L’oie cendrée.

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L’Oie cendrée (Anser anser) est une espèce d’oiseau appartenant à la famille des Anatidae et à la sous-famille des Anserinae. Elle est l’espèce type du genre Anser. On regroupe dans l’espèce les populations d’individus sauvages, les individus des races domestiques, mais aussi des individus marrons, c’est-à-dire domestiques mais revenus à la vie sauvage, ainsi que, dans une certaine mesure, les individus hybrides. De fait, cette espèce présente une vaste aire de répartition.

Elle est, avec l’Oie cygnoïde, un des ancêtres des oies domestiques ; sa domestication remonte à plusieurs milliers d’années.

Les populations sauvages sont protégées par l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA).


L’oie cendrée (Anser anser) est l’ancêtre de la plupart des races d’oies domestiques. Les individus sauvages ont une silhouette massive qui les distinguent des autres espèces d’oie. Ils mesurent entre 68 et 90 cm pour une masse de 2,5 à 3,6 kg et une envergure variant entre 147 et 180 cm. La queue mesure entre 129 et 150 mm, le tarse entre 73 et 82 mm.

Oie cendrée, carte maximum, Pays-Bas, 1/06/2017.

Les mâles sont en moyenne légèrement plus grands (aile de 447 à 482 mm contre 412 à 468 mm) et plus lourds (3,6 kg contre 3,2 kg) que les femelles.

Les races domestiques sont plus grosses (elles peuvent peser jusqu’à 5,5 kg), de morphologie plus adaptée à la marche, de plumage plus variable et pondent davantage. L’hybridation rend les différences plus flagrantes encore.

Les variétés sauvages présentent un plumage gris-beige, plus sombre et brun sur la nuque, les flancs, le dessus des ailes et le dessus de la queue. Ces plumes brunes sont veinées du même gris-beige que le dessous de l’oiseau. Les flancs sont nuancés de brunâtre. Le ventre peut être parsemé de quelques taches noires mais cette coloration n’est jamais aussi étendue que chez l’Oie rieuse. Le croupion est blanc, tout comme l’arrière du ventre et les sous-caudales. Le bord d’attaque des ailes est bordé d’une ligne gris bleuté pâle. Les pattes sont rose chair, fortes et palmées. L’œil noir est cerclé de blanc.

Dans la nature, cette oie se distingue des autres espèces par sa grosse tête et son bec massif (54 à 73 mm). Ce bec est orange ou rose selon les sous-espèces, avec l’onglet blanc.

Les jeunes ressemblent aux adultes, mais leurs pattes sont grises et l’aspect des plumes au niveau du cou, du dos et des flancs est moins veiné, plus uniforme ; en outre ils n’ont jamais de taches noires sur le ventre1.

Les oisons de type sauvage sont couverts d’un duvet marron ou jaune-olivâtre sur le dessus, et jaunâtre en dessous.

Les individus de l’Europe de l’Ouest (Anser anser anser) ont le bec orange et sont un peu plus petits, plus sombres et une teinte plus grise que les individus asiatiques (Anser anser rubirostris), qui eux ont le bec rose. Les individus d’Europe de l’Est ont souvent une apparence intermédiaire entre ces deux sous-espèces (bec rose et orange).

Le bec des populations centrées autour de la mer Baltique est terminé par un onglet corné, ce qui permet à ces individus une extraction plus facile des tubercules, bulbes et racines, tandis que les populations centrée sur la Norvège ont un bec plus court, qui facilite le cisaillage des plantes herbacées1.

Le plumage des races domestiques est très variable. Il peut être blanc, gris-marron (proche de la variété sauvage) ou entre ces deux couleurs. Il existe des dizaines de races domestiques, avec de nombreuses variations dans la taille de l’oiseau et la couleur de son plumage. Chez certaines variétés domestiques, il existe un dimorphisme sexuel, mais pas chez les sous-espèces sauvages.

D’un naturel sociable, l’oie cendrée devient extrêmement grégaire durant la migration. Les dimensions des groupes d’oies vont du petit groupe familial jusqu’à des rassemblements de plusieurs milliers d’individus. Pendant la saison de nidification, le mâle devient territorial et défend les abords du nid contre les intrusions.

C’est une espèce monogame, les couples se forment pour toute la vie. En cas de disparition d’un des deux conjoints, le survivant peut s’infliger, avant de reformer un couple, un célibat prolongé, voire un veuvage définitif.

Cependant, les aviculteurs parviennent à obtenir qu’un jars (oie mâle) se lie préférentiellement avec plusieurs femelles (jusqu’à six). Cependant, dans les troupeaux de plus de vingt individus où ce ratio est conservé, les liens se distendent et les relations privilégiées entre conjoints disparaissent.

Les colonies, souvent composées d’individus de la même famille, disposent d’une hiérarchie sociale. Quelques mâles dirigent le groupe et surveillent l’apparition éventuelle de prédateurs pendant les périodes d’alimentation.

L’oie cendrée se nourrit principalement en broutant de l’herbe et de jeunes pousses, mais elle peut aussi déterrer des rhizomes, racines et tubercules, glaner des graines, des inflorescences et des fruits (Rubus et Vaccinium), voire consommer de petits animaux aquatiques. Sauvage, elle consomme surtout des plantes aquatiques comme les spartines, fétuques, potamots, prêles (Equisetum), glycéries (Glyceria) et lentilles d’eau (Lemna), des roseaux comme les scirpes, phragmites et massettes, ou des plantes de prairie comme les herbes, les trèfles et les pissenlits.

Le régime alimentaire des oies peut dépendre de leurs habitudes sur leur lieu de nidification. Les Oies cendrées qui nichent en Norvège s’alimentent surtout des parties aériennes de graminées et d’autres plantes prairiales comme Festuca, Agropyron, Lolium, Poa, Taraxacum, Sonchus et Chenopodium1. Le régime alimentaire dépend aussi des zones où elles stationnent. À Oostvaardersplassen, l’alimentation des oies est constituée de feuilles, tiges et rhizomes de massettes (Typha) et phramites (Phragmites) puis, lorsque les ressources s’épuisent, sur les champs de céréales, tandis qu’en mer de Wadden, elle se nourrissent de Spartine, Fétuque, Scirpe et Chiendent. Dans l’ouest de la France, l’oie cendrée se nourrit surtout sur les prairies pâturées, consommant les ivraies et puccinellie maritime (Puccinellia maritima) sur les prés à Pâturin maritime (Poa maritima) de la baie de l’Aiguillon, glanant dans les chaumes de maïs et plus occasionnellement sur les céréales d’hiver. Dans les marais d’Orx, les hivernants consomment les pousses de jonc épars et de baldingère faux-roseau et même de la jussie rampante.

Dans les marais du Guadalquivir du sud de l’Espagne, les oies se nourrissent principalement des rhizomes de Schoenoplectus litoralis puis, plus tard, de rhizomes de Scirpe maritime, lorsque les zones qu’elles couvrent sont inondées.

Les oies ne peuvent se nourrir que lorsque les sols sont humides ; lorsque les sols sont secs, elles doivent généralement se rabattre sur les céréales. Les oies peuvent également attaquer certaines cultures maraîchères comme les champs de carottes, pommes de terre, navets, rutabagas et betteraves, et glaner les grains de blé dans les chaumes.

Elles se nourrissent principalement à l’aube et en fin de soirée. Pendant le Zugunruhe ou en cas de sécheresse, elles peuvent se nourrir toute la journée.

Pour se reproduire, les couples se cantonnent dans les marais et près de lacs pourvus d’une importante couverture de roseaux et autre végétation, le plus souvent au voisinage de prés et de champs.

La saison de reproduction débute à des dates variables selon les régions : début mai en Islande, fin avril en Écosse, fin mars dans de nombreuses régions. Les aviculteurs utilisent des techniques d’exposition à la lumière artificielle pour modifier ces dates chez les variétés domestiques.

En ce qui concerne les individus sauvages, la parade nuptiale et l’accouplement ont lieu dans l’eau. Le mâle enfonce la tête sous l’eau de façon répétitive, imité par la femelle si cette dernière est consentante. Lors de l’accouplement, la femelle se retrouve souvent intégralement sous l’eau, à cause du poids de son partenaire.
Le nid, de grande taille, est installé près de l’eau, dissimulé dans la végétation et les roseaux. Lorsque le couple trouve un endroit propice, le nid est constitué de brindilles et de roseaux, et garni de duvet. C’est la femelle qui construit le nid, le mâle ayant pour rôle de surveiller le territoire. La construction est finie en 3 jours, mais des matériaux peuvent être rajoutés durant toute la durée de l’incubation. Le nombre d’œufs pondus varie de 3 à 12, mais la ponte ne compte généralement que de 4 à 6 œufs. Ces œufs sont blanc crème et mesurent en moyenne 86 × 58 mm. Leur poids frais est de 150 à 160 g. Ils sont couvés par la femelle exclusivement. Le mâle surveille le nid de loin puis participe à l’élevage des jeunes.

L’incubation dure de 27 à 29 jours. Si les œufs sont détruits, une autre ponte peut avoir lieu1. Après éclosion, les oisons sont nidifuges et quittent le nid dès qu’ils sont secs et suffisamment mobiles, soit généralement après 24 h à 48 h. Ils sont alors capables de suivre leurs parents, de nager et de se nourrir seuls, mais sous la surveillance de leur père et de leur mère. Dans l’eau, la femelle nage toujours en tête, suivie par le cortège des oisons, le père venant en fin de file, prêt à défendre âprement sa progéniture6. Les oisons sont capables de voler à 8 semaines environ. Cependant, le groupe familial reste souvent uni pendant une année, au bout de laquelle le mâle adulte, prêt pour une nouvelle saison de nidification, va chasser les jeunes de l’année précédente. Après la saison de nidification, c’est-à-dire deux mois après l’éclosion des oisons de l’année, les groupes familiaux ont tendance à se reconstituer.

En Amérique du Nord, il existe de nombreux cas d’hybridation spontanée entre l’Oie cendrée, issue d’oie domestique marron et la Bernache du Canada, d’autant qu’elle vivent parmi les colonies de celle-ci. On rapporte aussi des cas d’hybridation avec l’oie cygnoïde (d’origine captive puisque cette dernière espèce est asiatique) et l’oie rieuse.

Cet oiseau atteint la maturité sexuelle à l’âge de 3 ans en moyenne. Il peut vivre 20 ans dans la nature et 30 ans en captivité. Le record actuel européen de longévité dans la nature, constaté par baguage, est de 23 ans et 7 mois, sur un individu tué par collision avec une voiture.

Les individus sauvages fréquentent une grande variété de zones humides de la région paléarctique. L’oie cendrée niche principalement dans le Nord et l’Est de l’Europe (Islande, Écosse, Scandinavie, Estonie, Allemagne, Pologne), en Turquie sur les bords de la mer Noire, en Russie (Sibérie de l’Ouest) et jusqu’en Chine12. Quelques individus nichent cependant en France, notamment en Alsace, baie de Somme, Brière, Lac de Grand-Lieu et au Parc ornithologique du Teich ; ces populations résultent d’introductions. On en trouve également dans le sud de l’Amérique du Sud5. Cette espèce a aussi été introduite dans les îles Malouines.

Ces oies, selon les populations, hivernent en France, aux Pays-Bas, dans le Sud de l’Europe et de l’Asie, jusqu’à l’Ouest de Afrique du Nord.

Dans certains pays où les populations sauvages sont en déclin, comme en Angleterre, il arrive que des individus domestiques revenus à la vie sauvage s’établissent et recolonisent la région.

En ce qui concerne les oies cendrées domestiques, on les trouve en Europe, Asie et Amérique du Nord essentiellement.

Les oies cendrées sauvages sont généralement migratrices, se déplaçant vers le sud et l’ouest en hiver, vers les îles britanniques, l’Espagne, le Portugal, les bords de la Méditerranée ou de la mer Noire, l’Afrique du Nord ou le Sud de l’Asie selon les populations. Mais certaines populations sauvages du nord-ouest de l’Europe (notamment les populations écossaises) ainsi que les populations d’individus marrons sont très souvent résidentes. Des individus et groupes isolés hivernent aussi sur les bords de la Baltique et dans le Nord de l’Allemagne.

Cette espèce migre vers ses quartiers d’hiver de septembre à début décembre. Le retour des oies cendrées se déroule de fin février à mars. Les haltes sont plus régulières lorsque ces oiseaux montent vers leurs sites de nidification que lorsqu’ils descendent vers leurs lieux d’hivernage.

Lors des déplacements migratoires, les oies ont tendance à voler bruyamment, en formation en V2 de 50 à 200 individus, quelques fois accompagnées d’autres oiseaux migrateurs comme les grues cendrées ou d’autres espèces d’oies. Même au sein des formations, les couples ne se séparent pas.

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Sources : [wpicons-icon icon=”wpicons-wikipedia1″ size=”28px”]  [wpicons-icon icon=”wpicons-youtube2″ color=”#dd3333″ size=”29px”]

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