Les Grottes de Mogao (Chine).

Les grottes de Mogao (chinois : 莫高窟 ;  litt. « grottes d’une hauteur inégalée »), ouvertes au public depuis 1980 (seules quarante grottes restent ouvertes au public, par roulement, dont dix en permanence), forment un ensemble de 492 chapelles bouddhistes ornées de peintures et sculptures. Elles font partie de l’ensemble plus vaste des grottes de Dunhuang, dans la province de Gansu en Chine, en marge du désert de Gobi. Ces chapelles ont été élaborées dans 735 grottes, dont 492 avec un décor peint et/ou sculpté, et creusées dans la roche par des moines à partir du IVe siècle. Des communautés monastiques commencèrent vite à percer des cavités plus grandes dans le grès comme actes de dévotion publique, et à orner les sanctuaires d’effigies de Bouddha. Ce type de grottes aux multitudes de peintures et sculptures de Bouddha reçoivent l’appellation générique de grottes des mille Bouddhas. Certaines de ces grottes abritent, d’ailleurs, des statues de Bouddha de très grandes dimensions.

Par ailleurs, à Mogao exclusivement, des moines bouddhistes placèrent des dizaines de milliers de manuscrits et de peintures dans une petite salle attenante à l’une des grottes, et cette salle fut murée ensuite – on ne sait pas à quelle époque, ni dans quelles circonstances – puis découverte au début du XXe siècle. La découverte, qui bénéficiait des études de sinologie, correspondait à un moment de regain des études de l’art chinois en Occident, et pour la France de l’expertise de Paul Pelliot. Alertés par ce jeune sinologue, les lettrés chinois, qui traversaient pourtant une période de profond bouleversement, réussirent à sauver une grande partie de ce trésor national.

Ces grottes constituaient des lieux de culte d’une grande importance, sur la route de la soie. Leur réalisation s’est étalée sur une longue période allant du ive au xive siècle, de la dynastie des Liang du Nord, ou Liang antérieur (en 366), jusqu’à la dynastie des Yuan (1279-1368), avec un point culminant sous la dynastie des Tang, entre le VIIe et le Xe siècle. C’est d’ailleurs de cette époque que datent les plus belles grottes. Ce sont probablement les plus anciennes grottes recouvertes de peintures murales de Chine, depuis l’antiquité, après les Grottes de Kizil.


Une légende locale affirme qu’en 366 apr. J.-C., le moine bouddhiste Le Zun (Lo-tsun) ou Yue Zun eut une vision de mille Bouddhas, et convainquit un pèlerin de la route de la soie de bâtir les premières chapelles. Après lui, le maître Chan Faliang ouvrit une deuxième grotte à côté de celle de Le Zun. Le groupe des grottes n°268 à 275 sont les vestiges de cette période initiale. On pense que les premiers monastères de Mogao ont également été construits par ces deux moines. Des initiatives plus grandioses ont été rendues possibles avec le soutien des bouddhistes locaux, de la population et des élites.

La construction de grottes est devenue une pratique presque constante pendant un millénaire. Les seuls exemples survivants de la première période d’activité sont trois grottes qui auraient été ouvertes sous la dynastie des Liang du Nord (421-439) (n° 268-275). Elles sont petites, mais les décorations sont très délicates et bien organisées. Leur style s’apparente au style dit « de l’Ouest », et se démarque un peu du style apparu dans les grottes de Qiuci, dans l’ancien royaume de Kucha. Qiuci était l’oasis la plus peuplée du bassin du Tarim. On peut aussi les comparer aux plus anciennes peintures des grottes de Kizil qui sont, elles aussi, antérieures à celles de Mogao et relèvent du « style de l’Ouest ».

Dans les siècles suivants, les temples se multiplièrent, pour arriver à plus d’un millier, accompagnant le développement de la route de la soie. Du IVe au XIVe siècle, les moines de Dunhuang rassemblèrent des manuscrits venant de l’Occident, et des pèlerins commencèrent à en orner les murs de peintures. Celles-ci couvrent 42 000 m2. L’essentiel des aménagements datent cependant de la dynastie Tang entre le VIIe et le Xe siècle. Les grottes furent abandonnées au XIVe siècle.

L’importance du développement du bouddhisme en cet endroit s’explique par la faveur dont a joui cette religion sous la dynastie Tang (618 – 690, puis 705 – 907), au moment où celle-ci développait largement la route de la soie, tout au long de laquelle se perpétue le souvenir du moine  bouddhiste Xuanzang. De 786 à 848, la région est occupée par l’Empire tibétain, au moment où il découvre le bouddhisme sous le règne de son fondateur, Songtsen Gampo3, pendant l’expansion de l’Empire du Tibet (629 – 877).

À la fin de l’époque Tang, une vaste région du nord de la Chine était gouvernée par la dynastie Liao (907-1125) de l’ethnie des khitans, tandis qu’une autre zone importante était contrôlée par la dynastie des Xia occidentaux, les Tangoutes. Dunhuang est tombée aux mains  des Ouïghours au XIIe siècle pendant environ cinquante ans, puis a été conquis par les Tangoutes et finalement, en 1227, il a succombé devant les Mongols qui ont fondé la dynastie des Yuan (1271-1368).

Au cours de cette période, des grottes étaient encore construites à Dunhuang, mais elles ont rapidement disparu. Une autre route  commerciale, par voie maritime, fut développée et l’empire des Yuan s’étendit beaucoup plus à l’ouest. L’assèchement progressif des rivières, qui alimentaient les oasis en eau, a eu une incidence sur les conditions de vie locale. Mais c’est surtout le déclin de la brillante civilisation ouïghoure du Gansu et du Xinjiang, à la suite de leur incorporation à la Chine Mongole des Yuans, qui va entraîner le délaissement de ces grottes, symbole même du foisonnement culturel de l’Asie Centrale.

À la fin de la dynastie Qing (1638-1911), alors que la Chine traversait une période de troubles, un moine taoïste, Wang Yuanlu, découvrit accidentellement la «bibliothèque de la grotte» scellée le 22 juin 1900, dans un passage de la grotte N° 16. Cette salle « des manuscrits canoniques », ou grotte 17, contenait plus de 5 000 manuscrits, peintures sur soie et papier, broderies, etc. La raison pour laquelle cette grotte a été scellée avec tant de trésors à l’intérieur reste encore un mystère aujourd’hui.

Les moines bouddhistes menaient dans ces grottes une vie austère à la poursuite de l’illumination. Les peintures, aides à la méditation, servaient aussi à l’instruction des analphabètes en matière de légendes et de  croyances bouddhistes.

Les peintures décrivent la vie et l’œuvre de Siddhartha Gautama dit Sakyamuni, le Bouddha historique. Mais ce lieu de piété montre également des scènes où se mêlent plusieurs cultures orientales, notamment hindouistes et les Tokhariens des oasis de Kucha, Kachgar et Hotan situées plus à l’ouest dans le Xinjiang actuel.

Les cavités servirent de refuges aux russes blancs au début du XXe siècle qui les détériorètent. Par contre, la Révolution culturelle épargna le site, probablement grâce à l’intervention de Zhou Enlai.

Outre le bouddhisme, d’autres religions étrangères, telles que le zoroastrisme, le christianisme nestorien et le manichéisme, ont également atteint Dunhuang via la Route de la soie, avec leur art et leur littérature.

Au cours de l’année 1900, la salle murée fut découverte de façon accidentelle ; elle s’avéra contenir plusieurs dizaines de milliers de documents, de statuettes et d’objets divers, souvent vieux de plus de 1 000 ans. Une grande partie de ces trésors culturels ont été achetés par les explorateurs  occidentaux, en particulier Sir Aurel Stein et Paul Pelliot.

Les premiers étrangers à visiter Mogao furent l’explorateur russe Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski lors de sa grande expédition tibétaine, en 1879, ainsi qu’une expédition géologique hongroise, la même année.

En 1900, un prêtre taoïste chinois du nom de Wáng Yuánlù, dit l’« abbé Wang », se fit gardien de ces chapelles où il découvrit un ensemble considérable de manuscrits antérieurs au XIe siècle, dans l’une des grottes, appelée ensuite la « bibliothèque murée ». Des rumeurs les concernant attirèrent des explorateurs européens, qui traversèrent l’Asie pour tenter de les voir et de les obtenir.

Wang commença une ambitieuse rénovation des temples, avec l’aide de donations issues des villes voisines, mais surtout avec les fonds provenant de la vente de manuscrits à des explorateurs européens, tels que l’Anglais Sir Aurel Stein en 1907 et le Français Paul Pelliot en 1908.

Source : Wikipédia.

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