L’île Hydra (Grèce)

Hydra (en grec : Ύδρα / Ýdra, /ˈi.ðra/), connue dans l’Antiquité sous le nom d’Hydréa (grec ancien : Ὑδρέα / Hudréa, dérivé de ὕδωρ / húdōr, « eau »), est une île grecque du golfe Saronique, au sud d’Athènes, dans la mer Égée, en face de la péninsule de l’Argolide. Ses marchands contribuèrent à en faire l’une des grandes puissances navales de la mer Méditerranée à l’époque moderne. Ses armateurs et ses navires jouèrent un rôle déterminant lors de la guerre d’indépendance grecque. Elle forme aujourd’hui l’essentiel du territoire de la municipalité qui porte son nom.


Bien que certainement déjà habitée, Hydra fut peuplée par des Samiens fugitifs, au temps de Polycrate. Elle est longtemps restée en marge des grands évènements de l’histoire, de l’Antiquité au Moyen Âge. Elle fut souvent plus proche d’Argos, de Corinthe et de Sparte, que des Athéniens, fut échangée entre Trézène, Égine et Samos, et devint définitivement romaine en 63 avant notre ère, après les Guerres pontiques. Le christianisme semble y être établi au VIe siècle : Hydra fait désormais partie du monde byzantin. L’île, dépeuplée comme beaucoup d’autres au cours du Moyen Âge, se repeuple d’Arvanites à partir de la fin du xvie siècle, puis devient, à partir du XVIIe siècle, une puissance marchande et navale. Au début du XIXe siècle, au faîte de sa fortune, la marine hydriote comptait 125 navires et plus de 10 000 marins.

La présence d’habitats paysans (agriculteurs et bergers) est attestée dans le deuxième moitié du troisième millénaire avant notre ère sur les quelques petites plaines invisibles depuis la mer. De l’obsidienne en provenance de Milo a été retrouvée sur Hydra.

Durant la période mycénienne, Hydra a peut-être servi de base navale aux royaumes continentaux, car des fragments de vases, des outils et une tête d’idole furent retrouvés sur le Mont Chorissa. Le grand mouvement de population amenant les Doriens en Grèce vers le xiie siècle avant notre ère entraîna le dépeuplement de l’île. Elle aurait été repeuplée par des paysans et bergers, peut-être par le port continental d’Hermione, vers le viiie siècle avant notre ère.

Durant l’Antiquité, il semble qu’aucun dieu, aucun héros, aucun événement mythologique ne se rattache à l’île d’Hydra. La seule légende que l’on y raconte, et qui servit de trame à des films modernes, est celle du garçon qui se lia d’amitié avec un dauphin, animal qui était dans l’Antiquité considéré comme le messager de Poséidon, et dont Théophraste et Aulu-Gelle faisaient déjà un ami du genre humain ; cette légende se rencontre dans bien d’autres lieux autour de la Méditerranée.

Hérodote nous apprend que vers le vie siècle avant notre ère, l’île appartenait à Hermione qui la vendit à Samos qui à son tour la céda à Trézène.

On sait que l’île était peuplée durant la longue période romano-byzantine (vases et monnaies découverts au lieu-dit Episkopi). Il semblerait qu’Hydra se soit totalement dépeuplée lors de la période de domination franque, principalement à cause du danger pirate. Les habitants des îles se repliaient alors vers l’intérieur des terres, or comme ce n’était pas possible sur Hydra, trop petite, le seul salut était de se réfugier dans les montagnes du Péloponnèse.

L’île présentant peu d’intérêt agricole ou minier, fut relativement épargnée par la domination turque. Son développement naval et commercial aurait permis l’ouverture de la première école de marine marchande vers 1645. Il semblerait que le premier navire construit sur l’île ait été lancé en 1657.

La guerre navale et terrestre entre Venise et l’Empire  ottoman au XVIIe siècle limita l’essor de la marine marchande jusqu’en 1718 et le traité de Passarowitz. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, Hydra construisit les mêmes caïques que les autres îles de l’Égée : le sachtouri (15 à 20 tonneaux) et le ladinadiko (40 à 50 tonneaux). Les Hydriotes se contentaient alors de naviguer en Égée, poussant parfois jusqu’à Constantinople et, pour les plus audacieux et seulement en été, jusqu’aux bouches du Danube, à la recherche de blé, de bois et de toile. Le grand changement survint en 1757, lorsqu’un navire de 250 tonneaux fut lancé. L’île devint alors un port commercial important. En 1771, 50 navires venus de toute la Grèce furent recensés en même temps dans sa rade. En 1781, l’île armait 100 bâtiments. Contrairement à sa voisine Spetsès, Hydra ne participa pas à la révolution d’Orloff et ne subit ainsi pas de représailles de la part des Ottomans ; en récompense de son aide au cours de la guerre contre les russes elle reçut en 1778 le droit de collecter elle-même les taxes dues à l’empire.

Mais l’essor commercial d’Hydra était bloqué par l’Empire ottoman, sur plusieurs plans. Les impôts et taxes très lourds exigés par la « Sublime Porte » limitaient les possibilités de développement. La liberté de commerce était elle-même limitée par l’administration ottomane. Les Détroits (Dardanelles et Bosphore) donnant accès à la Mer Noire et au blé des Principautés danubiennes étaient bloqués à la circulation maritime non-ottomane et, pour les navires ottomans (comme ceux d’Hydra), soumise au bon vouloir des Kapoudan-Pacha des détroits. Le Traité de Kutchuk-Kaïnardji modifia cet état de fait. La Russie obtint de l’Empire ottoman le droit de « protéger » les chrétiens orthodoxes de l’Empire. Cette « protection » religieuse avait un corollaire très commercial : les Hydriotes purent dès lors arborer le pavillon russe et profiter de la libre circulation commerciale que le Traité avait instituée dans les Détroits. Hydra étendit alors son aire commerciale qui alla du Sud de la Russie aux ports italiens d’Ancône et Livourne, transportant toute sorte de marchandises : ambre de la Baltique, cuirs et fourrures de Russie, blé d’Ukraine, soieries, épices et parfums de l’Empire ottoman, porcelaine et joaillerie italienne…

À partir de 1785, les armateurs d’Hydra se lancèrent dans l’investissement commercial10. Chaque navire devint une petite entreprise commerciale. Très vite, les échanges commerciaux du Levant dépendirent des navires d’Hydra, de Spetses et de Psara.

Pendant les guerres révolutionnaires et napoléoniennes, les navires de commerce d’Hydra brisèrent régulièrement le blocus britannique pour livrer du blé du Péloponnèse à Marseille. La fortune des armateurs de l’île s’accrut alors considérablement. Les bénéfices (partagés équitablement entre les armateurs, les capitaines et les marins) pouvaient alors atteindre 400 % des sommes investies au départ.

Hydra joua un rôle déterminant lors de la guerre d’indépendance grecque. Elle fournit la plus grande part des navires de la flotte grecque, armés par les grandes familles d’armateurs, comme les Koundouriotis, qui jouèrent un rôle politique important. L’ancien marchand Andreas Miaoulis joua le rôle d’amiral pendant une grande partie de la guerre, au cours de laquelle les brûlots hydriotes firent beaucoup de dégâts à la flotte ottomane.

La rivalité et les intérêts divergents entre les îles d’armateurs et le continent conduisirent souvent à des dissensions, voire des guerres civiles. La  nomination de Georgios Koundouriotis au gouvernement entre 1824 et 1826 fut la période où les insulaires eurent le plus d’influence.

Au cours du gouvernement de Ioannis Kapodistrias, l’île fut le centre d’une insurrection contre le pouvoir central, qui aboutit à l’été 1831 à la  destruction de la flotte grecque.

Après l’indépendance, l’île connut un déclin important ; elle ne sut pas moderniser sa flotte au moment du développement de la marine à vapeur, et son port fut supplanté par ceux nouvellement créés d’Ermoupolis et du Pirée. Elle se reconvertit dans la pêche aux éponges, puis le tourisme.

L’École des Beaux-arts d’Athènes possède une annexe sur l’île, où ont notamment été accueillis les peintres Marc Chagall et Nikos  Khatzikyriakos-Ghikas.

En 1957, le film Ombres sous la mer, où Sophia Loren joue une pêcheuse d’éponges, participe à populariser Hydra, au même titre que Saint-Tropez ou Capri. Leonard Cohen y vit de 1960 à 1967, c’est sur l’île qu’il rencontre sa muse Marianne Ihlen, il y compose des ouvrages et certains de ses albums, par la suite il continue de s’y rendre occasionnellement. En 2009, le grand collectionneur Dakis Joannou ouvre une annexe de sa fondation Deste pour l’art contemporain à Hydra. Familier de l’île, le chanteur Adam Cohen enregistre en 2014 à Hydra son quatrième album, We go home.

Source : Wikipédia.

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