L’île anglo-normande de Jersey.

Jersey, en forme longue le bailliage de Jersey (en anglais : Bailiwick of Jersey ; en normand : Bailliage dé Jèrri) est une dépendance de la Couronne  britannique et la plus grande des îles Anglo-Normandes qu’elle forme avec les îles du bailliage de Guernesey. Elle se situe dans la Manche à proximité de la France, et sa capitale est Saint-Hélier. Sa superficie est de 118,2 km2 et elle est peuplée de 103 267 habitants (les Jersiais ou plus plaisamment les « Crapauds ») en 2021.

Jersey faisait partie du duché de Normandie, dont le duc a conquis  l’Angleterre et fondé le royaume d’Angleterre à partir de 1066. Depuis 1259, la Normandie est divisée entre la partie française et les îles Anglo-Normandes, qui sont restées fidèles à la Couronne anglaise, puis  britannique. Le chef d’État de Jersey (qui a conservé le titre de duc de Normandie) est le monarque britannique, actuellement le roi Charles III, représenté sur l’île par un lieutenant-gouverneur.

Le bailliage de Jersey comprend l’île éponyme ainsi que les récifs inhabités des Écréhou et des Minquiers et quelques autres îlots inhabités. Le  bailliage ne fait pas partie du Royaume-Uni, mais en dépend pour ses affaires extérieures (défense et représentation diplomatique). Il n’a jamais fait partie de l’Union européenne, même quand le Royaume-Uni en était membre.

Sa culture est majoritairement britannique. La livre sterling est la monnaie et la langue natale de ses habitants est, depuis la Seconde Guerre mondiale, généralement l’anglais. Mais elle a une influence normande notable. Ainsi, la langue traditionnelle de l’île est le jersiais, une forme de normand.

Elle est considérée comme paradis fiscal, avec une trentaine de banques sur l’île et 231 fonds d’investissement avec un actif attractif de 394 milliards d’euros. Les revenus des sociétés étrangères sont taxés à 0 %.

Elle est la seconde île anglo-normande la plus proche de la France (Cotentin, département de la Manche), à seulement 22 km de la côte, derrière Aurigny (15 km).


Le littoral normand a évolué au cours des millénaires. Au moment de la Pangée, l’Europe est accolée au continent nord-américain. Elle s’en écarte progressivement et l’océan Atlantique s’engouffre entre les deux masses de terre. Le littoral normand connaît dès lors plusieurs phases au gré des régressions et des transgressions marines.

Durant le Pléistocène, le niveau de la mer remonte très au-dessus du niveau actuel. Il y a 200 000 ans, le niveau de la Manche était à + 15 m NGF  (nivellement général de la France) si on se réfère au croquis stratigraphique par D. Michelet de la fouille archéologique de Port-Pignot dans le Nord Cotentin. Le territoire de la commune était donc sous les eaux, excepté le petit hameau de La Houlgate. Le littoral se trouvait alors à plus de 600 kilomètres des côtes actuelles.

Il y a 20 000 ans, le développement des calottes glaciaires autour des pôles et des principaux glaciers fait baisser le niveau de la mer d’un peu plus de 100 mètres.

Ce va-et-vient maritime a progressivement isolé les îles Anglo-Normandes des côtes du Cotentin. Il était encore possible de se rendre à pied à  Guernesey, il y a 8 000 ans. Il faut attendre 4 000 ans avant notre ère pour que Jersey, Chausey et les Minquiers ne soient plus accessibles par voie de terre.

De cette transgression marine, subsiste le souvenir de la forêt de Scissy qui devait alors s’étendre entre les îles Anglo-Normandes et les côtes du Cotentin. De nombreuses souches fossilisées ont été collectées sur la côte et sont actuellement au musée de Cherbourg. Les pêcheurs rapportent que certaines zones de pêches sont inaccessibles, du fait que leurs filets  s’arrachent sur des amoncellements de bois.

Depuis la côte Est de Jersey on peut apercevoir le littoral français (département de la Manche).

Un premier peuplement humain daté vers 280 000 ans de l’Homme de Néandertal a été identifié à la Cotte de Saint-Brelade. On y a découvert notamment des dents de Néandertalien datées de −110 000 ans.

Il y a 180 000 ans, Jersey se présente comme un plateau rocheux dans la plaine qui s’étendait à la place du nord de l’actuelle Manche. Des chasseurs de mammouths et de rhinocéros laineux fréquentent certaines cavernes des falaises de Jersey.

Devenue une île il y a environ 8 000 ans avec l’élévation du niveau de la mer, elle est colonisée par des fermiers néolithiques qui y érigent les dolmens et monuments funéraires et culturels que l’on peut encore admirer  aujourd’hui.

L’âge du bronze et l’âge du fer se caractérisent sur Jersey par un nombre très important d’enfouissements de trésors.

Pour la période gallo-romaine, il existe peu de données archéologiques. Jersey semble néanmoins pleinement intégrée au monde romain. Il existe les restes d’un fanum, petit temple gallo-romain, au Pinacle, lieu sacré préhistorique des landes du Nord-Ouest.

Les îles anglo-normandes, appelées îles Lenur à l’époque romaine, sont peut-être occupées par les Bretons lors de leur migration vers la Bretagne, aux vie et viie siècles. Plusieurs saints gallois, comme Samson de Dol, Magloire, Tugdual et Bréladre sont actifs dans l’archipel à l’époque. En 803, Charlemagne y envoie un émissaire auprès des Bretons peuplant l’île.

Par ailleurs, la tradition a retenu le nom de saint Hélier (originaire de Tongres, dans l’actuelle Belgique) comme le premier à avoir introduit le christianisme sur l’île, au VIe siècle.

La conquête de l’Angleterre en 1066 a lié l’île pour la première fois à la Couronne d’Angleterre. L’humour jersiais relève que les Jersiais ont battu les Anglais en 1066 et donc que « l’Angleterre appartient à Jersey et non l’inverse ».

En 1155, l’abbaye de Saint-Hélier a été fondée sur l’îlot à côté de l’Hermitage de Saint-Hélier.

En 1204, le roi de France Philippe-Auguste conquiert la Normandie. Les îles de la Manche restent sous le contrôle de Jean sans Terre, roi d’Angleterre et duc de Normandie. Désormais, il y eut une Normandie continentale et une Normandie insulaire, séparées. Le roi d’Angleterre fut considéré comme duc de Normandie dans les îles. Les Constitutions du roi Jean Sans Terre assurent les libertés et l’autonomie des îles – c’est l’origine du  gouvernement de Jersey.

Le château de Mont-Orgueil est construit afin de défendre l’île contre les Français. Aujourd’hui, le château, qui domine la côte à l’est de l’île, est un grand lieu d’intérêt pour les touristes et un symbole de l’indépendance de Jersey.

À la Réforme, un déluge de livres liturgiques imprimés à Genève ou aux Pays-Bas ont influencé le calvinisme qui avait triomphé à Jersey. C’est à cette époque que les vitraux ont été brisés, les statues et les croix abattues et les peintures murales effacées ou blanchies. Il s’agit d’une perte quasi-totale du patrimoine artistique de Jersey.

Ce n’est qu’à la deuxième moitié du XVIIe siècle que l’anglicanisme est établi à Jersey.

Sous le règne d’Élisabeth Ire d’Angleterre, le seigneur de Saint-Ouën, Hélier de Carteret, reçoit la seigneurie de Sercq sous condition qu’il colonise l’île inhabitée afin de protéger Sercq contre des bandes de pirates qui se  servaient de l’île comme base d’opérations. C’est avec 40 familles de Saint-Ouën que Carteret a établi le petit État, demeuré féodal jusqu’en 2008.

Nommé gouverneur de Jersey, Walter Raleigh (1554-1618) modernise les défenses fortifiées de l’île pour tenir compte de l’usage du canon. Il  entreprend le remplacement du château Mont-Orgueil par une forteresse sur l’îlot appelé L’Islet occupé par l’ancienne abbaye de Saint-Hélier (désaffectée à la Réformation). Le nouveau château Elizabeth garde l’entrée du port de la ville.

C’est Raleigh qui sauve le vieux château que l’on proposait de démolir afin de l’utiliser comme carrière pour la construction des nouvelles  fortifications. Il ordonne qu’on laisse « ce noble château ».

Lors des événements de la guerre civile d’Angleterre, Jersey accueille Charles, Prince de Galles, héritier au trône. À la suite de l’exécution de son père, Charles Ier, le prince est proclamé roi sur la place du marché de Saint-Hélier le 17 février 1649. Jersey est donc le premier pays à reconnaître le nouveau roi. Après la restauration de la dynastie en 1660, le roi Charles II montre sa reconnaissance pour l’abri offert par Jersey en offrant la masse en argent que l’on voit aujourd’hui aux séances de la Cour Royale de Jersey et des États de Jersey. George de Carteret, bailli de Jersey, reçoit des terres en Amérique du Nord : c’est la fondation de l’État du New Jersey.

Après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, arrivent nombre de huguenots.

En 1689, le droit de neutralité est supprimé par le Conseil Privé du Roi et de la Reine.

En 1736, la bibliothèque publique est fondée.

La bataille de Jersey, le 6 janvier 1781, fut la dernière tentative française de conquérir l’île. Après cette attaque, l’île anglo-normande fut protégée par la construction d’une trentaine de tours rondes.

En 1789, des milliers de réfugiés viennent à Jersey pendant les perturbations de la Révolution française. Au château Mont-Orgueil, le Jersiais Philippe d’Auvergne, duc de Bouillon, organise un réseau d’espionnage contre les autorités révolutionnaires en Normandie et en Bretagne. De nombreux prêtres réfractaires viennent trouver refuge dans l’île.

En 1799 arrivent 6 000 soldats russes.

La construction de rues militaires (commencée en 1806) liant les fortifications littorales avec le port de Saint-Hélier a amélioré les communications entre les paroisses autrefois assez isolées. Les cultivateurs peuvent désormais transporter leurs primeurs aux marchés de Londres et de Paris.

De 1940 et 1945, l’île est occupée par les troupes allemandes de la Wehrmacht. Fuyant leur arrivée, près de 8 000 habitants de l’île sont évacués vers l’Angleterre. 1 200 habitants de l’île sont déportés dans des camps de concentration en Allemagne et dans l’Europe nazie  (principalement à Neuengamme), vingt d’entre eux y ont laissé la vie.

Le « jour de la Libération » — soit le 9 mai, jour anniversaire de la capitulation allemande — est un jour férié, célébré chaque année avec faste. Les îles ont été le seul endroit appartenant à la Couronne occupé par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale.

Source : Wikipédia.

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