L’église méthodiste.

Le méthodisme est un courant du protestantisme issu d’un schisme d’avec l’Église anglicane regroupant de nombreuses Églises d’orientations  diverses, mais trouvant leur inspiration dans la prédication de John Wesley au XVIIIe siècle. En 2018, 40 millions de personnes se réclament du méthodisme. Historiquement, le méthodisme est le principal propagateur du Grand Réveil.


En tant que mouvement religieux, le méthodisme a été lancé au XVIIIe siècle par le prédicateur anglais George Whitefield, mais c’est John Wesley qui fut l’organisateur du méthodisme, rejeté par l’Église d’Angleterre qui n’appréciait ni son insistance sur l’expérience religieuse personnelle ni sa préoccupation sociale. Les élites anglicanes étaient d’ailleurs très  influencées par la philosophie religieuse répandue en Angleterre à l’époque et caractérisée par une hostilité à tout dogmatisme, teintée de rationalisme et de moralisme.

Alors que George Whitefield avait eu très jeune une foi très vive, Wesley avait en effet connu une expérience religieuse marquante : partir aux États-Unis pour prêcher sans avoir la conviction de son propre salut, il fut très impressionné lors du voyage de retour, par la foi des missionnaires moraves au cours d’une violente tempête. Ses contacts approfondis avec les frères moraves l’auraient conduit, en 1738, à « une rencontre personnelle avec Dieu », et il se mit, à l’instar de Whitefield, à parcourir le pays à cheval en prêchant l’Évangile, rassemblant des foules en plein air, puisque l’Église anglicane établie n’offrait pas d’accueil à ces activités.

Sur le plan social, le méthodisme se développe surtout au sein des  populations ouvrières dont l’Église institutionnelle est le plus souvent absente, malgré le développement rapide des nouvelles cités ouvrières, avec leurs taudis et leur misère, du fait de la Révolution industrielle. Le souci social de John Wesley est très vif et il organise des services sociaux et des écoles dans les quartiers pauvres qu’il visite. Il est aussi l’un des premiers et éloquents défenseurs de l’abolition de l’esclavage. Son frère Charles Wesley le seconde et devient l’un des auteurs de cantiques les plus prolifiques. Le chant d’assemblée jouera un rôle majeur dans les assemblées méthodistes. Ces assemblées sont à l’époque souvent de style charismatique, ponctuées de phénomènes collectifs de larmes, de cris de douleur ou de joie, voire d’hystérie5. Cet aspect émotionnel de la prédication de Wesley est très critiqué par les anglicans.

Le nom de « méthodiste » vient du fait que Wesley avait dès sa jeunesse participé à un cercle d’étudiants évangéliques où il avait développé un système ou une « méthode » de prière et d’étude pour faire grandir  chrétiens et nouveaux convertis dans leur foi. C’est seulement sur la fin de son ministère, en 1784, que John Wesley fait du méthodisme, en ordonnant de lui-même des diacres et des anciens, non plus un mouvement au sein de l’Église d’Angleterre, mais une église indépendante.

Le « Livre du Culte », officialisé par l’Église méthodiste unie, contient les rituels, les sacrements et l’ordre du culte utilisés dans cette église.

Comme les autres églises protestantes (luthériennes, calvinistes, évangéliques…), le méthodisme pratique deux sacrements, le baptême et la communion. Le pédobaptisme, soit le baptême des nouveau-nés et des jeunes enfants est également pratiqué. La confirmation, l’ordination, le mariage, l’onction des malades sont également pratiqués sans toutefois être reconnus comme des sacrements.

La théologie méthodiste établie par John Wesley appartient au courant arminien de la théologie protestante et s’oppose donc à la doctrine calviniste de la prédestination, bien que, selon John Wesley, la grâce divine doive toujours précéder la décision libre de l’Homme. Whitefield étant quant à lui fidèle à la tradition calvinienne, il y eut un schisme qui donna lieu à la création d’églises méthodistes calvinistes ; elles sont notamment présentes au Pays de Galles.

Un autre point marquant de la théologie de Wesley — comme de Whitefield — est son insistance sur la sanctification au plus profond des actes quotidiens de la vie du chrétien. Cette doctrine de la perfection chrétienne donnera lieu, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, à plusieurs mouvements religieux issus du méthodisme tels que celui du mouvement de sanctification (Holiness movement), avec en particulier le mouvement évangélique dit « Mouvement pour une vie supérieure » (Higher Life movement). Leur idée maîtresse découle en grande partie de la conviction mise en exergue par le méthodisme : la sanctification personnelle est la manifestation concrète de la grâce de Dieu au travers du Saint-Esprit agissant directement dans les vies des chrétiens et dans le monde.

Le méthodisme s’est répandu rapidement dans les classes populaires des pays anglophones en partie grâce aux nombreux cantiques écrits par Charles Wesley, le frère de John Wesley. Si le chant d’assemblée entraînant ou émouvant a été important dès l’origine de la réforme protestante, il a été l’un des facteurs importants dans l’enracinement des croyances méthodistes, en particulier dans la communauté afro-américaine, encore en partie constituée d’esclaves lors du développement du méthodisme aux États-Unis.

Au xxie siècle, la confession méthodiste continue une tradition sociale active et insiste sur une morale personnelle de la modération.

Le méthodisme s’est développé surtout dans les pays anglophones ou dans leurs anciennes colonies. Les Églises anglaises et américaines sont les plus importantes, et elles restent autonomes.

À la mort de John Wesley en 1791, les « sociétés » méthodistes comptaient 540 prédicateurs et 134 600 membres. Les églises méthodistes comptent en 2018, 40 millions d’adhérents répartis dans 138 pays et 80 organisations ecclésiales.

Certaines églises méthodistes telles que l’Église méthodiste unie (United Methodist Church), qui compte plus de 12 millions d’adhérents dans le monde, dont 7 aux États-Unis, sont restées fidèles à l’organisation de type épiscopalien hérité de l’anglicanisme, alors que d’autres, telles que l’Église méthodiste britannique, sont de type presbytéro-synodal.

Il est à noter que le méthodisme est une dénomination importante pour la communauté afro-américaine. En 1816 est fondée l’Église épiscopale  méthodiste africaine (African Methodist Episcopal Church ou AME Church), première dénomination afro-américaine créée aux États-Unis, née en protestation contre l’esclavage et les discriminations envers les Noirs. Elle s’est réunie à l’Église méthodiste unie en 2012.

À partir de 1840 aux États-Unis, le méthodisme a donné lieu au  développement du mouvement de sanctification, dont la frange radicale se sépare du méthodisme en 1894. Insistant sur l’expérience religieuse du baptême de l’Esprit, et sur ses manifestations physiques et émotionnelles, ce mouvement qui rencontre un grand succès aux États-Unis donne à son tour naissance à partir du tout début du xxe siècle au pentecôtisme et aux différents mouvements charismatiques inspirés du Pentecôtisme. Ces derniers se sont aujourd’hui répandus dans le monde entier, où l’on compte environ 78 millions de pentecôtistes et 510 millions d’adhérents des différents mouvements charismatiques.

La plupart des confessions méthodistes en Afrique suivent la tradition méthodiste britannique et considèrent l’Église méthodiste de Grande-Bretagne comme leur église mère. À l’origine modelées sur la structure britannique, ces églises ont souvent adopté un modèle épiscopal spécifique depuis l’indépendance. Parmi ces églises, l’Église méthodiste nigériane est l’une des plus grandes confessions méthodistes du monde et l’une des plus grandes églises chrétiennes du Nigeria, avec environ deux millions de membres en 2000 congrégations. Mais la communauté chrétienne au Nigeria s’émiette en de nombreuses Églises et sectes. Les églises méthodistes ont également une implantation au Ghana (ancienne colonie de la Côte-de-l’Or, et en Afrique australe. Dans la deuxième partie du XXe siècle, avant la décolonisation, sont apparus également des mouvements religieux associant méthodisme et croyances traditionnelles africaines, comme la secte Mai Chaza.

Le méthodisme est introduit en France dès le début du XIXe siècle par des pasteurs et prédicateurs anglais, notamment en Normandie puis dans le sud de la France et particulièrement en Vaunage (entre Nîmes et Montpellier), par Charles Cook. D’abord pasteur missionnaire à Jersey, Charles Cook s’installe dans la localité vaunageole de Congénies, région marquée par le développement, à la fin du siècle précédent, d’une communauté quaker entièrement locale dont certains éléments se rallient au méthodisme18. En 1852, les méthodistes sont implantés dans huit départements : Calvados, Meuse, Pas-de-Calais, Seine, Gard, Hérault, Drôme et Hautes-Alpes. Charles Cook est clairement à l’origine du méthodisme dans les 4 derniers.

Par ailleurs, un deuxième foyer d’évangélisation méthodiste en France sera lancé avec l’arrivée, en 1868 à Strasbourg d’un missionnaire américain germanophone, le pasteur Johann Schnatz, suivi de plusieurs autres missionnaires germanophones. Neuf communautés en Alsace-Moselle sont les héritières de leurs efforts.

À part quelques groupes, la majorité de l’Église méthodiste a rejoint en 1938 l’Église réformée de France.

Il existe cependant toujours aujourd’hui en France diverses dénominations méthodistes. La plus connue est celle de l’UEEM, l’Union de l’Église Évangélique Méthodiste. Elle est le fruit d’une fusion intervenue en 2005 entre l’Église Méthodiste de France et l’Union des Églises Méthodistes. L’UEEM a par la suite rejoint l’Église méthodiste unie.

Une Société d’étude du méthodisme (SEMF) a été fondé à l’Institut Protestant de Théologie de Montpellier en 2011. Elle a pour but d’étudier et de faire connaitre les différentes facettes du méthodisme francophone, mais aussi international.

La plupart des églises méthodistes sont affiliées au Conseil méthodiste mondial et au Conseil œcuménique des Églises, ainsi que, pour l’Europe, à la Conférence des Églises européennes.

Source : Wikipédia.

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