Les chapeaux.

Le chapeau est un couvre-chef, devenu un accessoire de mode. Il se distingue des autres couvre-chefs par sa matière, le feutre, la présence d’un bord plus ou moins large, et sa mise en forme.


On n’a pas de traces de chapeau datant de la préhistoire, mais il est possible qu’ils aient existé.

Des chapeaux sont en tous cas portés dès l’Antiquité, dont le pétase grec et le pilos, couvre-chef commun dans la Grèce antique. Ce même pileus coiffe les esclaves affranchis dans la Rome antique. Les femmes grecques préfèrent porter la tholia, chapeau de paille rond à larges bords relevé en pointe en son centre, et fréquemment posé sur un voile comme le montrent les figurines de Tanagra du ive siècle av. J.-C.

Dans son Thresor de la langue françoyse, paru en 1606, Jean Nicot cite le « chapeau contre le bronzage/hasle du Soleil »(Causia, Vmbella), celui de paille de blé« fait d’espis de bled » (Corona spicea), le « chapeau de fleurs, ou Bouquet » (Sertum, Strophium), le « Chapeau deentrelassées et entassées » (Pactilis corona).

Le chapeau, carte maximum, Paris, 9/11/2018.

Au Moyen Âge, selon Philippe Le Bas, leur usage est attesté dès le règne de Charles VI, où les chapeaux fréquemment portés à la campagne sont adoptés à la ville « mais seulement les jours de pluie ». On sait que Charles VII, pour son entrée dans Rouen en 1449, portait un chapeau de castor. Louis XI est fréquemment représenté avec son chapeau orné d’enseignes, des “images en plomb des saints auxquels il avait le plus de dévotion ». Marqueur social, il s’agit d’un accessoire essentiellement masculin, les femmes portant plutôt des voiles, des foulards ou des bonnets qui peuvent cependant atteindre des proportions extravagantes, tels les hennins. Le port d’un chapeau par la femme est alors considéré comme frivole, à l’exception de son utilisation lors de voyage. C’est au XVIe siècle que les femmes s’approprient le chapeau, imitant les courtisans mâles.

Évoluant au gré des modes, il continue à être utilisé, même si au XVIIIe siècle, en raison des volumineuses perruques, les hommes portent au bras leur bicorne. En France son usage est petit à petit réservé aux femmes avant qu’au XVIIIe siècle les dames de la cour n’arborent les créations de leurs marchandes de modes.

Le chapeau continue alors d’être portés par les deux sexes jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un accessoire de mode, porté lors d’occasions spéciales (mariage, enterrement) ou pour se protéger des éléments (pluie, soleil).

La forme du chapeau évolue sur trois éléments : le bord du chapeau, dit aussi “aile”, la hauteur de la calotte, la forme de cette calotte (ronde, carrée, en pointe).

Dans la première moitié du XVIe siècle, la mode française est au chapeau à la calotte très plate et au bord très étroit. La calotte augmente petit à petit dans la seconde moitié du XVIe siècle, formant la toque recouverte de tissu plissé et à petits bords qui caractérisent notamment les portraits de Henri III. À l’extrême fin du XVIe siècle, le chapeau voit sa calotte diminuer et ses bords s’élargir un temps.

Dès 1610, mais surtout dans les années 1620-1630, la mode est sous influence hollandaise, avec les chapeaux en “pain de sucre”, à savoir à calotte haute et conique et aux bords étroits. Dès 1630 cependant la taille de la calotte diminue tandis que celle des bords augmente. Au début du règne de Louis XIV, la mode est au chapeau de mousquetaire, à savoir une calotte de petite taille, carrée, masquée par un grand panache, et aux bords très large. Dès les années 1670, à la Cour, les hommes préfèrent porter des chapeaux à petite calotte et à bords de taille moyenne ou petite.

Les chapeaux en poil de castor ont été si appréciés qu’ils ont contribué à la forte régression de cette espèce en Europe, mais aussi au Québec et Canada où s’est portée la demande européenne.
On s’aperçut ensuite que ses bords étendus gênaient le maniement des armes ; « alors on imagina pour les troupes le chapeau à trois cornes, qui est la coiffure militaire, et la coiffure d’étiquette dans les hauts rangs de la société. Sous le ministère du comte de Saint-Germain, on s’avisa de coiffer les brigadiers de cavalerie de chapeaux à quatre cornes; mais cet usage ne dura pas. Depuis un peu plus de trente ans, les troupes ont quitté le chapeau pour le bonnet à poil, le shako ou le casque, quand elles sont sous les armes. Dans le monde, la coiffure générale des citoyens est aujourd’hui le chapeau rond de couleur noire; celle des fonctionnaires, dans les cérémonies publiques, est le chapeau noir à cornes, orné de plumes. Celle des militaires en petite tenue est le même chapeau, avec ou sans plumes, suivant le grade. Les ecclésiastiques portent aussi le chapeau à trois cornes, mais lui donnent une forme particulière ».

Comme souvent dans les périodes tumultueuses, le chapeau peut servir à une expression politique ou de soutien à un régime. En juillet 1815, après les 100 jours, il fallait porter du blanc. On peut lire dans le Journal de Rouen du 13 juillet 1815, un avis en forme de consigne pour la nouvelle mode : « Les chapeaux de paille blanche de la dernière forme ont la passe quarrée, très saillante, et un fond plat qui déborde d’un travers de doigt, et forme bourrelet sur la passe. Entre la passe et le fond, on met une guirlande en diadème, beaucoup plus épaisse au milieu que des extrémités. Elle est composée de roses blanches ou de lys, de myrte ou de jasmin. (… ) Les modistes posent sur ces chapeaux trois roses blanches et trois plumes duveteuses. »

En 1845, l’encyclopédiste Philippe Le Bas ajoute que la généralisation du chapeau « nécessita l’établissement de grandes fabriques, notamment à Lyon et à Paris, et l’on fit bientôt une telle consommation de castors, que ceux que l’on trouvait en France, et spécialement dans les îles du Rhône, étant détruits, il fallut poursuivre ces animaux industrieux et inoffensifs jusque dans les lacs glacés du Canada » (…) « On imagina de suppléer à leur fourrure par celle d’animaux indigènes (lièvre, lapin et même le chien caniche). On a aussi fait en « peluche de soie » des chapeaux légers moins chers qu’en feutre, et pour l’été des chapeaux gris en feutre, des chapeaux en paille, en osier, en lacets et en étoffes de soie ou de coton dont les formes varient au gré de la mode. On fabrique, pour les voituriers et les marins, des chapeaux de bourre ou de laine commune, que l’on revêt de plusieurs couches de vernis qui leur donnent de l’éclat, de la durée, et les rendent impénétrables à la pluie ».

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, le chapeau est un élément indispensable de la toilette. Son absence signale au regard, l’ouvrière qui sort « en cheveux ». Dans toutes les villes des modistes répondent à la demande d’une énorme clientèle en créant leurs propres modèles ou en adaptant ceux de la mode parisienne.

Au tournant du XIXe siècle, la silhouette se modifie. Le grand chapeau apparaît avec le costume tailleur vers 1900. Il permet d’équilibrer la toute nouvelle jupe cloche. La garniture est posée très haut sur des chapeaux de plus en plus larges. Ils sont maintenus par des épingles à chapeau, nouvel accessoire.

Les liens entre la haute couture et les chapeaux remontent à Worth et à sa collaboration avec Mme Virot dans les années 1890. « Une bonne modiste était capable d’interpréter l’esprit d’une collection sans sacrifier sa propre créativité. Bien que leur contribution ne fût pas officiellement reconnue, tous ceux qui faisaient partie du monde fermé de la mode parisienne savaient quelles modistes avaient créé les modèles qui accompagnaient la collection présentée par son couturier ».

Les grandes modistes de cette époque sont Caroline Reboux, Lucienne Rebaté, les sœurs Legroux, madame Blanchot, Lewis, Marie Alphonsine.

Sous l’influence de Paul Poiret les robes deviennent plus simples dès les années 1910. La silhouette s’allonge et s’aplatit. De nouvelles coiffures sont créées pour les activités sportives : automobile, bain, canotage. Les femmes coupent leurs cheveux. Un nouveau chapeau apparaît, le chapeau cloche à côté de la capeline et de la toque. Parmi les grands noms de cette époque, on trouve Rose Valois, Suzanne Talbot.

Coco Chanel débuta comme modiste avant de se lancer dans la haute couture. Ses chapeaux étaient comme ses vêtements, inhabituels tant par la pureté de leur ligne que par la. Contrairement à Elsa Schiaparelli qui « aimait choquer et adorait les paradoxes des surréalistes. Elle utilisait les chapeaux comme un point d’exclamation, une « folie » qui couronnait un look et donnait matière à discussion. Le concept de la démesure était entré dans l’histoire des modes du XXe siècle ».

Le chapeau, entier postal, Belgique.

La chevelure et le chapeau vont constituer des éléments essentiels de l’esthétique féminine, symbolisant peut être le mieux cette époque. Il existe un chapeau pour tous les évènements de la journée. Les chapeaux garnis sont à l’honneur. Les garnitures sont posées près du visage. Les chapeaux reprennent de la hauteur à la fin des années 1930. Les lignes verticales sont ainsi à l’honneur et sont encore accentuées par des drapés en hauteur, des coques, des aigrettes, des ailes, des nœuds disposés au sommet de la calotte. Avec Schiaparelli, les grandes modistes de cette époque sont Rose Valois, Louise Bourbon, Germaine Page, Rose Descat, Gaby Mono, Agnès et Claude Saint-Cyr.

Le monde de la mode traverse une crise pendant la Guerre. Certaines maisons de haute couture ferment leurs portes. La pénurie des matériaux touche celles qui continuent leur activité. C’est l’époque des matériaux de substitution : la fibranne, la rayonne, le bois, la paille, le liège. « Le modélisme s’accommode de ces difficultés mieux que la couture et est très novateur. Ce bouleversement permet l’éclosion de jeunes talents : Albouy, Gabrielle, Gilbert Orce ». « L’heure est aux performances : chapeau en papier journal d’Albouy, toque en copeaux de bois d’Agnès »11. Selon l’historienne Dominique Veillon : «… l’exubérance créatrice des couvre-chefs peut s’expliquer comme la manifestation diffuse d’une révolte contre la dureté de l’époque ». Les chapeaux apportent également des solutions concrètes au froid (capuchon), à la difficulté d’entretenir ses cheveux (turban et foulard).

La fin de la Guerre et la disparition progressive des pénuries marque le retour des belles matières, une volonté de raffinement et d’opulence, à l’image des créations de Christian Dior nécessitant des mètres de tissu. Les petits chapeaux alternent avec les grands, en fonction des robes larges et des minces tailleurs.

Depuis la fin des années 1960, le port du chapeau est cependant tombé en désuétude, même si certains jeunes se réapproprient depuis cet accessoire de mode.

Voir aussi cette vidéo :

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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