le violon.

Le violon est un instrument de musique à cordes frottées. Constitué de 71 éléments de bois (érable, buis, ébène, etc.) collés ou assemblés les uns aux autres, il possède quatre cordes accordées généralement à la quinte, que l’instrumentiste, appelé violoniste, frotte avec un archet ou pince avec l’index ou le pouce (en pizzicato).

Dans les formations de musique classique telles que le quatuor à cordes ou l’orchestre symphonique, le violon est l’instrument le plus petit et de tessiture la plus aiguë parmi sa famille ; celle-ci inclut l’alto, le violoncelle et la contrebasse. Sa création remonte au XVIe siècle. Très vite popularisé, il occupe une place importante dans la musique classique occidentale : de grands compositeurs ont écrit pour cet instrument (concertos, musique de chambre, pièces symphoniques, etc.) voire en jouaient eux-mêmes (Vivaldi, Bach, Mozart, etc.), et certains violonistes du XIXe siècle ont, par ailleurs, acquis une grande renommée, notamment Paganini.


Bien qu’il existe une représentation d’un violon (forme en huit, volute, ouïe en forme de C) sur une statue d’un temple en Inde datée du XIIe siècle, on estime habituellement que le violon naît dans les années 1520, dans un rayon de 80 km autour de Milan en Italie. Il y a indétermination entre les villes de Brescia et de Crémone. Le premier luthier ayant fabriqué un violon pourrait être Giovan Giacomo Dalla Corna (en) ou Zanetto Montichiaro ; rien ne permet d’affirmer que ce soit Andrea Amati (v. 1505/1510-1577), et (contrairement à ce qu’affirme la littérature du XIXe siècle) il ne s’agit sûrement pas de Gasparo da Salò, né en 1540. Le violon emprunte ses caractéristiques organologique à plusieurs instruments : le rebec (en usage depuis le XIVe siècle lui-même dérivé du rebab de la musique arabe), la vièle et la lira da braccio, il faut aussi noter une forte ressemblance avec la viola da braccio.

Violon, carte maximum, Luxembourg.

La première mention du violon dont on ait trace est une note de décembre 1523, dans un registre de la Trésorerie générale de Savoie (la langue y est alors le français), pour le paiement des prestations des « trompettes et vyollons de Verceil ». La première apparition du violon dans l’art est due à Gaudenzio Ferrari (circa 1480 – 1546), auteur de la Madonna degli aranci (La Madone à l’oranger), datant de 1529-30, dans l’église Saint-Christophe de Verceil. Enfin, une des premières descriptions explicites de l’instrument et de son accord en quintes figure dans l’Epitomé musical des tons, sons et accordz, es voix humaines, fleustes d’Alleman, fleustes à neuf trous, violes, & violons, de Philibert Jambe de fer, publié à Lyon en 1556. Philibert Jambe de fer écrit : « Le violon est fort contraire à la viole… Nous appelons viole c’elles desquelles les gentils hommes, marchantz et autres gents de vertuz passent leur temps… L’autre s’appelle violon et c’est celuy duquel ont use en danceries. »

Le violon se répand rapidement à travers l’Europe, à la fois comme instrument de rue, populaire, et comme instrument apprécié de la noblesse : ainsi, le roi de France Charles IX aurait commandé à Amati 24 violons en 1560. Le plus ancien violon qui nous soit parvenu serait un de ceux-là et porte le nom de leur commanditaire.

Vers 1630, Pierre Trichet écrit, dans son Traité des instruments de musique que « les violons sont principalement destinés aux danses, bals, ballets, mascarades, sérénades, aubades, fêtes et tous passe-temps joyeux, ayant été jugés plus appropriés à ces genres de passe-temps que tout autre instrument ». L’avis de Trichet n’est pas isolé au début du XVIIe siècle : à ses débuts, le violon est considéré comme criard et juste bon à faire danser. De fait, la France du XVIIe recherche plus les sonorités intimistes propres à l’expression individuelle que les effets spectaculaires des virtuoses et le son brillant du violon. Cependant, il a déjà commencé sa conquête du monde musical en Italie dès les années 1600.

Sous l’influence de premiers virtuoses tels que Balthazar de Beaujoyeulx, à la tête du groupe de violons italiens emmenés du Piémont en 1555 par Charles Ier de Cossé, la famille des violons connaît un succès croissant qui va l’amener à supplanter progressivement la viole de gambe. Dans Circé ou le ballet comique de la reine (à l’origine, balet comique de la Royne), dont la production globale avait été confiée à Beaujoyeux, se trouvent deux séries de danses instrumentales qui sont spécifiquement destinées à être jouées par des violons. Le texte et la musique en sont publiés en 1582, formant ainsi la première partition jamais imprimée pour le violon. L’établissement du violon en France se poursuit avec la création en 1626 des Vingt-quatre Violons du Roi, et surtout grâce à l’influence du compositeur et violoniste italien Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687), qui, prenant la tête de La Petite Bande en 1653, la fait progresser jusqu’à la mettre en concurrence avec les Vingt-quatre Violons.

C’est néanmoins en Italie que le violon connaît son essor le plus rapide et le plus spectaculaire. La virtuosité des violonistes italiens est exploitée en la deuxième partie du XVIe siècle à Brescia avec les virtuosos Giovan Battista Giacomelli et Giovan Battista Fontana et dès le début de la période baroque par Claudio Monteverdi, qui use de trémolos et de pizzicatos dans ses opéras, dont l’un des plus connus pour son usage du violon est L’Orfeo (1607). Il faut attendre plusieurs décennies avant que des virtuoses tels que Heinrich von Biber (1644 – 1704) atteignent hors d’Italie un degré de maîtrise virtuose tel que celui développé par les maîtres italiens.

La seconde partie du XVIIe siècle voit la domination de l’école de Bologne qui produit des musiciens tels que Arcangelo Corelli, son élève Francesco Geminiani, ou encore Giovanni Battista Vitali, et voit naître des formes telles que la Sonate et le Concerto grosso. C’est à Crémone, près de Bologne que Niccolò Amati, Andrea Guarneri et surtout Antonio Stradivarius amènent le violon à sa forme actuelle et produisent des exemplaires d’une très grande qualité, à tel point que les Stradivarius et, dans une moindre mesure les Guarnerius, sont toujours aujourd’hui les violons les plus onéreux et les plus recherchés. Parmi les virtuoses ayant possédé un Stradivarius, citons Niccolò Paganini, Joseph Joachim, David Oïstrakh ou encore Jascha Heifetz (qui jouait aussi un Guarnerius).

Plus tard, au cours du XVIIIe siècle, c’est à Venise, avec Antonio Vivaldi, à Rome avec Pietro Locatelli ou Padoue avec Giuseppe Tartini que se développent le plus sensiblement la technique et le répertoire du violon. Les Quatre Saisons pour violon et orchestre de Vivaldi, ou la Sonate des trilles du Diable de Tartini, tiennent toujours une place de choix dans le répertoire du violon.

La période classique voit l’émergence d’une école de violon germanique influencée par les Italiens qui ont désormais acquis une notoriété suffisante pour faire des tournées dans toute l’Europe. Johann Georg Pisendel (1687 – 1755) voyage entre la cour de Dresde et ses maîtres italiens Giuseppe Torelli et Vivaldi. Ce sont les œuvres pour violon solo de Pisendel qui auraient influencé Bach pour écrire ses Sonates et partitas pour violon seul (BWV 1001 à 1006), qui exaltent les capacités polyphoniques du violon : chaque sonate comprend une fugue à quatre voix pour violon seul, et la Partita pour violon seul n° 2 inclut la célèbre Chaconne. Les compositeurs virtuoses de l’école de Mannheim, Johann Stamitz (1717 – 1757), Carl Stamitz (1745 – 1801) et Christian Cannabich (1731 – 1798) ainsi que leur contemporain Leopold Mozart (1719 – 1787), sont tous des violonistes de renom, exerçant bien au-delà des frontières germaniques.

Un peu plus tard, Wolfgang Amadeus Mozart (1756 – 1791), compositeur et violoniste virtuose, écrit de nombreuses sonates pour violon et clavier, cinq concertos pour violon (KV 207, 211, 216, 218, 219) et la symphonie concertante (KV 364).

En 1740, Hubert Le Blanc publie un traité pour défendre la viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle, signe qu’encore au milieu du xviiie siècle, la querelle entre les partisans des deux familles d’instruments ne s’est pas épuisée. Simon McVeigh note que la résistance des Français concerne plus la musique italienne, en adéquation avec l’esthétique française d’alors, qu’un simple problème d’instrument. Toutefois, la présence de violonistes virtuoses tels que Jean-Marie Leclair (1697 – 1764) dans le paysage musical français d’alors laisse percevoir la perméabilité qu’a acquise en un demi-siècle la musique française aux influences italiennes. Les réticences de Le Blanc finissent par être balayées, avec l’abandon à la fin du XVIIIe siècle de la viole.

Un autre abandon datant de cette époque renforce le rôle du violon, cette fois-ci en orchestre : la basse continue disparaissant peu à peu à partir de 1770, le premier violon, membre du plus important groupe de l’orchestre, la supplante à la direction. C’est ainsi que jusqu’à la fin du xixe siècle, en incluant même Pierre Monteux et Charles Munch, presque tous les chefs d’orchestre français sont violonistes, et que jusqu’à Jules Pasdeloup et Édouard Colonne (à ses débuts), ils dirigent avec l’archet.

 

Dans les dernières décennies du siècle, Paris est devenu un centre cosmopolite pour les violonistes, accueillant non seulement Mozart mais aussi plusieurs virtuoses renommés, notamment Joseph Bologne de Saint-George ou Giovanni Battista Viotti, qui se produit avec le Concert Spirituel dès 1782. Au travers de ses 32 concertos pour violon et grâce à sa maîtrise technique, notamment de l’archet, Viotti influence durablement l’art du violon pour les décennies à venir.

Alors que l’école française de violon devait conquérir une place de plus en plus prééminente durant l’ensemble du XIXe siècle, grâce notamment à la fondation du Conservatoire de Paris, en 1795, c’est encore l’école italienne qui fournit au monde du violon d’alors, en la personne du virtuose Niccolò Paganini (1782-1840), l’un de ses plus remarquables talents. La publication de ses 24 Caprices pour violon solo, opus 1, et de ses concertos pour violon, marque une avancée décisive dans les possibilités virtuoses de l’instrument, préparant celui-ci au répertoire flamboyant du XIXe siècle, en introduisant notamment des pizzicati de la main gauche, des coups d’archets en ricochets, des doubles cordes harmoniques… C’est pourquoi Paganini représente dans l’imaginaire romantique la « virtuosité transcendante quasi diabolique ». Ses seuls élèves connus, Camillo Sivori (1815-1894) et Antonio Bazzini (1818-1897) devaient poursuivre l’œuvre du maître, mais l’on peut affirmer que la carrière brillante de Paganini marque la fin de la grande école de violon italienne.

Le XXe siècle continue à consolider la place du violon dans le répertoire classique. Bien que de nouveaux styles apparaissent, et que l’avant-garde futuriste rejette les « vieux instruments », de nombreux compositeurs ajoutent leur contribution au répertoire violonistique. Le siècle s’ouvre avec le concerto en ré mineur (op. 47) de Jean Sibelius, datant de 1903 et qui restera le concerto du XXe siècle le plus joué et probablement le plus admiré. Il se poursuit avec Sergeï Prokofiev et ses Concerto no 1 en ré majeur (1916) et no 2 en sol mineur (1935), Georges Enesco et sa Sonate “dans le caractère populaire roumain” (1926) ou Maurice Ravel et sa Sonate pour violon et piano (1922-27) ainsi que Tzigane (1924). Le grand violoniste Fritz Kreisler écrit de nombreuses pièces pour son instrument, notamment son Praeludium et Allegro, ses Liebesleid et Liebesfreud, le Tambourin chinois, le Caprice viennois… .

Nombreux sont les compositeurs qui s’essayent, avec plus ou moins de bonheur à l’écriture d’un concerto. La production russe est sans doute une des plus importantes : les concertos de Prokofiev sont suivis par celui d’Aram Khatchaturian (1940) ; Chostakovitch en écrit un premier en 1947 et un second vingt ans plus tard. Igor Stravinsky a tenté de renouveler le genre et achevé son concerto, à Nice, en 1931.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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