Les géoglyphes de Nazca (ou Nasca), appelés communément lignes de Nazca, sont de grandes figures tracées sur le sol, souvent d’animaux stylisés, parfois de simples lignes longues de plusieurs kilomètres, visibles dans le désert de Nazca dans le sud du Pérou. Le sol sur lequel se dessinent ces géoglyphes est couvert de cailloux que l’oxyde de fer colore en rouge. En les ôtant, les Nazcas ont fait apparaître un sol gypseux grisâtre, découpant ainsi les contours des figures qu’ils traçaient.
Découverts en 1927, ces géoglyphes sont le fait de la civilisation Nazca, une culture pré-inca qui se développa entre 300 av. J.-C. et 800 de notre ère. Ils ont été réalisés pour la plupart entre -200 et 600. Lignes et géoglyphes sont inscrits, sous la désignation « Lignes et géoglyphes au Nasca et Palpa », sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994.
Les géoglyphes sont approximativement répartis le long d’une ligne de 50 km reliant les villes de Nazca et de Palpa, dans la région d’Ica, correspondant actuellement à la route principale PE-1S (Panamericana Sur), avec une concentration principale dans un rectangle de 10 km par 4 km au sud du hameau de San Miguel de la Pascana. C’est dans cette zone que se trouvent les plus spectaculaires et les plus connus des géoglyphes, même si certains ont été endommagés par les travaux de la panaméricaine, notamment le Lézard, littéralement coupé en deux par le tracé de la route. C’est un environnement de plateaux arides et rocheux, sans terres arables.
San Miguel de la Pascana abrite le musée Maria Reiche et Nazca abrite le musée Antonini, tous deux partiellement consacrés aux géoglyphes.
La première mention écrite connue des géoglyphes se trouve dans le livre Chronique de Pérou du conquistador Pedro Cieza de León en 1553 mais ce dernier les prend pour des traces de pistes. Ils connaissent un regain d’intérêt lorsqu’ils sont redécouverts en 1927 par l’archéologue péruvien Toribio Mejia Xesspe qui explorait alors la vallée de la « rivière Nazca ».
L’anthropologue américain Paul Kosok est le premier à les étudier en les survolant en 1939, alors qu’il travaille sur les réseaux d’aqueducs des environs. Il pense d’abord qu’ils faisaient partie d’un système d’irrigation, puis émet l’hypothèse d’un calendrier astronomique géant. Kosok ne parlant pas espagnol, il cherche un traducteur pour faciliter ses recherches. Il rencontre à Lima Maria Reiche, traductrice allemande qui parle plusieurs langues et apprend alors le quechua.
Ensemble, ils ont engagé la cartographie des lignes de Nazca dès 1941. Après 1948, Maria Reiche continue seule ce recensement en consacrant la majeure partie de sa vie (elle meurt à 95 ans en 1998 à Lima) à l’étude archéologique et à la préservation de ces géoglyphes.
À partir de 2004, une équipe japonaise, conduite par le professeur Masato Sakai de l’Université de Yamagata, mène des recherches sur place. En octobre 2012, elle établit un laboratoire permanent à Nazca, l’Institut Nazca, et en avril 2015 signe un accord avec le ministère de la culture péruvien pour étudier et aider à protéger les géoglyphes. Depuis 2006, l’équipe a périodiquement annoncé la découverte de géoglyphes inconnus, la plupart de taille bien inférieure aux plus célèbres, généralement de 5 à 15 m.
La plupart de ces découvertes nécessitent des moyens modernes de détection ou de traitement (numérisation 3D, algorithmes de traitement d’image), et ne sont pas toujours visibles à l’œil nu.
De façon plus anecdotique, en août 2014, à la suite d’une tempête de sable, de nouvelles figures (notamment un serpent, un camélidé et un oiseau) sont découvertes par Eduardo Herrán Gómez de la Torre, un archéologue pilote d’avion, lors d’un vol d’inspection effectué dans la région d’Ica.
Le 8 décembre 2014, des militants de Greenpeace déploient un message à proximité des lignes de Nazca, notamment du colibri, déclenchant la colère du gouvernement péruvien qui a annoncé des poursuites contre l’organisation.
En avril 2018, 50 nouveaux géoglyphes, dont les lignes étaient trop fines pour être vues à l’œil nu depuis le sol, sont découverts grâce à des drones et des données satellitaires. Ces géoglyphes, représentant principalement des guerriers, ont été tracés en partie par les Nazcas entre -200 av. J.C. et 700 ap. J.C., mais certains peuvent l’avoir été par la civilisation de Paracas entre -500 av. J.C. et 200 ap. J.C. Si l’hypothèse Paracas est avérée et que les géoglyphes ont été tracés entre -500 av. J.C. et -300 av. J.C., l’âge estimé du site serait reculé. Le gouvernement péruvien a entamé des démarches pour étendre la zone de protection de l’UNESCO à ces nouveaux géoglyphes, car ils se trouvent sur le flanc de collines à proximité de la zone mais en dehors de celle-ci.
Les Nazcas réalisaient les figures à grande échelle, probablement à l’aide de procédés géométriques simples comme le carroyage. Les pieux retrouvés sur le Grand Rectangle (300 pieux pour ce rectangle de 800 m de long et 100 m de large) semblent confirmer que ces dessins ont été tracés par simple carroyage : le dessin est quadrillé, puis reporté sur le sol où l’on a pris soin de tirer des cordages qui reproduisent les mêmes carrés à une plus grande échelle. Ils réalisaient leurs dessins probablement en déblayant les pierres sombres, brûlées par le soleil, et en les empilant de chaque côté des lignes pour faire apparaître par contraste la terre plus claire riche en gypse en dessous, ce qui explique que le promeneur distingue des sillons bordés de pierres. Comme le dit l’archéologue allemand Markus Reindel, c’est comme un dessin en négatif. Grâce à l’archéologie expérimentale, il a aussi découvert comment les Nazcas traçaient les figures plus complexes comme les spirales. Il suffit d’un poteau et d’une corde. En tournant, on marque les cercles que l’on forme avec des pierres qui serviront de repères pour tracer la ligne. La corde se réduit peu à peu autour du poteau.
On trouve près de 800 figures géométriques : lignes droites, spirales, ellipses, trapèzes et triangles ; 70 dessins, gravés à la surface de la pampa, sont biomorphes, prenant la forme de végétaux stylisés et d’animaux (dessins zoomorphes) : singe, oiseau-mouche (colibri), condor, jaguar, araignée, orque, héron, pélican. Au total, plus de 350 représentations ont été étudiées. Elles franchissent les ravins, escaladent les collines sans que leur forme ni la rectitude apparente des lignes en soient affectées. La plupart des figures sont constituées d’une seule ligne ne se recoupant jamais.
Ces tracés représentent les divinités animales du panthéon religieux des Nazcas. On a retrouvé, associées aux lignes, diverses poteries reprenant les mêmes motifs stylisés que les géoglyphes.
Source : Wikipédia.