Le tir à l’arc.

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Le tir à l’arc est un sport de précision et de concentration dans lequel les compétiteurs tentent de tirer leurs flèches au centre d’une cible avec leur arc. Historiquement, le tir à l’arc a été utilisé pour la chasse et le combat, tandis que dans les temps modernes, son utilisation principale est celle d’une activité sportive. Une personne qui pratique le tir à l’arc est appelée un archer.

Cet article traite principalement les différents genres de compétitions pratiqués actuellement en Occident, pour le tir à l’arc japonais, voir l’article kyudo, pour la description détaillée de l’arc et des accessoires de l’archer voir l’article arc (arme).

Le tir à l’arc est un sport olympique. Lors des compétitions, hommes et femmes sont séparés.

Il est difficile de déterminer avec précision le début de l’histoire du tir à l’arc dans la mesure où les éléments susceptibles d’apporter des preuves directes étaient réalisés en matériaux périssables (bois, cordes et plumes). Les recherches archéologiques ont permis la découverte de fragments d’arcs et de flèches exceptionnellement conservés dans des tourbières datant de la fin du Paléolithique supérieur. Toutefois il existe de forte présomption de l’usage de l’arc dès les phases anciennes du Paléolithique supérieur.

Le site de Mannheim-Vogelstang (Allemagne) a livré un vestige interprété comme un fragment de petit arc datant de 14 680 ± 70 ans BP (soit un âge calibré de 17 737 ± 165 cal BP) : il s’agit d’un fragment de pin (Pinus sylvestris) découvert hors de tout contexte archéologique et présentant des caractéristiques correspondant à des traces de modification selon les chercheurs l’ayant étudié.

Les plus anciennes preuves directes incontestées de l’utilisation de l’arc ont été mises au jour dans la tourbière de Stellmoor (arrondissement Hamburg-Wandsbek, région de Hambourg, Allemagne)2. Il s’agit de fragments d’arcs et de flèches mis au jour dans un campement de chasseurs de rennes ahrensbourgiens (Épipaléolithique), situé au bord d’un ancien lac glaciaire. Le site a été daté par le radiocarbone entre 12 680 à 11 590 ans BP. Le matériel lui-même a malheureusement été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Les flèches étaient faites de pin et étaient composées d’une hampe principal et d’une longue pré-hampe de 15-20 centimètres (6-8 pouces) avec une pointe en quartz.

Des flèches équipées de pointes datant du Mésolithique ont été trouvées en Angleterre, en Allemagne, au Danemark et en Suède. Elles étaient souvent plutôt longues (jusqu’à 1,20m) et fabriquées en noisetier (Corylus avellana), viorne lantane (Viburnum lantana). Quelques-unes étaient équipées de pointes, d’autres étaient équipées d’une extrémité contondante pour la chasse des oiseaux et du petit gibier. L’autre extrémité montrait des traces d’empennage qui était fixé avec de la colle de bouleau.

Des arcs mésolithiques ont été trouvés dans les années 1940 dans le marais de Holmegård au Danemark (env. 6 000 av. J.-C.)2. Ils sont réalisés en orme, ont des branches plates et une section médiane en forme de D. La section centrale est bi-convexe. L’arc complet mesure 1,50 m de long. Les arcs du type Holmegård ont été utilisés jusqu’à l’Âge du bronze ; la convexité de la section médiane a décru avec le temps.

Les civilisations classiques, notamment les Perses, les Parthes, les Indiens, les Coréens, les Chinois et les Japonais comptaient un grand nombre d’archers dans leurs armées. Les flèches étaient très efficaces contre les formations groupées, et l’utilisation d’archers a souvent été décisive. Le terme sanskrit pour le tir à l’arc, dhanurveda, a fini par se référer aux arts martiaux en général.

Ce n’est qu’un peu avant Clovis (465) que l’arc a été adopté par les Francs à la guerre, bien que son utilisation n’ait pas été généralisée avant la fin du VIIIe siècle, mais contrairement à ce que disent certains mythes populaires, les archers n’étaient pas aussi prédominants à la guerre. Les archers étaient souvent les soldats les moins payés d’une armée, ou étaient recrutés parmi les paysans. Ceci était dû à la nature bon marché de l’arc, comparée aux dépenses effectuées pour équiper un homme d’arme professionnel avec une bonne armure et une bonne épée. Les archers professionnels passaient une vie entière à s’entrainer, et utilisaient des arcs couteux pour être efficaces, et ainsi étaient relativement rares en Europe (voir Arc long anglais). L’arc était rarement utilisé pour décider de l’issue d’une bataille, et était souvent vu comme une arme de classe inférieure ou comme un jouet par la noblesse. Cependant, parmi les Vikings, même les rois tels que Magnus Berføtt utilisaient l’arc12, ainsi que les Arabes, y compris lors de leurs nombreux raids sur les côtes Européennes lors des IXe et Xe siècles.

Tir à l’arc épreuve d’artiste.

Charlemagne exigeait de ses soldats qu’ils soient équipés, en plus de leurs armes habituelles, « d’un arc avec deux cordes et douze flèches ».

À sa mort en 814, ces ordonnances qui régissent l’équipement tombent en désuétude, mais les invasions des Normands qui excellent au tir à l’arc redonnent vie à cette arme.

L’arbalète est devenue assez populaire pendant le Moyen Âge. Cependant, sa capacité à percer les armures effrayait la noblesse, et l’arbalète a été interdite en 1139 par le IIe concile de Latran, son emploi n’étant autorisé que pour combattre les infidèles.

Lors de la Guerre de Cent Ans, les Anglais ont appris à utiliser l’archerie comme élément de domination tactique avec leurs arcs droits. Des tournois, avec des récompenses pour les vainqueurs, étaient organisés pour encourager les archers. Il y avait ainsi énormément de motivation pour devenir un archer expérimenté, et les rois Anglais pouvaient ainsi recruter des milliers d’archers chaque année.

En 1346, à la bataille de Crécy, et en 1356, à la bataille de Poitiers, les archers anglais défont les armées françaises. Ce ne fut qu’à la fin de la guerre de Cent Ans qu’on songea en France à revenir à la pratique de l’arc. Charles V réorganisa et encouragea les compagnies et s’efforça de renouveler leurs privilèges. Malheureusement, à sa mort en 1380, l’aristocratie persuada Charles VI de limiter la puissance des compagnies en limitant le nombre d’archers dans chaque ville.

En 1415, à Azincourt, les archers anglais montrèrent encore une fois leur supériorité en décimant la chevalerie française.

Les Picards et les Bourguignons, alors alliés des Anglais, se perfectionnent en tir à l’arc.

Au cours du XVe siècle puis pendant la Renaissance, se développe en France et dans le reste de l’Europe, le tir à l’arc sous forme de jeu d’adresse. Les villes organisent chaque année, au printemps, les jeux du papegai ou papegault, qui consiste à atteindre une cible, représentée sous la forme d’un oiseau, le papegai, accroché en haut d’un mât ou au sommet d’une tour. Le vainqueur est désigné “Roy du papegay” pendant une année entière.

Charles VII, fort de l’expérience de ses prédécesseurs, réforme les organisations militaires. Le 2 novembre 1439, il crée les compagnies d’ordonnance, corps de cavalerie permanente. Chaque compagnie est composée de cent gentilshommes, dont chacun est suivi par deux valets et trois archers montés. Le 28 avril 1448, il crée les Compagnies de francs-archers. Exemptées d’impôts et entretenues par les villes, elles ont un rôle de défense des cités.

Tir à l’arc, carte maximum Allemagne 15/04/1982.

Vers 1500, l’arrivée de l’arquebuse ne détrône pas tout de suite l’arc, et bien que les francs-archers soient supprimés à la fin du règne de Louis XI, ils sont rétablis sous Charles VIII et subsistent sous Louis XII. Cependant, les armes à feu s’améliorent, et les francs-archers sont définitivement supprimés sous Francois Ier.

La Révolution française dissout les compagnies d’arc par décret de l’assemblée nationale en 1789. Dès lors, la grande majorité des archers sont incorporés à la garde nationale. La Chevalerie d’arc reforme des compagnies mais sans statuts militaires. Dès 1797 la compagnie de Fontainebleau reprend corps. À partir de cette date, le tir à l’arc devient un jeu.

Dans les autres parties de l’Europe occidentale, son emploi à la guerre disparait également de façon définitive. Par contre, certains corps de cavalerie d’origine asiatique continuent à l’utiliser, et lors de la campagne de Russie en 1815, les troupes françaises rencontrent des éclaireurs Tartares équipés d’arcs.

Même en Angleterre, malgré les différentes ordonnances royales promulguées pour maintenir son utilisation, l’arc finit par être détrôné par le mousquet.

L’invention des armes à feu finalement rend obsolètes les arcs de guerre. À l’origine, les armes à feu sont très inférieures en cadence de tir, et sont très sensibles à l’humidité. Toutefois, elles ont plus de portée et sont tactiquement supérieures dans les situations de tirs où les soldats sont abrités derrière des protections. Elles nécessitent également moins de formation pour être utilisées correctement, et il n’y a pas besoin de développer une musculature spécifique pour pénétrer une armure d’acier. Les armées équipées d’armes à feu peuvent ainsi fournir une puissance de feu supérieure, et les archers hautement qualifiés deviennent obsolètes sur le champ de bataille.

La dernière référence à l’utilisation de l’arc dans une bataille anglaise semble être lors d’une escarmouche à Bridgnorth, en octobre 1642, pendant la Guerre civile anglaise. L’archerie est restée en vogue dans certaines régions sujettes à une limitation sur la possession d’armes, telles que l’Écosse pendant la répression qui a suivi le déclin du Jacobitisme, ainsi que les Cherokees après la Piste des Larmes. Le Shogunat Tokugawa a sévèrement limité l’import et la manufacture d’armes à feu, et a encouragé les talents martiaux traditionnels des samouraïs.

En période de guerre, la mort la plus récente attribuée à l’arc par une troupe régulière a été probablement en 1940, pendant la retraite de Dunkirk, lorsqu’un champion de tir à l’arc Jack Churchill, qui avait apporté son arc au service actif « eu le plaisir de voir sa flèche frapper l’Allemand du centre à la gauche de la poitrine et pénétrer son corps ». L’utilisation de l’arc est rapportée au XXIe siècle dans certains conflits africains.

À partir du XIXe siècle, en dehors de ces quelques exemples, l’archerie traditionnelle est utilisée pour les loisirs et la chasse dans plusieurs régions, bien après son abandon à la guerre. En Turquie, vers 1820, Mahmoud II a encouragé cette utilisation, mais l’art de la construction des arcs composites disparut vers la fin du siècle. Le reste du proche orient a également perdu la tradition du tir à l’arc à la même période. En Corée, la transformation de l’entraînement militaire en loisir a été initiée par l’empereur Kojong, et est devenue la base du sport moderne. Pendant ce temps, les Japonais continueront à fabriquer et utiliser leur traditionnel yumi. Parmi les Cherokees et les Anglais, l’utilisation de l’arc droit n’a jamais totalement disparu.

En Chine, l’archerie est restée en vogue jusqu’à la révolution culturelle, où elle a été supprimée. Depuis, les facteurs d’arcs traditionnels travaillent de nouveau. L’archerie montée continue d’être pratiquée dans quelques pays d’Asie, mais n’est pas utilisée en compétitions internationales. De nos jours, en Hongrie, l’archerie montée fait l’objet de compétitions14. L’archerie est le sport national du Royaume du Bhoutan.

Source : Wikipédia.