L’holothurie (concombre de mer).

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Les Holothuries (Holothuroidea) sont une classe d’animaux marins de l’embranchement des échinodermes au corps mou et oblong et possédant un cercle de tentacules autour de la bouche. Elles sont aussi appelées concombres de mer ou bêches de mer, et possèdent une grande diversité de sobriquets sur les différentes côtes. Ces animaux, majoritairement benthiques, vivent, suivant les espèces, de la surface aux abysses. Les holothuries mesurent généralement de 10 à 30 cm de long ; mais certaines espèces comme le cordon mauresque peuvent dépasser 3 m. Leurs plus proches parents sont les oursins en dépit du peu de ressemblance visible. Ce sont des animaux inoffensifs, mais parfois toxiques.


Presque toutes les holothuries sont dites « benthiques » : cela signifie qu’elles vivent posées sur (ou parfois dans) le fond marin. Certaines sont sédentaires, vivant fixées sur ou dans le substrat, où elles se nourrissent généralement en filtrant l’eau à l’aide de leurs tentacules buccaux : c’est le cas de nombreuses espèces de l’ordre des Dendrochirotida (cependant la plupart demeurent capables de se déloger en cas de menace ou d’arrachage). Cependant, la plupart des espèces de concombres de mer sont capables de se déplacer : celles-là sont dites « vagiles », et rampent lentement sur le fond, d’une manière qui peut parfois rappeler les chenilles, à une vitesse comprise entre 5 et 50 cm/h (57 cm/h chez l’holothurie géante Thelenota anax.). Malgré cette lenteur habituelle, certaines espèces sont capables de fuir assez rapidement une menace par de puissantes convulsions et torsions.

La grande majorité des espèces (à part celles de l’ordre des Apodida et quelques espèces très dérivées) se déplacent et se maintiennent grâce à de minuscules tubes souples munis de pseudo-ventouses (en fait des plates-formes adhésives) qui tapissent leur face ventrale, et que l’on appelle « pieds ambulacraires » ou « podia ». Les podia sont capables d’un pouvoir d’adhérence élevé qui leur permet souvent de se maintenir à la verticale ou même à l’envers dans des courants importants, et empêchent certains prédateurs de les déloger. Les espèces de l’ordre des Apodida, dépourvues de podia comme leur nom l’indique, se déplacent en rampant lentement, et ne fréquentent que les fonds calmes ou les milieux à forte rugosité. Certaines holothuries abyssales (famille des Elpidiidae) ont des podia très modifiés, moins nombreux et plus charnus et rappelant plus des « pattes », par leur forme et leur usage.

Plusieurs espèces d’holothuries (environ 25, réparties dans la plupart des groupes, mais surtout les Elasipodida) sont capables de nager un court instant, pour échapper à un danger ou se déplacer plus rapidement. Cette capacité se fait par ondulation du corps et éventuellement à l’aide d’appendices palmés (comme chez les Psychropotes). Certaines espèces de grande profondeur peuvent même adopter un mode de vie « benthopélagique », ce qui signifie qu’elles passent une partie de leur temps en suspension dans l’eau, mais regagnent le sol de temps à autre ; c’est notamment le cas des espèces du genre Enypniastes. La seule espèce complètement pélagique connue est Pelagothuria natatrix, qui ressemble sous beaucoup d’aspects à une méduse. Il semble que d’autres espèces benthiques (comme Holothuria scabra (en) et Cucumaria frondosa (en)) soient capables de modifier leur densité (« active buoyancy adjustment ») pour se mettre à flotter quelque temps, afin d’échapper facilement à des conditions d’eau devenues dangereuses.

Le déplacement lent et timide des holothuries les lie profondément à leur habitat, vu qu’elles peuvent difficilement en changer : en conséquence, certaines études suggèrent qu’elles pourraient constituer  des bioindicateurs du milieu plus fins que les poissons, qui sont plus mobiles.

Les sexes sont toujours séparés chez les holothuries, qui peuvent donc être mâles ou femelles (seules quelques espèces sont hermaphrodites, mais jamais capables d’autofécondation). Il n’y a cependant pas de dimorphisme sexuel, et seul l’examen microscopique des gonades permet de déterminer le sexe d’un individu. Les gonades forment de petites touffes de cæca situées dans la partie antérieure de l’animal (une chez les Holothuriidae, deux chez les Stichopodidae), et reliées à un conoducte qui débouche au-dessus de la bouche.

Les holothuries sont toutes ovipares ; la fécondation est sexuée et externe, et son développement est indirect (présence d’un stade larvaire). Les gamètes sont relarguées dans l’eau où a lieu la fécondation ; lors de l’éjection des gamètes, la plupart des holothuries adoptent généralement une position érigée caractéristique, parfois juchées au sommet d’un promontoire. Une fois l’ovule fécondé, après plusieurs divisions cellulaires apparaissent les stades larvaires, qui font encore partie du plancton et permettent ainsi une bonne dispersion des individus. La première forme larvaire est appelée auricularia (appelée ainsi car ses segments ciliés évoqueraient une oreille) et précède parfois un second stade appelé doliolaria, qui est la larve compétente qui subit la métamorphose ; elle précède le stade juvénile, dont la morphologie est généralement similaire à l’adulte, excepté la taille et la maturité sexuelle. Cependant, chez de nombreuses familles la larve se développe directement en doliolaria, sans passer par le stade auricularia (stade toutefois présent chez la plupart des familles communes, notamment les Holothuriidae, les Stichopodidae et les Synaptidae). Certaines holothuries des eaux glaciaires ou des abysses possèdent certaines spécificités dans le développement ou le mode de reproduction : par exemple, l’espèce Paroriza pallens, qui vit dans les abysses du golfe du Mexique, se regroupe par couples lors de la reproduction pour optimiser les chances de fertilisation.

Les holothuries sont dédaignées par la plupart des prédateurs marins en raison des toxines qu’elles contiennent (notamment l’holothurine) et de leurs moyens de défense parfois spectaculaires. Cependant, elles demeurent la proie de certains prédateurs très spécialisés qui ne craignent pas leurs toxines, comme le gros mollusque Tonna perdix, qui les paralyse à l’aide d’un puissant venin avant de les avaler entièrement, en étirant sa bouche dans des proportions parfois spectaculaires.

D’autres prédateurs plus généralistes et opportunistes peuvent aussi parfois s’en prendre aux holothuries les moins bien défendues faute de mieux, comme certains poissons (balistes, poissons-globes…), étoiles de mer et crustacés (crabes, langoustes, bernard-l’ermite…). Le crabe nageur tropical Thalamita crenata est particulièrement connu pour faire des ravages sur les jeunes spécimens dans les élevages d’Holothuria scabra dans l’Indo-Pacifique. Il existe aussi des observations de prédation par des tortues marines (Caretta caretta).

Cependant, le principal prédateur actuel des holothuries reste l’Homme : de nombreuses espèces sont intensément pêchées et braconnées pour alimenter le marché asiatique, et plusieurs ont connu un effondrement spectaculaire de leur population, avec parfois des conséquences néfastes sur les écosystèmes.

Source : Wikipédia.

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