L’écrevisse.

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Le terme écrevisse est un nom vernaculaire donné à certaines espèces de crustacés décapodes appartenant en général à la super-famille des Astacoidea mais dispersés dans plusieurs genres. Ces différentes espèces ont en commun d’être des animaux vivant en eau douce et ressemblant à de petits homards, dont ils sont proches.


Le terme français moderne dérive de l’ancien français escreveice. D’une sonorité proche de crevette et de crabe, l’origine du vieux français est probablement germanique. Les termes pour désigner ces animaux sont en ancien bas francique * krebitja ou ancien haut allemand krebiz. On retrouve d’ailleurs cette même origine dans l’allemand moderne Krebs pour désigner les crustacés et le néerlandais Kreeft pour désigner les Astacidea c’est-à-dire la famille qui regroupe les homards, écrevisses, langoustines…

Comme tous les crustacés, leur corps est protégé par un exosquelette (cuticule tégumentaire chitineuse sécrétée par l’épiderme sous-jacent) et composé de trois parties :

  • la tête ou céphalon, formée de 6 segments soudés, elle porte sur les trois premiers segments deux yeux mobiles et pédonculés, une paire d’antennules et une paire d’antennes. Les 3 segments suivants portent respectivement les mandibules, maxillules et maxilles ;
  • le thorax ou péréion est fait de 8 segments soudés entre eux et avec la tête), les trois premiers segments portent 3 paires de pattes dites pattes-mâchoires alors que les pattes des 5 segments suivants servent à la marche (pattes marcheuses, qui expliquent le classement des écrevisses dans l’ordre des décapodes, mot latin qui signifie « à dix pattes »). Les 3 premières paires de pattes se terminent par une pince, alors que les deux autres se terminent par un simple crochet (ou griffe).
  • l’abdomen ou pléon formé de 6 segments porteurs d’appendices “bi ramés” dits pléopodes dont le dernier (segment VI) forme une palette natatoire constituant avec l’extrémité du segment VI (ou telson)[pas clair], la queue de l’animal. L’anus est situé sous le telson, sur la face ventrale de l’écrevisse.

Dimorphisme sexuel : il est plus marqué avec l’âge (les pinces du mâle deviennent plus grandes que celles des femelles, alors que l’abdomen des femelles tend à devenir plus gros avec l’âge. De plus, les pléopodes de la femelle sur les segments II à V portent les œufs (période d’incubation) alors que les pléopodes des segments I et II chez le mâle sont des « baguettes copulatoires » guidant le sperme au moment de l’accouplement.

Les écrevisses appartiennent à la classe des crustacés, elle-même classée dans l’ordre des décapodes. Selon Sinclair & al. (2004) 4 en 2004, 593 espèces d’écrevisses étaient regroupées en 30 genres eux-mêmes répartis en trois familles :

  • Astacidae (14 espèces, toutes dans l’hémisphère nord, surtout en Amérique du Nord) ;
  • Cambaridae (409 espèces, toutes dans l’hémisphère nord et surtout en Amérique du Nord) ;
  • Parastacidae (170 espèces, toutes dans l’hémisphère sud et essentiellement en Australie).

Là où elles sont naturellement présentes, on trouve des écrevisses dans presque tous les habitats d’eaux douces sauf en Antarctique et en Afrique (où la niche écologique occupée ailleurs par les écrevisses est ici entièrement prise par des crabes d’eau douce et des crevettes d’eau douce5). L’écrevisse est également absente d’Asie centrale. Partout où elle est connue, elle a été pêchée et mangée par l’Homme.

Dans cette partie du monde, à la suite d’introductions (légales ou non, volontaires ou non) faites par des pêcheurs, des éleveurs ou des propriétaires d’étangs et d’autres types de zones humides, ou à cause de transferts de larves faits via des ballasts de péniches, etc. il faut maintenant distinguer

  • des écrevisses natives ou indigènes souvent répertoriées par la littérature sous l’appellation ICS (pour Indigenous Crayfish Species), en forte régression et ayant disparu de la plus grande partie de leurs anciennes aires de répartition ;
  • des écrevisses exotiques (allochtones ou non-indigènes) classées NICS (Non Indigenous Crayfish Species), qui sont de plus en plus nombreuses.

En France métropolitaine vivent théoriquement trois espèces autochtones (toutes en voie de disparition), dont l’écrevisse à pattes rouges (Astacus astacus), principalement, mais aussi Austropotamobius torrentium et Austropotamobius pallipes, actuellement « réfugiée » dans quelques secteurs apicaux de sous-bassins versants, mais ces zones sont vulnérables aux effets du dérèglement climatique et écologiquement insularisées par « les espèces exotiques qui progressent de plus en plus vers l’amont ».

Les enquêtes périodiquement faites par le Conseil supérieur de la pêche puis l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) depuis 1977, ont toutes montré une expansion forte et continue des espèces exotiques et le recul des espèces natives, qui semblent avoir été décimées par une maladie puis fortement concurrencées par deux espèces exotiques introduites : l’écrevisse du Pacifique (Pacifastacus leniusculus) et l’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) qui ont montré la plus forte expansion géographique, ainsi que par l’écrevisse américaine (Orconectes limosus) et peut-être plus récemment (depuis les années 2000) par d’autres espèces introduites (Orconectes juvenilis, Astacus leptodactylus et Orconectes limosus, ces trois espèces étant par exemple présentes en Bourgogne au début des années 2000). Localement les dernières écrevisses natives de France métropolitaine doivent aussi faire face à deux espèces de crabes d’eau douce introduites (respectivement de la famille des Grapsidae et des Potamidae).

Les échantillonnages scientifiques ont montré que P. leniusculus a beaucoup progressé de 2000 à 2006 « certainement responsable de la recrudescence des cas de peste (Aphanomyces astaci) » selon l’ONEMA.

Un plan d’action national « écrevisse » cherche à protéger et restaurer cette espèce.

D’autres espèces sont présentes en outre-mer dont en Guyane.

Une autre cause, émergente est, dans le contexte du réchauffement climatique, la modification du régime des cours d’eau (de plus en plus souvent à secs en été et plus torrentueux en hiver).

Les écrevisses européennes (15 espèces, dont 5 autochtones, pour environ 600 espèces connues dans le monde) sont toutes en voie de raréfaction.

Un réseau scientifique dit Craynet créé en 2002 (avec 500 membres astacologistes ou gestionnaires dans 11 pays en 2006) suit ce phénomène et produit un atlas des populations14 qui a fait grâce à des analyses génétiques un premier point sur une situation complexe en raison du fait que les espèces ont été déplacées, mélangées et parfois mal identifiées. Elles ont moins souffert sur l’amont de certaines rivières et près d’espaces mieux protégés des pesticides et de la turbidité tels que les forêts.

La France n’est pas épargnée par la régression des écrevisses, avec par exemple la quasi-disparition des écrevisses autochtones dans le nord du pays, et un effondrement de 68 % (de 1978 à 2006) en région Poitou-Charentes.

En Europe et France, une espèce invasive, l’écrevisse américaine introduite au XIXe siècle, tend à remplacer les espèces autochtones plus petites, moins agressives, moins fertiles, vivant moins longtemps et vulnérables à des maladies importées par l’écrevisse américaine, affectant négativement et fortement la biodiversité des cours d’eau européens. Toutefois, dès 1876, il était fait état en France d’épidémies provoquant une mortalité qualifiée d’effrayante, et d’épidémies analogues en Russie en 1850 et 1863. Les parasites, dont la peste de l’écrevisse, sont alors désignés comme les principaux responsables de la fonte des effectifs, derrière la pollution, la destruction des habitats et la surpêche. Les épizooties, qui anéantissent en apparence la totalité de la population, sont suivies de périodes de régression de la maladie, avec la reconstitution partielle de stocks à partir des spécimens les plus jeunes, qui semblent échapper à la peste (grâce à leur habitude d’enfouissement ? parce qu’elles ne consomment pas les cadavres de leur congénères ?). Les tentatives de repeuplement par l’écrevisse américaine, que l’on pensait en 1890, en Allemagne, immunisées contre la peste, ont montré leurs limites.

On trouve aujourd’hui en France des écrevisses de Louisiane, de Californie, américaines. Les spécialistes de Craynet, dont Catherine Souty-Grosset, invitent à cesser toute introduction et tout déplacement d’espèces invasives ; des réintroductions d’espèces pourraient être envisagées, mais en tenant compte de la diversité génétique, des habitats et des espèces invasives dans une gestion restauratoire des populations autochtones, ce qui demande d’améliorer la connaissance des problèmes.

En France, plusieurs organismes commencent à coordonner leurs efforts pour mesurer l’étendue des invasions et les moyens d’y remédier.

Les écrevisses se nourrissent volontiers de matière organique prélevée dans le sédiment. Elles peuvent aussi fouir les berges ; deux milieux susceptibles d’être pollués. Dans l’écosystème, elles déplacent des éléments nutritifs et sels minéraux de la zone benthique à la colonne d’eau. Elles contribuent à transformer des matières organiques grossière en matière organique fine, qui devient alors disponible pour d’autres organismes détritivores. Ce travail de transformation de la matière organique est important dans la régulation des cycles biogéochimiques et des nutriments. Des études nord américaines ont montré que les écrevisses peuvent notamment bioaccumuler le mercure dans leurs tissus musculaires.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

 

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