Les santons de Provence.

Les santons de Provence sont de petites figurines en argile, très colorées, représentant, dans la crèche de Noël, la scène de la nativité (l’enfant Jésus, la Vierge Marie et saint Joseph, avec l’âne et le bœuf censés réchauffer l’enfant avec leur souffle), les Rois Mages et les bergers, ainsi que toute une série de petits personnages, figurant les habitants d’un village provençal et leurs métiers traditionnels. Tout ce petit monde, chacun muni de son présent pour l’enfant Jésus, fait route à travers un paysage comportant traditionnellement une colline, une rivière avec un

Santons de Provence, épreuve d’artiste.

pont, et des oliviers (généralement représentés par du thym fleuri), vers l’étable, surmontée de son étoile.

Carnet Santons de Provence (1977).

L’origine des santons de Provence, c’est la Révolution Française.

Le 14 juillet 1789, avec la révolution, les églises sont devenues “propriétés de l’état Français” et, en 1793, l’assemblée nationale a décidé de toutes les fermer, car elle n’arrivait pas à mettre en place la politique qui avait été décidée, ceci à cause du clergé qui, à l’époque, régentait pratiquement tout.
Les curés étaient les personnages les plus importants, les plus puissants, les plus influents, les plus riches, tout simplement parce que c’étaient les seuls qui étaient

instruits. Tout le monde venait leur demander conseil et ils en profitaient

largement. En fermant les églises, les curés n’avaient plus de contact avec la population et ne pouvaient donc plus la conditionner, et ça devait être plus facile pour mettre la politique en place.

Mais les gens, qui étaient profondément religieux, avaient l’habitude d’aller à l’église pour voir la crèche à Noël. Ne pouvant plus y entrer puisque les églises étaient fermées, ils ont commencé à faire la crèche chez eux, en se cachant car c’était interdit. C’est en Provence que cela s’est fait en premier. Ils réalisaient alors de tout petits personnages qu’ils pouvaient cacher facilement. Il fallait faire très attention : si on se faisait prendre, on risquait de se faire couper la tête. Ces petits personnages étaient de petits saints : Joseph, Marie et l’enfant Jésus, d’où l’appellation santons. (Santon = petit saint,

santoun en provençal.)

Ces petits personnages étaient confectionnés avec ce qu’on avait sous la main, mais principalement avec de la mie de pain ou du papier mâché comme pour les masques.

En 1798, un monsieur de Marseille – Jean Louis LAGNEL -, alors qu’il se promenait dans la campagne à Aubagne, constatant qu’il ne pouvait pas se débarrasser de la terre humide qui collait à ses chaussures (c’était de l’argile), fut obligé de le faire avec ses mains. Il vit que cette terre se travaillait très bien et il eut l’idée de faire une petite crèche qu’il trouva à vendre aussitôt. Il en fit d’autres et c’est ainsi qu’est né le métier de santonnier.

C’est donc depuis la fermeture des églises en France, en 1793, que dans la plupart des familles catholiques du monde on fait la crèche à Noël. Avant c’était interdit. C’était un privilège d’églises. C’est Saint François d’Assises qui avait amené la crèche dans les églises, en réalisant le soir de Noël 1223 une crèche vivante au château de Greccio en Italie.

Avec le temps, les personnages de la crèche ont grandi. On les a habillés et peints. On y a

ajouté les personnages du village, les vieux métiers. On a créé les crèches provençales… Une bien belle histoire.

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Sources : Musée du santon, YouTube.