L’industrie du pétrole et du gaz au Venezuela.

Le Venezuela détient le plus grand réservoir pétrolifère du monde, situé dans la ceinture de l’Orénoque. Néanmoins, le pétrole qu’il contient est un brut extra-lourd, difficile à extraire et cher à produire. Étant donné la chute continue du prix du baril, le développement de telles ressources se révèle encore plus compliqué à maintenir.


Le Venezuela possède les premières réserves prouvées de pétrole du monde avec 298,353 milliards de barils, et les huitièmes réserves prouvées de gaz naturel, 197,089 milliards de pieds cubes Informe de Gestion Anual, PDVSA, 2013, p. 14.. Les réserves pétrolières vénézuéliennes représentent 17,7 % des réserves mondiales de pétrole et 90,6 % des réserves de brut de l’Amérique latine, Annual Statistical Bulletin, 2014.. Les réserves gazières du pays, quant à elles, représentent 3 % des réserves mondiales et se classent au deuxième rang du continent américain après les États-Unis Ibid, p. 20. Les réserves d’hydrocarbures conventionnels et non conventionnels du Venezuela sont composées principalement de pétrole lourd (5,3 %) et extra-lourd (77,8 %), mais aussi

de pétrole moyen (3 %), léger (3 %), de condensat, de gaz humide (moins de 1 %) et de gaz (10 %). C’est à l’intérieur de la Ceinture pétrolifère de l’Orénoque (CPO), dans le bassin oriental, que sont situées les réserves de brut extra-lourd, qui s’élèvent à 258,3 milliards de barils. La CPO renferme 86,57 % des ressources pétrolières du pays, et 32,50 % de ses ressources gazières PDVSA, Informe de Gestion Anual, op. cit., p. 45.. Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a aussi révélé d’importantes réserves d’huile et gaz de schiste dans le bassin de Maracaibo, estimées à respectivement 13 milliards de barils et à 16,7 trillions de pieds cubes techniquement exploitables EIA/ARI, World Shale Gas and Shale Oil Ressource Assessment,….

3La production gazière et pétrolière du pays est majoritairement répartie sur deux bassins : celui de Maracaibo-Falcón et le bassin oriental qui fournissent environ 99 % de la production nationale de pétrole et de gaz s’élevant en 2013 à respectivement 2,899 millions b/j et 796 millions de barils équivalent pétrole par jour [7][7]PDVSA, Informe de Gestion Anual, Ibid.. La part des ressources dans la production totale d’hydrocarbures s’élève à 41 % pour le pétrole lourd et extra-lourd, à 16,7 % pour le pétrole moyen, à 12,3 % pour le pétrole léger, à 3 % pour le condensat et le gaz naturel liquéfié et à 20 % pour le gaz [8][8]PDVSA, Informe de Gestion anual, op. cit., p. 53.. Les réserves de gaz du pays sont composées à 90 % de gaz associé dont 30 % sont situées dans la CPO. Le gouvernement a  entrepris d’augmenter la production de gaz non associé onshore dans les champs pétroliers du bassin oriental (Anaco, Yucal Placer et Barrancas) et l’offshore. Ainsi plusieurs projets d’exploration sont-ils menés conjointement avec différentes compagnies privées (Total, Chevron, Statoil) dans le golfe de Paria, dans le golfe du Venezuela et dans l’Est du bassin occidental (projet Mariscal Sucre, projet Plataforma Deltana). La production de gaz naturel du Venezuela est insuffisante pour faire face à la consommation domestique et interne de Petróleos de Venezuela (PDVSA) qui en utilise 70 % pour soutenir l’extraction de pétrole (réinjection de gaz dans les gisements). Le pays importe donc du gaz en provenance de Colombie et des États-Unis pour satisfaire sa consommation domestique. Enfin, 2,33 % du gaz naturel est transformé en gaz naturel liquéfié (GNL) que le pays exporte au Brésil (66,4 %) et aux États-Unis (27,8 %).

En 2013, le Venezuela était le 12e exportateur mondial de pétrole (4e en 2000) et le 5e du continent américain EIA, Venezuela Country Analysis Brief, juin 2014 ; voir aussi…. La même année, la production de brut et de produits pétroliers s’élevait selon le rapport annuel de PDVSA à 3,015 millions b/j  PVDSA, Informe de Gestion anual, op. cit, p. 15.. Toutefois, ces chiffres varient d’une source à l’autre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime une production à hauteur de 2,40 millions b/j et l’OPEP à 2,79 millions b/j, en 2013]EIA, Venezuela Country Analysis Brief, juin 2014.. Les méthodes de calcul diffèrent ; l’AIE, par exemple, n’inclut pas la production de pétrole extra-lourd dans la production pétrolière, mais la place dans la catégorie de pétrole dit valorisé (upgraded syncrude), qui a un volume inférieur de 10 % à celui du brut extra-lourd Ibid… En effet, les huiles extra-lourdes, dont le degré API peut varier de 7 à 10°, sont très denses et très visqueuses. La valeur API (créée par l’American Petroleum Institute) permet… ; pour être commercialisables elles doivent être converties en pétrole ultraléger par le biais d’un procédé complexe de raffinage nommé valorisation (upgrading). Les raffineries capables d’opérer ce traitement se trouvent principalement au Venezuela et aux États-Unis. Aux États-Unis, le Venezuela possède cinq raffineries (Texas, Illinois) et la moitié des parts de la compagnie pétrolière américaine CITGO, filiale de PDVSA US, dans quatre raffineries.

5Depuis 2013, les États-Unis ne sont plus la première destination des exportations pétrolières du Venezuela ; c’est vers l’Asie que le Venezuela exporte 1,05 million de b/j de brut et de produits pétroliers contre 845 000 b/j aux États-Unis en 2013 et 1 002 000 b/j en 2012  PVDSA, Informe de Gestion anual, 2012 et 2013.. La Chine et l’Inde sont ses deux principaux clients asiatiques. Les exportations vers la Chine ont considérablement augmenté en 8 ans, passant de 49 000 b/j en 2005 à 369 000 b/j en 2013. L’Inde aussi est un important marché ; 403 000 b/j étaient exportés en 2013  PVDSA, Informe de Gestion anual, 2013, p. 107.. La réduction des exportations vers les États-Unis s’explique par le développement de leur production domestique de gaz de schiste qui a changé la configuration du secteur énergétique dans ce pays et modifié ses besoins. Les États-Unis ont remplacé progressivement l’extra-lourd vénézuélien par l’extra-lourd canadien « Independence ? Deloitte says it’s really about security »,…. Quant à la Chine, son intérêt pour les ressources vénézuéliennes s’explique par la politique de Chávez qui avait consisté à diversifier les marchés pour réduire la dépendance des États-Unis, d’une part, et par les besoins croissants de la Chine en ressources afin de poursuivre sa croissance de l’autre.

L’économie vénézuélienne est dépendante à 95 % de la rente pétrolière et 45 % des recettes du budget de l’État sont fonction du pétrole. La chute du prix du baril a de lourdes répercussions sur l’économie. Le président Nicolás Maduro a déclaré qu’un cours pétrolier juste devait se situer aux alentours de 100 dollars  « Presidente Maduro, Precio del petróleo a 100 dólares por…, or le prix du baril a chuté de presque 50 % depuis le mois de juin 2014 et s’élève actuellement à 48,54 dollars  Ministerio del Poder Popular de Petróleo y Minería,…. Les pétroles non conventionnels comme le brut extra-lourd cessent d’être rentables en dessous de 80 dollars le baril, un baril d’extra-lourd représentant un coût de production de 37 dollars « Rafael Quiroz : Es recomendable que Venezuela Proponga…. En 2013, le Venezuela exportait environ 1,935 million de b/j de brut et de produits pétrolier sur les 3 millions b/j qu’il produisait selon le rapport PDVSA. Il a même dû tailler dans les livraisons de pétrole subventionné aux États membres de PetroCaribe (alliance pétrolière forgée en 2005), Cuba incluse  « Venezuela recorta su envío de crudo a Petrocaribe y Cuba »,…. Eulogio Del Pino, président de PDVSA ayant eu beau déclarer que la production se maintiendrait en 2015 aux alentours de 3 millions b/j «

11Le président Maduro s’est rendu à Pékin début janvier 2015 afin de solliciter de nouveaux fonds auprès de son premier créancier étranger, la Chine. Les prêts qu’a reçus le Venezuela de la Chine depuis 2007 et qu’il rembourse en lui troquant du pétrole s’élèvent à 50,4 milliards de dollars Cf. Amos Irwin, Gallagher Kevin, « Chinese Finance to Latin…. Ces derniers mois, le pays a fait l’objet de vives spéculations dans la presse étrangère quant à un possible défaut de paiement sur la dette garantie en pétrole contractée auprès de la Chine  Cf. Ricardo Hausmann, Miguel Angel Santos, Should Venezuela…. Mais la crise que le pays traverse n’a visiblement pas changé les positions de Pékin vis-à-vis de Caracas, puisque un nouveau prêt de 5 milliards de dollars vient de lui être accordé [28][28]« Venezuela Recibe 5.000 millones de dólares por prestamo de…. Un accord supplémentaire pour un autre prêt de 5 milliards allait être signé en juin 2015. Les grands gagnants de la chute des cours de l’or noir sont les Chinois qui profitent sans doute de conditions très favorables qu’ils sont en mesure d’imposer à un pays qui n’a d’autre choix que de les accepter.

Source : CAIRN

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