Le traité de Verdun (843).

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Par le traité de Verdun, conclu en août 843, les trois fils survivants de Louis le Pieux, les petits-fils de Charlemagne, se partagent ses territoires, l’empire carolingien, en trois royaumes. Il est souvent présenté comme le début de la dissolution de l’empire unitaire de Charlemagne, consacrant ainsi sa division, qui s’avérera en fait définitive (si l’on met de côté une éphémère réunification sous le règne de Charles III le Gros), et du même coup l’un des principaux actes fondateurs de ce qui deviendra la France. Ce traité est la conséquence de l’application de la coutume franque qui est basée sur le partage de l’héritage entre tous les fils héritiers plutôt que son attribution seulement au fils aîné, en dépit de la règle de primogéniture agnatique (masculine) appliquée chez les Romains.

Le texte du traité, perdu, ne nous est pas connu. Les annales de Saint-Bertin ou les annales de Fulda relatent cet événement d’une manière laconique et imprécise.

C’est à la suite de ce traité que la zone géographique appelée « Gaule » depuis plus de mille ans est désignée désormais sous le nom de « Francie occidentale », qui donnera le terme « France » ultérieurement.


À la mort de Louis le Pieux, le 29 juin 840, son fils aîné, Lothaire, s’arroge sa succession en vertu de l’Ordinatio Imperii de juillet 817. En 840, Lothaire est en fait en position de force par rapport à ses deux rivaux Louis et Charles. Quand le premier doit affronter des troubles intérieurs dans son royaume de Bavière, le second doit lui, reconquérir la confiance des grands de son royaume d’Aquitaine, qui avaient été séduits par Pépin et refusaient de reconnaître Charles. Lothaire l’a très bien compris et profite de la situation pour envoyer des messagers un peu partout dans l’Empire mais surtout, dans le royaume d’Aquitaine, afin de récupérer les partisans de Pépin, décédé en 838. Cette stratégie fonctionne puisque le fils de Pépin, Pépin II d’Aquitaine, prend parti pour Lothaire. Louis le Germanique et son demi-frère Charles le Chauve, comprennent vite qu’ils doivent s’allier pour contrer les ambitions de Lothaire. Ils battent leur aîné ainsi que Pépin II à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye, le 25 juin 841. En 842, ils renforcent leur alliance par les serments de Strasbourg. Lothaire finit par céder et conclut avec ses frères le traité de Verdun.

Traité de Verdun, carte maximum, Strasbourg, 24/04/1982.

En août 843, par le traité dit de Verdun, les trois petits-fils de Charlemagne, issus de son fils (loi salique), se partagent les territoires de l’empire que ce dernier avait fondé :

  • Charles le Chauve reçoit la Francie occidentale, appelée France vers 1200 ;
  • Lothaire Ier, à qui échoit le titre impérial, reçoit la Francie médiane, du centre de l’Italie à la Frise ;
  • Louis le Germanique reçoit la Francie orientale (communément nommée Germanie, noyau du futur Saint Empire romain germanique).

Il n’existe pas d’original ni de copie du traité de Verdun. Toutes les informations sont fournies par Nithard, un des deux petits-fils de Charlemagne issus de sa fille et exclus de la succession (loi salique).

Traité de Verdun, épreuve d’artiste.

Ce partage « des quatre fleuves » (Escaut, Meuse, Rhône et Rhin), soulève des problèmes quant aux langues parlées dans les différents États : des populations de langue romane se trouvent dans une entité germanique (Wallons), et, inversement, la Flandre, de langue germanique, se trouve rattachée à la future France11. De même dans les déplacements au sein des États (il faut près de trois semaines pour rallier Rome à Aix-la-Chapelle).

Le traité fut un compromis qui affaiblissait considérablement la portée de l’idée impériale. L’identité qui avait existé sous Charlemagne et Louis le Pieux entre l’Empire et l’État franc disparaissait. L’unité impériale ne subsistait plus qu’en théorie ; son universalité cessait de correspondre à la réalité puisque l’empereur ne gouvernait plus en fait que le tiers de la chrétienté occidentale.

La Francie médiane disparaît rapidement. Dès la mort de Lothaire en 855, par le traité de Prüm, elle est partagée entre ses trois fils : l’aîné, Louis II a la partie sud, le royaume d’Italie, et le titre impérial, Lothaire II a la Lotharingie partie nord et Charles le centre, le royaume de Provence. L’empereur n’était plus qu’un souverain secondaire, beaucoup moins puissant que ses oncles Louis le Germanique et Charles le Chauve.

À la mort de Charles de Provence en 863, ses possessions sont partagées entre ses deux frères. Après la mort de Lothaire II (869), la Lotharingie est séparée entre ses oncles Louis le Germanique et Charles le Chauve (traité de Meerssen, 870). En 875, Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, récupère le royaume d’Italie à la suite de la mort de son neveu Louis II. En 879, c’est Charles le Gros, roi de Francie orientale, qui récupère l’Italie. En 880, par le traité de Ribemont, Louis III et Carloman II, petits-fils de Charles le Chauve, abandonnent la Lotharingie au roi de Germanie Louis II le Jeune. Par ce traité, la Francie occidentale retrouve approximativement les frontières qui avaient été fixées au traité de Verdun.

Beaucoup d’historiens ont considéré ce traité comme l’acte de naissance des nations française et allemande mais à cette époque, les peuples compris dans les différents royaumes n’avaient pas un sentiment d’appartenance envers ces derniers. Les royaumes sont constitués de peuples qui ne partagent pas la même langue et la même culture et qui ne seront unis que plus tardivement. En réalité, cette hypothèse s’inscrit dans les historiographies nationalistes des Michelet et Thierry, à une époque où l’on défendait l’idée d’une France existant depuis toujours.

En effet, les petits seigneurs étaient encore trop puissants, trop nombreux et trop éparpillés pour que les peuples se sentissent les alliés d’un unique et grand souverain sur une vaste étendue de terre.

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Source : Wikipédia, YouTube.