Les géants du nord de la France et de la Belgique.

Dans le folklore du Nord de la France et de Belgique, le géant est une figure gigantesque qui représente un être fictif ou réel. Hérité de rites médiévaux, la tradition veut qu’il soit porté, et qu’il danse dans les rues les jours de carnavals, braderies, kermesses, ducasses et autres fêtes. Sa physionomie et sa taille sont variables, et son appellation varie selon les régions. En flamand, le géant est connu sous le nom de « Reuze » (du féminin en flamand, mais en français le mot est employé au masculin), et sous le nom de « Gayant » en picard chti.

Créé par un groupe de personnes qui partagent des valeurs communes, le géant est un symbole majeur de l’identité collective. Porté par une ou plusieurs personnes, il se déplace seul, en couple, ou en famille, lors de son jour de fête. En effet, chaque géant possède son jour de sortie : le porteur lui donne alors vie, le fait danser, embrasser une géante, saluer la foule. Ils apparaissent souvent lors de cortèges ou parades accompagnés de la fanfare locale. L’orchestre joue des marches de carnavals, de ducasses ou des airs et des chansons qui leur sont dédiés.

Chaque géant a son histoire, les géants naissent, sont baptisés, se marient et ont des enfants comme les humains. Le géant, en tant que représentant des habitants du lieu où il vit, est enraciné dans la tradition et fait partie de la culture populaire.

Les géants du nord, carte maximum, Douai, 16/02/1980.

Le géant a une origine lointaine. La création et la vie du géant sont les témoins de pratiques ancestrales, propres aux régions possédant des géants sur leur sol. Présente sur tous les continents, la tradition des géants est désormais un élément du patrimoine vivant.

Depuis novembre 2005, les géants et dragons processionnels de Belgique et de France et leurs fêtes sont inscrits au titre de chefs-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité auprès de l’UNESCO.

Le géant est originaire d’Europe méridionale, et plus particulièrement de la péninsule Ibérique.
Les traces les plus anciennes se trouvent au Portugal et remontent au XIIIe siècle. Plus tard, le phénomène des géants s’est développé en Espagne ; ce sont alors des personnages muets qui miment des épisodes de l’histoire religieuse et des légendes locales. Au XVIe siècle, l’Espagne domine beaucoup de régions d’Europe, du Nouveau Monde et d’Asie. Le soleil ne se couche jamais sur l’empire de Charles Quint. En Europe, celui-ci comprend les Pays-Bas espagnols, qui sont devenus aujourd’hui le Nord-Pas-de-Calais, la Belgique, et les Pays-Bas. Le phénomène des géants s’est donc développé dans ces régions.

Le nord de la France possède de nombreux carnavals reconnu par le ministère de la Culture et inscrit à ce titre à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2014. C’est ainsi que le carnaval de Lesquin et les géants Hyppolyte et Tité, le carnaval de Lomme et sa géante Anne Delavaux, le carnaval de Wormhout ainsi que ses géants le Roi des Mitrons, le frère jumeau du Roi des Mitrons, Mélanie Michel’tje, Joséphine et Antoinette3 ont tous été inscrits à l’inventaire français du patrimoine culturel immatériel.

Géants du nord, essais de couleurs.

Les premiers géants sont nés à l’époque où la région faisait partie des Pays-Bas espagnols. Le plus ancien répertorié est né à Douai en 1530. Il appartient à la famille des Gayants. Ce sont alors des mannequins gigantesques inspirés de la mythologie grecque et romaine, de l’Ancien et du Nouveau Testament, ou de Chanson de geste. Ils défilent lors de processions religieuses.

Les géants du nord, carte maximum, Dunkerque, 25/09/2007.

Mais les déviances profanes de certains géants ne sont pas du goût de l’Église. Ceux-là sont proscrits des processions religieuses, et défilent dans les cortèges des carnavals et les fêtes païennes. La Révolution tente également de faire disparaître la tradition des géants, car elle est perçue comme une survivance de l’Ancien Régime, qui véhiculerait des valeurs contraires aux principes révolutionnaires.

Malgré ces conjonctures peu favorables, les géants, en tant que symboles de l’identité des villes, s’adaptent aux changements de régimes politiques comme à l’évolution de la vie religieuse : Gayant portera successivement le blason de Charles Quint, puis le soleil de Louis XIV, avant d’arborer les armes de la ville.

Le XIXe siècle est celui de la renaissance du géant ; la pensée romantique, à la recherche des origines de l’homme et de la société, offre un terreau favorable à la renaissance des traditions anciennes, donc à celle du géant. Considéré comme le fondateur et le protecteur des villes, le géant voit son rôle s’accroître à mesure que celles-ci prennent de l’importance, notamment avec la révolution industrielle et l’augmentation de la population.

De nombreuses villes ont leur géant, tant en France avec Reuze Papa et Reuze Maman à Cassel, Martin et Martine à Cambrai, Roland d’Hazebrouck, Messire de Comines à Comines qu’en Belgique, avec Jan Turpin de Nieuport et les nombreux géants de la ducasse d’Ath.

Les sorties des géants ont été arrêtées lors des deux guerres mondiales, mais la tradition reprend à la fin du XXe siècle. Certaines villes créent alors de nouveaux géants, comme Cafougnette en 1948 à Denain. D’autres villes ressuscitent leurs géants disparus, comme Steenvoorde avec la Belle Hélène, une géante qui a vu le jour en 1853 et fut recréée en 1980 et Wasquehal qui créait le sien, Alexandre le Garde Champêtre en 1978 et actuellement Jérome le Courtilleux depuis 1980.

On dénombre plus de 559 géants dans le Nord de la France, implantés aux quatre coins de la région Nord-Pas-de-Calais.

Les géants en Belgique, carte maximum 25/06/1999.

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https://www.youtube.com/watch?v=gbuN__fo4KM

Sources : Wikipédia, YouTube.