Les jeux olympiques d’hiver à Grenoble (1968).

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Les Jeux olympiques d’hiver de 1968, officiellement connus comme les Xèmes Jeux olympiques d’hiver, ont lieu à Grenoble — et d’autres sites du département français de l’Isère — du 6 au 18 février 1968. La ville

candidate, Grenoble, obtient les Jeux dès sa première tentative, en s’imposant face à Calgary, Lahti, Sapporo, Oslo et Lake Placid. Elle est la deuxième ville française à accueillir les Jeux olympiques d’hiver après Chamonix en 1924. L’ensemble des sites de compétition se situent dans le département de l’Isère, à Grenoble pour les épreuves de patinage artistique, de hockey sur glace et de patinage de vitesse, ainsi que dans les stations de sports d’hiver qui entourent la ville pour les autres épreuves.

Les Jeux rassemblent 1 158 athlètes de 37 pays, ce qui constitue un record à l’époque pour les Jeux d’hiver. Ils se mesurent dans dix disciplines qui regroupent un total de 35 épreuves officielles, soit une de plus qu’en 1964. Pour la première fois, l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest sont présentes séparément, tandis que le Maroc effectue sa première participation.

Jeux olympiques de Grenoble, carte maximum, 27/01/1968.

La Norvège finit en tête du classement des nations en remportant quatorze médailles dont six en or. L’équipe de France obtient son meilleur total jusqu’alors dans l’histoire des Jeux avec neuf médailles, un résultat couronné par la performance individuelle de Jean-Claude Killy, qui remporte trois médailles d’or dans les trois disciplines de ski alpin.

Ces Jeux innovent dans plusieurs domaines comme l’utilisation de tests anti-dopage, de tests de féminité, d’une identité visuelle globale, du chronométrage électronique ou de la retransmission télévisée en couleurs via satellite. Si les dépenses liées à l’événement affectent durablement les finances de la ville de Grenoble, les Jeux la font rentrer dans la modernité et lui confèrent l’image d’une ville dynamique. La ville se dote d’équipements généraux et de nouvelles infrastructures sportives ou routières dont la réalisation est accélérée par le biais de cette organisation. Si certaines installations sont abandonnées après les Jeux, comme la piste de bobsleigh de L’Alpe-d’Huez ou le tremplin de saut de Saint-Nizier-du-Moucherotte, d’autres sont conservées au bénéfice de la population grenobloise, comme les logements

du village olympique ou le stade de glace, converti en Palais des sports et utilisé aussi bien dans le cadre de manifestations sportives que culturelles. L’État, qui finance les Jeux à hauteur de 80 %, y voit un moyen d’accroître le prestige de la France, tout en mettant en œuvre des projets de modernisation des stations de sports d’hiver et de promotion du tourisme.

L’idée d’une candidature de Grenoble pour accueillir les Jeux d’hiver apparaît pour la première fois dans la presse régionale le 24 novembre 1960. Elle émane de Francis Raoul, préfet de l’Isère, de Raoul Arduin, président du Comité de Ski du Dauphiné, de l’architecte Laurent Chappis et de l’ingénieur des ponts et chaussées au chef-lieu de l’Isère Georges Cumin1. Elle reçoit l’approbation immédiate de la municipalité de la ville. Albert Michallon, maire de la commune, adresse le 30 décembre 1960 une lettre au Comité international olympique dans laquelle il déclare officiellement la candidature de Grenoble

pour accueillir la dixième édition des Jeux olympiques d’hiver, en 1968. Cette candidature reçoit le soutien des stations de sports d’hiver qui entourent la ville et celui du Conseil général de l’Isère. Un comité pour la candidature de Grenoble est créé en décembre 1961. Il est présidé par Albert Michallon et reçoit 170 000 francs de subvention, dont 50 000 francs de la part de la ville de Grenoble, 50 000 francs de la part du Conseil général et 70 000 francs de la part de l’ensemble des stations de sports d’hiver associées à la candidature.

L’État soutient fermement cette candidature : le président de la République Charles de Gaulle voit dans l’organisation des Jeux un moyen d’accroître le prestige de la France tout en mettant en œuvre des projets de modernisation des stations de sports d’hiver pour promouvoir le tourisme3. Pour la municipalité grenobloise, l’enjeu est d’accélérer les projets d’urbanisme afin de rattraper le retard de la ville. Marquée par une croissance démographique et économique exceptionnelle après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Grenoble est alors plus une ville industrielle qu’une ville de montagne. Elle possède l’image d’une ville moderne et dynamique notamment grâce à la croissance rapide de son Université et à

l’implantation du premier Centre d’études nucléaires en dehors de la région parisienne en 1956, mais elle apparaît sous-équipée en matière d’infrastructures de transport et d’équipements urbains. Un rapport ministériel précise notamment que « Les équipements urbains existant à Grenoble correspondent aux besoins d’une ville de 80 000 habitants, alors que les besoins sont ceux d’une ville de 300 000 habitants. Le dossier de candidature affirme pourtant que la ville est très bien équipée. »

Cinq autres villes sont candidates pour accueillir les Jeux d’hiver de 1968 : Calgary au Canada, Lahti en Finlande, Sapporo au Japon, Oslo en Norvège et Lake Placid aux États-Unis, ces deux dernières ayant déjà accueilli les Jeux en 1952 et 1932. La candidature grenobloise est présentée par un film innovant produit par Jack Lesage. Le vote a lieu le 28 janvier 1964 lors de la 61e session du CIO, qui se déroule à Innsbruck en Autriche, juste avant l’ouverture des Jeux. Au troisième tour du vote, Grenoble l’emporte face à Calgary avec 27 voix contre 24. Elle devient ainsi la deuxième ville française hôte des Jeux d’hiver, alors que les premiers de l’histoire se sont tenus à Chamonix en 1924.

Bien que ville de plaine, Grenoble présente des atouts dans l’organisation des différentes compétitions sportives car elle se situe au croisement de plusieurs massifs montagneux. Les épreuves de neige sont ainsi organisées en dehors de la ville, s’étalant sur trois massifs : Autrans, Saint-Nizier-du-Moucherotte et Villard-de-Lans dans le Vercors, Chamrousse en Belledonne et L’Alpe-d’Huez dans l’Oisans. La ville de Grenoble accueille, quant à elle, les épreuves de patinage et de hockey sur glace. Le Stade de

glace, renommé par la suite « Palais des sports », est conçu par les architectes Robert Demartini et Pierre Junillon. Implanté à proximité du parc Paul-Mistral, il peut accueillir 12 000 spectateurs et concentre les épreuves de hockey sur glace et de patinage artistique. Un anneau de vitesse en plein air est aménagé à côté du Stade de Glace. D’une capacité de 2 500 spectateurs, il compte une piste de 400 m de longueur et 14 m de largeur pour les épreuves de patinage de vitesse. La Patinoire municipale de Grenoble, inaugurée en septembre 1963 et testée à l’occasion des championnats d’Europe de patinage artistique 1964, sert de patinoire d’entraînement pour les hockeyeurs.

La station de Chamrousse accueille les épreuves de ski alpin. La descente dames et les différents slaloms sont disputées sur les pistes du Recoin, tandis que la descente homme est disputée à Casserousse, à 2 km du Recoin, pour des raisons de configuration de terrain. D’importants travaux de terrassement sont entrepris pour aménager la partie haute de la descente de Casserousse, tracée à travers des barres rocheuses. La piste, d’une longueur de 2 890 m, est testée une première fois à l’occasion des championnats de France de 1966, puis lors des Semaines Internationales de 1967, à l’issue desquelles de légères modifications de terrain sont apportées sur le bas du parcours, avant l’homologation officielle de la piste. La création du stade de slalom dans la cuvette du Recoin nécessite quant à elle le comblement d’un ravin et l’aplanissement de près de 200 000 m3 de roc. La descente femmes, elle aussi disputée sur la piste du Recoin, possède une longueur de 2 160 m. Les règlements de la Fédération internationale de ski et du Comité international olympique imposant la sélection de pistes de repli pour le ski alpin, celles-ci sont prévues à L’Alpe d’Huez, station sélectionnée pour son ensoleillement et sa capacité hôtelière. L’aménagement des pistes de Chamrousse coûte 8,6 millions de francs.

Les épreuves de ski nordique, à savoir le ski de fond, le biathlon et le combiné nordique ont lieu à Autrans, sur le massif du Vercors, de même que l’épreuve de saut à ski sur petit tremplin de 70 m, disputée sur le tremplin au Claret. La décision d’installer ce tremplin à Autrans est dictée par la proximité des pistes de ski de fond, également utilisées dans l’épreuve de combiné nordique. L’aire d’arrivée du tremplin a la forme d’un cirque creusé dans la montagne et pouvant accueillir 40 000 spectateurs. Le tremplin de 90 m est quant à lui édifié à Saint-Nizier-du-Moucherotte : le tremplin du Dauphiné est construit par l’architecte Pierre Dalloz, sur les conseils de l’Allemand Heini Klopfer (de), ancien sauteur à ski et architecte de tremplins. La piste d’élan, entièrement artificielle, amène sur une aire d’arrivée prévue elle aussi pour 40 000 spectateurs. Le montant de sa construction s’élève à 6,9 millions de francs.

Deux pistes sont construites pour la luge et le bobsleigh, alors que ces épreuves se disputent habituellement sur le même tracé. La station de Villard-de-Lans accueille la luge avec une piste de 1 000 m comptant une pente moyenne de 11 %. Elle est conçue sur le versant nord du Bois du Frier avec l’aide de l’ancien lugeur polonais Jan Steler. La piste de bobsleigh est construite à L’Alpe d’Huez, dont l’altitude permet d’assurer la bonne conservation de la glace : le départ de la piste est situé à 2 030 m d’altitude et son arrivée à 1 890 m. D’une longueur de 1 500 m et d’une pente moyenne de 9,33 %, elle est conçue par l’architecte italien Luciano Galli à proximité du col du Poutran. L’aménagement de la piste de L’Alpe d’Huez coûte 6,7 millions de francs, tandis que la piste de Villard-de-Lans coûte 3,2 millions de francs.

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Sources : Wikipédia, YouTube.