sud après le mouvement Combat fondé par Henri Frenay. Enseignante bien notée et assidue au cours de l’année scolaire 1941-1942, les activités clandestines de Lucie Samuel sont la cause de multiples retards au premier trimestre de l’année scolaire 1942-1943. Elle est en congé maladie sans discontinuer du 9 janvier au 4 mai, puis du 22 mai au 21 juin. De passage à Lyon en janvier 1942, Jacques Brunschwig, adjoint d’Emmanuel d’Astier, donne une idée des activités de Lucie Samuel à cette époque :

« […] Le mari formait l’élément pondérateur. Lucie Aubrac est une intellectuelle, peu pondérée, n’ayant pas d’esprit d’organisation, confuse et bouillonnante, douée d’un dynamisme excessif. Elle est d’un courage étonnant et donna un travail considérable. Bien qu’ayant un jeune bébé, elle travaillait la nuit, allait coller des tracts et papillons en ville, etc. »

Lucie et Raymond Aubrac font partie du noyau de Libération-Sud. Elle assiste aux réunions de la direction qui se passent souvent à son domicile. Lucie est chargée des liaisons avec Libération-Nord et à ce titre, se rend souvent à Paris.

À partir de novembre 1942, les Allemands occupent la zone Sud et donc Lyon. Les résistants sont alors pourchassés par la Gestapo mais aussi par la milice créée en janvier 1943. Un premier coup dur frappe Libération-Sud le 15 mars 1943 avec l’arrestation par la police lyonnaise d’un agent de liaison inexpérimenté qui entraîne celle de neuf autres personnes dont Raymond Aubrac. Ce dernier avait été chargé par d’Astier à l’été 1942 de diriger la branche paramilitaire du mouvement, c’est-à-dire de former des « groupes francs », sortes de commandos qui constituent le bras armé du mouvement. « Catherine », alias Lucie Samuel, n’a de cesse de monter des coups21 pour libérer ses camarades avec l’aide des groupes francs nouvellement formés. Son zèle est parfois jugé intempestif : Jacques d’Andurain, membre de ces groupes francs, se montrera critique en 1946 vis-à-vis de « l’attitude de Lucie Aubrac qui, après l’arrestation de son mari, voulait que toutes les forces de Libération, toutes affaires cessantes, fussent mises au service de l’évasion ». Faute de pouvoir faire agir les corps francs, Lucie se rend directement chez le procureur qui a l’affaire en charge, se présente comme une envoyée des services gaullistes et le menace de mort si François Vallet — c’est le nom d’emprunt sous lequel Raymond a été arrêté — n’était pas libéré. De fait, Raymond est mis en liberté provisoire entre le 10 et le 12 mai. Le 24 mai,Lucie organise, avec la participation de son mari, l’évasion de l’hôpital de l’Antiquaille des comparses de Raymond qui, eux, n’avaient pas été mis en liberté provisoire : Serge Ravanel, Maurice Kriegel-Valrimont et François Morin-Forestier. Ils leur avaient d’abord procuré des médicaments pour les rendre malades afin qu’ils soient transférés à l’hôpital de  l’Antiquaille où il était plus facile d’organiser l’évasion.

Après ce coup, Lucie et Raymond prennent quelques jours de vacances dans une pension sur la Côte d’Azur, à Carqueiranne, avec leur fils âgé de deux ans.

Le 21 juin, Raymond est à nouveau arrêté, cette fois-ci par la Gestapo, à Caluire, avec Jean Moulin notamment. En outre, sont arrêtés : le docteur Frédéric Dugoujon, leur hôte de la villa Castellane, Henri Aubry, du mouvement Combat, Bruno Larat, André Lassagne, de Libération-Sud, le colonel Albert Lacaze, du 4e bureau de l’Armée secrète et le colonel Émile Schwarzfeld, responsable du mouvement lyonnais France d’abord. René Hardy parvient à s’enfuir dans des conditions controversées qui le rendent suspect de trahison. C’est évidemment un coup très dur pour Lucie. Une de ses amies la dépeint au bord du désespoir le 24 juin, mais sur la voie du rétablissement six jours plus tard. Elle envoie Jean-Pierre à la campagne avec la bonne et prépare à nouveau l’évasion de son mari, ce qui ne l’empêche pas de participer à d’autres opérations : en septembre 1943, elle se fait passer pour un médecin pendant quelques jours, le temps de prendre contact, à l’hôpital de Saint-Étienne, avec quatre résistants arrêtés dans cette ville, blessés, dont Robert Kahn — chef des Mouvements unis de la Résistance (MUR) de la Loire, et frère de Pierre Kahn-Farelle, « Pierre-des-Faux-papiers » — et d’organiser le 6 septembre une exfiltration des quatre résistants avec un commando de faux gestapistes censé les conduire à un interrogatoire.

Raymond Aubrac est emprisonné à la prison Montluc de Lyon. Dès la fin du mois de juin et en septembre, elle va voir en personne le chef de la Gestapo à Lyon, Klaus Barbie, et le prie de la laisser voir son prétendu fiancé dont elle était enceinte — ce qui était vrai — et d’autoriser leur mariage en prison. Elle se présente sous le nom de Guillaine de Barbentane, et trompe Barbie en lui disant qu’une personne de sa condition ne pouvait être mère sans être mariée. Lors de cette visite, elle fait parvenir à Raymond les plans de l’évasion. C’est pendant un transfert, le 21 octobre 1943, que Lucie et ses compagnons attaquent, avenue Berthelot, à 300 mètres avant le boulevard des Hirondelles, le camion allemand dans lequel se trouvent quatorze résistants dont son mari. Six Allemands, le chauffeur du camion cellulaire et les cinq gardes (qui croyant à une soudaine panne ne s’étaient pas méfiés) sont tués pendant l’attaque et les résistants parviennent à s’évader.

Après cette évasion, Lucie Aubrac enceinte, Raymond et leur fils Jean-Pierre entrent dans la clandestinité, de refuge en refuge. Ils parviennent à rejoindre Londres le 8 février 1944. Lucie Aubrac, c’est désormais le nom sous lequel on l’appelle, y a été précédée de sa légende, tissée avec enthousiasme par Emmanuel d’Astier. Lucie accouche le 12 février d’une fille, Catherine, qui a pour parrain le général de Gaulle. Lucie est désignée pour siéger à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger mais son accouchement rend inopportun son transfert à Alger et c’est Raymond qui siège à sa place pour représenter Libération-Sud. Le 24 mars, Maurice Schumann consacre l’essentiel de son émission radiophonique Honneur et Patrie à destination de la France, aux exploits de la première Française que la « France combattante du dedans » a envoyé à l’Assemblée consultative. Lucie intègre d’ailleurs le comité exécutif de propagande qui définit les orientations de la propagande en direction de la France et prend directement la parole le 5 avril 1944 au micro de la BBC pour commenter l’entrée de ministres communistes dans le CFLN. À la radio ou lors de conférences, elle s’exprime avec aisance et sait trouver le mot juste. C’est pourquoi on lui donne souvent la parole : elle intervient à nouveau le 20 avril pour exalter le combat des femmes, le 28 avril pour donner des consignes pour le 1er mai et le 7 juin, juste après le débarquement, pour s’adresser aux femmes.

Le 27 juillet 1944, elle se fait confier par d’Astier un ordre de mission pour accomplir une mission de liaison en France libérée auprès des Comités de Libération et des mouvements de Résistance. Laissant ses enfants à Londres, elle s’installe ensuite à Paris pour siéger à l’Assemblée consultative, ne rejoignant que rarement son mari qui a été nommé commissaire régional de la République à Marseille. Lors de la visite du général de Gaulle à Marseille, le 15 septembre, elle modifie le plan de table établi par le protocole et place les responsables locaux FFI et chefs de la Résistance aux places d’honneur. De Gaulle ne desserre les dents que pour faire honneur au repas. Elle fait également ouvrir des maisons d’enfants en Provence pour accueillir les orphelins de résistants, dont une ouvre le 19 novembre 1944 dans la propriété du maréchal Pétain, à Villeuneuve-Loubet et quatre autres le 1er janvier 1945. Elle va chercher ses propres enfants à Londres au début du mois d’octobre. Révoqué de ses fonctions de commissaire de la République, Raymond Aubrac rejoint Paris en janvier 1945 et s’installe avec sa famille dans un appartement réquisitionné de la rue Marbeuf. À l’Assemblée consultative, Lucie siège dans les commissions de l’Éducation nationale, de la Justice, de l’Épuration, et enfin, du Travail et des Affaires sociales. Elle est aussi active dans les instances dirigeante du MLN qui a succédé aux MUR. Elle est la directrice de Femmes,  l’hebdomadaire pour femmes du mouvement. Sympathisante communiste, Lucie Aubrac est favorable à l’unification du MLN avec le Front national et c’est peut-être la raison pour laquelle, minoritaire, elle quitte la direction du journal en juillet 1945, mais lorsqu’en tant que présidente des femmes du MLN, elle veut prendre contact avec l’organisation communiste Union des femmes françaises, elle se fait recevoir de façon exécrable par Claudine Chomat qui lui aurait déclaré : « Nous n’avons rien à dire aux agents du BCRA ».

Libérée de ses obligations vis-à-vis du MLN, Lucie Aubrac publie en octobre 1945 un petit livre de 114 pages, La Résistance (naissance et organisation) où elle présente une vision assez éclectique de la Résistance, minimisant ses responsabilités dans Libération-Sud, mais exploitant son expérience personnelle par des anecdotes qui éclairent la compréhension. Son titre de cofondatrice d’un mouvement de Résistance lui donnant droit à un crédit de papier, elle fonde avec l’appui de quelques amis, dont Marcel Bleustein-Blanchet qu’elle a connu à Londres, un hebdomadaire, Privilèges des femmes dont le titre évoque les nouveaux droits acquis par les femmes, notamment le droit de vote. Le premier numéro sort en octobre 1945 et le septième et dernier numéro, en décembre de la même année. Le journal n’a pas réussi à se faire une place entre les deux journaux concurrents, celui du MLN et celui de l’UFF. Le couple Aubrac devra s’acquitter des dettes contractées pour ce projet pendant plusieurs années.

Elle meurt le 14 mars 2007 à l’hôpital suisse de Paris à Issy-les-Moulineaux (où elle était hospitalisée depuis deux mois et demi) à l’âge de 94 ans. L’hommage de la classe politique d’époque est unanime, du président de la République, Jacques Chirac, au premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, en passant par le Premier ministre Dominique de Villepin, ou encore tous les candidats à l’élection présidentielle française de 2007.

Ses obsèques, avec les honneurs militaires, ont eu lieu le 21 mars aux Invalides, en présence du chef de l’État, du Premier ministre, de plusieurs ministres, ainsi que d’un grand nombre de personnalités politiques (Marie-George Buffet, Jean-Pierre Chevènement, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy…).

Les cendres de Lucie Aubrac ont été transférées au cimetière de Salornay-sur-Guye, village du Clunisois où est né son père. Des voix de tous bords politiques se sont élevées pour demander son transfert au Panthéon. Son mari, Raymond Aubrac, décédé le 10 avril 2012, a été crématisé comme elle et l’a rejointe dans le cimetière du village, le 12 mai 2012, après des honneurs nationaux aux Invalides.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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