Les automobiles Renault.

Le groupe Renault est un constructeur automobile français. Il est lié aux constructeurs japonais Nissan depuis 1999 et Mitsubishi depuis 2017, à travers l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi qui est, au premier semestre 2017, le premier constructeur automobile mondial. Le groupe Renault possède des usines et filiales à travers le monde entier. Fondée par les frères Louis, Marcel et Fernand Renault en 1899, l’entreprise joue, lors de la Première Guerre mondiale, un rôle essentiel (activités d’armement, production de moteurs d’avion, du char Renault FT). Elle se distingue ensuite rapidement par ses innovations, en profitant de l’engouement pour la voiture des « années folles » et produit alors des véhicules « haut de gamme ».

L’entreprise est nationalisée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, accusée de collaboration avec l’occupant allemand. « Vitrine sociale » du pays, elle est privatisée durant les années 1990. Elle utilise la course automobile pour assurer la promotion de ses produits et se diversifie dans de nombreux secteurs. Son histoire est marquée par de nombreux conflits du travail mais aussi par des avancées sociales majeures qui ont jalonné l’histoire des relations sociales en France (à l’exemple des accords de 1955 — instituant entre autres la 3e semaine de congés payés —, de 1962 — 4e semaine de congés payés — ou de l’« accord à vivre » de 1989). Le groupe Renault a trente-huit usines dans le monde à son actif.

En 2014, Renault a vendu 2,710 millions d’unités, soit 3,2 % de plus qu’en 2013, notamment en Europe : Renault +9,4 % et Dacia +24,2 %. La Renault Zoe est la deuxième voiture électrique la plus vendue en Europe.

En 2013, Renault se situe en première position des plus faibles émissions de CO2 en Europe. En 2017 toutefois, des tests effectués en Europe placent Renault parmi les deux constructeurs aux véhicules les plus émetteurs d’oxydes d’azote dangereux pour la santé.

En 2016, Renault réalise une année record du côté des ventes, avec un total de 3,18 millions de véhicules vendus dans le monde sous les marques Renault, Dacia et Renault Samsung Motors. Renault se classe alors première marque française mondiale, tandis qu’en Europe, la marque Renault termine en seconde position des immatriculations.


L’histoire de Renault démarre en 1898. Un musée Renault, situé à Boulogne-Billancourt, retraçait différents aspects de cette histoire ; fermé en novembre 2016, il est envisagé qu’il renaisse ultérieurement en un autre lieu à proximité.

En 1898, Louis Renault est un jeune homme passionné d’automobile. Ses frères, Marcel et Fernand, ont travaillé dans l’entreprise familiale de textile. Louis convertit son tricycle De Dion-Bouton en Voiturette de 1 ch à quatre roues Renault Type A. L’originalité de celle-ci est que Renault l’équipe d’une invention de son cru, la première boîte de vitesses en prise directe, contrairement aux chaînes et courroies de transmission utilisées jusque-là. Il réussit à la vendre à un ami de leur père qui l’essaye le 24 décembre et fut très impressionné par son comportement routier et sa puissance dans les pentes.

Après que Louis-Paul eut breveté la prise directe, les frères fondent officiellement le 25 février 1899, à Boulogne-Billancourt, la Société Renault Frères avec deux amis de Louis, Thomas Evert et Julian Wyer, pour capitaliser sur ce nouveau moyen de transport. Louis est chargé du développement et de la production alors que ses frères se chargent de l’administration.

Les premières automobiles sont vendues à de riches particuliers qui peuvent se permettre de dépenser les 3 000 francs qu’elles coûtent (dix ans de salaire d’un ouvrier). En 1900 un partenariat est passé avec Isotta Fraschini pour l’Italie. Devant ce marché limité, Renault se diversifie dans la production de taxis et de camions avant la Première Guerre mondiale.

Les frères Renault remarquent très tôt la publicité que leur société peut tirer de la participation aux courses automobiles, et ils engagent leurs véhicules dans des courses sur route, puis sur circuits, remportant d’emblée plusieurs succès en catégorie Voiturettes. Parmi ceux-ci citons : la Coupe des Chauffeurs Amateurs – ou Paris-Trouville – (1899), Paris-Ostende (1899), Paris-Rambouillet (1899), Paris-Toulouse-Paris – en catégorie voiturettes de moins de 400 kg – lors des Sports de l’Exposition Universelle de 1900 (sur 1 448 km et hors cadre olympique proprement dit), Circuit du Sud-Ouest (Pau, 1901), Paris-Bordeaux (1901), Paris-Berlin (1901), Paris-Vienne (1902), la première étape du Paris-Arras-Paris (1902), la première édition du Grand Prix de France du Mans (alors de l’A.C.F., 1906), puis successivement sur la 35HP -produite de 1907 à 1911- équipée de pneumatiques Michelin les 24 Heures de Morris Park (NYC) avec l’expatrié Maurice Bernin et Paul Lacroix (1907) et les 24 Heures de Brighton Beach (NYC) avec Louis Raffalovich et Charles Bale (1909), tout en terminant entre-temps huitième au Grand Prix de Dieppe de 1908 avec le russe Sergey Dimitriewich derrière plusieurs constructeurs germaniques.

Louis Renault se retrouve rapidement seul à la tête de l’entreprise. Marcel Renault meurt le 24 mai 1903 durant la course automobile Paris-Madrid, à laquelle il participait avec son frère Louis. Fernand Renault cède ses parts en 1908 et meurt de maladie en 1909.

En 1914, lorsque la guerre éclate, la compagnie se lance dans la production de munitions, d’avions militaires et plus tard dans les chars de combat avec son Renault FT13. En 1918, Renault est devenu le premier manufacturier privé de France et il est honoré par les Alliés pour sa contribution à l’effort de guerre.

Au sortir de la guerre, Louis Renault diversifie encore plus ses activités en se lançant dans la machinerie agricole et industrielle, les matériels roulants ferroviaires. Cependant, la compagnie commence à rencontrer des difficultés à vendre sa production automobile car la concurrence introduit de petits véhicules à faible coût accessibles à chacun. Renault doit donc sortir ses propres véhicules au moment où il rencontre des problèmes avec le marché financier et ses employés.

À l’issue de la Première Guerre mondiale Renault subit une concurrence nouvelle, lors de la création de Citroën, un nouveau constructeur automobile qui investit massivement et qui devient le 1er constructeur français, devant Peugeot et Renault.

Renault doit également former un réseau de distribution et en 1920, la compagnie s’associe avec Gustave Gueudet, un entrepreneur du nord de la France qui dirige le Groupe Gueudet, pour fonder les premiers concessionnaires. La gamme des modèles Renault s’étend désormais des petites automobiles aux poids lourds.

Renault ne se limite pas à la France et vend dans plusieurs pays. Le marché anglais est particulièrement intéressant, car il ouvre la porte aux colonies de ce pays. Un grand nombre de véhicules modifiés avec des suspensions surélevées, de plus puissants systèmes de refroidissement et des carrosseries spéciales partent par bateau vers les quatre coins de l’Empire britannique.

De cette période, les Grand Luxe se distinguent avec leur empattement de 3,68 mètres et de six à huit cylindres pouvant leur faire atteindre 150 km/h. La suspension est améliorée pour permettre ces vitesses et on utilise l’aluminium dans le moteur, les freins, la transmission, et plusieurs parties de la carrosserie. Toutes les Grand Luxe à partir de 1923 sont considérées comme des classiques et leurs carrosseries sont signées par des ateliers célèbres dont Kellner, Labourdette et J. Rothschild et Fils.

En sport, la marque remporte le rallye de Monte-Carlo en 1925 (sur Renault 40CV), puis 10 ans plus tard sur Renault Nervasport (1935).

Durant la Grande guerre, Renault devint le premier constructeur de moteurs français avec 13 586 V 8 (70 à 190 ch) et V 12 (200 à 300 ch) et participa au consortium de fabrication du Breguet XIV (8 000 exemplaires de 1917 à 1926). La fin des commandes militaires provoqua un problème de débouchés que la firme s’employa à résoudre.

Renault s’allia à Blériot et Farman pour établir la Ligne Farman, une liaison aérienne entre Paris (Le Bourget) et Londres (Croydon) ouverte en 1919, puis de Paris vers Bruxelles. Avec Breguet et Caudron, l’entreprise fonde la Compagnie des messageries aériennes. Les principaux avions de transport sont alors le Farman F.60 Goliath et le Breguet XIV, équipés de moteurs Renault. À partir de 1923, Renault s’unit avec d’autres compagnies aériennes pour faire face aux concurrents étrangers et créent Air Union. La firme place ses moteurs sur le Potez 25, dans la version utilisée par l’Aéropostale pour traverser les Andes. Cette initiative assura l’équipement de plus de 500 des 3 600 Potez 25 construits. Renault préserva entre 1920 et 1930 sa place de premier motoriste aéronautique français avec plus de 11 000 moteurs vendus.

La crise de 1929 marqua un tournant, la puissance des moteurs stagnant après le milieu des années 1920. Les technologies des moteurs automobiles et d’aviation divergeaient, ces derniers arrivant aux limites des capacités technologiques de la firme Renault. Malgré une diversification des types (en étoile, en ligne et en V), les essais des moteurs à forte puissance (18 cylindres en W de 700 ch, 12 cylindres en V de 1500/2000 ch) se soldèrent par des échecs. Il fallut se rabattre sur des groupes propulseurs de faible et moyenne puissance, mais de conception simple et fiable, comme les Bengali de quatre ou six cylindres, produits à plusieurs milliers d’exemplaires, pour la France et l’export. Cette situation provoqua la désaffection des constructeurs aéronautiques, toujours à la recherche de plus fortes puissances et moins demandeurs dans un contexte de crise économique. La crise de 1929 poussa également Louis Renault à diversifier ses activités en se tournant vers le chemin de fer.

La position difficile du groupe Caudron offrit à Renault l’occasion de devenir un groupe aéronautique et d’ouvrir un nouveau débouché pour ses moteurs. La Société anonyme des avions Caudrons est constituée en 1933. Louis Renault base son développement sur une aviation légère imitée de l’automobile, avec des modèles à prix abordable, une construction en grande série et des succès en compétition. Les avions sont dotés par Marcel Riffard d’une aérodynamique efficiente, d’une structure optimisée, pour garantir les performances malgré une faible puissance et aussi limiter les coûts d’usage. Cette approche est illustrée avec les avions de record Rafale, le Caudron C.430 ou le Caudron C.460, ce dernier capable avec 330 ch de dépasser 500 km/h, face à des concurrents de plus de 1 000 ch. Ces succès rendent célèbres leurs pilotes, telle Hélène Boucher, et apportent du prestige à la marque Caudron. L’ensemble devint une vitrine de modernité pour Renault et un outil de promotion, telle l’aérodynamique Renault Viva Grand Sport, dessinée par Riffard et présentée par Hélène Boucher. Dans le même temps la compagnie aérienne Air Bleu est fondée afin de développer sur le territoire métropolitain un réseau de transport aérien du courrier complémentaire du réseau ultramarin et international d’Air France.

L’organisation industrielle resta toutefois déficiente, avec des fabrications dispersées entre les usines Renault de Boulogne et Caudron d’Issy-les-Moulineaux31. La situation fut clarifiée en 1937 : les éléments structurels et la motorisation furent alors fabriqués par Renault au sein de la Société des Moteurs Renault-Aviation (SMRA)32 et l’assemblage effectué par Caudron.

Cette approche produit ses effets et permet à Caudron-Renault d’écouler des centaines d’exemplaires de ses avions, les Caudron Goeland, Simoun, Phalène et Aiglon.

La firme tente de se développer dans le domaine militaire avec la série des chasseurs C.710 à 714, produits à une centaine d’exemplaires pour l’aviation française jusqu’en juin 1940, dont les versions C. 710 et 713 sont vendues à quelques exemplaires à l’URSS, à la recherche de nouvelles technologies et licences de production.

À la sortie de la guerre, Caudron-Renault et la SMRA sont nationalisées à l’instar de la société mère ; la première est intégrée à la SNCAN en 1946, tandis que la seconde est intégrée à la SNECMA.

En 1922, Renault commence à produire du matériel ferroviaire dans les hangars de l’Île Seguin, construits pour produire les chars de la 1ère guerre mondiale. Dès la crise de 1929, Renault cherche à diversifier plus encore son activité, et commence la conception d’autorails, en produisant divers prototypes, intéressant particulièrement les compagnies de chemin de fer désireuses de diminuer leurs coûts pour les trains moins remplis ou les petites lignes. 1933 voit l’émergence du 1er autorail français de grande série, le Renault VH (dénommé alors « automotrice à grande vitesse », c’est-à-dire 120 km/h), qui effectuera un service apprécié jusqu’en 1970.

Durant ces années 1930, Renault est très prolifique en modèles divers, depuis les petits autorails économiques Renault TE jusqu’aux rames à long parcours Renault ABV, précurseures des RGP ou des actuels Coradia Liner. Renault devient ainsi durant cette courte décennie un acteur majeur de la construction de matériel ferroviaire, à la pointe de la technique, testant diverses dispositions de caisse (par exemple la longueur record de 32,73 m du Renault AET), et même, en extrapolant le classique moteur 507 de 220 ch, avec la difficile mise au point d’un moteur ferroviaire de 500 ch à la veille de la 2de guerre mondiale, le moteur Renault 504, qui permettra la production des Renault ADP ainsi que d’une rame de 1 000 ch, le Renault ABL.

Il faudra attendre 20 ans de plus pour disposer du premier moteur fiable de forte puissance, le très réussi moteur MGO qui équipera les ultimes productions ferroviaires de Renault (après la guerre, la Régie Renault n’est plus conceptrice, mais seulement productrice), les autorails unifiés de 825 ch, les réputés X 2800 dont la production a pris fin en 1961, mais qui ont circulé en service commercial dans toute la France jusqu’en 2009.

Après le succès du char Renault FT, Renault resta un fournisseur régulier de l’armée de terre puis remporta d’importants marchés avant la seconde guerre mondiale pour équiper les troupes françaises. La chenillettes Renault UE36 fut commandée à partir de 1932 à plus de 5 000 exemplaires pour fournir un support logistique sous blindage, les automitrailleuses de reconnaissance37 AMR 33 (121 exemplaires) et AMR 35 (200 exemplaires) en 1932 et 1935 pour assurer la reconnaissance des divisions légères mécaniques (1re DLM, 2e DLM] et 3e DLM). Plusieurs chars de combat furent mis en production, les chars moyens Renault D1 (160 exemplaires) et D2 (100 exemplaires) en 1932 et 1936, le char lourd B1 en 1935 dans le cadre d’un consortium (182 sur 369 produits), tous les trois destinés aux régiments de chars de combat, et le char léger Renault R35 en 1936 (environ 1 540 exemplaires), suivi du modèle amélioré Renault R40 (155 exemplaires), chargés d’accompagner l’infanterie.

Cette activité plaçait la firme Renault comme le premier constructeur français de blindés (2 153 chars sur environ 3 800 livrés à l’armée française), devant Hotchkiss, et de véhicules d’accompagnement et de soutien (5 000 sur 12 500), devant Citroën.

À la suite d’un important effort industriel, la production de chars en France atteignait plus de 150 exemplaires par mois entre janvier et juin 1940 (moyenne de 50 par mois en 1938, 120 par mois en 1939), à comparer aux 60 construits chaque mois en Grande-Bretagne et 120 dans le troisième Reich (Allemagne et Tchécoslovaquie)43. Renault livrait ainsi en mai 1940 plus de 250 chars.

L’organisation industrielle comprenait les usines de Billancourt, où étaient produits les composants mécaniques, et d’Issy-les-Moulineaux, chargée de l’assemblage des blindés. Les sites de Berliet (Lyon) et Fouga (Béziers) assemblent à partir de 1937 les chenillettes UE46.

Le site d’Issy-les-Moulineaux fit l’objet d’une nationalisation en 1936 (Ateliers d’Issy-les-Moulineaux ou AMX). Renault acquit en 1939 une ancienne fabrique de tracteurs au Mans (Société des usines de Pontlieue), pour construire des organes mécaniques de chenillettes UE à partir de l’hiver 1939, les assembler en mai 1940 et fournir les suspensions du char R 40.

L’usine Renault de Billancourt fournit jusqu’en avril 1940 les organes mécaniques plus rapidement que n’étaient assemblées les chenillettes, le retard se résorbant en mai 1940.

Louis Renault et Henry Potez se déplacèrent en 1939 en Grande-Bretagne, pour organiser un effort de production conjoint. Les états-majors de France et de Grande-Bretagne coopérant depuis 1938, les Français avaient découvert les lacunes de leur allié en termes de chars lourds. Cela permit de lancer le char A20, futur Churchill, très influencé par le Char B1 bis. La livraison de ce dernier comme « char interallié » aux Anglais était planifiée à partir de juin 1940, avec le transfert de plaques de blindage anglais pour augmenter la production.

Louis Renault partit aux États-Unis en mai 1940 avec des missions techniques militaires, ce pays apparaissant comme le dernier recours devant la perte du nord de la France et de ses industries. Il était chargé d’implanter des installations de production de chars au profit de l’armée française et rencontra Franklin Delano Roosevelt, ainsi que Henry Morgenthau, pour obtenir leur appui.

Les capacités de production de Renault placèrent cette société au premier plan durant le réarmement des armées françaises. Leur équipement nécessitait 430 000 véhicules de transport sous les drapeaux au printemps 1940 (camions, camionnettes et véhicules légers). Ce plan fut réalisé principalement par réquisition, mais demandait à compléter et renouveler ce matériel pour soutenir l’effort de guerre. Il était prévu la sortie de 100 400 véhicules durant l’année 1940.

Un programme théorique de production fut établi en septembre 1939, après consultation des constructeurs français par la Section de l’armement et des études techniques. Le plan prévoyait un total de 7 145 véhicules par mois au quatrième mois de mobilisation, la mise en place fut plus lente mais la production atteignit 8 300 véhicules par mois en mai 1940. La firme Renault devait produire théoriquement chaque mois 600 camions de plus de 5 tonnes, 400 camions de 4,5 à 3,5 tonnes, 600 camionnettes de 1,5 tonnes, 300 véhicules sanitaires légers et 750 lourds, soit un total de 2 650 véhicules.

Cela plaçait Renault à la première place devant la marque Citroën (2 200 véhicules mensuels) et provoqua une citation à l’ordre de l’Armement des usines Renault par le ministre Raoul Dautry, le 3 juin 1940.

Les livraisons aux armées atteignaient 16 668 exemplaires entre septembre 1939 et juin 1940, soit une moyenne de 2 080 véhicules par mois, ses cadences se réduisant en 1940 pour réaffecter les moyens industriels aux blindés.

Durant le second conflit mondial, la France est occupée par l’armée allemande et les usines Renault collaborent activement à l’effort de guerre allemand. La réparation des chars allemands et la conversion de chars français pour la Wehrmacht commence en août 1940. Après la libération, Louis Renault soutiendra la thèse d’une réquisition allemande. Cette réquisition est cependant issue des propositions qu’il leur formula dès juillet 1940.

Outre la réparation des tanks allemands, les usines Renault produisent dès 1941 des camions et des tanks pour la Wehrmacht. Au printemps 1941, les informateurs des services de renseignements gaullistes décrivent des usines tournant à plein régime, et demandent leur bombardement pour paralyser l’appareil de guerre allemand. Ils y recensent Renault comme entreprises « travaillant pour les Allemands » et produisant voitures de tourisme, camions et tanks.

Les livraisons sont freinées par les bombardements de l’aviation alliée sur les usines du Mans et de Billancourt. Après le bombardement du 3 mars 1942, le gauleiter Sauckel exprime « son admiration pour l’effort exceptionnel fourni par l’entreprise Renault ». Le coût des bombardements industriels est remboursé par le gouvernement de Vichy au titre des frais d’occupation. Pour surmonter les effets des bombardements, Renault entame la construction d’usines souterraines dans d’anciennes carrières aménagées à Carrières-sous-Bois (entre Maisons-Laffitte et Saint-Germain-en-Laye).

À la Libération en 1944, Louis Renault est arrêté comme collaborateur et meurt en prison avant son procès. Selon sa famille, l’industriel serait mort des suites de mauvais traitements que lui auraient fait subir ses gardiens. D’après l’historien Alain Decaux, une autopsie aurait révélé que sa nuque aurait été brisée, laissant supposer un meurtre. Toutefois, selon les documents aujourd’hui ouverts à la recherche et selon l’historien américain Herbert R. Lottman, le décès est la suite de la maladie dont il souffrait déjà au moment de son arrestation. Ses usines sont saisies par le gouvernement provisoire et nationalisées le 15 janvier 1945 sous le nom de Régie Nationale des Usines Renault. Pierre Lefaucheux, jusqu’alors l’administrateur provisoire, devient le premier directeur général.

La petite 4CV conçue par Fernand Picard et Charles-Edmond Serre, à moteur arrière relance la Régie dès 1946. Elle tira son épingle du jeu, mais seulement en France, face aux Fiat 600 italiennes, Coccinelle allemandes et Morris Minor anglaises. Renault en produit plus d’un million jusqu’à l’arrêt en 1961 alors que ses concurrentes ont toutes dépassé les deux millions d’exemplaires.

En 1951, un modèle haut de gamme, la Frégate, est lancé sur le marché. Après quelques problèmes techniques dus à une mise sur le marché trop rapide, la Frégate devient une automobile sûre, dotée d’une excellente tenue de route et d’un excellent freinage. Elle est déclinée en plusieurs versions (affaire, amiral, grand pavois) et carrosseries (berline, cabriolet et break). Elle tire sa révérence en 1960 fortement concurrencée depuis 1955 par la Citroën DS71. C’est cependant un échec commercial.

En 1956 paraît la Dauphine, un modèle automobile fabriqué dans l’usine de Flins (Yvelines) à partir de mars 1956 jusqu’en 1967. La voiture fut conçue par le bureau d’études Renault dans les années 1950 pour épauler la 4CV. Cette voiture fut la plus vendue en France de 1957 à 1961.

À partir de 1961, la Renault 4 à traction, couramment appelée 4L est une petite voiture populaire de grande diffusion de conception simple et pratique. En France, la Renault 4 fut en tête des ventes dès 1962.

En 1962, le mythique « moteur Cléon-Fonte » conçu par l’ingénieur René Vuaillat apparaît sous le capot de Renault Floride S et la Renault 8. Ce quatre cylindres aura animé des générations de modèles, passant au fil des ans de 956 à 1 565 cm3, de la Floride à la Twingo en passant par la Renault 11 Turbo et la Renault 5 Turbo 2. Ce moteur est réputé pour sa robustesse et sa longévité.

Renault essaye de relancer sa gamme supérieure par une coopération avec American Motors Corporation, qui conduit à l’assemblage dans les usines Renault de Haren, en Belgique, entre 1962 et 1967 d’une Renault Rambler, très « américaine », qui est un échec commercial. D’autres Renault Rambler, les Classic et Ambassador, sont produites par IKA Renault en Argentine dans l’usine Santa-Isabel de Córdoba jusqu’en 1972.

En 1962, est également lancée la Renault 8, grande sœur de la 4CV avec son moteur à l’arrière, qui aura des succès en rallye avec la Renault 8 Gordini. La R8 – Gordini est considérée comme précurseur des « GTi », ou du moins est la première compacte ayant des performances sportives pour un tarif de voiture de série. La Renault 8 Gordini 1300 de 103 ch, proposant des accélérations détonantes pour l’époque et atteignant 175 km/h, devance ainsi d’une douzaine d’années la sortie de ses premières concurrentes.

En 1965 sort la Renault 10, une « grosse » Renault 8.

À partir de 1965, à la suite du succès de la R4, pour son nouveau modèle de haut de gamme Renault abandonne aussi la propulsion arrière pour adopter la traction avant et l’équipe d’un hayon arrière : la R16 est élue Voiture de l’année en Europe en 1966. Ce succès innovant impose cette technologie et ce style de carrosserie, qui deviennent ensuite majoritaires dans la production de la plupart de ses concurrents européens, et aujourd’hui encore.

En 1986, Raymond Lévy, après l’assassinat de Georges Besse par le groupe terroriste Action directe, assume la direction de Renault et prépare sa privatisation.

En 1990, la régie Renault change de statut et devient une société anonyme à capitaux d’État par l’adoption de la loi du 4 juillet 1990 avec des restrictions du contrôle étranger. Volvo acquiert une participation de 20 % après de tumultueux échanges. Le 17 novembre79 1994, Renault est effectivement mise en bourse et à cette occasion, Volvo cède 12 % du capital et l’État diminue sa part de 80 % à 53 %. Il faudra attendre juillet 1996 pour voir Renault effectivement passer dans le secteur privé à la suite d’une cession par le gouvernement de 6 % du capital au noyau dur des actionnaires, essentiellement des banques et groupes d’assurance français, par le biais d’une vente de gré à gré.

Le secteur automobile entame dans les années 1990 un mouvement de concentration. Rachats de marques, fusions : les groupes se mondialisent et cherchent à étendre leur gamme et à augmenter leurs volumes de production, gage d’une rentabilité plus constante.

Alors que la privatisation de Renault se prépare pour 1996, Louis Schweitzer multiplie les contacts avec les autres constructeurs pour donner à Renault la dimension mondiale qui lui manque. Ainsi, Renault rachète le petit constructeur coréen Samsung Motors en 1990, qui devient Renault Samsung Motors et est détenu à 80% par Renault. Puis, en septembre 1993, le Groupe Renault et la société Volvo AB annoncent leur fiançailles. Les complémentarités sont là : Volvo est solidement implantée aux États-Unis, tandis que Renault est fort en Amérique Latine ; en outre, la fusion des filiales « poids lourds » des deux groupes donnerait naissance à un champion mondial. Mais le 2 décembre 1993, Louis Schweitzer et son collègue suédois Pehr Gyllenhammar doivent annoncer l’échec du mariage, à la suite d’une rébellion du management supérieur et de la majorité des actionnaires du Suédois. Pour une large part, cet échec relève de la non prise en compte de l’aspect humain et culturel. Les Suédois sont attachés à leur culture participative et ont très vite été choqués par ce qu’ils perçoivent des Français : peu ouverts au dialogue, et désireux d’imposer leurs solutions. Louis Schweitzer tiendra compte de cet échec dans la mise au point de l’Alliance avec Nissan et il fera tout pour ménager les susceptibilités japonaises lors des négociations et de l’accord qui interviendra 6 ans plus tard.

En 1999, après avoir échoué à racheter le constructeur tchèque Škoda, qui est acquis par le groupe Volkswagen, Renault prend le contrôle du constructeur roumain en difficulté Dacia, afin de produire un véhicule d’entrée de gamme économique (« la voiture à 30 000 francs »). Malgré les doutes et les critiques reçues initialement, cette aventure est rapidement un succès commercial.

Conscient de ses faiblesses dans la gestion quotidienne, Louis Schweitzer a recruté comme numéro deux Carlos Ghosn, chargé de mener à bien la réduction des coûts. Cette époque est marquée par la fermeture de l’usine belge de Vilvorde et une large délocalisation de la production de Renault hors de France, particulièrement en Turquie où l’usine de Bursa devient un composant majeur du dispositif industriel de Renault. Carlos Ghosn fera par la suite merveille au Japon, où il sera envoyé par Louis Schweitzer pour rationnaliser la gestion du constructeur japonais, à commencer par les achats.

L’Adam, association de défense des actionnaires minoritaires, présidée par Colette Neuville, est intervenue pour critiquer les modalités de la fusion entre le constructeur français et Nissan, trop favorables au japonais selon elle.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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