Les récifs coralliens.

Un récif corallien ou barrière de corail est une structure naturelle bioconstruite à l’origine de laquelle sont essentiellement les coraux. La plus grande de ces formations, la grande barrière de corail, au large des côtes australiennes, s’étend sur quelque 2 000 km et est visible depuis l’espace. La Nouvelle-Calédonie quant à elle, abrite dans ses lagons le deuxième ensemble corallien de la planète et la plus longue barrière récifale continue avec ses 1 600 km. La barrière de corail du Belize est la plus longue de l’hémisphère nord ; ce récif est moins important que celui de la grande barrière de corail australienne, mais son écosystème est tout aussi foisonnant : 500 espèces de poissons, 65 sortes de coraux…

Un récif corallien résulte de la construction d’un substrat minéral durable (formé de carbonate de calcium) sécrété par des êtres vivants,  principalement des coraux. Il existe de très nombreuses espèces de coraux qui forment des écosystèmes marins complexes et parmi les plus riches en biodiversité, généralement à faible profondeur. Les massifs coralliens, notamment en région tropicale, procurent des niches écologiques à de nombreux animaux qui y trouvent nourriture, refuge, protection et abri. De très nombreuses espèces de poissons en sont donc dépendantes.

Les récifs coralliens diffèrent des côtes d’accumulation en ce qu’ils sont d’origine biologique. Environ 50 % de ces structures coralliennes étaient en effet en mauvaise santé à la fin du XXe siècle.


Ces structures biologiques massives sont l’aboutissement d’interactions complexes entre les minuscules polypes de l’animal corallien (secretant le squelette minéral), ses algues symbiotiques unicellulaires, et une grande diversité de microorganismes étroitement associés (bactéries, archées, champignons et virus). Les coraux constructeurs de récifs constituent la base de la diversité structurelle et biologique des écosystèmes des récifs coralliens2.

Lorsqu’un corail meurt, sa structure sert de support à d’autres organismes qui vont se fixer et pousser dessus (éponges, nouveaux coraux) et participer à l’agrandissement de la structure.

Certaines îles volcaniques se forment à partir de points chauds présents juste sous la croûte terrestre. Ces points chauds sont à l’origine de  remontées de magma qui forment des volcans en surface. Un point chaud est relativement stationnaire par rapport à la plaque tectonique en mouvement au-dessus de lui. Ainsi, une chaîne d’îles émerge lorsque la plaque bouge. Sur de longues périodes, ce type d’île est érodé et s’enfonce dans la croûte océanique, jusqu’à être submergé.

Ce type d’île offre au corail un support pour pouvoir croître en recevant un apport nécessaire en lumière. C’est également le cas des littoraux continentaux tropicaux, comme en Australie où s’est formée la grande barrière de corail.

Trois types de récifs coralliens sont distingués dans le cas des îles  volcaniques tropicales, mais ils découlent tous des mêmes phénomènes de croissance.

Le récif frangeant est le premier type de récif à se développer sur les bords du littoral, et forme avec le temps un court platier de faible profondeur composé de corail mort, de sable et d’alluvions, entre la côte et la zone active de croissance du corail. Ce platier ne présente plus de conditions favorables à la croissance du corail, en raison notamment du substrat mou, du faible courant et des températures élevées : il devient un lagon. Le corail continue donc à se développer principalement sur les bords du lagon, où les conditions sont favorables à sa pousse : température, degrés de salinité, oxygénation et apports en nutriments. Ainsi, avec les années, le front corallien va s’éloigner de plus en plus du littoral, et le lagon deviendra de plus en plus profond (par érosion) jusqu’à former un récif barrière.

Le récif barrière se trouve à une certaine distance du littoral (des distances de 800 mètres à 1 kilomètre sont communes), laissant un espace dégagé formant le lagon. Il s’agit à l’origine d’un récif frangeant éloigné du littoral par l’enfoncement de l’île par un effet de subsidence et le creusement du lagon par les courants, alors que la pousse des coraux se poursuit sur le récif. Il peut être discontinu, en fonction de l’âge de l’île et de  l’élargissement des passes, certaines zones étant par ailleurs plus favorables à la croissance du corail (côte sous le vent, salinité, flux de nutriments, etc). Avec le temps, il forme une couronne récifale plus ou moins continue enserrant l’île.

La partie du récif barrière côté lagon accumule des dépôts de sable. Ces bancs de sables sont souvent parsemés de « patates » de corail (espèces massives à croissance lente adaptées à cet environnement) et descendent en pente douce vers le lagon. Le courant en creuse davantage le bord. Le sable peut s’accumuler, en particulier sur les bords des passes, jusqu’à former des îlots de sable émergés, offrant un support à la végétation : ce sont les motus.

Le platier est émergé et battu par les vagues, qui forment un courant puissant qui creuse le bord immédiat du platier côté lagon, formant une tranchée. La partie exposée aux vagues de l’océan descend en pente douce. Elle est creusée de rigoles perpendiculaires au récif, formées par le reflux. Cette partie du récif est la plus favorable à la croissance du corail malgré l’érosion causée par les vagues, grâce à l’oxygénation des eaux et l’apport de nutriments et de lumière.

Le récif barrière laisse passer une partie de l’eau provenant des vagues, alimentant le lagon. Il présente également des failles appelées « hoa » qui sont la principale source d’alimentation du lagon en eaux océaniques. De larges passages généralement navigables, les passes récifales (ou ava), assurent également une importante communication entre les eaux du lagon et l’océan, et sont sources d’importants courants. Ces passes se forment souvent en face de l’embouchure d’une importante rivière, la salinité plus faible des eaux limitant la croissance des coraux.

Avec le temps, il est possible qu’il se développe autour d’une île un nouveau récif frangeant, pouvant ainsi former à terme une double barrière : c’est notamment le cas du département français Mayotte.

Entre 30 et 150 mètres de profondeur s’édend la « zone crépusculaire » ou « mésophotique ». Là d’autres types de récifs coralliens existent. On a longtemps cru que ces récifs pourraient être des refuges pour les espèces de surface menacées par le réchauffement, mais des données récentes (notamment acquises après l’ouragan Maria) montrent qu’ils peuvent également être menacés par des phénomènes météorologiques extrêmes (Ouragans, cyclones et tempête notamment), autant que leurs homologues des eaux peu profondes parfois. Les dégâts de tempêtes les plus visibles sont dans les 10 premiers mètres sous la surface, mais la houle a des effets indirects sur les eaux côtières ou de récifs profonds et les ouragans sont sources d’une production importante de sédiments du plateau récifal. Les zones mésophotiques se montrent également plus sensible qu’on ne le pensait au réchauffement des océans, aux vagues de chaleur océaniques, aux sédiments générés par les tempêtes, aux perturbations des températures de l’eau, et ils ne sont pas épargnés par l’acidification des océans. En outre une étude récente (2018) ayant porté sur quatre récifs de l’Atlantique et du Pacifique ont montré qu’il y avait peu de chevauchement entre les espèces de subsurface et des zones plus profondes ; les zones crépusculaires ne semblent donc pas pouvoir servir de refuge aux espèces des zones éclairées. Si de fortes tempêtes deviennent annuelles, « il sera très difficile pour les récifs et les autres communautés côtières de se rétablir ».

Les atolls sont des récifs anciens, qui se forment quand l’île (généralement volcanique) dont ils sont issus se retrouve totalement immergée  (affaissement, érosion), ne laissant plus émerger que la couronne récifale (barrière seule ou dune circulaire). Il existe deux types d’atolls :

  • les atolls simples, tels que décrits ci-dessus ;
  • les atolls de faro, des « atolls d’atolls ». Les faro sont des atolls circulaires classiques, mais résultant eux-mêmes des différents segments séparés d’un atoll plus ancien et disloqué, appelée grand atoll. On les voit surtout dans l’océan Indien (notamment dans l’archipel des Maldives).

Un atoll peut mettre jusqu’à 30 millions années à se former.

Des récifs coralliens se sont formés il y a des millions d’années. On trouve la trace de certains d’entre eux en Europe — notamment à Engis où le front vertical d’une ancienne carrière de calcaire, aménagé en géosite, présente par ses bancs obliques la coupe exceptionnelle d’un récif à stromatopores d’il y a un peu plus de 370 Ma.

Les trois plus grands récifs coralliens du monde sont situés en Australie, en Nouvelle-Calédonie et au Belize. Bien que certaines espèces de coraux existent en eaux froides, dans les régions tempérées, ou en profondeur, l’immense majorité des récifs se répartit dans la zone de lumière des 20 premiers mètres des eaux tropicales, notamment dans l’Ouest de l’Océanie (Indonésie, Australie, Nouvelle-Calédonie, etc.), au large du Mexique (Riviera Maya) et aux Antilles.

La France a une responsabilité particulière puisque les récifs tropicaux y abriteraient environ 95 % de la biodiversité littorale française. On estime qu’un km2 de récif tropical contient en moyenne plus d’espèces qu’on n’en trouve sur tout le littoral européen :

sa responsabilité porte sur environ 10 % des récifs coralliens mondiaux, (4e rang mondial), dans 8 collectivités d’outre-mer et dans 3 océans (C’est le seul pays à abriter des récifs coralliens dans 3 océans) ;

  • la grande barrière récifale de Nouvelle-Calédonie est la deuxième plus grande du monde (en longueur développée) ;
  • la Nouvelle-Calédonie et Mayotte disposent chacune de doubles récifs barrières (et il n’en existe qu’une dizaine sur la planète) ;
  • la Polynésie abrite 20 % des atolls coralliens du monde ; c’est l’ensemble d’atolls le plus riche du monde (77 atolls) ;
  • la frange nord-ouest du récif corallien de l’Amazone se situe au large de la Guyane française.

En 2020, des chercheurs ont découvert la présence d’un écosystème au large des côtes du Groenland. Ce jardin corallien est composé de milliers de coraux mous et d’éponges. Selon les scientifiques britanniques, l’amas de coraux s’étend sur 486 km2 et montre de grandes variations de composition et d’abondance, dont notamment une vaste présence d’anémones, de coraux choux-fleurs et d’éponges.

Bien que ne couvrant que 0,1 % des océans (= 1,2 % des plateaux  continentaux), ces récifs remplissent des fonctions écologiques essentielles, abritant plus de 25 % de la biodiversité marine mondiale (1 à 3 millions d’espèces, et 1/4 de la totalité des espèces de poissons marins.

Ils fournissent des services écosystémiques majeurs : Le GCRMN (Initiative internationale pour les récifs coralliens) a évalué en 2008 que les récifs coralliens apportaient un bénéfice économique net de 30 milliards de dollars.

Au moins 30 millions de personnes en dépendent directement sur les littoraux et dans les communautés insulaires où ils fournissent l’essentiel de la production alimentaire, des revenus et des moyens de subsistance.

En 2008, 54 % des récifs mondiaux existant étaient menacés dont :

15 % à court terme (disparition dans les 10 à 20 prochaines années) ;
20 % à moyen terme (disparition dans les 20 à 40 prochaines années).
Les zones les plus vulnérables étaient l’Asie du Sud-Est et les Caraïbes.

Parmi les services majeurs apportés par les récifs de corail se trouve la protection des côtes contre la puissante houle océanique : les barrières de corail brisent les grosses vagues venues du large et ménagent derrière elles des lagons calmes, propices au développement de plages ou de mangroves. Ainsi, la mort du corail dans certaines îles du Pacifique à la suite d’un épisode de blanchissement entre 2015 et 2017 a été suivie par un  doublement de la puissance des vagues atteignant la côte, entraînant une érosion dramatique du littoral.

De nombreux polluants et microbes menacent ou peuvent menacer les coraux (eutrophisants et pesticides en particulier). Localement ils peuvent être menacés par leur exploitation directe. On a remarqué qu’au cours des 30 dernières années, les maladies et le blanchissement des coraux ont gravement augmenté en fréquence et en ampleur et cela malgré les divers essais pour les protéger. On estime que déjà 30 % de ceux-ci sont en grave déclins et que d’ici 2030, plus de 60 % seront perdus. Divers facteurs détruisent les récifs coralliens et menacent leur survie. La surpêche, la pollution, l’agriculture et l’aménagement du territoire au cours des deux derniers siècles ont favorisé, de façon directe ou non, les changements dans cet écosystème, ce qui a accéléré la perte d’espèces le composant, et peut-être favorisé l’invasion de certains prédateurs comme la destructrice étoile de mer dévoreuse de corail. Les différents facteurs de stress comme une faible salinité, une température trop basse ou trop élevée, une exposition aérienne et l’exposition au cyanure contribuent au blanchissement des récifs coralliens. De plus, les récents changements climatiques mondiaux ont aggravé leur état, ce qui complique beaucoup la gestion de leur survie.

Le dérèglement climatique a commencé à significativement affecter  certaines variables des écosystèmes comme la circulation, la température, la chimie de l’eau (potentiel hydrogène ,ou pH, qui cause une acidification des océans), salinité, éléments nutritifs), le niveau de la mer ainsi qu’El Nino, autant de facteur pouvant affecter les récifs coralliens dans la distribution des organismes y vivant, la structure des communautés et la fonction des principaux processus écologiques. Ces phénomènes et peut-être une augmentation des UV liée à l’affaiblissement de la couche d’ozone agissent probablement synergiquement en dégradant les coraux et leur biodiversité, et leurs capacités de résilience écologique.

La pêche affecte en général l’écosystème corallien, mais certaines des méthodes utilisées détruisent directement les récifs coralliens. Une pêche destructrice amène une perte des poissons comestibles, une réduction de la diversité et de la richesse des espèces. Les dommages qu’elle cause pourraient être contrôlés, comparativement aux perturbations naturelles qui affectent les récifs.

La pêche au cyanure permet d’étourdir les poissons du récif de façon temporaire afin de pouvoir les capturer. Les pêcheurs peuvent ainsi les revendre aux collectionneurs pour garnir leurs aquariums. Cette pêche entraîne un blanchissement des coraux, car elle tue le polype du corail tout en laissant le squelette intact. Certains pêcheurs détruisent à coups de marteau les coraux afin de récupérer les poissons s’étant échappés et cachés lors de l’ajout du cyanure. Ce type de pêche peu coûteux et très efficace est pratiqué dans les Philippines, l’Indonésie, le Cambodge, les Maldives, la Thaïlande et le Viêt Nam, même si elle y est interdite par la loi. On estime que plus de 4 000 pêcheurs de poissons des récifs coralliens aux Philippines ont utilisé, à ce jour, plus d’un million de kilogrammes de cyanure sur leurs récifs.

La pêche explosive est pratiquée dans au moins 40 pays ou îles à travers le monde19, et utilise de la dynamite. L’explosion tue directement les poissons les plus proches de l’explosion, et le souffle provoque l’explosion de la vessie natatoire des autres. Cet organe permet aux poissons de contrôler leur profondeur, comme un ballast. Une portion mineure des poissons touchés remonte en surface, le reste coule. Cette activité est dangereuse et très destructrice pour le corail, mais sa forte rentabilité explique sa longue pratique. Les dommages qu’elle cause aux récifs coralliens sont importants et perdurent pendant des années, principalement au niveau de sa structure. La dynamite diminue également la capacité des coraux à repousser puisqu’il en résulte une modification de la topographie et une perte du substrat. Ce type de pêche diminuerait de 14 % la couverture corallienne par an et il en résulterait un important déclin des coraux et des poissons y vivant.

Source : Wikipédia.

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